Des pasteurs de l'Eglise Catholique lancent un appel contre le Nouvel Ordre Mondial

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Re: Des pasteurs de l'Eglise Catholique lancent un appel contre le Nouvel Ordre Mondial

Message non lu par AdoramusTe » sam. 09 mai 2020, 23:35

Pathos a écrit :
sam. 09 mai 2020, 17:00
Big Brother est bien là
Evidemment, mais parce que l'occasion s'en présente. Pas parce que c'est organisé par la synarchie.
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Re: Des pasteurs de l'Eglise Catholique lancent un appel contre le Nouvel Ordre Mondial

Message non lu par AdoramusTe » sam. 09 mai 2020, 23:42

Pathos a écrit :
sam. 09 mai 2020, 16:09
Ah bon.. alors comment expliquez vous que cette criminelle de Buzyn se soit empressé de classer la chloroquine comme poison juste après les annonces de succès de Raoult ?
Comment expliquez vous que tous les médias tirent sur ce produit et sur Raoult alors que des quantités sont stockées pour l'armée ??
Regardez la vidéo jusqu'au bout et on en reparle !!
Désolé, j'en ai soupé des vidéos en tout genre qui sortent.

Pour ce qui est de Buzyn, c'est plutôt du côté de son mari qu'on trouve les influences.
Tout est irrationnel à cause des groupes de pression et conflits d'intérêts avec des groupes pharmaceutiques.
Bien d'autres pays dans le monde utilisent la chloroquine sans aucun problème et ils n'ont pas de raison d'être moins sous influence d'une hypothétique dictature mondiale que la France.

Raoult explique bien d'ailleurs que cela concerne les pays riches qui veulent absolument créer et vendre de nouvelles molécules pour faire de l'argent alors que les pays pauvres utilisent les molécules qui marchent bien depuis longtemps et tombées dans domaine public.
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Re: Des pasteurs de l'Eglise Catholique lancent un appel contre le Nouvel Ordre Mondial

Message non lu par AdoramusTe » dim. 10 mai 2020, 11:57

Cinci a écrit :
dim. 10 mai 2020, 1:18
La démarche de Soral, on le verrait d'autant plus ici avec sa volonté de rééditer un abbé Crampon, procéderait bien d'un désir de contourner les éditeurs catholiques d'aujourd'hui, parce que jugés trop judéo-complaisants j'imagine. En un mot, c'est surtout que Soral ferait un peu le difficile en matière de traduction.
Nous parlons bien de cette vidéo ?

https://www.kontrekulture.com/video/ala ... -crampon-0

Qu'est-ce que c'est que c'est histoire de bible judéo-protestante réécritre et trafiquée pendant des siècles ?
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Sur le texte de l'appel de Mgr Vigano...

Message non lu par MCPTeam » lun. 11 mai 2020, 3:33

J'avais juste envie de réagir au contenu de cet "Appel pour l’Église et pour le monde aux fidèles catholiques et aux hommes de bonne volonté”, parce NON, tous les cathos tradis ne souscrivent pas aux théories du complots et ne vénèrent pas Sainte Chloroquine !...
(même si je fais manifestement partie d'une toute petite minorité :/ )
Mes commentaires ici : http://traditio.unblog.fr/2020/05/09/cardinal/

Gaudens
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Re: Des pasteurs de l'Eglise Catholique lancent un appel contre le Nouvel Ordre Mondial

Message non lu par Gaudens » lun. 11 mai 2020, 11:13

Merci pour votre prise de position,MCP Team (*) .Je vois avec tristesse le courant tradi de plus en plus emporté vers des rivages délirants,complotistes et faussement apocalyptiques ,prêt à s'embarquer dans presque toutes les mauvaises causes passant à leur portée (style Soral,à l'antisémitisme obsessionnel).
Quant à Mgr Vigano,il vient d'en rajouter en publiant un communiqué révélant un supposé SMS privé que lui aurait envoyé le cardinal Sarah pour justifier le retrait de sa signature(un "ami" lui ayant ,parait-il, conseillé de le faire en raison de sa position officielle de responsable de la Congrégation pour le Culte Divin);c'est lamentable et de nature à mettre le cardinal en difficulté .

Enfin,concernant la supposée signature de ce brûlot par le cardinal Muller(info Le Salon Beige),je continue à être sceptique,n'en trouvant aucune trace sur internet dans une recherche à partir de son nom.

(*) mais,si vous permettez,quel curieux pseudo pour un tradi:l'invasion culturelle anglo-saxonne dans la culture et la société fait-elle partie de la défense de la tradition ?

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Re: Des pasteurs de l'Eglise Catholique lancent un appel contre le Nouvel Ordre Mondial

Message non lu par Cinci » lun. 11 mai 2020, 18:33

Gaudens,

Et pourquoi le cardinal Müller n'aurait pas pu signer le document sur la base de ce qu'il peut dire ailleurs ? Enfin, à supposer même qu'il ne le ferait pas pour des raisons stratégiques, je parle d'apposer sa signature au bas du document susdit, mais il s'exprime ailleurs dans le même sens. Donc, ça revient au même.

Voir :

C’est une chose très grave, c’est la pensée laïque qui est entrée dans l’Église. C’est une chose de prendre des mesures de précaution pour minimiser les risques de contagion, c’en est une autre d’interdire la liturgie. L’Église n’est pas un client de l’État, et aucun évêque n’a le droit d’interdire l’Eucharistie de cette manière. Nous avons également vu des prêtres être punis par leur propre évêque pour avoir célébré la messe avec quelques personnes, tout cela signifie se concevoir comme des fonctionnaires de l’État. Mais notre pasteur suprême est Jésus-Christ, et non Joseph Conte [le président du Conseil italien, NDMJ]. L’État a sa tâche, mais l’Église a la sienne (dixit card. Müller)

https://www.lesalonbeige.fr/cardinal-mu ... le-peuple/
La source semble être un journal italien, et pour lequel le cardinal aurait pu accepter d' accorder une entrevue à Ricardo Cascioli.


