Zac a écrit : ↑lun. 20 juil. 2020, 8:16
Bonjour,
Suite au précédent post...
Comment définir une " sexualité déviante " pour un couple, une femme, un homme catholique ? La question paraît simple mais elle terriblement complexe , de nos jours en 2020 !
Puisque vous abordez la question sous l’angle d’aujourd’hui, je vais vous dire quelle est selon moi la principale déviance qui à mon sens nous guette, et qui s’explique par au départ un désir certes de protection contre le viol, et d’autres déviances…
Voilà comment cela se passera dans quelques années :
2 personnes qui seront d’accord pour avoir une relation sexuelle, mariées ou non, devront d’abord aller chez le notaire, ce qui se fera par internet avec clé d’accès, accès sécurisé, etc
Elles y formaliseront chacune leur consentement, avec qui, pour quand, où, et cela sera communiqué à l’autre qui devra l’accepter, ils devront le faire simultanément à partir de géolocalisations différentes pour éviter le rapt et le chantage, chacune ayant en plus un code d’accès bis qui servira d’alerte pour signaler un cas de contrainte (cela n’empêchera pas qu’il pourra encore y en avoir !)
Chacun aura précisé les pratiques qu’il autorise, ou non, celles qu’il exige, la durée des préliminaires et de la suite, la pression pour les caresses, les baisers leurs localisations, etc. Bref un niveau de détail qui sera devenu et qui deviendra de plus en plus élevé et qu’il pourra sauvegarder, modifier, etc. !
L’acte se déroulera dans une pièce dotée de caméras fixes, et d’une mobile, destinée à permettre de vérifier l’exécution de certains desiderata intimes (toilettes, rasages, godemichets, peintures, crèmes, vêtements, tout peut s’imaginer !)
Le lendemain (délai à préciser), toujours sous les mêmes règles prudentielles, chacun devra donner son avis sur le respect des règles par l’autre, et si contestation il aura accès aux vidéos et devra indiquer sur quels passages cela porte.
Le(s) film(s) sera alors conservé et il y aura une plainte de déposée automatiquement.
Vous m’avez suivi ? Le problème c’est qu’il s’agit d’une vraie déviance qui étouffera complètement l’amour, où à chaque instant passé ensemble on ne sait pas de quoi sera fait le suivant sinon d’amour offert !
L’autre problème, c’est qu’il existe bien un certain nombre de déviances qui par cette « procédure » seront empêchées. Mais pas supprimées du cœur de celui qui les a. Comme quoi, avec un peu d’attention, et la crainte d’une sanction, chacun est capable de « prendre sur soi » : il est dommage que simplement l’amour ou du moins le respect de l’autre n’y suffisent pas !
Les déviances ne sont pas à mettre seulement au compte de celui –ou celle - qui est actif, mais aussi de l’autre. Ainsi certaines personnes ne supportent pas que l’on touche leur ventre, ou leur poitrine, ou qu’on les embrase, ou etc. des suites de traumatismes. Elles peuvent l’accepter à contre cœur par nécessité, ou exiger que ce soit respecté. Il n’y aura plus d’échange possible pouvant aboutir à un vrai partage en vu de sinon les en guérir, du moins les prendre en compte et ne pas hachurer sa personne ni celle de l’autre. Et cela n’empêchera pas que le cœur de chacun, à travers tel geste, puisse exprimer un désir qui n’est pas celui du don offert et reçu, partagé, mais très différent… Cela n’empêchera pas qu’il faudra en guérir…
Cela vous semblera peut-être de la fiction, ce que j’espère, mais il y a bien des signes qui prédisent le contraire, voire pire…
Si vous avez lu ma réponse précédente à Kerniou, alors vous comprendrez que je considère cette « parade » comme une superstition. Dès l’instant où l’on sépare la procréation de l’acte, ce dernier en devient une et l’on préférerait au fond procéder par bébé éprouvette ou quelque manipulation scientifique qui nous donne le contrôle. Bien sûr, nous avons acquis une bien meilleure connaissance du cycle féminin et du processus d’ovulation, de la conception, mais cela reste soumis à un certain nombre d’aléas que nous refusons, soit que nous voulions ou ne voulions pas de cette conception, dans les deux cas.
Bref, refuser de partager sa responsabilité, non seulement avec l’autre, il arrive que nous y parvenions, mais avec le mystère de la vie, c’est entrer dans de la superstition. Nous prenons trop l’amour pour une thérapie ou un loisir, un plaisir, une « formation » de développement personnel, ce qu’il n’est pas. Il est avant tout une responsabilité partagée. Nous ne sommes pas des acteurs, serait-ce de notre vie. Il n’y a que nous ici-bas, sur terre, pour ne pas donner à chaque instant de nos vies l’importance qu’il a et qu’elle a. Ce n’est pas pour rien si un des meilleurs livres qui en ait jamais parlé, écrit par un certain Karol Wojtyla, a pour titre « amour et responsabilité ».
Et puis il ne faudrait pas oublier quelques vérités évangéliques assez décoiffantes, qui supposent un comportement adapté et détermine aussi des perversités nouvelles, qui dans leur genre valent plus qu’un égoïsme justifié, car elles renient le don en falsifiant sa finalité : Au ciel, nous n’aurons plus d’époux. Qui n’est pas capable de faire passer son amour pour Jésus avant celui pour son amoureux (se) n’est pas digne du ciel’
Pour conclure, je voudrais citer un poète persan (donc musulman ! que nos croisades auraient pu tuer…) qui vécut avant Saint Louis, et qui écrivit:
« je n’avais jamais eu d’instants plus délicieux ! Cette nuit, je pressais mon amie sur ma poitrine, et je regardais ses yeux, enivrés de sommeil. Je lui dis « Bien-aimée, ô mon svelte cyprès, ce n’est pas le moment de dormir ! Chante, ô mon rossignol ! Que ta bouche s’entr’ouvre comme une rose s’épanouit. Ne dors plus, trouble de mon cœur ! Je veux que tes lèvres me versent la liqueur d’amour… »
Alors mon amie me regarda et me murmura : « je trouble ton cœur, et tu me réveilles ?* »
On est loin de ces amoureux modernes qui s’imaginent que parce qu’ils font l’effort de plaire, ils ont droit à des dividendes, et que plaire donne en soi des droits ou des devoirs…
* On peut (ou pas) faire le rapprochement avec le cantique des cantiques : "ne dérangez pas l'amour avant qu'il ne le veuille..." Ce n'est pas vrai qu'au moment de la première rencontre !