Suliko,
J'avais effectivement omis de vous répondre. J'y viens.
Mais auparavant, une question, suite à ceci
Suliko a écrit :
dans les années 60-70, tout ce dont vous parlez (l'Eglise des années 40-50) n'existait presque plus!
Qu'appelez-vous donc "Église" pour pouvoir écrire des choses pareilles ?
Croyez-vous vraiment qu'il y ait des Églises différentes d'une décennie à une autre ?
C'est le mythe propagé par les lefebvristes: avant 1962, tout allait bien, tout était merveilleux, et le concile a tout détruit d'un seul coup.
C'est évidemment absurde d'un point de catholique.
C'est aussi aberrant historiquement.
Il y a toujours eu des abus dans l'Église. Le recul du catholicisme en Occident a commencé au XVIIIe siècle (encore ne faut-il pas idéaliser les siècles précédents).
Le concile Vatican II a été convoqué pour répondre à cette situation. Il l'a fait, de manière certes imparfaite, et dont les résultats ne correspondent pas totalement à l'optimisme affiché alors. Mais lui imputer une crise commencée bien avant, c'est accuser la digue d'être responsable de l'inondation.
Ce n'est pas par hasard que les lefebvristes trouvent principalement leur gibier chez des personnes jeunes, récemment "converties" (mais à quoi ?), qui n'ont derrière eux aucune tradition catholique familiale, et à qui ils peuvent faire avaler n'importe quoi sur ce qu'était l'Église en 1960.
Les abus sont-ils oui ou non bien plus nombreux dans la nouvelle forme du rite?
Je n'avais pas répondu parce que je suis là de voir revenir toujours les mêmes arguments, avec toujours la mauvaise foi.
Première observation, statistique: il y a, comme il est juste, beaucoup plus de messes célébrées selon le missel actuel que selon l'ancien. Donc beaucoup plus de possibilités d'abus.
Deuxième observation: les amateurs actuels de l'ancien missel sont tous farouchement rubricistes, parfois à la limite d'un néo-paganisme pour lequel le rite serait plus important que la foi. Il n'est donc pas étonnant qu'ils se conforment plus au missel.
Troisième observation: l'avantage certain de ce point de vue de l'ancien missel est que la plus grande partie de la messe échappe aux fidèles (et la quasi totalité pour ceux qui ne comprennent pas le latin). Dans ces conditions, dire à la sortie que le célébrant a respecté parfaitement le missel relève plutôt de l'acte de foi. On peut aussi garder un doute, surtout quand on voit des prêtres (d'accord, ce n'est pas la majorité, mais j'en connais au moins un) célébrer prisco ritu parce que c'est la mode alors qu'ils n'ont jamais appris le latin.
D'autre part
1) Il est infâme de prendre prétexte de quelques abus sur les centaines de milliers de messes qui sont célébrées chaque dimanche pour discréditer le missel de Paul VI.
2) Il est abominable de considérer que parce que le missel n'est pas exactement respecté, la messe doit être boycottée. Il est préférable de participer à une messe où un prêtre oublie de faire le lavabo qu'à une messe célébrée par un prêtre qui affirme que le pape ou le concile œcuménique peuvent être hérétiques.
Le latin et les chants grégoriens ont-ils oui ou non été abusivement éliminés de presque toutes les messes de paroisse, et ce à l'encontre de ce que mentionnait le précédent concile?
Faux pour le latin. C'est le concile qui a justement décidé d'autoriser l'emploi des langues modernes. La citation donnée par AdoramusTe est (comme beaucoup d'autres) tronquée. Voyez le texte.
Vrai pour le chant grégorien. C'est bien dommage, et il est heureux qu'on y revienne dans de nombreuses paroisses aujourd'hui. Mais il aurait été et il serait plus facile de défendre le chant grégorien s'il n'était pas pris faussement comme drapeau par des ennemis déterminés de l'Église.
Il reste qu'il vaut mieux une messe catholique sans chant grégorien qu'une messe avec qui n'est pas catholique.
Enfin, vous est-il possible de comprendre que certains catholiques préfèrent aller à une messe selon la forme extraordinaire, quitte à faire de plus grands trajets, plutôt que de devenir aigris à force d'assister à une messe dont ils ne perçoivent pas le caractère sacré?
Comprendre, oui. Approuver, non.
Mais s'ils ne "perçoivent pas le caractère sacré" d'une célébration où le corps de Notre Seigneur vient sur l'autel sous les espèces du pain et du vin, c'est qu'il y a un problème qui n'est pas essentiellement de rituel.
Est-il de même envisageable de comprendre que certains parents préfèrent fréquenter des paroisses dans lesquelles la transmission de la foi se fait de manière sérieuse (et cela va souvent de paire avec une belle liturgie, qu'elle soit selon la forme ordinaire ou extraordinaire)?
Ça je peux comprendre, voire approuver.
Encore faut-il qu'ils aient les moyens de juger si vraiment c'est la foi catholique qui est transmise.
Certains catholiques, en plein désarroi face à une certaine liturgie, se tournent même vers les messes de la FSSPX (dans le cas où il ne leur est pas possible pour des raisons de distance d'assister à des messes ecclesia dei) ou vers des messes orthodoxes. Je ne dis pas que vous être obligé de considérer qu'ils font un bon choix, mais vous pouvez au moins essayer de comprendre ce qui les conduit à le faire. Pour ma part, je peux comprendre...
Il me semble qu'en tant que catholique, nous sommes au contraire obligés de considérer qu'il font un mauvais choix.
Un choix qui tend à prouver qu'ils ne sont pas catholiques.