C'est ce que l'on entend par l'Immaculée Conception. Cela signifie que dès le moment de sa conception, la Sainte Vierge était exempte du péché originel.
L'immaculée conception, un dogme contraire à la foi des Pères ?
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Re: L'immaculée conception, un dogme contraire à la foi des Pères ?
Cher Bibracte,
permettez-moi de vous dire combien j'apprécie votre argumentation, précise, objective et compréhensive. Merci.
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Re: L'immaculée conception, un dogme contraire à la foi des Pères ?
Comme je l'ai dit, cela ne nous avance pas plus, le problème reste le même : elle était déjà pleine de grâce, mais depuis quand ? Depuis cinq minutes ? Depuis sa naissance ? Le texte ne le dit pas.Bibracte a écrit :Et il ne dit pas "soyez remplie de la grâce", il constate qu'elle l'est déjà.
Non, dans ce cas il faudrait dire : "il l'a créée sainte et pure". "Rendre" suggère un changement, l'idée de "redonner", en quelque sorte. A la limite ce serait acceptable s'il y avait la précision "dès sa conception". Mais vu qu'elle n'y est pas, impossible d'interpréter le texte dans ce sens.Bibracte a écrit :"Rendue sainte et pure" peut simplement désigner une causalité, sans changement d'état. On peut dire que l’Esprit Saint l’a rendue sainte et pure des sa conception.
Je crois qu'en français, quand le mot "si" est suivi d'un verbe au présent alors qu'il s'agit d'une action passée, le "si" équivaut à "puisque". Mais c'est peut-être un défaut de la traduction.Bibracte a écrit :Sauf votre respect, je vous trouve de mauvaise foi ici (ou alors il s'agit simplement d'un problème de compréhension du texte). Relisez bien : votre interprétation impliquerait que Paschase n'aurait pas cru que "le Christ, Verbe fait chair, a été sans péché", et il est évident que Paschase croyait bien en l'impeccabilité du Christ.
En fait les deux citations proviennent du même paragraphe. Je résume : Radbert exprime l'idée que le Christ est né sans péché parce que la Vierge a été purifiée lors de la visite de l'ange. J'ai de grosses difficultés à traduire le latin mais j'ai l'impression que Radbert déclare (approximativement) : « Bien que la bienheureuse Marie fut née et fut conçue d'une chair de péché, et bien qu'elle ait été elle-même une chair de péché, elle ne l'était plus dès l'instant où la grâce du Saint-Esprit annoncée par l'ange l'a amenée à être bénie plus que toutes les femmes. » Et il cite Luc 1,35 à l'appui. Vient ensuite l'autre passage : « Si elle n'avait pas été sanctifiée et purifiée par le Saint-Esprit, comment ne serait-elle pas une chair de péché ? Et si sa chair provient de la masse de la première prévarication, comment le Verbe a-t-il été fait chair sans péché, lui qui a revêtu une chair à partir d'une chair de péché, sinon en la couvrant de son ombre, par laquelle le Saint-Esprit est arrivé et la vertu du Très-Haut l'a entièrement possédée ? »Bibracte a écrit :Il ne s'agit pas ici de la chair de Marie, mais de celle de Ste Anne, chair dans laquelle Marie fut conçue. Le latin nous dit de carne peccati sit nata et procreata.
Vous pouvez consulter le texte latin ici : https://la.wikisource.org/wiki/De_partu ... Radbertus)
Ce genre de qualificatif n'exclut pas une purification au cours de sa vie. La plupart des Pères pensaient qu'elle avait été rendue immaculée parce qu'elle avait été totalement purifiée au moment de l'Annonciation.Bibracte a écrit :- St André, dont les propos sont rapportés par la lettre des prêtres de Patras en Achaïe au Ier siècle et qui parle de Vierge immaculée;
- St Hippolyte, IIIe s., qui parle de Marie comme d'un bois non sujet à la corruption humaine ;
Saint Augustin était explicitement maculiste :Bibracte a écrit :- St Augustin, IVe s., qui exclut explicitement la Vierge de son assertion selon laquelle tous les saints ont péché, ce qui contredit St Bonaventure au moins pour les péchés actuels ;
« Retenons donc, immuable et inflexible, la confession de la foi. Seul il est exempt de péché, celui qui est né sans péché, bien que dans la ressemblance d’une chair de péché, celui qui a vécu sans péché parmi les péchés d’autrui, celui qui est mort sans péché pour nos péchés.»
(Augustin, Des mérites, de la rémission des péchés et du baptême des petits enfants, livre II, ch. XXXV, 57)
« Le corps du Christ a donc bien été assumé à partir de la chair d’une femme qui avait été conçue à partir de cette propagation de la chair du péché ; mais parce qu’il n’y a pas été conçu lui-même de la même manière que cette chair avait été conçue, sa chair, loin d’être corrompue par le péché, n’en a pris que la ressemblance.»
(Augustin, De la Genèse au sens littéral, X, XVIII, 32)
«Si nous ne livrons pas Marie au diable, ce n’est pas à cause de la condition de sa naissance, mais nous ne le faisons pas précisément parce que cette condition est supprimée par la grâce de la renaissance.»
(Augustin, Deuxième livre contre Julien inachevé, IV, 122)
« Marie, descendante d’Adam, est morte à cause du péché. Adam est mort à cause du péché, et la chair du Seigneur, issue de Marie, est morte pour abolir les péchés.»
(Augustin, Exposition des Psaumes, XXXIV, II, 3)
« C’est pourquoi lui seul, devenu homme tout en restant Dieu, n’a jamais commis de péché et n’a pas non plus assumé une chair de péché, bien qu’il soit né d’une chair maternelle de péché. Car ce qu’il a pris de notre chair en ce sein de Marie, il l’a certainement purifié pour l’y prendre, ou l’a purifié en l’y prenant.»
(Augustin, Des mérites, de la rémission des péchés et du baptême des petits enfants, livre II, ch. XXIV, 38)
Cette citation semble provenir d'un ouvrage d'apologétique catholique qui compile des éléments au discours indirect. Moi j'ai trouvé ceci :Bibracte a écrit :- St Ephrem le syriaque, IVe s., pour qui Marie est "Immaculée, très immaculée, nouveau don de Dieu, sans aucune tache, (...) toujours elle a été intègre et immaculée, tant du corps que de l’âme"
« Mère souveraine, Mère de Dieu, qui avez enfanté le Verbe selon la chair, je sais sans en douter qu'il n'est point convenable ni digne que moi qui suis corrompu, j'ose regarder votre image, vous qui êtes pure, vous qui avez été toujours vierge, intègre et immaculée tant en votre corps qu'en votre âme.» *
Et il faut croire que "intègre et immaculée" se rapporte seulement à la chasteté de Marie, car en fait Saint Ephrem était maculiste :
« Les perles proviennent d'animaux impurs ; et le Christ est né d'une nature soumise à l'impureté et ayant besoin d'être purifiée par la visite de Dieu. [...] Il a purifié la Vierge, après l'avoir préparée par l'Esprit Saint ; puis le sein, devenu pur, l'a conçu. »
(Ephrem, Hymnes contre les hérésies, 40)
Saint Ephrem attribue aussi à Marie un péché de vaine gloire lors des noces de Cana :
« L’empressement de Marie avait été excessif ; c’est pourquoi il lui fit la leçon. […] Marie avait pensé qu’un miracle de son Fils lui vaudrait gloire et honneur auprès des foules ; c’est pourquoi il dit : mon temps n’est pas survenu. [...] Marie s’empressa de remplacer les apôtres pour exécuter les ordres du Seigneur. Cependant, elle n’avait pas pour rôle de donner des conseils, de commander, ou de prévenir la parole de Jésus ; aussi la réprimanda-t-il, parce qu’elle avait agi avec précipitation.»
(Éphrem de Nisibe, commmentaire sur l’Évangile concordant ou Diatessaron, V, 1-5)
Il est vrai que Saint Ambroise dit que Marie, par grâce, est libre de toute trace de péché. Mais apparemment il croyait à une purification puisqu'il dit par ailleurs que seul le Christ est conçu sans péché :Bibracte a écrit :- St Ambroise, IVe s., qui dit que Marie est "exempte, par grâce, de toute tache de péché".
« Le seul, en effet, des enfants de la femme qui soit parfaitement saint, c’est le Seigneur Jésus, à qui toute atteinte de la corruption terrestre a été épargnée par la nouveauté de son enfantement sans tache, écartée par sa majesté céleste.»
(Ambroise, Commentaire de l’Évangile selon Luc, II, 56)
« quiconque est né du commerce de l’homme et de la femme a connu le péché dès sa naissance. Celui-ci seul est né sans péché qui est né en dehors de ce genre de conception. [...] Seul entre tous ceux qui sont nés de la femme, Jésus-Christ n’a point goûté la corruption d’une origine souillée, seul il en a repoussé la honte par la nouveauté de son enfantement immaculé et par la majesté de sa nature divine.»
(Saint Ambroise cité par Saint Augustin dans "De la grâce du Christ et du péché originel", II, 47)
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Re: L'immaculée conception, un dogme contraire à la foi des Pères ?
Vos échanges,CocoLapin et Bibracte, sont de haut niveau et on ne peut que les saluer.Je n'ai pas vos compétences pour y interférer.
Une chose m'a toujours frappé (à raison,je pense sauf si vous me prouvez l'un ou l'autre le contraire): ce dogme est le premier à n'avoir pas été adopté en Concile Oecuménique, ce qui me semble avoir été la règle depuis l'origine de l'Eglise.L'opinion exprimée par la majorité de 600 évêques consultés en amont (consultation non publique,en plus) ne me parait pas être de même nature. Le climat ultramontain qui régnait dans le monde catholique depuis la fin des équipées révolutionnaires et impériales (disons après 1815) me parait avoir transformé les esprits de telle sorte qu'une proclamation d'un dogme par le seul Pontife romain ne choquait quasiment plus personne.
