Riou a écrit : ↑mer. 05 janv. 2022, 9:31
Et il n'y a pas que sa très grande envie "d'emmerder" les non-vaccinés. Il déclare également qu'il continuera 'jusqu'au bout" (jusqu'où?) de les "emmerder", que c'est "sa stratégie". Il dit pas ailleurs qu'il "ne veut pas les mettre en prison" ou user de "la force physique". Le minimum de lucidité sur les institutions suffiraient à dire qu'en qualité de président de la République, il ne peut mettre qui que ce soit en prison, encore moins quand il s'agit de personnes qui n'ont rien fait de répréhensible au regard de la loi - des innocents. Cette possibilité de mettre quelqu'un en prison, en France, relève de la compétence du pouvoir judiciaire, c'est-à-dire des juges, ce que Macron n'est pas. Il déclare par ailleurs que les personnes non-vaccinés, qui ne font pourtant rien d'autre qu'user d'un droit qu'il leur donne lui-même, sont des irresponsables, et qu'un irresponsable n'est pas un citoyen. Si on synthétise : les personnes non vaccinées ne sont pas, à ses yeux, des citoyens. Pourquoi? Pour avoir fait quelque chose que la loi leur autorise. Avec Macron, faire quelque chose que la loi autorise mais qui ne va pas dans son sens, c'est ne pas être un citoyen. Qu'est-ce qu'un non citoyen? Une personne qui n'a presque plus de droits, un individu retranché du corps social et politique, une zone de non-droit, un néant juridique qu'on peut traiter un peu comme bon nous semble, puisque l'Etat ne les reconnaît pas comme étant des membres de la communauté.
On n'est plus dans un propos "politicien" ou dans de la communication. On est dans une incitation ouverte à la haine, et son pari consiste à se mettre la majorité du corps social de son côté dans son projet de haïr des innocents (il a une bonne partie des médias derrière lui, ce qui aide à transmettre sa haine dans la population). Le processus s'approfondit : les non vaccinés (dont je ne suis pas), ne sont plus seulement des parias, ils sont en train de devenir des boucs émissaires. Ces processus de haine collective, quand ça prend dans le corps social, peuvent aller très loin. Un chrétien d'ailleurs devrait savoir que c'est un processus de pouvoir très classique, car ce que la Bible nomme "l'agneau", c'est ni plu ni moins que l'équivalent commun du bouc émissaire. Le Christ est l'archétype de tous les boucs émissaires de l'histoire humaine. De même qu'il déclarait que lorsque vous avez donné à manger à un nécessiteux, c'est moi que vous avez nourri, de même, lorsqu'une collectivité humaine s'acharne sur des innocents, c'est lui qui est persécuté avec eux, quelque soit le contexte historique en question.
Quand cet acharnement est initié directement par les plus hautes autorités de l'Etat, il y a de quoi être inquiet sur le sort de ces innocents. La docilité du corps social, perméable depuis deux ans à toutes les folies, ne semble pas disposer des ressources spirituelles suffisantes pour résister à une telle violence. Je le crains. Mais il y aura peut-être une saine réaction. Du moins je l'espère.
La vérité est que ce monsieur "président" semble avoir rompu les liens avec toute forme de rationalité, qu'il a à peu près tous les pouvoirs, et qu'il est en train d'approfondir un processus qui peut bien finir en violence collective. Le degré d'irrationalité d'une telle situation est tel qu'il devient inquiétant. Le président ne semble plus tenu par aucunes règles : les lois de la logique, qui veulent qu'un individu évite la contradiction, ne tiennent plus; les connaissances scientifiques semblent ne plus constituer une boussole dans ce chaos qu'il distille lui-même au fil des semaines; les normes morales semblent lui être complètement étrangères désormais; les règles institutionnelles les plus élémentaires ne le concernent plus, manifestement; la réflexion sur la justice, fondement de toute action politique, ne paraît même pas lui travers l'esprit; etc.
Mon hypothèse, c'est qu'il faut le prendre aux mots, et que ses déclarations ne sont pas de l'ordre de la communication, mais d'un malade gravement atteint par l'hybris du pouvoir qui semble se prendre pour pharaon - c'est-à-dire un être qui se croit presque divin et tout permis. Cet homme est un tyran, et tout tyran est incapable de maîtriser ses désirs (il a
très envie de les emmerder, alors il le fera, car c'est ce que lui dicte son désir sadique), sans compter qu'il est révolté contre toute forme de normes et de limites qui pourraient entraver son pouvoir qu'il estime illimité et sans résistance concevable. Une collectivité dirigée par un tel type est une collectivité malade dirigée par un malade prêt à tout pour se maintenir au pouvoir et approfondir sa force. Le délire de l'histoire, c'est qu'il fait passer son ambition de conserver le pouvoir pour un intérêt en faveur du bien commun par le truchement de la "protection" de la santé des français. C'est la force brute qui se dissimule sous les apparences du bien. Et le mal a toujours besoin d'emprunter l'apparence du bien pour triompher. J'espère que la majorité du corps social ne sera pas dupe de cette apparence, et qu'il remettra ce tyranneau à sa place, lui montrant des limites claires et lui indiquant dès que possible la porte de sortie. Car avec Macron, c'est désormais un problème d'éducation : il a besoin qu'on lui enseigne les repères cardinaux de ce que c'est qu'être un être humain.