Je copie ici les quelques avis du site Pro Liturgia qui aborde le sujet sous un angle différent je trouve :
Pour faciliter la lecture, les extraits du Motu proprio et de la lettre sont en italique, les insertions de l'auteur en souligné, en gras les choses intéressantes de retenir.
Lundi, 19 juillet 2021. On sait qu’avant la publication du Motu proprio “Traditionis custodes”, une enquête avait été faite par la Congrégation pour la doctrine de la Foi auprès des évêques afin de connaître la situation engendrée par les communautés attachées à la forme extraordinaire de la liturgie romaine. On ne sait pas ce qu'on répondu nos évêques mais connaissant leurs lacunes en liturgie on ne peut que s’interroger. Toujours est-il qu'on aurait aimé savoir ce qu’ils auraient répondu si l’enquête avait porté sur la forme ordinaire. Parions qu’ils auraient répondu que la forme ordinaire est celle dans laquelle sont célébrées les messes paroissiales. Ce qui aurait été un mensonge. Ni plus, ni moins. Car dans les paroisses - sauf très rares exceptions - la forme ordinaire (“conciliaire”) du rite romain n'est jamais intégralement respectée ; et elle ne l’est plus depuis Vatican II. C’est une réalité dont on ne parle jamais, ni dans les débats télévisés, ni dans les publications, alors qu’elle est au coeur du problème. Depuis plus de cinquante ans, on n’a jamais vu un évêque reprendre un de ses prêtres qui bricolait la liturgie ; au contraire, ce sont des évêques eux-mêmes qui ont donné le mauvais exemple. Et aujourd’hui encore, rares sont les messes épiscopales qui respectent la forme ordinaire du rite romain telle qu’elle est donnée dans le Missel dit “de Paul VI”. Le Motu proprio du pape François n’est-il pas, pour notre clergé - évêques en tête - l’occasion de faire leur “mea culpa” en reconnaissant que c’est parce qu’ils ont porté atteinte à la forme ordinaire de notre liturgie que certains fidèles, soucieux d’échapper aux célébrations fantaisistes, sont aller trouver un refuge dans la forme extraordinaire de la liturgie ? L’honnêteté voudrait qu’on pousse nos pasteurs à s’interroger...
* * * * NOUVEAU Lundi, 19 juillet 2021. À la suite de la publication du Motu proprio du pape François abrogeant les dispositions antérieures touchant à la forme « extraordinaire » de la liturgie romaine, les évêques de France ont publié la note suivante :
« Les évêques de France reçoivent, avec l’ensemble des fidèles de leur diocèse, le motu proprio “Traditionis Custodes” du Pape François rendu public hier. Ils souhaitent manifester aux fidèles célébrant habituellement selon le missel de Saint Jean XXIII et à leurs pasteurs, leur attention, l’estime qu’ils ont pour le zèle spirituel de ces fidèles, et leur détermination à poursuivre ensemble la mission, dans la communion de l’Église et selon les normes en vigueur.
Chaque évêque aura à cœur d’être à la hauteur des enjeux décrits par le Saint Père afin d’exercer la responsabilité qui lui est rappelée dans la justice, la charité, le soin de tous et de chacun, le service de la liturgie et de l’unité de l’Église. Cela se fera par le dialogue et demandera du temps.
Le motu proprio “Traditionis Custodes” et la lettre du Saint Père aux évêques qui l’introduit sont un appel exigeant pour toute l’Église à un authentique renouveau eucharistique. Aucun ne peut s’en dispenser. Les évêques invoquent l’Esprit-Saint pour que l’Eucharistie, “source et sommet de la vie chrétienne”, sacrifice du Seigneur et mémorial de sa Passion et de sa Résurrection, soit chaque jour le lieu où l’Église puise sa force pour devenir ce qu’elle est : “dans le Christ, en quelque sorte le sacrement, c’est-à-dire à la fois le signe et le moyen de l’union intime avec Dieu et de l’unité de tout le genre humain.” (Lumen Gentium, 1). »
Ainsi, plus de 50 ans après la clôture de Vatican II, nos évêques nous annoncent qu’ils sont déterminés à respecter les normes liturgiques en vigueur... Mais que cela demandera du temps. On a beaucoup de mal à comprendre en quoi va consister ce « respect des normes » : remise en place des agenouilloirs par eux supprimés dans nombre d’églises ? Rétablissement de l’usage du chant grégorien par eux supprimé ou drastiquement limité ? Mise à l’écart des « équipes liturgiques » qui font la pluie et le beau temps dans les paroisses ? Attention portée à un “ars celebrandi” véritable ?