Reste que le milieu divin pourrait bien avoir suppléé à ce défaut de naissance quelques années après:en 1858 la Sainte Vierge ,apparaissant à Bernadette et s'identifiant comme l'Immaculée Conception, a bien tranché la question, quelles qu'ait pu être l'opinion parfois très réservée d'une minorité de Pères de l'Eglise. Qu'en pensez-vous ?
Une chose m'a toujours frappé (à raison,je pense sauf si vous me prouvez l'un ou l'autre le contraire): ce dogme est le premier à n'avoir pas été adopté en Concile Oecuménique, ce qui me semble avoir été la règle depuis l'origine de l'Eglise.L'opinion exprimée par la majorité de 600 évêques consultés en amont (consultation non publique,en plus) ne me parait pas être de même nature. Le climat ultramontain qui régnait dans le monde catholique depuis la fin des équipées révolutionnaires et impériales (disons après 1815) me parait avoir transformé les esprits de telle sorte qu'une proclamation d'un dogme par le seul Pontife romain ne choquait quasiment plus personne.
Reste que le milieu divin pourrait bien avoir suppléé à ce défaut de naissance quelques années après:en 1858 la Sainte Vierge ,apparaissant à Bernadette et s'identifiant comme l'Immaculée Conception, a bien tranché la question, quelles qu'ait pu être l'opinion parfois très réservée d'une minorité de Pères de l'Eglise. Qu'en pensez-vous ?
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Re: L'immaculée conception, un dogme contraire à la foi des Pères ?
Bonjour Gaudens
Non, vous avez aussi, par exemple, les définitions issues des bulles Unam Sanctam (1302) et Benedictus Deus (1336).Gaudens a écrit :ce dogme est le premier à n'avoir pas été adopté en Concile Oecuménique, ce qui me semble avoir été la règle depuis l'origine de l'Eglise.
On peut remercier le Seigneur et sa Sainte Mère pour Lourdes, mais cela aurait été encore mieux si l'Immaculée conception avait été révélée aux apôtres et transmise aux pères de l'Eglise (car l'écrasante majorité croyait que Marie avait le péché originel, tandis qu'aucun Père n'a enseigné la conception immaculée de la Vierge), ou si le pape s'était abstenu de promouvoir cette doctrine sans importance au rang de dogme.Gaudens a écrit :Reste que le milieu divin pourrait bien avoir suppléé à ce défaut de naissance quelques années après:en 1858 la Sainte Vierge ,apparaissant à Bernadette et s'identifiant comme l'Immaculée Conception, a bien tranché la question, quelles qu'ait pu être l'opinion parfois très réservée d'une minorité de Pères de l'Eglise.
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Re: L'immaculée conception, un dogme contraire à la foi des Pères ?
Merci beaucoup d'avoir donné votre source du texte latin. Je vous prie de m'excuser, ma lecture de ces passages était effectivement trop rapide. Paschase semble ici parler d'une purification de la Vierge, même s'il ne dit pas explicitement qu'elle a eu lieu au moment de l’Annonciation. Cela peut donner l'impression que Dom Guéranger a fait exprès de caviarder la citation...Coco lapin a écrit : ↑lun. 16 sept. 2024, 12:13 En fait les deux citations proviennent du même paragraphe. Je résume : Radbert exprime l'idée que le Christ est né sans péché parce que la Vierge a été purifiée lors de la visite de l'ange. J'ai de grosses difficultés à traduire le latin mais j'ai l'impression que Radbert déclare (approximativement) : « Bien que la bienheureuse Marie fut née et fut conçue d'une chair de péché, et bien qu'elle ait été elle-même une chair de péché, elle ne l'était plus dès l'instant où la grâce du Saint-Esprit annoncée par l'ange l'a amenée à être bénie plus que toutes les femmes. » Et il cite Luc 1,35 à l'appui. Vient ensuite l'autre passage : « Si elle n'avait pas été sanctifiée et purifiée par le Saint-Esprit, comment ne serait-elle pas une chair de péché ? Et si sa chair provient de la masse de la première prévarication, comment le Verbe a-t-il été fait chair sans péché, lui qui a revêtu une chair à partir d'une chair de péché, sinon en la couvrant de son ombre, par laquelle le Saint-Esprit est arrivé et la vertu du Très-Haut l'a entièrement possédée ? »
Vous pouvez consulter le texte latin ici : https://la.wikisource.org/wiki/De_partu ... Radbertus)
Mais cette impression disparaît à la lecture de la suite du texte que vous nous avez fourni. En effet, Paschase continue, dans le même paragraphe, en nous disant ceci, avec ma traduction approximative : "Alias autem..." "Mais comment, étant remplie du Saint-Esprit, n'était-elle pas sans péché originel, elle dont la glorieuse naissance est proclamée heureuse et bénie dans toute l'Église du Christ ; en effet, si elle n'était pas bénie et glorieuse, cette fête ne serait en aucun cas célébrée partout par tous. Mais parce qu'elle est vénérée si solennellement, il ressort clairement de l'autorité de l'Église qu'à sa naissance, elle n'a été soumise à aucune transgression et n'a pas non plus contracté le péché originel dans le sein sanctifié."
Et plus loin encore, dans le même paragraphe : "Nunc autem..." "Mais maintenant, parce qu'elle est vénérée par l'autorité de toute l'Église, il est évident qu'elle était exempte de tout péché originel, elle par qui non seulement la malédiction de la mère Ève a été supprimée ...".
Donc, Dom Guéranger est loin d'avoir sélectionné, dans ce texte, les meilleurs passages à l'appui de sa thèse ! Il en ressort pourtant que Paschase Radbert, éminent théologien du IXe siècle, croyait à l'Immaculée Conception de la Vierge. Et il y croyait à cause de ce que l'Église a prévu dans sa liturgie, ce qui nous rappelle que la liturgie est à considérer comme l’un des vecteurs de la Tradition (St Thomas d’Aquin aussi l’utilisait parfois comme argument d'autorité pour régler une question théologique).
Cet exemple est très intéressant parce qu'il nous montre qu'un auteur peut dire que la Vierge a été purifiée, "rendue sainte et pure" tout en tenant la doctrine de l’Immaculée Conception. Ce qui permet de répondre a votre objection :
On peut très bien comprendre ce "rendre", qui suggère d'une façon ou d'une autre un changement, comme relatif à l'état dans lequel la Vierge aurait dû se trouver si elle n'avait pas été exempte du péché originel. En fait, ici, cette interprétation ( = La Vierge aurait dû être marquée par le péché originel comme tous les hommes, mais Dieu l'a rendue pure dès sa conception, elle en a donc été préservée) est la seule qui permette de conserver la cohérence interne du texte de Paschase Radbert, cohérence interne qui ne saurait être mise en doute s'agissant d'un des théologiens les plus fameux de son temps.Coco lapin a écrit : ↑lun. 16 sept. 2024, 12:13Non, dans ce cas il faudrait dire : "il l'a créée sainte et pure". "Rendre" suggère un changement, l'idée de "redonner", en quelque sorte. A la limite ce serait acceptable s'il y avait la précision "dès sa conception". Mais vu qu'elle n'y est pas, impossible d'interpréter le texte dans ce sens.Bibracte a écrit :"Rendue sainte et pure" peut simplement désigner une causalité, sans changement d'état. On peut dire que l’Esprit Saint l’a rendue sainte et pure des sa conception.
Pour les Pères que je citais en fin de message précédent, mon idée était surtout de montrer la contradiction avec l’opinion de St Bonaventure, qui pensait que la Vierge avait commis des péchés actuels. Mais certains d’entre eux disaient aussi clairement que la Vierge avait été préservée du péché originel :
Pour St Hippolyte au moins, votre position ici est extrêmement dure à défendre : l'image du bois non sujet à la corruption humaine paraît clairement concerner Marie dans son être même. Surtout, la citation d'Hippolyte se présente ainsi :Coco lapin a écrit : ↑lun. 16 sept. 2024, 12:13Ce genre de qualificatif n'exclut pas une purification au cours de sa vie. La plupart des Pères pensaient qu'elle avait été rendue immaculée parce qu'elle avait été totalement purifiée au moment de l'Annonciation.Bibracte a écrit :- St André, dont les propos sont rapportés par la lettre des prêtres de Patras en Achaïe au Ier siècle et qui parle de Vierge immaculée;
- St Hippolyte, IIIe s., qui parle de Marie comme d'un bois non sujet à la corruption humaine ;
"Le Seigneur était exempt du péché, étant formé de bois non sujet à la corruption humaine ; savoir, de la Vierge et de l’Esprit Saint".
Si donc c'est l'Esprit Saint qui avait purifié Marie au moment de la conception du Christ, comment expliquer que St Hippolyte commence par mentionner la Vierge, séparément de l’Esprit Saint ? Il paraît clair que pour lui, la Vierge, d’une part, et l’Esprit Saint, d’autre part, étaient plus que purs : "non sujets à la corruption humaine". Un chose est d'être pur à un moment, une autre de ne pas être sujet à la corruption.
