J'ai découvert que certains catholiques ne croyaient pas à ce qui est pour moi une évidence : la réalité du feu de l'enfer.
En effet, certains ont une vision tellement édulcorée de l'enfer qu'ils s'imaginent que l'enfer est un lieu relativement pacifié où les damnés y conservent une certaine liberté et une certaine protection contre les méchancetés des démons et de leurs camarades pécheurs.
Oui, ils pensent que dans cet endroit "où le ver ne meurt point et où le feu ne s'éteint point" (Mc 9, 48), les damnés ne subissent pas de sévices corporels mais souffrent uniquement des conséquences psychologiques de leur haine de Dieu et des autres, de leur désespoir (mais certains vont même jusqu'à croire que les damnés espèrent encore que Dieu changera d'avis), et de leur remords.
En conséquence, ils prétendent que, de même que le ver symbolise le remords qui ronge les damnés, le feu serait uniquement symbolique, comme un feu intérieur qui représenterait la rage des damnés causée par l'opposition entre leur désir de voir Dieu et leur volonté pécheresse qui les en empêche.
1. Que peut-on savoir par les saintes écritures ?
Ici, il est question d'être jeté dans une fournaise de feu : c'est donc un élément extérieur à soi. Ce n'est pas la fournaise qui est en eux, mais eux qui sont dans la fournaise. Remarquez d'ailleurs que la rage intérieure est déjà évoquée par les "grincements de dents", les "pleurs" représentant quant à eux la tristesse et le désespoir.Le Fils de l'homme enverra Ses Anges, qui enlèveront de Son royaume tous les scandales et ceux qui commettent l'iniquité, et ils les jetteront dans la fournaise de feu. Là il y aura des pleurs et des grincements de dents. (Mt 13, 41-42)
Ceci nous confirme l'éternité de la peine, et le mot "supplice" évoque la torture, une contrainte qui s'oppose à la liberté, donc.Et ceux-ci iront au supplice éternel, mais les justes à la vie éternelle. (Mt 25, 46)
Le fait que le personnage soit ligoté exclut toute idée de liberté dans les "ténèbres extérieures" qui évoquent quant à elles une nuit obscure et ne font visiblement pas référence aux ténèbres intérieures de l'esprit.Alors le roi dit aux serviteurs: Liez-lui les mains et les pieds, et jetez-le dans les ténèbres extérieures; là il y aura des pleurs et des grincements de dents. (Mt 22, 13)
Voilà qui nous confirme qu'il s'agit bien d'une mer de feu, comme dans les visions octroyées par Dieu à divers saints tels que sainte Thérèse d'Avila. Je crois d'ailleurs que c'est pour rappeler cette réalité aux incrédules que Notre-Dame a montré l'Enfer aux trois enfants à Fatima.Mais pour les lâches, les incrédules, les abominables les meurtriers, les impudiques, les magiciens, les idolâtres et tous les menteurs, leur part est dans l'étang ardent de feu et de soufre : c'est la seconde mort. (Apocalypse 21, 8)
2. Dieu serait-il cruel de punir ainsi les méchants ?
Beaucoup de gens ne comprennent pas que le temps de la vie sur terre est le temps de la miséricorde, et qu'après vient le temps de la justice, selon qu'il est écrit :
Ceux qui n'ont jamais voulu se repentir ne peuvent plus être pardonnés car ils sont fixés dans leur choix qui devient irréversible en entrant dans l'éternité.Alors Jésus dit à Ses disciples: Si quelqu’un veut venir après Moi, qu’il renonce à lui-même, et qu’il porte sa croix, et qu’il Me suive.
Car celui qui voudra sauver sa vie, la perdra ; mais celui qui perdra sa vie à cause de Moi, la trouvera.
Que sert à l’homme de gagner le monde entier, s’il vient à perdre son âme ? ou qu’est-ce que l’homme donnera en échange de son âme ?
Car le Fils de l’homme viendra dans la gloire de Son Père avec Ses Anges, et alors Il rendra à chacun selon ses œuvres.
Matthieu 16, 24-27
Eux qui refusent d'aimer Dieu sont alors en toute justice privés de toutes les grâces de Dieu. Abandonnés de Dieu, ils sont en toute logique livrés à la cruauté des démons. Ils ont méprisé et rejeté le Bien Infini source de toute grâce, il ne leur reste que le Mal absolu.
Le Père Monsabré disait au sujet de la justice qui châtie les coupables :
En raison des perfections de Dieu que sont la Sagesse et la Justice, l'ordre moral troublé par le péché doit être réparé. Or il y a deux éléments dans le péché : l'aversion de Dieu et l'adhésion à la créature. C'est ainsi que la peine du dam répare le désordre d'aversion de Dieu, et les peines du sens réparent le désordre d'adhésion à la créature (les divers degrés de peines du sens réparant les diverses espèces de péchés ou d'adhésions à la créature).« Si la peine n'était légitime qu'à la condition de produire l'amendement du coupable, il s'ensuivrait qu'on ne devrait châtier que les honnêtes criminels qui promettent de s'amender ; alors, les scélérats endurcis, qui se déclarent incorrigibles, auraient droit à l'immunité absolue, ce qui est absurde... Qui ne veut pas se corriger doit subir la sanction du droit, de la loi, du devoir qu'il méprise. »
3. Bien qu'en Enfer l'ordre moral soit rétabli par le châtiment des pécheurs, comment les âmes des damnés peuvent-elles souffrir "physiquement" avant la résurrection des corps ?
Le feu éternel ayant été "préparé pour le diable et pour ses anges" (Mt 25, 41), il ne fait aucun doute que les démons, qui sont de purs esprits, en souffrent également. Le "comment" appartient au Tout-puissant, mais voici une citation du Père Sertillanges qui peut nous aider à comprendre :
« Si l'on s'étonnait de ce qu'une âme séparée puisse souffrir d'une douleur physique, je ferais observer ceci : le corps d'un amputé souffre bien de son membre absent. J'en sais quelque chose, moi qui l'hiver souffre du froid aux extrémités des deux doigts qui me manquent, plus qu'à tout le reste de mes mains. Pourquoi une âme ne souffrirait-elle pas, corporellement en quelque sorte, une fois amputée de son corps ?
Il s'agit d'un rapport, mystérieux pour nous, entre des pouvoirs sensitifs qui appartiennent bien à l'âme elle-même, quoiqu'elle les exerce actuellement par le moyen des organes du corps, et les puissances universelles dont je parlais tout à l'heure. »