Il est vrai que pour un célébrant, ouvrir le Missel romain à la bonne page et traiter la liturgie en respectant avec intelligence et piété les indications données dans la Présentation générale de ce même Missel peut demander du temps... Beaucoup de temps quand, durant tellement d’années, on a laissé faire tout et n’importe quoi.
* * * * NOUVEAU Lundi, 19 juillet 2021. Le philosophe allemand Nietzsche disait que le diable se cache dans les détails.
À la lecture du récent Motu proprio du pape François et de la Lettre qui l’accompagne, certains “détails” ne manquent pas d’interroger. D’abord, le document a été initialement publié en italien. Ensuite, celui qui en est l’auteur connaît mal la liturgie et pratique peu la langue de l’Église. Enfin, le style d’écriture ne correspond pas du tout à celui du pape François. Détails...
Remarquons encore que le rédacteur du document semble aussi totalement ignorer que vouloir le respect du l’Ordo liturgique actuel s’apparente à un vœu pieux semblable à celui de Paul VI distribuant le livret “Iubilate Deo” dans l’espoir qu’un minimum de grégorien soit conservé dans les liturgies paroissiales.
Vœu pieux, en effet. Car tant de mauvaises habitudes ont été introduites - parfois au burin - dans les célébrations paroissiales, qu’il sera très difficile, voire impossible, d’obtenir partout, dans des délais raisonnables, des liturgies conformes au Missel actuel.
Vœu pieux encore quand il s’agit de favoriser la “participatio actuosa” des fidèles. On oublie, en effet, que cette “participation” à la liturgie transformée par Mgr Bugnini et ses caudataires en “participation active” n’a rien en commun avec celle que souhaitait déjà promouvoir Saint Pie X en son temps.
Si beaucoup de fidèles qui ont toujours voulu une célébration digne, correcte et pieuse de la liturgie actuelle, avec plus de latin et de grégorien, peuvent se dire satisfait de ce que le pape François ait, d’une certaine façon, retracé la route à suivre, on ne peut pas pour autant oublier que la pratique négligente du clergé postconciliaire a communiqué ses erreurs au peuple lequel n'est plus que très grossièrement orientée vers les règles liturgiques. C’est ainsi qu’a été sapée et effacée la dimension religieuse de la vie ecclésiale dans son ensemble et que, dans nombre de paroisses, le contact avec la réalité sacramentelle de l’Église ne se fait plus guère.
* * * * Samedi, 17 juillet 2021. Le pape François a abrogé le Motu proprio « Summorum pontificum » de Benoît XVI qui rendait possible, sans restriction particulière, la possibilité de célébrer la liturgie romaine en suivant les rites indiqués dans le missel dit « de Saint Pie V ». Cette abrogation découle du récent Motu Proprio « Traditionis Custodes » signé de François et dont le contenu est expliqué dans une lettre qui a été adressée aux évêques du monde entier. Notons au passage que si ce Motu proprio est autant suivi d’effet que l’ont été les Motu proprios précédents, les fidèles attachés à l’ancienne liturgie pourront continuer sans problème à faire comme ils ont fait jusqu’ici en se prévalant, au besoin, du fait que la liturgie voulue par Vatican II - et qui est la norme - n’est, d’une façon générale, pas mise en œuvre par les fidèles qui se prévalent du Concile. Mais revenons plutôt sur les explications données par le pape François :
« Comme mon prédécesseur Benoît XVI l’a fait avec “Summorum Pontificum”, j’ai moi aussi l’intention d'accompagner le Motu proprio “Traditionis custodes” d’une lettre illustrant les raisons qui m’ont conduit à cette décision. Je m'adresse à vous avec confiance et parrhésie (en usant d’un franc-parler -ndldr-), au nom de ce partage du “souci de toute l’Église, qui contribue par excellence au bien de l’Église universelle”, comme nous le rappelle le concile Vatican II.