Non, mais j’aurais dû donner la référence : Oratio ad S. Dei Genitricem. Opp. t. III, p. 945.Coco lapin a écrit : ↑lun. 16 sept. 2024, 12:13Cette citation semble provenir d'un ouvrage d'apologétique catholique qui compile des éléments au discours indirect.Bibracte a écrit :- St Ephrem le syriaque, IVe s., pour qui Marie est "Immaculée, très immaculée, nouveau don de Dieu, sans aucune tache, (...) toujours elle a été intègre et immaculée, tant du corps que de l’âme"
Votre première citation semble montrer que St Ephrem n'était pas maculiste, surtout parce qu'il dit "vous qui avez été toujours...", ce qui s'oppose à la théorie dune purification intervenue au cours de la vie de Marie.Coco lapin a écrit : ↑lun. 16 sept. 2024, 12:13 Moi j'ai trouvé ceci :
« Mère souveraine, Mère de Dieu, qui avez enfanté le Verbe selon la chair, je sais sans en douter qu'il n'est point convenable ni digne que moi qui suis corrompu, j'ose regarder votre image, vous qui êtes pure, vous qui avez été toujours vierge, intègre et immaculée tant en votre corps qu'en votre âme.» *
Et il faut croire que "intègre et immaculée" se rapporte seulement à la chasteté de Marie, car en fait Saint Ephrem était maculiste :
« Les perles proviennent d'animaux impurs ; et le Christ est né d'une nature soumise à l'impureté et ayant besoin d'être purifiée par la visite de Dieu. [...] Il a purifié la Vierge, après l'avoir préparée par l'Esprit Saint ; puis le sein, devenu pur, l'a conçu. »
(Ephrem, Hymnes contre les hérésies, 40)
Saint Ephrem attribue aussi à Marie un péché de vaine gloire lors des noces de Cana :
« L’empressement de Marie avait été excessif ; c’est pourquoi il lui fit la leçon. […] Marie avait pensé qu’un miracle de son Fils lui vaudrait gloire et honneur auprès des foules ; c’est pourquoi il dit : mon temps n’est pas survenu. [...] Marie s’empressa de remplacer les apôtres pour exécuter les ordres du Seigneur. Cependant, elle n’avait pas pour rôle de donner des conseils, de commander, ou de prévenir la parole de Jésus ; aussi la réprimanda-t-il, parce qu’elle avait agi avec précipitation.»
(Éphrem de Nisibe, commmentaire sur l’Évangile concordant ou Diatessaron, V, 1-5)
La deuxième parle au contraire d'une purification, mais ne dit pas quand elle est intervenue. Il est très improbable que la première citation parle seulement de chasteté, alors que la virginité de Marie est citée séparément des qualificatifs d' "intègre" et d' "immaculée".
Trois solutions, puisque ces deux citations ne sont pas du même texte: soit St Ephrem a été maculiste à un moment et immaculiste à un autre, soit, si on considère qu'il na pas varié, il pensait que Marie avait été purifiée du péché originel avant de pouvoir commettre des péchés actuels, par exemple in utero. Peut-être donc que St Ephrem était maculiste : ce n'est pas un problème tant que la tradition contraire a pu se transmettre, et tant qu'il n'y a pas eu consensus des Pères contre l'Immaculée Conception. Et cette position, si elle était celle d'une purification in utero, n'est vraiment pas très éloignée de la doctrine de l'Immaculée Conception, surtout dans ses conséquences pratiques et perceptibles.
La troisième solution est que St Ephrem n'a jamais été maculiste du tout et qu'il faut comprendre par "purification" la grâce spéciale accordée au moment de la conception. Mais je vous accorde que c'est vraiment beaucoup moins probable, à la lecture de ces extraits, que pour Paschase Radbert.
La troisième citation ne dit pas du tout que Marie a commis un péché. On comprend très bien qu'elle ait pu vouloir, sans commettre de faute, que son Fils, le Sauveur, soit glorifié et honoré par les foules, cela n'avait rien de vain. De fait, dans la vie courante, deux personnes peuvent être en désaccord sur une conduite à tenir sans nécessairement que ce désaccord soit lié à un péché de l'un des deux.
Rien de cela ne parle explicitement de la Vierge, ni ne dit qu'elle a été purifiée après sa conception.Coco lapin a écrit : ↑lun. 16 sept. 2024, 12:13Il est vrai que Saint Ambroise dit que Marie, par grâce, est libre de toute trace de péché. Mais apparemment il croyait à une purification puisqu'il dit par ailleurs que seul le Christ est conçu sans péché :Bibracte a écrit :- St Ambroise, IVe s., qui dit que Marie est "exempte, par grâce, de toute tache de péché".
« Le seul, en effet, des enfants de la femme qui soit parfaitement saint, c’est le Seigneur Jésus, à qui toute atteinte de la corruption terrestre a été épargnée par la nouveauté de son enfantement sans tache, écartée par sa majesté céleste.»
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« quiconque est né du commerce de l’homme et de la femme a connu le péché dès sa naissance. Celui-ci seul est né sans péché qui est né en dehors de ce genre de conception. [...] Seul entre tous ceux qui sont nés de la femme, Jésus-Christ n’a point goûté la corruption d’une origine souillée, seul il en a repoussé la honte par la nouveauté de son enfantement immaculé et par la majesté de sa nature divine.»
(Saint Ambroise cité par Saint Augustin dans "De la grâce du Christ et du péché originel", II, 47)
Le fait que de nombreux Pères aient parlé ainsi du Christ comme seul n'ayant pas péché par opposition au reste de l'humanité n'est pas un très bon argument. Il est évident que le but de ces textes est de mettre en valeur l'impeccabilité du Christ et non de transmettre une doctrine particulière concernant la Vierge. Rien n'oblige donc à interpréter ces textes de façon maximaliste, surtout lorsque leur auteur a lui-même dit que Marie était exempte de toute tache de péché.
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Re: L'immaculée conception, un dogme contraire à la foi des Pères ?
Je ne suis malheureusement pas assez connaisseur de la nomenclature exacte, en matière de vérités de foi, pour vous dire si l'Immaculée Conception était le premier dogme proclamé directement par un Pape ou non.Gaudens a écrit : ↑lun. 16 sept. 2024, 20:06 Vos échanges,CocoLapin et Bibracte, sont de haut niveau et on ne peut que les saluer.Je n'ai pas vos compétences pour y interférer.
Une chose m'a toujours frappé (à raison,je pense sauf si vous me prouvez l'un ou l'autre le contraire): ce dogme est le premier à n'avoir pas été adopté en Concile Oecuménique, ce qui me semble avoir été la règle depuis l'origine de l'Eglise.L'opinion exprimée par la majorité de 600 évêques consultés en amont (consultation non publique,en plus) ne me parait pas être de même nature. Le climat ultramontain qui régnait dans le monde catholique depuis la fin des équipées révolutionnaires et impériales (disons après 1815) me parait avoir transformé les esprits de telle sorte qu'une proclamation d'un dogme par le seul Pontife romain ne choquait quasiment plus personne.
Reste que le milieu divin pourrait bien avoir suppléé à ce défaut de naissance quelques années après:en 1858 la Sainte Vierge ,apparaissant à Bernadette et s'identifiant comme l'Immaculée Conception, a bien tranché la question, quelles qu'ait pu être l'opinion parfois très réservée d'une minorité de Pères de l'Eglise. Qu'en pensez-vous ?
Au sujet des apparitions mariales, le fait que la Vierge ait elle-même confirmé cette doctrine en s'adressant à une jeune fille démunie et pas très au fait de l'actualité théologique est remarquable. Toutefois, il faut se souvenir que les apparitions de Lourdes, même reconnues par l'Eglise, sont des révélations privées qui n'appartiennent donc pas au dépôt de la foi. Les fidèles sont donc libres d'y croire ou non, alors que tous les dogmes sont reconnus par tous les catholiques.
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Re: L'immaculée conception, un dogme contraire à la foi des Pères ?
« neque contraxit in utero sanctificata originale peccatum »Bibracte a écrit :à sa naissance, elle n'a été soumise à aucune transgression et n'a pas non plus contracté le péché originel dans le sein sanctifié."
C'est vrai que le mot "contraxit" incite à croire qu'elle n'avait jamais contracté le péché originel. Mais le mot "sanctificata" ne peut pas se rapporter à "utero", qui est un nom masculin. Je pense donc plutôt que Paschase voulait dire qu'au moment de sa naissance elle ne contracta pas le péché originel, ayant été sanctifiée in utero.
Vous pouvez aussi constater que Paschase ne parle pas de la fête de la Conception mais de la fête de la Nativité de la Vierge, la mettant sur le même plan que celle de Jean-Baptiste (également sanctifié dans le sein de sa mère, mais dont la conception n'est pas réputée immaculée... "du moins jusqu'au prochain dogme de l'Eglise catholique, on n'est à l'abri de rien", ricanent les protestants).
Dans le langage de l'époque, "être exempt" ou "être libre de" peut s'utiliser pour signifier "libéré de", "délivré de". C'est ainsi que l'entendait par exemple Saint Thomas d'Aquin lorsqu'il disait que la Vierge Marie était « exempte de tout péché actuel mais aussi originel, purifiée par un privilège spécial. »Bibracte a écrit :Et plus loin encore, dans le même paragraphe : "Nunc autem..." "Mais maintenant, parce qu'elle est vénérée par l'autorité de toute l'Église, il est évident qu'elle était exempte de tout péché originel, elle par qui non seulement la malédiction de la mère Ève a été supprimée ...".
Je vous invite d'ailleurs à lire tout le passage sur Saint Thomas d'Aquin dans l'article de Maxime Georgel, c'est très instructif.
En réalité il n'y a pas de "rendre", la bonne traduction c'est : "sanctifiée et purifiée". Donc votre interprétation est impossible, justement pour garder la cohérence interne du texte de Paschase, qui nous dit que Marie était une chair de péché et qu'elle a été purifiée. En fait, il est probable que Paschase, comme la plupart des théologiens de son époque, croyait à une double purification : une première dans le sein maternel (comme un baptême intra utérin venant éliminer le péché originel), et une deuxième au moment de l'Annonciation (allant jusqu'à supprimer le "foyer de péché" et toute trace de péché, ainsi la purification est totale).Bibracte a écrit :On peut très bien comprendre ce "rendre", qui suggère d'une façon ou d'une autre un changement, comme relatif à l'état dans lequel la Vierge aurait dû se trouver si elle n'avait pas été exempte du péché originel. En fait, ici, cette interprétation ( = La Vierge aurait dû être marquée par le péché originel comme tous les hommes, mais Dieu l'a rendue pure dès sa conception, elle en a donc été préservée) est la seule qui permette de conserver la cohérence interne du texte de Paschase Radbert, cohérence interne qui ne saurait être mise en doute s'agissant d'un des théologiens les plus fameux de son temps.
