Bonjour, Gaudens!
Gaudens a écrit : ↑mar. 04 févr. 2020, 17:50
je soupçonne que le raidissement des membres de la FSSPX tient à leur crainte de voir « dilapidés » leurs moyens financiers et humains (assez considérables visiblement) par une dilution dans la pastorale diocésaine catholique d’aujourd’hui (il se trouve que paradoxalement je connais personnellement des personnes laiques fidèles de ladite fraternité d’où je tiens ce genre de réflexion).
C'est un problème mineur, duquel on doit tenir compte, mais facilement à solutionner. Quand Rome voudra une régularisation canonique de la FSSPX, les solutions seront là. Que ça soit un ordinariat, une prélature personnelle ou même une Église Particulière sui-iuris, il y en aura suffisamment de garanties pour qu'une autonomie financière et humaine soit préservée. Que vos personnes que vous connaissez ne s'inquiètent pas: leurs contributions pour la FSSPX, desquelles la Fraternité vit, car elle n'a pas de subvention ni de la part de l'État, ni de la part de l'Église, continueront bien à faire tourner la même machine.
Venons-en à votre intéressante constatation de degrés de compromis /non compromis et là aussi je dois a priori suivre vos constatations.Il est vraisemblable que nous en tirions des conclusions opposées.Vous, que la pureté des intentions et la fermeté des actions correspondantes sont du côté du refus de compromis de la FSSPX ;moi au contraire dans leur approbation.A la fois parce que cela signifie le début d’une certaine capillarité (heureuse dans les deux sens) entre fidèles de la FSSP(et assimilés) et fidèles ‘conciliaires » normalement traditionnnels , ce qui ne peut qu’aider à la résolution de la crise.
Une capillarité heureuse dans les deux sens ? Eh bien, nous avons déjà une expérience de plus de 30 ans depuis que la FSSP a fait son debut. Peut-on parler d'une contribution d'une iota à la résolution de la crise? Pourvu que nous parlions de la même crise. Moi, je ne vois rien. Je ne vois qu'un écart grandissant entre les «cathos tradis» et les «cathos non tradis». Et je doute que ça soit les cathos tradis qui aient changé. Vous voyez bien sur ce forum où on trouve de tout. Qu'on parle des églises label vert, qu'on parle de l' homosexualité (non)desordonnée, qu'on parle de la Sainte Doctrine adaptée à l'évolutionnisme ou qu'on parle de l'(in)errabilité de la Sainte Ecriture, le constat qui s'impose est le même: on parle de la même langue encore moins qu'il y a 30 ans.
Mais peut-on parler vraiment de capillarité ? À quelques exceptions près (comme le cas du diocèse de Toulon ou peu d'autres où il y a un évêque conservateur), la FSSP est mal incrustée dans le tissu diocésain et paroissial. Même là où elle est présente depuis longtemps, on est loin de pouvoir parler de capillarité. Voici l'exemple de la paroisse Saint Clément de Nantes, que je connais mieux car je la côtoie de temps en temps. Curé ouvert à la spiritualité traditionnelle. Messe FSSP très bien placé à 9.00 h (car pas mal de «cathos-tradis» préfèrent y venir à jeun). Messe en NOM après. Après un temps raisonnable pour que les tradis dégagent le lieu de culte. Résultat: zéro siphonnage. J'ai été à un piquenique organisé par la FSSP. Ouvert à tout le monde, publié dans le bulletin paroissial. Une bonne centaine de «tradis» sur le champ, aucun «non-tradi». Il y a sans doute des piqueniques de l'autre côté, auxquels c'est la réciproque. Je me pose la question si ce n'est pas sur un champ différent, car j'ai du mal à croire qu'un propriétaire tradi mette le domaine à disposition des non-tradis et inversement. Les choses sont encore plus cloisonnées si on parle de l'IBP, car là on ne parle plus de réserve prudente ou au plus indifférente d'un côté envers l'autre, mais de réserve hostile. Puis, j'ai mon exemple personnel. Il y a quelques jours, j'invite une bonne amie catholique «non-tradie» pour qu'elle soit la marraine de confirmation de mon fils. Chaque Dimanche, parfois plus souvent, elle va à la Messe. Elle connait d'innombrables prêtres. Quand elle entend qu'il s'agit d'une confirmation «en latin», pourtant par un évêque en bon rapport canonique avec Rome, elle bat en brèche. Elle rejette poliment l'invitation, en s'excusant de ne pas savoir comment faire car jamais été à une «messe en latin» et parce qu'elle ne connait pas le latin. Pourvu qu'elle ait été sincère, je vois une méconnaissance abyssale de la réalité du milieu tradi et de comment les choses se passent à «leurs» Messes, de type «je ne sais pas, mais je ne veux pas savoir non-plus». Du moins, Kerygme, qui a des opinions bien formées du milieu tradis, n'est jamais allé non plus, mais il nous a menacé qu'il ira prochainement après avoir mis en garde le prêtre qu'il n'est pas un des eux et qu'il est là simplement en visite de documentation.
Alors, vous avez dit «résolution de la crise» ? Et vous avez dit «capillarité» ?
Mais aussi parce que le refus de toute compromission de la part des Jevebvistes me confirme dans ma perception d’un monde qui ne fait que jouer en permanence la même pièce de théâtre (« ils font sans doute des répétitions et ça se voit » ,écrivez-vous),
Tiens! Mais je pensais que même les prêtres «conciliaristes» font des répétitions de Messes, du moins pendant leurs études. Car, s'il y a une chose dont je me méfie quand je vais à la Messe, c'est justement cette «spontaneité liturgique» que je vois si souvent aux Messes en NOM.
Mais est-ce figé pour l’éternité ? Il suffirait qu’émergent de ce côté-là des figures de grande qualité capables de dépasser les difficultés par le haut.Un abbé de Tanouarn serait peut-être de ce moule mais il est probablement grillé face à ses anciens amis maintenant qu’il a contribué à créer l’IBP…
Pendant quelque temps, les choses ne tournaient pas bien à l'IBP. Maintenant, avec le nouvel séminaire, auquel je suis fier d'avoir apporté ma brique, j'espère à un envol de l'oeuvre de ses braves prêtres. Mais je ne vois pas comment ça se fera autrement que toujours dans l'entre-soi, justement faute de capillarité. Veuillez, s'il vous plaît, m'annoncer d'avance quand l'abbé de Tanouarn sera invité pour tenir le sermon dans votre paroisse. Alors, avec le plus grand plaisir je reviendrai à une Messe en forme ordinaire.