Le chemin de la pauvrreté

« J'enlèverai votre cœur de pierre, et je vous donnerai un cœur de chair. » (Ez 36.26)
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Re: Le chemin misérable

Message non lu par Fée Violine » mer. 01 févr. 2017, 17:38

Cinci a écrit :
lun. 30 janv. 2017, 14:52
"Ne perdez pas courage ô vous les gueux qui pleurez car le Père va vous consoler dans une autre vie
(...)
J'étais bloqué, je pense, par l'usage incongru du mot "Heureux" par les traducteurs, alors le contraste entre ce concept de bonheur plus ou moins exalté et une énumération de situations peu intéressantes. J'étais interdit par le fait que le texte semblait véhiculer l'idée que la joie serait pour plus tard. "...
Plus tard, ce n'est pas forcément dans une autre vie. C'est, au minimum, APRÈS avoir pleuré (c'est ce que Prodigal essayait d'expliquer). Si je pleure, je me sentirai mieux après, au lieu de garder ma peine à l'intérieur. Bien sûr il n'y a pas que de la psychologie de base dans les Béatitudes, mais elle y est aussi et il est bon d'en tenir compte.

Les situations peu intéressantes arrivent forcément dans la vie. Jésus nous apprend à être heureux quand même. En toutes circonstances !

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Re: Le chemin misérable

Message non lu par Voyageur » mer. 01 févr. 2017, 18:17

Fée Violine a écrit :
mer. 01 févr. 2017, 17:38
Plus tard, ce n'est pas forcément dans une autre vie. C'est, au minimum, APRÈS avoir pleuré.
Si je pleure, je me sentirai mieux après, au lieu de garder ma peine à l'intérieur.
Je ne souscris pas à cette interprétation minimaliste.
Mais je crois y discerner un positionnement pédagogique.
Si j'ose me risquer à la synthèse, j'aurais plutôt dit :
"Heureux ceux qui sont en attente du Sauveur, car voici son Heure."
Tu m'as montré les chemins de la vie,
Tu me rempliras de joie par ta présence.

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Re: Le chemin misérable

Message non lu par Fée Violine » jeu. 02 févr. 2017, 0:58

C'est une interprétation parmi beaucoup d'autres, juste du bon sens. On peut voir beaucoup de choses plus élevées dans les Béatitudes.
Mais j'aime assez le bon sens !

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Re: Le chemin misérable

Message non lu par Cinci » jeu. 02 févr. 2017, 2:00

Merci, Voyageur!

:)

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Re: Le chemin misérable

Message non lu par PaxetBonum » jeu. 02 févr. 2017, 11:56

Voyageur a écrit :
dim. 29 janv. 2017, 11:25
Mais, je n'avais pas envie de parler du monde et de sa propension à tout ramener à la jouissance immédiate. Je trouve que l'expression contient quelque chose de vrai : ne sommes-nous pas misérables à la Face de DIEU ?
En tout cas moi je suis misérable devant Dieu.
Mais Cinci a raison le titre est mal choisit pour les Béatitudes.
Il y a un monde entre la pauvreté 'Heureux les pauvre…' et la misère ou le misérable.

Je suis misérable de par mon péché.
Mais je peux être pauvre volontairement par amour pour Dieu : la fameuse dame pauvreté qu'épousa St François d'Assise.
La pauvreté peut-être une immense richesse, la misère jamais.
Pax et Bonum !
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Re: Le chemin misérable

Message non lu par PaxetBonum » jeu. 02 févr. 2017, 12:02

Cinci a écrit :
lun. 30 janv. 2017, 14:52
Mais, de toute manière, marxisme ou pas, jusqu'à récemment, une phrase comme "Heureux ceux qui pleurent car ils seront consolés" n'est pas le genre de phrase qui pouvait m'inspirer quelque chose de bon ou m'enthousiasmer.
Cher Cinci,

Tout dépend de la cause des larmes.
Si vous envisagez cela pour la Vierge Marie, St Jean aux pieds de la croix, pour le St Padre Pio lors de ses méditations de la passion… cela change la perspective.
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Re: Le chemin misérable

Message non lu par Cinci » jeu. 02 févr. 2017, 16:26

Fée Violine :
C'est une interprétation parmi beaucoup d'autres, juste du bon sens. On peut voir beaucoup de choses plus élevées dans les Béatitudes. Mais j'aime assez le bon sens !
D'accord.

