Deux observations.Invité a écrit : ↑jeu. 10 déc. 2020, 22:22Bonsoir Ademimo,ademimo a écrit : ↑jeu. 10 déc. 2020, 2:39Bonjour Invité,
Il y a un grand absent dans votre analyse : le Nouveau Testament... Vous avez peut-être remarqué que le Christ est venu remettre les pendules à l'heure, sans se départir complètement de l'analyse que vous dressez de l'Ancienne Loi ?
Par ailleurs, il ne faut pas oublier que l'ensemble des textes de l'Ancien Testament ont été élaborés en rapport avec le fonctionnement du Temple. Ils ont une vocation essentiellement liturgique. Un aspect qui est souvent négligé.
Le Christ a effectivement porté la Loi dans son accomplissement en lui donnant sa vraie signification : l'amour envers Dieu et envers les hommes.
Objectivement, nous sommes en présence d'une interprétation très libre de la Loi car nombre de commandements ne sont pas animés par l'exigence de l'amour et entrent même en contradiction avec l'enseignement du Christ. L'exemple que tout le monde connaît : la loi du talion de l'Ancien Testament (le fameux "œil pour œil, dent pour dent") qui s'oppose frontalement à l'exhortation du Christ à ne pas riposter au méchant. La série de "Vous avez appris qu'il a été dit"... "eh bien, moi je vous dis" du sermon sur la montagne est particulièrement éclairante.
La force du Christ est, selon moi, d'avoir démontré à Israël que la Loi ne doit en aucun cas être un instrument de jugement ou de sanction mais un outil au service de l'amour. Le Christ donne donc la primauté à tout ce que l'Ancien Testament peut avoir de plus beau et passe sous silence tout ce qu'il a de pire. Et c'est tant mieux.
Je n'oublie cependant pas que les siècles qui ont précédé la naissance du Christ ont vu le développement de la philosophie grecque qui a eu une influence considérable sur le judaïsme. Influence qu'on retrouve dans plusieurs livres bibliques, je pense au Livre de la Sagesse par exemple. Le Christ, lorsqu'il vient, est imprégné de cette culture grecque, le Nouveau Testament sera lui-même écrit écrit en cette langue.
Je pense pouvoir dire que Jésus n'a rien inventé. Il a repris le meilleur de l'héritage du judaïsme ancien combiné à l'apport lumineux de la philosophie grecque, qu'il a enseigné et accompli dans sa vie. Comme aucun autre homme ne saurait le faire. Voilà ce qu'est la Loi établie dans sa plénitude par le Christ.
Il nous a révélé que Dieu est amour et que l'amour doit être la ligne de conduite de toute vie humaine. C'est, dans son enseignement, la raison d'être de la Loi. Et qui le distingue de Paul qui y voyait un outil pour mettre en lumière le péché d'Israël.
Pour ma part, j'adhère totalement à la vision du Christ qui est en tout point conforme à la raison et à la sagesse humaines, et à la foi en un Dieu créateur. Mais je ne crois pas pour autant que Dieu ait fait connaître sa volonté à Israël au Sinaï ni dans le désert pour l'éduquer.
La Loi, à ce propos, prend racine dans la vision biblique de la relation de l'homme à Dieu (et réciproquement) sous la forme d'une alliance. Or, qui dit alliance dit l'engagement réciproque et la sanction en cas d'entorse. Vision pour justifier la déportation à Babylone. Je crois davantage en un Dieu qui se cache (cf. Isaïe) et qui se laisse chercher au moyen de la foi. Pas dans une alliance avec ses obligations réciproques donc mais par une adhésion libre de l'homme dont la finalité de la vie doit être de cheminer vers Dieu, de l'aimer et d'aspirer à le rencontrer au terme de sa vie terrestre. Pourvu qu'il le veuille. Et une existence terrestre sans aucune autre Loi que celle qui nous est accessible par la raison et le cœur et qui rejoint totalement le Christ.
Une lecture tronquée des Évangiles fait passer à côté de certaines subtilités. Le Christ s'explique sur certains traits durs de la Loi, précisant que s'ils ont été accordés par Dieu à Moïse, c'est en raison de la dureté de cœur des hommes.
Cela évoque un épisode assez peu commenté de l'Ancien Testament, lorsque le peuple réclame un roi, à la fin de l'époque des Juges. Dieu désapprouve la royauté. Cependant, il finit par la leur concéder en raison de leur insistance. Ainsi, dans le texte même de l'Ancien Testament, Dieu apparaît plusieurs fois en position de faiblesse vis-à-vis des hommes, prenant des décisions contre sa volonté intime, cherchant une sorte de compromis acceptable par les deux parties. On peut dire que cette contradiction forme un fil conducteur, et que le Nouveau Testament s'enchaîne dans une certaine continuité, en clarifiant la volonté intime de Dieu.
Ensuite, il est bien possible que le texte soit une reconstruction a posteriori sans grands rapports avec les faits réels. Mais au fond quelle importance, puisque seul le message compte. Le Livre comme Parole de Dieu, au sens où il émanerait directement de Dieu me semble être une notion récente, peut-être inventée par le christianisme, et exagérée jusqu'à l'obsession par l'Islam et le protestantisme (qui me paraissent avoir pas mal de points communs, en fait). Mais est-ce qu'a l'époque du Christ, on n'avait pas plus de recul ? La question mérite d'être posée.