Cette citation fait surtout allusion à la conception virginale. Le Christ ne pouvait pas être corrompu, parce qu'il n'est pas né de l'accouplement d'un homme et d'une femme. Ensuite on peut voir la Vierge comme "non sujette à la corruption humaine" en un certain sens, à partir du moment où elle a été totalement purifiée. D'ailleurs elle n'a été coupable d'aucune faute humaine et son corps n'a en effet pas été livré à la corruption mais est allé directement au Ciel.Bibracte a écrit :Pour St Hippolyte au moins, votre position ici est extrêmement dure à défendre : l'image du bois non sujet à la corruption humaine paraît clairement concerner Marie dans son être même. Surtout, la citation d'Hippolyte se présente ainsi :
"Le Seigneur était exempt du péché, étant formé de bois non sujet à la corruption humaine ; savoir, de la Vierge et de l’Esprit Saint".
Si donc c'est l'Esprit Saint qui avait purifié Marie au moment de la conception du Christ, comment expliquer que St Hippolyte commence par mentionner la Vierge, séparément de l’Esprit Saint ? Il paraît clair que pour lui, la Vierge, d’une part, et l’Esprit Saint, d’autre part, étaient plus que purs : "non sujets à la corruption humaine". Un chose est d'être pur à un moment, une autre de ne pas être sujet à la corruption.
La source est introuvable, donc vu que le texte que j'ai trouvé est très similaire, je pense que c'est celui-là le vrai, et non celui fourni par Dom Guéranger.Bibracte a écrit :Non, mais j’aurais dû donner la référence : Oratio ad S. Dei Genitricem. Opp. t. III, p. 945.
C'est le mot "vierge" qui suit premièrement le mot "toujours". En général, quand les Pères parlent de Marie comme d'une "vierge immaculée", ils entendent désigner sa virginité restée intacte (aussi bien en pensée qu'en acte), mais sans pour autant croire à une conception immaculée. De plus, Saint Ephrem croyait que la Vierge avait péché à Cana, donc pour une âme toujours intègre et immaculée on repassera.Bibracte a écrit :Votre première citation semble montrer que St Ephrem n'était pas maculiste, surtout parce qu'il dit "vous qui avez été toujours...", ce qui s'oppose à la théorie dune purification intervenue au cours de la vie de Marie.
La tradition contraire n'existe pas, et les premiers défenseurs de l'immaculée conception de Marie avaient conscience qu'aucun Père de l'Eglise n'avait jamais soutenu leur opinion. Bien au contraire, il y a un consensus des Pères, comme l'affirment Saint Bonaventure (déjà cité) et Pierre Lombard (qui parle de "témoignage concordant des Saints"), en faveur de la maculée conception de la Vierge.Bibracte a écrit :Peut-être donc que St Ephrem était maculiste : ce n'est pas un problème tant que la tradition contraire a pu se transmettre, et tant qu'il n'y a pas eu consensus des Pères contre l'Immaculée Conception.
« Qu’avait-elle dit de mal ? […] elle avait douté de sa parole, en disant : ils n’ont plus de vin. […] Marie s’empressa de remplacer les apôtres pour exécuter les ordres du Seigneur. Cependant, elle n’avait pas pour rôle de donner des conseils, de commander, ou de prévenir la parole de Jésus ; aussi la réprimanda-t-il, parce qu’elle avait agi avec précipitation. »Bibracte a écrit :La troisième citation ne dit pas du tout que Marie a commis un péché. On comprend très bien qu'elle ait pu vouloir, sans commettre de faute, que son Fils, le Sauveur, soit glorifié et honoré par les foules, cela n'avait rien de vain. De fait, dans la vie courante, deux personnes peuvent être en désaccord sur une conduite à tenir sans nécessairement que ce désaccord soit lié à un péché de l'un des deux.
Vu le texte, il est clair que Saint Ephrem attribue à Marie une faute, voire plusieurs.
Si Saint Ambroise croyait à l'immaculée conception de la Vierge, il n'aurait pas autant insisté sur le fait que seul le Christ a été conçu sans péché car seul issu d'une conception virginale, et que quiconque nait de l'union d'un homme et d'une femme hérite du péché originel. Doctrine qui a été reprise par Saint Augustin, qui a déclaré : « [Ambroise] dit que, sous l’influence de l’union des deux sexes, personne ne peut être exempt de péché ; et que, si Jésus-Christ en est exempt, c’est que sa conception a été miraculeuse et divine. » (Augustin, Contre Julien I, livre I, 32)Bibracte a écrit :Rien de cela ne parle explicitement de la Vierge, ni ne dit qu'elle a été purifiée après sa conception.
Le fait que de nombreux Pères aient parlé ainsi du Christ comme seul n'ayant pas péché par opposition au reste de l'humanité n'est pas un très bon argument. Il est évident que le but de ces textes est de mettre en valeur l'impeccabilité du Christ et non de transmettre une doctrine particulière concernant la Vierge. Rien n'oblige donc à interpréter ces textes de façon maximaliste, surtout lorsque leur auteur a lui-même dit que Marie était exempte de toute tache de péché.
D'après Maxime Georgel, « le prêtre dominicain Boniface Ramsey, professeur au Séminaire de l’Immaculée Conception de l’université Seton Hall et biographe de saint Ambroise, conclut ainsi son examen de la mariologie d’Ambroise : Nous ne trouvons pas encore les doctrines de l’Immaculée Conception de Marie et de son Assomption chez Ambroise. »
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Re: L'immaculée conception, un dogme contraire à la foi des Pères ?
Je remercie Bibracte et Cocolapin mais ne suis pas totalement convaincu de la réponse de celui-ci :la première de ces bulles, Unam Sanctam, dans le contexte très politique de la lutte avec le roi de France Philippe le Bel (la fulmination de la bulle ayant apparemment provoqué le fameux "attentat d'Agnani") établissait la soumission absolue des princes et des nations au pape( la fameuse théorie des deux glaives):cet enseignement, évidemment très excessif, n'a-t-il pas ensuite disparu de l'enseignement de l'Eglise? On aurait bien de la peine à le retrouver dans le CEC,,par exemple ! Ce ne peut donc être considéré comme un dogme tels ceux des sept premiers Concile, voire même de Trente(la Transsubstantation : explicitation ou dogme nouveau ?). Quant à la seconde bulle,je ne la trouve pas:Benedictus Deus est de 1564 et confirme l'ensemble des déclarations du Concile de Trente,ni plus ni moins mais en tous cas ,elle n'est pas de 1336; y en aurait-il une autre ?Coco lapin a écrit : ↑mar. 17 sept. 2024, 19:25 Bonjour Gaudens
Non, vous avez aussi, par exemple, les définitions issues des bulles Unam Sanctam (1302) et Benedictus Deus (1336).Gaudens a écrit :ce dogme est le premier à n'avoir pas été adopté en Concile Oecuménique, ce qui me semble avoir été la règle depuis l'origine de l'Eglise.
Pour Bibracte: Sainte Bernadette n'était pas "démunie et pas très au fait des actualités théologiques": c'était une enfant de 14 ans,totalement misérable et qui n'avait même pas encore pu commencer son catéchisme,d'ailleurs enseigné dans une langue,le français, qu'elle ne parlait ni ne comprenait. La Sainte Vierge avait donc bien choisi sa messagère pour éviter tout risque de voir le message comme une consigne transmise à la voyante par un parti théologique quelconque. Et certes,les révélations privées ne sont pas de foi mais passé le degré de confirmation donné par les plus hautes autorités religieuses,fondées sur un examen sérieux et minutieux,le doute est-il vraiment permis?[/quote]
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Re: L'immaculée conception, un dogme contraire à la foi des Pères ?
Je suis bien d'accord, je faisais un euphémisme.Gaudens a écrit : ↑mer. 18 sept. 2024, 19:00
Pour Bibracte: Sainte Bernadette n'était pas "démunie et pas très au fait des actualités théologiques": c'était une enfant de 14 ans,totalement misérable et qui n'avait même pas encore pu commencer son catéchisme,d'ailleurs enseigné dans une langue,le français, qu'elle ne parlait ni ne comprenait. La Sainte Vierge avait donc bien choisi sa messagère pour éviter tout risque de voir le message comme une consigne transmise à la voyante par un parti théologique quelconque.
Les fidèles sont libres de ne pas y adhérer. Il reste que l'étude de évènement conduit à mon avis une raison droite à la conclusion que ces apparitions ont bien eu lieu, mais c'est une question distincte de celle de la confirmation par l'autorité.
Dernière modification par Bibracte le jeu. 19 sept. 2024, 0:45, modifié 1 fois.
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Re: L'immaculée conception, un dogme contraire à la foi des Pères ?
Soit on contracte le péché originel, soit on ne le contracte pas. On ne dit pas de quelqu'un qui a été guéri d'une maladie qu'il ne l'a pas contractée ! Si Paschase dit que la Vierge n'a pas contracté le péché originel, quel que soit le moment auquel il croyait que les hommes le contractent, cela revient exactement à la doctrine de l'Immaculée Conception (= la Vierge fut entièrement et toujours préservée du péché originel)Coco lapin a écrit : ↑mer. 18 sept. 2024, 17:19« neque contraxit in utero sanctificata originale peccatum »Bibracte a écrit :à sa naissance, elle n'a été soumise à aucune transgression et n'a pas non plus contracté le péché originel dans le sein sanctifié."