Puis comme disait Scott Hahn également (à la suite d'un saint Ambroise ou saint Augustin sans doute) :"... une interprétation n'exclut pas qu'on puisse faire d'autres lectures [...] Les Écritures, après tout, ne sont pas un code à déchiffrer, mais bien un mystère insondable dont nous ne saurions épuiser le sens au cours d'une vie." ( Scott Hahn, Marie reine couronnée d'étoiles, p. p.71)

[...]

Ce que je partageais au départ c'est mon expérience propre. Ce n'est pas une histoire de logique, de mathématique ou de bon sens. Je parlais de ce qu'un passage du Nouveau Testament pouvait me faire vivre. Comment une partie de texte peut m'être verrouillée, ne pas m'enthousiasmer, me laisser indifférent. Je peux ne rien comprendre "existentieliement parlant" mais à la valeur réelle d'un mot de la Bible; n'en pas voir la profondeur dans sa largeur ou sa longueur. Il y a un décalage souvent (des années parfois) entre l'opération de lecture elle-même, et la saisie profonde du mot ou la découverte de son bon goût, si vous voulez.

Je dis ça pour signifier le fait que, - en même temps- , je peux comprendre comment bien des gens disent ne trouver aucun goût à la lecture de la Bible. Pouvoir trouver du goût à l'étude de la Bible est comme un véritable cadeau! D'emblée, ce n'est pas trop évident. Je pense bien que c'est une grâce. Et encore que ... une grâce devant nous inciter à nous dégonfler l'égo, pour nous faire plus patient, plus compréhensif ou plus aimant envers ceux pour qui "tout ça ne signiferait rien de bien spécial pour le moment". Vraiment, il y a des choses qui nous échappent ...

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Re: Le chemin de pauvreté

Message non lu par Cinci » mer. 08 févr. 2017, 3:40

Modernes béatitudes ...


"Bienheureux ceux qui savent se taire et écouter, ils apprendront des choses nouvelles.
Bienheureux êtes-vous si vous savez vous taire et sourire quand même lorsqu'on vous coupe la parole, lorsqu'on vous contredit ou qu'on vous marche sur les pieds, l'évangile commence à pénétrer votre coeur.
Bienheureux ceux qui sont assez intelligents pour ne pas se prendre au sérieux, ils seront appréciés de leur entourage.
Bienheureux ceux qui pensent avant d'agir et qui prient avant de penser, ils éviteront bien des bêtises.
Bienheureux êtes-vous si vous êtes capables de toujours interpréter avec bienveillance les attitudes d'autrui même si les apparences sont contraires, vous passerez pour des naïfs mais la charité est à ce prix. " (Joseph Folliet)


Seigneur, tire-nous de notre sommeil car la tempête gronde dans le monde. Apprends-nous la générosité du partage. Fais de nous des humains qui seront des lieux de passage de ton Amour.

Malgré la fatigue, les soucis quotidiens, les épreuves, accorde-nous la grâce de ne contrister personne aujourd'hui car nous voulons te servir dans la paix, la joie et l'humour.

:cloud:
Dernière modification par Fée Violine le mer. 08 févr. 2017, 12:41, modifié 2 fois.
Raison : ajout de l'auteur des "Petites béatitudes"

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Re: Le chemin de pauvreté

Message non lu par Cinci » mer. 15 févr. 2017, 22:22

Bienheureux ceux qui pleurent, car ils seront consolés.

