Merci pour ces développements très éclairants.
La première option m'apparaît spécieuse au regard de l'affirmation conciliaire selon laquelle le Collège des évêques n'est titulaire du pouvoir suprême dans l'Eglise qu'en union avec son chef et jamais sans lui. Or, dans ce cas, la déposition telle que présentée implique comme jugement préalable de considérer que l'occupant du siège épiscopal romain soit hérétique, ce à quoi il est peu probable que l'intéressé s'associe. Le jugement serait donc illégitime, et la distinction entre l'office et la personne est ici inopérante à mon sens.Perlum Pimpum a écrit : ↑jeu. 05 oct. 2023, 10:04Ceux donc qui affirment que le Pape hérétique est déposable - « Papa hereticus deponendum est » - devront dire que le Collège uni au Pape pris selon son office peut juger du Pape pris selon sa personne, le consentement du Pape à son jugement découlant de ce que jamais le Pape pris selon son office puisse légitimement refuser qu’un Pape hérétique soit déposé, de sorte que le Collège ait en tout état de cause le consentement qui lui est nécessaire pour juger de la personne du Pape, ce alors même que le Pape pris selon sa personne s’y opposerait.
Et ceux affirmant que le Pape hérétique est déjà déposé par Dieu - « Papa hereticus depositus est » - diront qu’ils ne déposent pas le Pape, ne faisant que déclarer Dieu l’avoir déjà déposé, de sorte que, Dieu l’ayant déjà déposé, l’ancien Pape, privé de sa plénitude de juridiction par sa déposition-même, est illégitime à s’opposer au jugement déclaratif du Collège exerçant la plénitude de juridiction directe et immédiate en union à la chaire vacante de saint Pierre.
Quant à la deuxième option, elle est encore pire puisque pour considérer que le pape a été déposé par Dieu, il faudrait au préalable poser un jugement d'hérésie, et l'on retombe exactement sur la même difficulté.
Il me semble, cependant, et je suis d'accord avec Gaudens sur ce point, que tout cela n'est qu'une réflexion théorique intéressante. A regarder les séquences historiques dans lesquelles des difficultés approchantes sont intervenues, il y a d'abord un joyeux bazar dont ressort un gagnant reconnu par l'Eglise universelle comme Souverain Pontife, et l'analyse est ensuite confiée aux historiens qui discutent encore de nos jours sur certains antipapes...
C'est effectivement toute la perversité de ceux qui entourent le Souverain Pontife et profitent de sa bonhommie et de son incontestable souci pastoral. On le voit sur la réponse apportée à la bénédiction des paires d'invertis : après avoir rappelé la doctrine de l'Eglise sur le mariage, on en arrive à la conclusion qu'il peut y avoir une forme de bénédiction dès lors qu'aucune confusion n'est possible avec cette doctrine et qu'il appartient aux évêques de prendre position sur le sujet.Gaudens a écrit : ↑jeu. 05 oct. 2023, 12:02En effet l’ensemble des propos et discours ayant peu ou prou trait à la doctrine de la part du pape François et , plus récemment, de l’intarissable Mgr Fernandez,nouveau chef du Dicastère (ex Congrégation) pour la doctrine de la foi, montrent qu’ils se garderont bien de toute définition marquée de l’infaiilibilté.A la fois pas tactique (Olivier a bien montré que ce serait le meilleur moyen d’être pris en flagrant délit de contradiction formelle justifiant des procédures de déposition menant au schisme ) et aussi par conviction sur la notion même de doctrine. Celle-ci semble être devenue tellement labile pour eux qu’à l’extrême elle est appelée à se confondre avec la pastorale elle-même. La lettre de mission du pape à Mgr Fernandez disait bien que « ces questions -doctrinales ndt- se convertissent en instrument d’évangélisation parce qu’elles nous permettent d’entrer en conversation avec le contexte actuel dans ce qu’il tient d’inédit pour l’histoire de l’humanité » (tradutionlibre par mes soins ). Cette curieuse formulation (entrer en conversation avec un contexte) , sans doute inspirée par de bons sentiments, montre bien que l’on est là bien au-delà du faillible ou de l’infaillible. A ce compte là ,il n’y aura peut-être bientôt plus de doctrine mais bien sûr cela ne serait jamais énoncé et moins encore solennellement proclamé comme tel.Simplement oublié car on parlerait constamment d’autre chose. On serait dans un autre monde.
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