Covid-19 : le point sur les nouvelles pistes de traitement
Les espoirs les plus prometteurs sont portés par des médicaments anciens tels que la colchicine, des immunosuppresseurs d’apparition plus récente, ou encore par le développement de premiers traitements spécifiques, tels que les anticorps synthétiques.
Phase préhospitalière : la colchicine réduit complications et décès
La colchicine n’en finit pas de nous étonner. Après son indication historique dans le traitement de la goutte, et plus récemment en cardiologie, cet anti-inflammatoire pourrait bien devenir le premier traitement oral permettant d’éviter les complications du Covid-19, et constituer ainsi un traitement dans la lutte contre cette infection.
Cet espoir est apporté par la publication de l’étude ColCorona le 23 janvier dernier, réalisée par l’Institut de cardiologie de Montréal (ICM). ColCorona est une étude clinique « sans contact » qui s’est déroulrée à domicile, auprès de personnes non hospitalisées ayant plus de 40 ans. Il s’agit d’une étude randomisée, à double insu et contrôlée par placebo. Elle a été menée au Canada, aux États-Unis, en Europe, en Amérique du Sud ainsi qu’en Afrique du Sud. Les patients, étaient traités dès la confirmation du diagnostic de Covid-19, soit par colchicine (0,5 mg deux fois par jour pendant 3 jours et une fois par jour pendant les 27 jours suivants), soit par placebo pendant 30 jours. Des évaluations de suivi par téléphone ou vidéo ont eu lieu aux jours 15 et 30 après la randomisation. Il s’agissait de la plus grande étude à l’échelle mondiale testant un médicament administré oralement chez les patients non-hospitalisés ayant une infection par le Sars-CoV-2
Au total, 4 488 participants ont été inclus dans cet essai. Sur l’ensemble de ces patients, la colchicine a permis de réduire le taux d’hospitalisation et de décès de 21%. Et les résultats apparaissent encore meilleurs lorsque l’analyse porte sur les 4 159 patients ayant un test PCR positif de Covid-19, prouvant l’origine de l’infection. Ils montrent, en effet, que le traitement permet d’abaisser de façon statistiquement significative le risque d’hospitalisations de 25%, le besoin de ventilation mécanique de 50%, et les décès de 44%. « Notre étude a montré l’efficacité du traitement utilisant la colchicine pour prévenir le phénomène de « tempête inflammatoire majeure » et réduire les complications liées au Covid
La piste des anticorps monoclonaux pour les formes légères à modérées
la combinaison de deux anticorps de synthèse semble efficace. Ces deux molécules associées, le bamlanivimab (2800mg) et l’étesevimab (2800mg) a, en effet, réduit de manière significative les hospitalisations et les décès liés à l’infection chez des patients récemment diagnostiqués présentant des symptômes légers à modérés.
Le bamlanivimab et l’étesevimab sont deux anticorps monoclonaux humain recombinants neutralisant dirigés contre la protéine de pointe du Sars-CoV-2.
Un traitement similaire (REGN-COV2), composé de deux anticorps synthétiques, le casirivimab and imdevimab, est aussi développé par le laboratoire Regeneron. Utilisé par l’ancien président américain Donal Trump, il a ensuite été autorisé, en novembre, par la Food and Drug Administration (FDA) américaine pour le traitement des formes légères à modérées chez les patients ayant un risque élevé de développer une forme sévère de la maladie.
Arrêt prématuré de l’essai avec le tocilizumab dans les formes sévères
De même, une étde parue le 20 janvier dans le British Medical Journal (BMJ) a douché les espoirs liés à l’utilisation du tocilizumab chez les patients présentant une forme sévère de la maladie. En effet, cette première étude versus placebo conduite avec cet immunosuppresseur qui cible l’interleukine 6, déjà indiqué dans la polyarthrite rhumatoïde, a mis en évidence, auprès de 129 patients Covid-19 hospitalisés dans un état grave, que le traitement n’était pas plus efficace que les soins standards à une échéance de 15 jours, et était même associé à un accroissement de la mortalité. Ainsi, 28% des patients du groupe tocilizumab ont dû être placés sous ventilation artificielle ou sont décédés, contre 20% dans l'autre groupe. Et le taux de décès a été calculé à 17% dans le groupe de patients traités par tocilizumab, contre 3% dans l'autre groupe ; cette constatation ayant, entrainé l’interruption de l'essai.
Sources :
https://www.medrxiv.org/content/10.1101 ... 21250494v1
https://www.nejm.org/doi/full/10.1056/N ... tured_home
https://www.biorxiv.org/content/10.1101 ... 5.428137v2
https://www.thelancet.com/journals/lanr ... 7/fulltext
https://www.bmj.com/content/372/bmj.n84