Pour sauver le peuple juif esclave, Moïse a dû abandonner les richesses de la cour de Pharaon. Cette vie de puissance, de jouissance, d'honneurs, avait son cachet de sécurité et de bonheur. Ces plaisirs se payaient par le travail des autres, leurs souffrances, leur esclavage, leur désespoir.

Tout de même, ils n'étaient que des Juifs, des bons à rien, ces étrangers pouilleux et sales, ces non-Égyptiens!

Moïse se sentit envahi d'une douleur plus profonde, plus cruelle que celle de quitter le luxe de la cour : lui aussi était juif. Lui aussi appartenait à cette race de vauriens qui se prétendaient les élus d'un Dieu quelconque! La souffrance naît d'une loi violée, et voilà qu'il se découvrait embarqué dans la lignée de ceux qui la violent! Et ainsi, le coeur de Moïse se divisait, la tentation le pénétrait jusqu'à la chair vive. Quelle voie prendre?

Continuer à être dur avec les Juifs ou écouter la voix de la vulnérabilité? Avoir un coeur dur, fermé aux souffrances des exploités, ses frères, ou les soutenir? Pharaon ou les pauvres? Le pouvoir ou l'amour? La paix amoureuse de la conscience ou les fêtes et réjouissances dans le sexe, le manger, la renommée, les exécutions de "traîtres"?

Comment concilier nos maux avec l'amour des hommes et de Dieu dans la justice et le partage équitable? Un adulte perverti souffre lorsqu'il commence à aimer , mais heureux soit-il, car il apprend à aimer vraiment.
Mon Dieu, prend mes jambes, mes bras, mes biens, pourvu que tu continues à habiter dans mon coeur heureux de ta présence et de ta paix.
Ce choix réclame du temps, exige un combat qui réussit assez souvent, mais prend la dimension d'une vie.

Le Christ a pris chacune de nos histoires personnelles pour les assainir radicalement, en faire des instruments de salut pour soi et pour les autres, par soi et par les autres, en Lui.

C'est le Moïse qui a délaissé le bonheur éternel pour vivre heureux dans un monde malheureux, qui a souffert, heureux, pour sauver les malheureux.

Le Christ est mort condamné par les pouvoirs politiques et religieux. Il a accepté de mourir son unique mort pour réaliser une résurrection universelle et éternelle, personnelle et totale.

Cette béatitude se vit dans la noirceur, du moins au début et dans ses moments d'intense renaissance : "Père, sauve-moi de cette heure."; "Non, je suis venu pour cela."

(à suivre)

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Re: Le chemin de pauvreté

Message non lu par Cinci » jeu. 16 févr. 2017, 1:23

(suite)

Il y a deux sortes d'échecs. Il échoue celui qui vit une réussite superficielle, sociale, familiale, terrestre, humaine, sans Dieu ni vie éternelle. Il meurt parce que son tour est fini. Il disparaît dans le trou que la terre lui ouvre largement. Rien de nouveau sous le soleil. Sa vie s'est écoulée, très bonne, mais profondément "plate" parce que matérielle.

Il échoue aussi, celui qui vit une faillite totale en tout et partout. Elle est d'autant plus pénible qu'il a peut-être déjà goûté une plus ou moins grande réussite. La souffrance l'oblige à repenser ce qu'il avait définitivement classé, oublié, conquis, possédé, dominé, surpassé. L'échec réveille et la mort enterre son illusion, son erreur de parcours. Plus sa souffrance est intense, plus ce qui est en jeu compte pour lui, plus la promesse sera grande s'il s'en remet à Dieu.

Lumière-ténèbres. Dès qu'elle apparaît, la souffrance nie la compréhension. Elle met en danger la confiance en toi et dans les autres. La lumière rouge s'allume. Le principe, l'expérience, l'harmonie qui te guidaient s'estompent. Les ténèbres obscurcissent ton regard. Un mur se dresse devant toi. Le doute s'infiltre insidieusement en toi; les tentations affluent. Plus ton désespoir est profond, plus ce qui se joue pour toi est fondamental, vital, éternel. "Les heures perdues sont les heures privilégiées de Dieu."