Les raisons qui ont poussé saint Jean-Paul II et Benoît XVI à accorder la possibilité d'utiliser le Missel romain promulgué par saint Pie V et publié par saint Jean XXIII en 1962 pour la célébration du sacrifice eucharistique sont évidentes pour tous. La faculté, accordée par indult de la Congrégation pour le Culte Divin en 1984 et confirmée par saint Jean-Paul II dans le Motu proprio “Ecclesia Dei” de 1988, était avant tout motivée par la volonté de favoriser la recomposition du schisme avec le mouvement mené par Mgr Lefebvre. La demande, adressée aux Évêques, d’accueillir généreusement les “justes aspirations” des fidèles qui demandaient l’usage de ce Missel, avait donc une raison ecclésiale pour recomposer l’unité de l'Église.
Cette faculté a été interprétée par beaucoup au sein de l’Église comme la possibilité d’utiliser librement le Missel romain promulgué par saint Pie V, déterminant une utilisation parallèle au Missel romain promulgué par saint Paul VI. Pour régler cette situation, Benoît XVI est intervenu sur la question bien des années plus tard, régulant un fait au sein de l’Église, en ce que de nombreux prêtres et de nombreuses communautés avaient “avec reconnaissance utilisé la possibilité offerte par le Motu proprio” de saint Jean-Paul II. Soulignant combien cette évolution n’était pas prévisible en 1988, le Motu proprio “Summorum Pontificum” de 2007 entendait introduire “une réglementation juridique plus claire”. Faciliter l'accès à ceux - y compris les jeunes - “qui découvrent cette forme liturgique, se sentent attirés par elle et y trouvent une forme particulièrement appropriée pour eux, de rencontre avec le Mystère de la Très Sainte Eucharistie”, Benoît XVI a déclaré “le Missel promulgué par saint Pie V et réédité par le bienheureux Jean XXIII comme une expression extraordinaire de la même lex orandi”, accordant une “possibilité plus large d'utiliser le Missel de 1962.” [...]
Treize ans plus tard, j’ai chargé la Congrégation pour la Doctrine de la Foi de vous envoyer un questionnaire sur l’application du Motu proprio “Summorum Pontificum”. Les réponses reçues ont révélé une situation qui m’angoisse et m’inquiète, confirmant la nécessité d’intervenir. (Il serait intéressant de savoir si les réponses données par les évêques correspondent à la réalité. Il est permis d’en douter... - ndllr -) [...]
Je suis également attristé par les abus de part et d’autre dans la célébration de la liturgie. Comme Benoît XVI, je stigmatise moi aussi que “dans de nombreux endroits les prescriptions du nouveau Missel ne sont pas célébrées fidèlement, mais il est même compris comme une autorisation voire une obligation à la créativité, ce qui conduit souvent à des déformations à la limite de ce qui est supportable”.
Mais je suis néanmoins attristé par une utilisation instrumentale du Missale romanum de 1962, de plus en plus caractérisée par un rejet croissant non seulement de la réforme liturgique, mais du concile Vatican II, avec l’affirmation infondée et insoutenable qu’il a trahi la Tradition et “la vraie Église”. (C’est là que se situe le nœud du problème : si les évêques donnaient ordre à leurs prêtres de respecter le déroulement et la dignité de la liturgie restaurée à la suite de Vatican II, les choses pourraient être en grande partie réglées. Quand on voit des évêques qui célèbrent l’Eucharistie dans des cirques au milieu des clowns et des éléphants, on comprend que des fidèles puissent avoir de bonnes raisons de préférer l’ancienne liturgie - ndlr -)
Douter du Concile, c'est douter des intentions mêmes des Pères, qui ont exercé leur pouvoir collégial de manière solennelle cum Petro et sub Petro dans le Concile œcuménique et, finalement, douter du Saint-Esprit lui-même qui guide l’Église. (Saint Père, veuillez prendre en compte que ce n’est pas tant du Concile que doutent les fidèles que de la compétence et de la volonté des clercs de le mettre en œuvre - ndlrl -)
(...) Puisque “les célébrations liturgiques ne sont pas des actions privées, mais des célébrations de l’Église, qui est « sacrement de l'unité”, elles doivent se faire en communion avec l'Église. (...) »
* * * * Samedi, 17 juillet 2021. Avec le Motu proprio “Traditionis Custodes”, le pape François vient d’abroger un autre Motu proprio, “Summorum pontificum”, par lequel le pape Benoît XVI avait libéralisé l’usage du Missel romain dit “de Saint Pie V” à l’aide duquel les fidèles qualifiés de “traditionalistes” pouvaient célébrer la liturgie en respectant l’intégralité des rites en usage jusqu’à Vatican II.