C'est vrai que le mot "contraxit" incite à croire qu'elle n'avait jamais contracté le péché originel. Mais le mot "sanctificata" ne peut pas se rapporter à "utero", qui est un nom masculin. Je pense donc plutôt que Paschase voulait dire qu'au moment de sa naissance elle ne contracta pas le péché originel, ayant été sanctifiée in utero.
Dans le langage de l'époque, "être exempt" ou "être libre de" peut s'utiliser pour signifier "libéré de", "délivré de". C'est ainsi que l'entendait par exemple Saint Thomas d'Aquin lorsqu'il disait que la Vierge Marie était « exempte de tout péché actuel mais aussi originel, purifiée par un privilège spécial. »Bibracte a écrit :Et plus loin encore, dans le même paragraphe : "Nunc autem..." "Mais maintenant, parce qu'elle est vénérée par l'autorité de toute l'Église, il est évident qu'elle était exempte de tout péché originel, elle par qui non seulement la malédiction de la mère Ève a été supprimée ...".
Il dit ensuite qu'elle était exempte du péché originel ("constat eam ab omni originali peccato immunem fuisse"), sans utiliser de participe passé ; il ne dit donc pas qu'elle a été libérée, mais qu'elle était exempte (ou libre) du péché originel, après avoir dit qu'elle ne l'avait pas contracté.
Au contraire, lorsque St Thomas dit que la Vierge était exempte du péché originel, c'est pour préciser immédiatement que d'après lui elle l'avait contracté avant d'en être purifiée in utero. Il entend donc qu'elle en était exempte après sa naissance, alors que Paschase Radbert entend par là qu'elle en était exempte tout court.
Évidemment, au IXe siècle, la fête de l'Immaculée Conception n'était encore célébrée séparément de la Nativité de la Vierge qu'en certains lieux. Il est donc normal que Paschase n'utilise que cette dernière dans son argumentation.Coco lapin a écrit : ↑mer. 18 sept. 2024, 17:19 Vous pouvez aussi constater que Paschase ne parle pas de la fête de la Conception mais de la fête de la Nativité de la Vierge, la mettant sur le même plan que celle de Jean-Baptiste (également sanctifié dans le sein de sa mère, mais dont la conception n'est pas réputée immaculée... "du moins jusqu'au prochain dogme de l'Eglise catholique, on n'est à l'abri de rien", ricanent les protestants).
Je ne vois pas en quoi mon interprétation est impossible. Vous pouvez remplacer "rendue pure" par "sanctifiée" ou "purifiée" dans ma phrase entre parenthèses, cela fonctionne toujours.Coco lapin a écrit : ↑mer. 18 sept. 2024, 17:19En réalité il n'y a pas de "rendre", la bonne traduction c'est : "sanctifiée et purifiée". Donc votre interprétation est impossible, justement pour garder la cohérence interne du texte de Paschase, qui nous dit que Marie était une chair de péché et qu'elle a été purifiée. En fait, il est probable que Paschase, comme la plupart des théologiens de son époque, croyait à une double purification : une première dans le sein maternel (comme un baptême intra utérin venant éliminer le péché originel), et une deuxième au moment de l'Annonciation (allant jusqu'à supprimer le "foyer de péché" et toute trace de péché, ainsi la purification est totale).Bibracte a écrit :On peut très bien comprendre ce "rendre", qui suggère d'une façon ou d'une autre un changement, comme relatif à l'état dans lequel la Vierge aurait dû se trouver si elle n'avait pas été exempte du péché originel. En fait, ici, cette interprétation ( = La Vierge aurait dû être marquée par le péché originel comme tous les hommes, mais Dieu l'a rendue pure dès sa conception, elle en a donc été préservée) est la seule qui permette de conserver la cohérence interne du texte de Paschase Radbert, cohérence interne qui ne saurait être mise en doute s'agissant d'un des théologiens les plus fameux de son temps.
L'expression "chair de péché" peut concerner simplement la matière organique "reçue" par Marie de ses parents (lesquels ont péché), ou encore le fait que Marie appartienne à l'humanité qui est en général marquée par le péché jusque dans sa nature, sans que cela n'implique que Marie ait personnellement contracté le péché originel. Quelle que soit la façon dont Paschase Radbert se représentait la conception, l'animation et la croissance in utero d'un humain et de Marie en particulier, nous avons vu qu'il disait qu'elle n'avait pas contracté le péché originel.
Rien dans ce texte de St Hippolyte ne permet de penser qu'il fait ne fait référence qu'à la conception virginale du Christ. Hippolyte parle du bois, on pourrait dire en quelque sorte des "ingrédients" dont le Christ a été fait ; il ne parle aucunement de la manière dont la conception s'est opérée.Coco lapin a écrit : ↑mer. 18 sept. 2024, 17:19Cette citation fait surtout allusion à la conception virginale. Le Christ ne pouvait pas être corrompu, parce qu'il n'est pas né de l'accouplement d'un homme et d'une femme. Ensuite on peut voir la Vierge comme "non sujette à la corruption humaine" en un certain sens, à partir du moment où elle a été totalement purifiée. D'ailleurs elle n'a été coupable d'aucune faute humaine et son corps n'a en effet pas été livré à la corruption mais est allé directement au Ciel.Bibracte a écrit :Pour St Hippolyte au moins, votre position ici est extrêmement dure à défendre : l'image du bois non sujet à la corruption humaine paraît clairement concerner Marie dans son être même. Surtout, la citation d'Hippolyte se présente ainsi :
"Le Seigneur était exempt du péché, étant formé de bois non sujet à la corruption humaine ; savoir, de la Vierge et de l’Esprit Saint".
Si donc c'est l'Esprit Saint qui avait purifié Marie au moment de la conception du Christ, comment expliquer que St Hippolyte commence par mentionner la Vierge, séparément de l’Esprit Saint ? Il paraît clair que pour lui, la Vierge, d’une part, et l’Esprit Saint, d’autre part, étaient plus que purs : "non sujets à la corruption humaine". Un chose est d'être pur à un moment, une autre de ne pas être sujet à la corruption.
Le texte que vous avez trouvé ne disait pas "Immaculatam, immaculatissimam, novam maxime ac divinam largitionem, omnino immaculatam, Dei divinam sedem, Dominam semper benedictam, Evæ pretium redemptionis, fontem gratiæ, Sancti Spiritus fontem signatum, templum divinissimum, sedem Dei puram, quæ draconis nequissimi caput contrivit, quæ semper fuit tum corpore, tum anima integra et immaculata". D'ailleurs vous ne nous avez pas donné votre source, vous non plus. Je ne comprends pas pourquoi votre texte serait "le vrai".Coco lapin a écrit : ↑mer. 18 sept. 2024, 17:19La source est introuvable, donc vu que le texte que j'ai trouvé est très similaire, je pense que c'est celui-là le vrai, et non celui fourni par Dom Guéranger.Bibracte a écrit :Non, mais j’aurais dû donner la référence : Oratio ad S. Dei Genitricem. Opp. t. III, p. 945.
Dans le texte cité, il y a une virgule : "vierge, intègre et immaculée", et non "vierge intègre et immaculée". Si je dis qu'un sportif fut "toujours fort, rapide et impressionnant", je ne dis pas qu'il était "fort rapide", mais qu'il fut toujours fort, toujours rapide et toujours impressionnant.Coco lapin a écrit : ↑mer. 18 sept. 2024, 17:19C'est le mot "vierge" qui suit premièrement le mot "toujours". En général, quand les Pères parlent de Marie comme d'une "vierge immaculée", ils entendent désigner sa virginité restée intacte (aussi bien en pensée qu'en acte), mais sans pour autant croire à une conception immaculée.Bibracte a écrit :Votre première citation semble montrer que St Ephrem n'était pas maculiste, surtout parce qu'il dit "vous qui avez été toujours...", ce qui s'oppose à la théorie dune purification intervenue au cours de la vie de Marie.
De plus, si votre interprétation était vraie, pourquoi préciser "tant du corps que de l'âme" ? Que veut dire "être vierge de l'âme" ? Si c'est une façon de dire que l'âme de Marie fut toujours préservée des atteintes du péché, cela revient à professer l'Immaculée Conception... Mais comme pour la citation de St Hippolyte, vous semblez avoir tendance à tout ramener à la virginité de Marie, même lorsqu'il est évident que les auteurs ne parlent pas de cela, ou pas seulement.
St Bonaventure déjà cité, oui, et déjà réfuté plus haut dans ce fil... Pour le reste, toute notre discussion tourne autour de la question de l'existence ou non d'un consensus des Pères contre l'Immaculée Conception, et de l'existence ou non d'une tradition en sa faveur. Je ne vois pas l'intérêt de votre réponse ici, sauf à vouloir faire des raisonnements circulaires.Coco lapin a écrit : ↑mer. 18 sept. 2024, 17:19La tradition contraire n'existe pas, et les premiers défenseurs de l'immaculée conception de Marie avaient conscience qu'aucun Père de l'Eglise n'avait jamais soutenu leur opinion. Bien au contraire, il y a un consensus des Pères, comme l'affirment Saint Bonaventure (déjà cité) et Pierre Lombard (qui parle de "témoignage concordant des Saints"), en faveur de la maculée conception de la Vierge.Bibracte a écrit :Peut-être donc que St Ephrem était maculiste : ce n'est pas un problème tant que la tradition contraire a pu se transmettre, et tant qu'il n'y a pas eu consensus des Pères contre l'Immaculée Conception.