[...]

Il faut attendre que la douleur s'estompe. Le mal passe, le bien reste transformé. La souffrance produit un second effet. Elle provoque l'isolement, brise une communion. Tu te sens seul. Les autres expliquent, savent sans savoir, sans comprendre. Tu es seul et il est important que tu le sois. Si tu réfléchis, tu t'apercevra que tu n'est jamais tout à fait isolé.

Il y a toujours quelqu'un qui t'aime quelque part, qui prie pour toi, a prié ou priera.

La souffrance permet la rédemption de soi et du monde par le Christ. Au-delà de la souffrance, il te faut accepter son cheminement. Le grain se brise, se transforme pour que la germination atteigne son stade de plénitude : il croît jusqu'à ce que l'enveloppe se rompe et délivre son fruit. La souffrance et le mal ne sont pas bénéfiques, mais bien les fruits qui en germent , une fois la cosse de la graine fanée. Si tu souffres, c'est qu'il y a un mal à ôter en toi-même et dans les autres. Sois le guérisseur de ta souffrance, remédie à celle des autres, et tu vivras le mal dans la béatitude.

Le plan de Dieu n'est pas que tu souffres. Quel Père dénaturé voudrait cela! Tu souffres à cause du plan de l'homme : dominer, jouir, profiter, se faire un monde à sa mesure. Mais la mesure de l'homme est la mesure de Dieu, de l'amour universel, total et personnel. Voilà la cause fondamental de tout ce procès.

R. Truchon, Aujourd'hui les Béatitudes, Éd. Anne Sigier, 1979

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Re: Le chemin misérable

Message non lu par Voyageur » dim. 05 mars 2017, 9:36

Cinci a écrit :
jeu. 02 févr. 2017, 16:26
Pouvoir trouver du goût à l'étude de la Bible est comme un véritable cadeau! D'emblée, ce n'est pas trop évident. Je pense bien que c'est une grâce. Et encore que ... une grâce devant nous inciter à nous dégonfler l'égo, pour nous faire plus patient, plus compréhensif ou plus aimant envers ceux pour qui "tout ça ne signiferait rien de bien spécial pour le moment". Vraiment, il y a des choses qui nous échappent ...
Je pense qu'avant de se lancer dans l'étude de la Bible, il est d'abord nécessaire de bien choisir son outil. Une traduction catholique éprouvée permettra d'éviter certains choix peu audacieux ou contraires à nos dogmes. Une Bible annotée permet d'apporter des explications sur certains passages obscures et elle donne également des références croisées, afin de voir ce qu'il est dit du même sujet ailleurs. Une compréhension des types de texte auxquels on peut être confrontés permettra de ne pas lire un psaume de la même manière qu'une parabole. Il y a là l'essentiel pour débuter.

L'interprétation peut être soumise à l'action du Saint-Esprit et comprise comme une forme de grâce temporaire. Mais, je ne pense pas qu'il s'agisse d'une nécessité. Plutôt d'un don supplémentaire, qui s'additionne aux autres richesses de l'Écriture sainte.

Certes, tous les passages ne nous touchent pas de la même manière. Ou, devrions-nous dire, "ils ne nous touchent pas au même moment de manière équivalente". Tout est question de réception. Suis-je en état de recevoir cette parole aujourd'hui ? Parfois, la réponse est négative et il faudra attendre plusieurs années pour avoir une autre perception, une autre compréhension, qui permettent d'accueillir la Parole vivante.

Car, oui, la Bible est un écrit vivant, dont la profondeur s'affine et s'adapte à nos propres aptitudes. Si un passage vous est stérile et hermétique, c'est que le moment n'est pas encore venu.
Tu m'as montré les chemins de la vie,
Tu me rempliras de joie par ta présence.

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