Je trouve dommage que vous vous braquiez ainsi, Gaudens. Trop facile. Vous restez accroché sur une des dimensions les plus superficielles du problème. Qu'il puisse exister des zozos capables de croire en des théories réellement farfelues est une chose. Mais c'est aussi une chose marginale.Gaudens :
Et encore plus un appel complotiste comme celui qui a entrainé la création de ce fil de discussion.
En revanche, ce que l'initiative de ces évêques "zélés" soulève (d'accord, pas d'accord avec eux sur ceci ou cela) mais c'est bien le fait qu'il puisse exister quand même de réelles inquiétudes parmi beaucoup de catholiques. Vous auriez beau stigmatiser les "complotistes" encore plus fort, vous ne parviendriez pas ainsi à rassurer votre monde.
Riou vient de vous montrer que des gens très sérieux peuvent démontrer qu'eux aussi seraient sous le coup de questionnements ou de soucis assez similaires, ou en tout cas présentant certaines correspondances avec ce qui inquiètent les autres. Ex : la soumission complète de l'Église à un ordre des choses techniques, à l'avis des experts du monde des sciences, à l'effacement du discours ou de la réflexion théologique devant des tableaux statistiques, des graphiques, des courbes (la courbe de ceci ...), à l'obligation de se conformer, etc. Ce sont tout de même de grandes questions.
Pour ma part, je regrette mais il m'est impossible de ne pas être inquiet, assez incommodé, quand je vois des initiatives ecclésiales ou pontificales comme celle que je viens d'évoquer, en rapport à cette histoire de village éducatif. Cet amalgame entre la participation au sommet de catholiques à une sorte d'entreprise humaniste parrainée par des religieux non chrétiens. Et quoi ? en vue de former une jeunesse tolérante et, tolérante, parce que capable de relativiser les religions. Une jeunesse bien apte à dénoncer les rigides, les intégristes. Je me dis : Qu'est-ce que l'Église catholique vient faire là-dedans en réalité ? C'est quoi la pertinence de semblables actions ?
Et ces amis de l'humanité, tous ces grands humanistes : n'aspireraient-ils donc pas eux-mêmes à une sorte de gouvernance mondiale ? On le croirait.
Parce que ces idéalistes animés d'un idéal que moi je nomme "sansfrontiériste" sont des grands amateurs des grandes tables d'experts mondiaux, de lois universelles, de concertations, de coordinations des efforts pour que tous les pays atteignent le grand objectif et blablabla. La logique veut qu'il n'y ait en fin de compte qu'un équivalent à une sorte de grande direction centralisée pour que ces beaux rêves puissent aspirer à autre chose que du discours sur le papier. L'idée d'une sorte de "grande république mondiale" existe depuis longtemps. Et le jargon de "Maison commune" qu'affecte d'emprunter souvent notre pape François semble nous renvoyer à cela : tous partenaires dans la même maison alors nous devons nous entendre, collaborer, etc.
Envisagerait-on sérieusement que des milliards d'individus pourraient parlementer avec d'autres milliards ? Bien sûr que non. Ce ne sont pas des habitants du fond de la campagne en Chine qui vont échanger avec des citadins de New-York, des Belges ou des Italiens. Si une sorte d'échange finalement consensuel peut aboutir mais ce ne peut l'être qu'au niveau de décideurs, d'experts ou de plénipotentiaires délégués au sommet. Tout ça ne peut que se réaliser - et si cela doit être - bien au-dessus de la démocratie parlementaire.