Je vois que vous reprenez la citation très caviardée donnée sur le site de l'auteur protestant Maxime Georgel. J'avoue que je lirais avec intérêt le texte intégral auquel je n'ai pas accès... Encore une fois, il n'est pas impossible qu'Ephrem ait été maculiste, mais ici cette citation prise dans le sens que lui donne Georgel semble contredire directement les précédentes (et au passage toute la Tradition : comme vous le reconnaissez vous-même, les Pères sont généralement au moins d'accord pour dire que la Vierge n'a pas péché après l’Annonciation.)Coco lapin a écrit : ↑mer. 18 sept. 2024, 17:19« Qu’avait-elle dit de mal ? […] elle avait douté de sa parole, en disant : ils n’ont plus de vin. […] Marie s’empressa de remplacer les apôtres pour exécuter les ordres du Seigneur. Cependant, elle n’avait pas pour rôle de donner des conseils, de commander, ou de prévenir la parole de Jésus ; aussi la réprimanda-t-il, parce qu’elle avait agi avec précipitation. »Bibracte a écrit :La troisième citation ne dit pas du tout que Marie a commis un péché. On comprend très bien qu'elle ait pu vouloir, sans commettre de faute, que son Fils, le Sauveur, soit glorifié et honoré par les foules, cela n'avait rien de vain. De fait, dans la vie courante, deux personnes peuvent être en désaccord sur une conduite à tenir sans nécessairement que ce désaccord soit lié à un péché de l'un des deux.
Vu le texte, il est clair que Saint Ephrem attribue à Marie une faute, voire plusieurs.
J'ai l'impression que votre réponse ne tient pas compte de ce que je vous ai dit : le but de ces textes de St Ambroise n'est pas de transmettre une doctrine particulière concernant la Vierge. Rien n'empêche qu'il y ait une règle, posée ici, et une exception par intervention divine. Comme Paschase Radbert (et contrairement à St Thomas), quand St Ambroise dit que la Vierge était exempte du péché originel, il n'ajoute pas qu'elle l'aurait contracté et puis qu'elle en aurait été purifiée dans un second temps.Coco lapin a écrit : ↑mer. 18 sept. 2024, 17:19Si Saint Ambroise croyait à l'immaculée conception de la Vierge, il n'aurait pas autant insisté sur le fait que seul le Christ a été conçu sans péché car seul issu d'une conception virginale, et que quiconque nait de l'union d'un homme et d'une femme hérite du péché originel. Doctrine qui a été reprise par Saint Augustin, qui a déclaré : « [Ambroise] dit que, sous l’influence de l’union des deux sexes, personne ne peut être exempt de péché ; et que, si Jésus-Christ en est exempt, c’est que sa conception a été miraculeuse et divine. » (Augustin, Contre Julien I, livre I, 32)Bibracte a écrit :Rien de cela ne parle explicitement de la Vierge, ni ne dit qu'elle a été purifiée après sa conception.
Le fait que de nombreux Pères aient parlé ainsi du Christ comme seul n'ayant pas péché par opposition au reste de l'humanité n'est pas un très bon argument. Il est évident que le but de ces textes est de mettre en valeur l'impeccabilité du Christ et non de transmettre une doctrine particulière concernant la Vierge. Rien n'oblige donc à interpréter ces textes de façon maximaliste, surtout lorsque leur auteur a lui-même dit que Marie était exempte de toute tache de péché.
Il est clair que St Ambroise ne formule pas la doctrine intégrale de l’Immaculée Conception telle que définie solennellement par Pie IX (St Ambroise ne mentionne pas explicitement le "premier instant de la conception"), mais sa doctrine mariale ne s'y oppose pas et en contient les prémices. A votre place je ne ferais pas une confiance aveugle à Maxime Georgel, auteur protestant évangélique, surtout en matière de mariologie...Coco lapin a écrit : ↑mer. 18 sept. 2024, 17:19 D'après Maxime Georgel, « le prêtre dominicain Boniface Ramsey, professeur au Séminaire de l’Immaculée Conception de l’université Seton Hall et biographe de saint Ambroise, conclut ainsi son examen de la mariologie d’Ambroise : Nous ne trouvons pas encore les doctrines de l’Immaculée Conception de Marie et de son Assomption chez Ambroise. »
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Re: L'immaculée conception, un dogme contraire à la foi des Pères ?
Le pape a engagé son infaillibilité dans Unam Sanctam, donc c'est un dogme comme un autre. L'Eglise a choisi d'oublier cette doctrine mais elle était bien dogmatique.Gaudens a écrit :la première de ces bulles, Unam Sanctam, dans le contexte très politique de la lutte avec le roi de France Philippe le Bel (la fulmination de la bulle ayant apparemment provoqué le fameux "attentat d'Agnani") établissait la soumission absolue des princes et des nations au pape( la fameuse théorie des deux glaives):cet enseignement, évidemment très excessif, n'a-t-il pas ensuite disparu de l'enseignement de l'Eglise?
Il y a en effet deux Benedictus Deus, et je parlais de celle de 1336, écrite par Benoît XII.Gaudens a écrit :Quant à la seconde bulle,je ne la trouve pas:Benedictus Deus est de 1564 et confirme l'ensemble des déclarations du Concile de Trente,ni plus ni moins mais en tous cas ,elle n'est pas de 1336; y en aurait-il une autre ?
Je préfère considérer, pour garder la cohérence du texte, que Paschase l'entendait dans un sens plus proche de l'étymologie du mot "contrahere" (con = avec, trahere = tirer vers soi, trainer). En gros, Paschase nous dit que Marie n'a pas trainé le péché originel avec elle à la naissance. Car il parle bien de sa naissance, et non de sa conception (et je pense qu'il était au courant que le péché originel se transmet dès la conception). Sinon il faudrait croire qu'il enseigne aussi l'immaculée conception de Jean-Baptiste.Bibracte a écrit :Soit on contracte le péché originel, soit on ne le contracte pas. On ne dit pas de quelqu'un qui a été guéri d'une maladie qu'il ne l'a pas contractée ! Si Paschase dit que la Vierge n'a pas contracté le péché originel, quel que soit le moment auquel il croyait que les hommes le contractent, cela revient exactement à la doctrine de l'Immaculée Conception (= la Vierge fut entièrement et toujours préservée du péché originel)
Je ne dis pas que "exempt" est équivalent à "libéré" dans notre langue actuelle, je dis qu'à l'époque c'était peut-être aussi utilisé dans un sens un peu différent. Le fait que Paschase ne précise pas sa pensée immédiatement à l'instar de Saint Thomas ne signifie pas pour autant qu'il employait ce mot dans un sens absolu. D'ailleurs il précise que Marie a été sanctifiée dans le sein de sa mère, et qu'elle n'a pas contracté le péché originel à la naissance. Il n'aurait pas loupé une occasion pareille d'ajouter qu'elle était exempte du péché originel dès sa conception s'il le croyait vraiment. Au contraire, ce qu'il dit du cas de Marie ne peut pas être différencié du cas de Jean-Baptiste, et ce serait un peu absurde qu'il ait cru à sa conception immaculée à lui aussi.Bibracte a écrit :Il dit ensuite qu'elle était exempte du péché originel ("constat eam ab omni originali peccato immunem fuisse"), sans utiliser de participe passé ; il ne dit donc pas qu'elle a été libérée, mais qu'elle était exempte (ou libre) du péché originel, après avoir dit qu'elle ne l'avait pas contracté.
Au contraire, lorsque St Thomas dit que la Vierge était exempte du péché originel, c'est pour préciser immédiatement que d'après lui elle l'avait contracté avant d'en être purifiée in utero. Il entend donc qu'elle en était exempte après sa naissance, alors que Paschase Radbert entend par là qu'elle en était exempte tout court.
Paschase dit : Fête de la Nativité = naissance sans péché originel, et vous, vous comprenez : Fête de la Nativité = conception sans péché originel. C'est pas cohérent.Bibracte a écrit :Évidemment, au IXe siècle, la fête de l'Immaculée Conception n'était encore célébrée séparément de la Nativité de la Vierge qu'en certains lieux. Il est donc normal que Paschase n'utilise que cette dernière dans son argumentation.
Non, car c'est ceux qui ne sont pas totalement purs qu'on purifie. Le mot est même "emundata", du verbe "emundare" = nettoyer, purifier. On ne nettoie que ceux qui sont sales. Bref, l'idée exprimée n'est pas que Dieu l'a créée déjà 100% pure, mais qu'il l'a purifiée après l'avoir créée, parce qu'elle n'était pas 100% pure au moment de sa création : il l'a nettoyée du péché originel.Bibracte a écrit :Je ne vois pas en quoi mon interprétation est impossible. Vous pouvez remplacer "rendue pure" par "sanctifiée" ou "purifiée" dans ma phrase entre parenthèses, cela fonctionne toujours.
"Chair de péché" ça veut dire "chair contaminée par le péché", et si Paschase précise que Marie elle-même était une chair de péché (et pas simplement qu'elle est née d'une chair de péché), c'est pas anodin. Si Marie n'a pas le péché originel ni aucune tache, elle ne peut pas avoir une chair "de péché".Bibracte a écrit :L'expression "chair de péché" peut concerner simplement la matière organique "reçue" par Marie de ses parents (lesquels ont péché), ou encore le fait que Marie appartienne à l'humanité qui est en général marquée par le péché jusque dans sa nature, sans que cela n'implique que Marie ait personnellement contracté le péché originel.
On peut le voir comme ça. Mais on peut aussi croire que la Vierge n'est pas sujette à la corruption depuis qu'elle a été purifiée. Bref, cette citation est insuffisante.Bibracte a écrit :Rien dans ce texte de St Hippolyte ne permet de penser qu'il fait ne fait référence qu'à la conception virginale du Christ. Hippolyte parle du bois, on pourrait dire en quelque sorte des "ingrédients" dont le Christ a été fait ; il ne parle aucunement de la manière dont la conception s'est opérée.