Il faut avoir l’honnêteté de reconnaître que pour les fidèles qui voulaient prier et élever leur âme, cette forme de la liturgie romaine devenue “extraordinaire” avait été un refuge au moment où, tout de suite après Vatican II, la partie la plus influente du clergé s’employait à transformer la liturgie en l’exact opposé de ce que l’Église demandait qu’elle soit. Les messes paroissiales étaient alors marquées par une débauche d’innovations toutes plus aberrantes les unes que les autres (le pape François, reprenant les termes exacts de Benoît XVI, y fait d’ailleurs allusion dans sa Lettre aux évêques). Aujourd’hui, on n’a plus idée de de ce que furent ces aberrations dont certaines portaient un coup fatal à la foi. En bien des endroits, il en reste pourtant quelque chose de pitoyable...
Le pape François revient donc sur “Summorum pontificum” et, avec son nouveau Motu proprio, rappelle qu’il n’y a qu’un seul rite romain dont la forme, aujourd’hui, est déterminée par l’usage du Missel publié à la suite de Vatican II. C’est ce Missel qu’il faut désormais suivre toujours et partout, nous dit François à la suite du cardinal Ratzinger (cf. Lettre au professeur Lothar Barth).
Alors suivons François et rappelons à quoi nous engage très clairement son Motu proprio :
1. À ce que la liturgie soit célébrée dignement, sans ajouts, suppressions ou modifications (cf. Vatican II, Const. Sacrosanctum Concilium, n.22 ; Présentation générale du Missel romain) ;
2. À ce que le chant grégorien ait la première place (Id. n.116 ; Présentation générale du Missel romain) ;
3. À ce que la liturgie soit célébrée en langues vernaculaires (selon des textes approuvés) soit en latin (Id. n.36 ; Présentation générale du Missel romain) ;
4. À ce que la liturgie soit célébrée sur des autels qui soient des autels et non des caisses ou des tables de salons et qu’elle soit célébrée aussi bien « face au peuple » que « versus orientem » (Cf. Présentation générale du Missel romain).
En outre, quand le Missel actuel ne donne pas de précisions à propos de tel ou tel rite, c’est l’usage romain traditionnel qui prévaut (règle liturgique de base que tout célébrant devrait connaître et appliquer).
Ainsi donc, grâce au Motu proprio du pape François, tous les fidèles devraient pouvoir trouver dans leurs églises paroissiales une liturgie identique dans sa forme et totalement respectueuse des indications contenues dans le Missel actuel - ce qui est très rarement le cas actuellement -. En outre rien ne peut plus s’opposer à ce que les fidèles qui le souhaitent puissent participer à des messes célébrées en latin « versus orientem ». Cette possibilité devrait d’ailleurs leur être offerte dans toutes les églises cathédrales et paroissiales.
Dans tous les cas, la dignité de la liturgie doit prévaloir et l’impréparation doit être bannie.
Pour finir, soulignons une autre qualité du Motu proprio de François : il met clairement les évêques face à leurs responsabilités. C’est eux - et eux en premier - qui doivent donner l’exemple de liturgies irréprochables ; c’est à eux d’interdire enfin à leurs prêtres d’introduire des fantaisies et des variations dans leurs façons de mettre en œuvre le Missel restauré à la suite de Vatican II.