En effet, l'autre texte n'est pas exactement pareil. Et le fait qu'il provienne d'un ouvrage consultable (j'ai donné la source avec un astérisque mais c'est passé inaperçu) le rend plus crédible. Mais il n'est pas forcément authentique.Bibracte a écrit :Le texte que vous avez trouvé ne disait pas "Immaculatam, immaculatissimam, novam maxime ac divinam largitionem, omnino immaculatam, Dei divinam sedem, Dominam semper benedictam, Evæ pretium redemptionis, fontem gratiæ, Sancti Spiritus fontem signatum, templum divinissimum, sedem Dei puram, quæ draconis nequissimi caput contrivit, quæ semper fuit tum corpore, tum anima integra et immaculata". D'ailleurs vous ne nous avez pas donné votre source, vous non plus. Je ne comprends pas pourquoi votre texte serait "le vrai".
Pour enlever la virgule, il aurait fallu dire "une vierge intègre et immaculée". Voilà pourquoi il y a une virgule, et pourquoi il est possible de comprendre qu'il n'entend désigner ici que sa virginité de coeur et de corps. Il est aussi possible de considérer qu'Ephrem parlait d'une manière générale, et voulait seulement dire qu'elle n'avait jamais commis de fautes personnelles.Bibracte a écrit :Dans le texte cité, il y a une virgule : "vierge, intègre et immaculée", et non "vierge intègre et immaculée". Si je dis qu'un sportif fut "toujours fort, rapide et impressionnant", je ne dis pas qu'il était "fort rapide", mais qu'il fut toujours fort, toujours rapide et toujours impressionnant.
« vous qui avez été toujours vierge, intègre et immaculée tant en votre corps qu'en votre âme. »Bibracte a écrit :De plus, si votre interprétation était vraie, pourquoi préciser "tant du corps que de l'âme" ? Que veut dire "être vierge de l'âme" ? Si c'est une façon de dire que l'âme de Marie fut toujours préservée des atteintes du péché, cela revient à professer l'Immaculée Conception...
Vous comprenez maintenant ?
Je vous donne l'avis de théologiens (leur avis à propos du consensus des Pères) qui faisaient autorité à l'époque, et non l'avis biaisé des apologètes du XIXème siècle.Bibracte a écrit :St Bonaventure déjà cité, oui, et déjà réfuté plus haut dans ce fil... Pour le reste, toute notre discussion tourne autour de la question de l'existence ou non d'un consensus des Pères contre l'Immaculée Conception, et de l'existence ou non d'une tradition en sa faveur. Je ne vois pas l'intérêt de votre réponse ici, sauf à vouloir faire des raisonnements circulaires.
Il n'y a qu'une citation plutôt vague qui inciterait à croire que Saint Ephrem croyait à l'immaculée conception, tandis qu'il y en a plusieurs autres qui montrent sans ambiguité qu'il n'y croyait pas. La question est vite réglée.Bibracte a écrit :Je vois que vous reprenez la citation très caviardée donnée sur le site de l'auteur protestant Maxime Georgel. J'avoue que je lirais avec intérêt le texte intégral auquel je n'ai pas accès... Encore une fois, il n'est pas impossible qu'Ephrem ait été maculiste, mais ici cette citation prise dans le sens que lui donne Georgel semble contredire directement les précédentes
Rien n'empêche d'ailleurs de demander la citation entière à Maxime Georgel qui, je le crois, est de bonne foi.
Détrompez-vous, plusieurs pères imputaient des péchés actuels à la Vierge Marie. C'est le cas d'Origène, de Tertullien, et de Jean Chrysostome.Bibracte a écrit :comme vous le reconnaissez vous-même, les Pères sont généralement au moins d'accord pour dire que la Vierge n'a pas péché après l’Annonciation
Saint Ambroise n'énonce pas une règle générale, il précise que Jésus-Christ est la seule exception (et c'est cette doctrine qu'il enseigne). Ce faisant, il enseigne implicitement que la Vierge Marie a été conçue avec le péché originel.Bibracte a écrit :J'ai l'impression que votre réponse ne tient pas compte de ce que je vous ai dit : le but de ces textes de St Ambroise n'est pas de transmettre une doctrine particulière concernant la Vierge. Rien n'empêche qu'il y ait une règle, posée ici, et une exception par intervention divine.
La précision n'était pas forcément nécessaire. D'ailleurs la citation fournie par Guéranger m'a l'air un peu truquée. Voici celle issue de la Patrologia Latina :Bibracte a écrit :Comme Paschase Radbert (et contrairement à St Thomas), quand St Ambroise dit que la Vierge était exempte du péché originel, il n'ajoute pas qu'elle l'aurait contracté et puis qu'elle en aurait été purifiée dans un second temps.
« Veni ergo, et quaere ovem tuam jam non per servulos , non per mercenarios , sed per temetipsum. Suscipe me in carne, quae in Adam lapsa est. Suscipe me non ex Sarra, sed ex Maria ; ut incorruputa sit virgo, sed virgo per gratiam ab omni integra labe peccati. Porta me in cruce, quae salutaris errantibus est, in qua sola est requies fatigatis, in qua sola vivent quicumque moriuntur. »
Vous remarquerez qu'il n'y a pas de majuscule à "virgo", contrairement à ce qu'écrit Guéranger, donc j'ai l'impression que ce que dit Saint Ambroise est plus proche de : "recevez-moi dans la chair (...) afin qu'incorrompue, elle [ma chair, ou mon âme] soit vierge, mais vierge, par grâce, intacte de toute tache de péché". Bref, il commence à parler de lui, et en fait il parle pour lui : il veut être complètement lavé de tout péché.
La doctrine christologique de Saint Ambroise s'oppose à l'immaculée conception de la Vierge. Il dit bien, comme Saint Augustin, que le Christ est LE SEUL à n'avoir pas eu le péché originel.Bibracte a écrit :Il est clair que St Ambroise ne formule pas la doctrine intégrale de l’Immaculée Conception telle que définie solennellement par Pie IX (St Ambroise ne mentionne pas explicitement le "premier instant de la conception"), mais sa doctrine mariale ne s'y oppose pas et en contient les prémices.
Moi qui croit malgré tout à l'immaculée conception de Marie, cela ne me viendrait jamais à l'idée d'affirmer avec force que Jésus est le seul à avoir été conçu sans péché. Donc je pense que c'est bien dans un sens exclusif que l'entendait Saint Ambroise. Pour lui il n'y a pas d'autre exception que Jésus-Christ.
Maxime Georgel n'est pas évangélique, mais calviniste (ils se nomment entre eux "catholiques réformés"). Néanmoins il est beaucoup plus fiable que Dom Guéranger le manipulateur.Bibracte a écrit :A votre place je ne ferais pas une confiance aveugle à Maxime Georgel, auteur protestant évangélique, surtout en matière de mariologie...
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Re: L'immaculée conception, un dogme contraire à la foi des Pères ?
Bonjour Cocolapin,
Dire que le Pape de 1302 a engagé son infaillibilité (définie cinq siècles plus tard !) dans la bulle Unam Sanctam et que son contenu est donc un dogme comme un autre, bien qu'aussitôt et définitivement oublié,ne me parait pas sérieux.Imagine-t-on que l'Eglise oublie les définitions dogmatiques d'Ephèse et Chalcédoine ? Non, Unam Sanctam n'est pas dans le corpus dogmatique irréfragable de l'Eglise.Et j'attends toujours qu'on veuille bien nous donner le contenu de l'autre 'bulle dogmatique" , visiblement bien oubliée, que serait le Benedictus Deus du XIIIe siècle dont je peine à trouver la trace.
Tout ceci pour dire qu 'il est très vraisemblable,voire probable, que la définition pontificale de l'Immaculée Conception de 1854 ait bien été la première proclamation d'un dogme hors Concile Oecuménique, ce qui aurait été la règle, écrite ou non - à voir - , de l'Eglise depuis l'origine. Je crois plus que jamais que les apparitions de Lourdes auront été la rectification/confirmation de ce pas de clerc rendu possible par le climat ultramontain du XIXe siècle.Vous m'objecterez peut-être que le dogme de l'Assomption proclamé par Pie XII un siècle plus tard n'a fait l'objet d'aucune "confirmation" céleste et je n'aurais a priori rien à vous opposer dans l'état de mes connaissances mais bon ...
Et je suis surtout étonné (et heureux) que vous-même confessiez croire en l'Immaculée Conception alors que tout votre argumentaire amènerait à penser le contraire!
Dire que le Pape de 1302 a engagé son infaillibilité (définie cinq siècles plus tard !) dans la bulle Unam Sanctam et que son contenu est donc un dogme comme un autre, bien qu'aussitôt et définitivement oublié,ne me parait pas sérieux.Imagine-t-on que l'Eglise oublie les définitions dogmatiques d'Ephèse et Chalcédoine ? Non, Unam Sanctam n'est pas dans le corpus dogmatique irréfragable de l'Eglise.Et j'attends toujours qu'on veuille bien nous donner le contenu de l'autre 'bulle dogmatique" , visiblement bien oubliée, que serait le Benedictus Deus du XIIIe siècle dont je peine à trouver la trace.
Tout ceci pour dire qu 'il est très vraisemblable,voire probable, que la définition pontificale de l'Immaculée Conception de 1854 ait bien été la première proclamation d'un dogme hors Concile Oecuménique, ce qui aurait été la règle, écrite ou non - à voir - , de l'Eglise depuis l'origine. Je crois plus que jamais que les apparitions de Lourdes auront été la rectification/confirmation de ce pas de clerc rendu possible par le climat ultramontain du XIXe siècle.Vous m'objecterez peut-être que le dogme de l'Assomption proclamé par Pie XII un siècle plus tard n'a fait l'objet d'aucune "confirmation" céleste et je n'aurais a priori rien à vous opposer dans l'état de mes connaissances mais bon ...
Et je suis surtout étonné (et heureux) que vous-même confessiez croire en l'Immaculée Conception alors que tout votre argumentaire amènerait à penser le contraire!
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Re: L'immaculée conception, un dogme contraire à la foi des Pères ?
Bonjour Gaudens,
Vous connaissez certainement la définition de l'infaillibilité dans Pastor Aeternus : le pape est infaillible lorsqu'il définit une doctrine, en matière de foi ou de moeurs, qui doit être tenue par toute l'Eglise. Or selon le principe des dogmes catholiques, le pape n'a pas gagné le privilège de l'infaillibilité à partir du concile Vatican I, les papes étaient déjà infaillibles aux mêmes conditions depuis Saint Pierre. Et il suffit de lire Unam Sanctam pour s'apercevoir que Boniface VIII entendait définir une doctrine de foi. Donc même si les termes employés ne sont pas aussi solennels que pour d'autres définitions, celle de Unam Sanctam est bien dogmatique. A propos, elle n'a pas été aussitôt oubliée puisque Pie IX en rappelait encore les principes dans son magistère. Ce n'est que plus tard que l'Eglise a changé de politique, en faisant mine d'oublier l'existence de cette bulle. Mais elle n'a jamais été abrogée (elle figure d'ailleurs dans le Denzinger), et aucune définition contraire n'est venue s'y opposer, à ce que je sache.
L'autre bulle est incontournable, c'est bizarre que vous ne l'ayez pas trouvée. La voici :
https://laportelatine.org/formation/mag ... -deus-1336
Vous pouvez constater qu'elle porte sur les fins dernières et qu'elle fait partie intégrante de la foi catholique.
Ineffabilis Deus n'est donc pas la première définition d'un dogme par un pape. Même si l'expression "dogme révélé de Dieu" ne figure pas dans les deux bulles du XIVeme siècle, ce sont quand même des définitions dogmatiques. Si vous les rejetez, vous rejetez la foi catholique.
L'assomption avait déjà été confirmée d'une certaine manière lorsque la Sainte Vierge a donné le Rosaire à Saint Dominique.
Dieu dans sa sagesse infinie, a fait en sorte qu'aucun Père de l'Eglise ne croie à l'immaculée conception. Certains s'obstinent à nier cet état de fait parce qu'ils pensent que l'Eglise ne peut formuler que des dogmes qui appartiennent à la Tradition. C'est vrai que l'Eglise s'est fixé comme principe de garder le dépôt révélé (et non d'ajouter des choses à la Révélation), et ainsi ce nouveau dogme nuit à sa crédibilité. Mais que voulez-vous, Dieu a aussi permis qu'il y ait des erreurs dans les Saintes Écritures (même si cela nuit à leur crédibilité) et que l'Eglise se prétende infaillible (même si cela nuit à sa crédibilité puisqu'elle ne l'est pas).
Je comprends donc les protestants qui nient que l'Eglise catholique (papale, diront-ils) est la seule église voulue par Jésus-Christ.
Vous connaissez certainement la définition de l'infaillibilité dans Pastor Aeternus : le pape est infaillible lorsqu'il définit une doctrine, en matière de foi ou de moeurs, qui doit être tenue par toute l'Eglise. Or selon le principe des dogmes catholiques, le pape n'a pas gagné le privilège de l'infaillibilité à partir du concile Vatican I, les papes étaient déjà infaillibles aux mêmes conditions depuis Saint Pierre. Et il suffit de lire Unam Sanctam pour s'apercevoir que Boniface VIII entendait définir une doctrine de foi. Donc même si les termes employés ne sont pas aussi solennels que pour d'autres définitions, celle de Unam Sanctam est bien dogmatique. A propos, elle n'a pas été aussitôt oubliée puisque Pie IX en rappelait encore les principes dans son magistère. Ce n'est que plus tard que l'Eglise a changé de politique, en faisant mine d'oublier l'existence de cette bulle. Mais elle n'a jamais été abrogée (elle figure d'ailleurs dans le Denzinger), et aucune définition contraire n'est venue s'y opposer, à ce que je sache.
L'autre bulle est incontournable, c'est bizarre que vous ne l'ayez pas trouvée. La voici :
https://laportelatine.org/formation/mag ... -deus-1336
Vous pouvez constater qu'elle porte sur les fins dernières et qu'elle fait partie intégrante de la foi catholique.
Ineffabilis Deus n'est donc pas la première définition d'un dogme par un pape. Même si l'expression "dogme révélé de Dieu" ne figure pas dans les deux bulles du XIVeme siècle, ce sont quand même des définitions dogmatiques. Si vous les rejetez, vous rejetez la foi catholique.
L'assomption avait déjà été confirmée d'une certaine manière lorsque la Sainte Vierge a donné le Rosaire à Saint Dominique.
Dieu dans sa sagesse infinie, a fait en sorte qu'aucun Père de l'Eglise ne croie à l'immaculée conception. Certains s'obstinent à nier cet état de fait parce qu'ils pensent que l'Eglise ne peut formuler que des dogmes qui appartiennent à la Tradition. C'est vrai que l'Eglise s'est fixé comme principe de garder le dépôt révélé (et non d'ajouter des choses à la Révélation), et ainsi ce nouveau dogme nuit à sa crédibilité. Mais que voulez-vous, Dieu a aussi permis qu'il y ait des erreurs dans les Saintes Écritures (même si cela nuit à leur crédibilité) et que l'Eglise se prétende infaillible (même si cela nuit à sa crédibilité puisqu'elle ne l'est pas).
Je comprends donc les protestants qui nient que l'Eglise catholique (papale, diront-ils) est la seule église voulue par Jésus-Christ.
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Re: L'immaculée conception, un dogme contraire à la foi des Pères ?
Bonsoir Cocolapin,
Il y a donc dogme et dogme. Les grands, christologiques et trinitaires (l'Immaculée Conception de Marie n'en est pas loin) , et les petits pas "de foi catholique" puisqu'il manque souvent telle ou telle formule dans leur proclamation. Dogme ou doctrine, déjà, est-ce la même chose? Il ne me semble pas.
En l'espèce celle d'Unam Sanctam est purement politique et circonstancielle, née dans le conflit entre le pape et les souverains européens ( situation qui était aussi celle du Vénérable Pie IX)et ne conditionne certainement pas la foi catholique de toujours ;sinon,jusqu'où irait-on? Devrions-nous traiter identiquement les péchés supposés contre les migrants et l'environnement, chers au pape actuel ?
Quant à la première bulle Benedictus Deux, elle est d'une autre nature,non politique et non circonstancielle mais tout de même assez secondaire par rapport aux grands dogmes.A sa manière,elle me rappelle le "dogme des Energies divines" inspiré par la spiritualité de Saint Grégoire Palamas et qui fut et est toujours mezzo voce propagé par l'Eglise de Constantinople alors que d'autres Eglises orthodoxes et notre Eglise catholique la rejettent plus ou moins totalement....En tout cas,là non plus,rien qui conditionne la foi orthodoxe et catholique.
Je ne cesse donc pas d'être catholique en renvoyant Unam Sanctam à l'histoire et en laissant Benedictus Deus à la sagesse de l'Eglise.
Par contre quand vous dires que Dieu a permis qu'il y ait des erreurs dans les Saintes Ecritures (point que je ne vous contesterais pas à condition de définir ce que l'on entend par là), vous allez contre le dogme de l'inerrance des Ecritures et vous mettez (formellement) en dehors de la foi catholique:de même quand vous ajoutez que l'Eglise a tort de se croire infaillible! Formellement vous n'êtes déjà plus catholique en affirmant cela...
Un peu de modestie dans ce genre d'exclusion d'autres opinions me semble donc d'imposer à nous tous, tant le maniement de certains concepts s'avère délicat.
Il y a donc dogme et dogme. Les grands, christologiques et trinitaires (l'Immaculée Conception de Marie n'en est pas loin) , et les petits pas "de foi catholique" puisqu'il manque souvent telle ou telle formule dans leur proclamation. Dogme ou doctrine, déjà, est-ce la même chose? Il ne me semble pas.
En l'espèce celle d'Unam Sanctam est purement politique et circonstancielle, née dans le conflit entre le pape et les souverains européens ( situation qui était aussi celle du Vénérable Pie IX)et ne conditionne certainement pas la foi catholique de toujours ;sinon,jusqu'où irait-on? Devrions-nous traiter identiquement les péchés supposés contre les migrants et l'environnement, chers au pape actuel ?
Quant à la première bulle Benedictus Deux, elle est d'une autre nature,non politique et non circonstancielle mais tout de même assez secondaire par rapport aux grands dogmes.A sa manière,elle me rappelle le "dogme des Energies divines" inspiré par la spiritualité de Saint Grégoire Palamas et qui fut et est toujours mezzo voce propagé par l'Eglise de Constantinople alors que d'autres Eglises orthodoxes et notre Eglise catholique la rejettent plus ou moins totalement....En tout cas,là non plus,rien qui conditionne la foi orthodoxe et catholique.
Je ne cesse donc pas d'être catholique en renvoyant Unam Sanctam à l'histoire et en laissant Benedictus Deus à la sagesse de l'Eglise.
Par contre quand vous dires que Dieu a permis qu'il y ait des erreurs dans les Saintes Ecritures (point que je ne vous contesterais pas à condition de définir ce que l'on entend par là), vous allez contre le dogme de l'inerrance des Ecritures et vous mettez (formellement) en dehors de la foi catholique:de même quand vous ajoutez que l'Eglise a tort de se croire infaillible! Formellement vous n'êtes déjà plus catholique en affirmant cela...
Un peu de modestie dans ce genre d'exclusion d'autres opinions me semble donc d'imposer à nous tous, tant le maniement de certains concepts s'avère délicat.
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