Si le cardinal Müller s'est réellement exprimé tel que rapporté alors son propos ne différera pas en substance de ce que disent les autres avec Mgr Vigano

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Re: Des pasteurs de l'Eglise Catholique lancent un appel contre le Nouvel Ordre Mondial

Message non lu par Cinci » lun. 11 mai 2020, 19:16

Adoramus Te :

Quant au Cardinal Sarah, il fait bien de ne pas suivre ce Mgr Vigano
Quant à Mgr Vigano : je suis d'accord pour dire qu'il a déjà pu exprimer quelques trucs inacceptables. J'ai déjà lu des remarques de sa part qui ne pouvaient pas avoir de fondement. De mémoire, je ne me souviens pas de la référence exacte; encore des recherches ... Mais, pour autant, ça ne voudrait pas dire non plus que le premier ne pourrait jamais être d'accord avec le second en matière de dérive "sécuritaire", de Big Pharma, de pouvoir anti-chrétien et plus ou moins occulte, et etc. Ils doivent certainement pouvoir partager certains soucis en commun.

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Re: Des pasteurs de l'Eglise Catholique lancent un appel contre le Nouvel Ordre Mondial

Message non lu par MCPTeam » lun. 11 mai 2020, 19:36

Gaudens,
Votre commentaire résume mot pour mot mon sentiment actuel... On voit effectivement l'influence des milieux comploto-soraliens se propager, et ce texte officiel d'un prélat catholique vient conforter leurs théories.

(*) Pour mon pseudo : je m'étais initialement inscrite au nom de l'équipe du site "La chapelle de Mercipourtou", d'où le "Team"... L''identitifiant "L'équipe de Mercipourtou" aurait été un peu long à taper à chaque connexion (cf : https://www.cite-catholique.org/viewto ... 8#p397068 ) :
L'initiative n'ayant pas eu le moindre succès (pas assez complotiste), je modifierais volontiers ce pseudo aujourd'hui, mais ce n'est pas possible, désolée de vous écorcher les yeux ;)

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Re: Des pasteurs de l'Eglise Catholique lancent un appel contre le Nouvel Ordre Mondial

Message non lu par Gaudens » lun. 11 mai 2020, 20:20

Bonsoir Cinci:
Et pourquoi le cardinal Müller n'aurait pas pu signer le document sur la base de ce qu'il peut dire ailleurs ? Enfin, à supposer même qu'il ne le ferait pas pour des raisons stratégiques, je parle d'apposer sa signature au bas du document susdit, mais il s'exprime ailleurs dans le même sens. Donc, ça revient au même.

Voir :

C’est une chose très grave, c’est la pensée laïque qui est entrée dans l’Église. C’est une chose de prendre des mesures de précaution pour minimiser les risques de contagion, c’en est une autre d’interdire la liturgie. L’Église n’est pas un client de l’État, et aucun évêque n’a le droit d’interdire l’Eucharistie de cette manière. Nous avons également vu des prêtres être punis par leur propre évêque pour avoir célébré la messe avec quelques personnes, tout cela signifie se concevoir comme des fonctionnaires de l’État. Mais notre pasteur suprême est Jésus-Christ, et non Joseph Conte [le président du Conseil italien, NDMJ]. L’État a sa tâche, mais l’Église a la sienne (dixit card. Müller)

https://www.lesalonbeige.fr/cardinal-mu ... le-peuple/

La source semble être un journal italien, et pour lequel le cardinal aurait pu accepter d' accorder une entrevue à Ricardo Cascioli.


Si le cardinal Müller s'est réellement exprimé tel que rapporté alors son propos ne différera pas en substance de ce que disent les autres avec Mgr Vigano
Mais si,voyons,le cardinal Muller s'est clairement et sobrement prononcé contre l'obéissance aveugle de l'Eglise aux dictats du pouvoir politique en matière d'organisation du culte public et en cela il est dans son droit le plus absolu.Mais le texte incriminé va bien au delà de ce thème et dérape totalement vers le complotisme le plus manifeste;j'espère donc sincèrement que le cardinal n'aura pas été abusé et n'aura pas signé ce texte là !

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Re: Des pasteurs de l'Eglise Catholique lancent un appel contre le Nouvel Ordre Mondial

Message non lu par Gaudens » lun. 11 mai 2020, 20:22

Merci MCP Team pour vos précisons;rassurez -vous ,je suis encore assez tolérant pour que votre pseudo ne m'écorche pas les yeux.
Bienvenue au club,en tous cas.
Gaudens

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Re: Des pasteurs de l'Eglise Catholique lancent un appel contre le Nouvel Ordre Mondial

Message non lu par Pathos » lun. 11 mai 2020, 20:40

AdoramusTe a écrit :
sam. 09 mai 2020, 23:35
Pathos a écrit :
sam. 09 mai 2020, 17:00
Big Brother est bien là
Evidemment, mais parce que l'occasion s'en présente. Pas parce que c'est organisé par la synarchie.
Mais enfin que vise cette loi à votre avis ?
A défendre les français besogneux ?
Non !
A museler tout site de réinformation trop génant E&R en tête.
Ainsi le français moyen croira encore que ce virus vient d'un marché animalier, comme sans doute certains ici..
Une nation n'est pas ce qu'elle pense d'elle même dans le temps mais ce que Dieu pense sur elle dans l'éternité. Soloviev

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Re: Des pasteurs de l'Eglise Catholique lancent un appel contre le Nouvel Ordre Mondial

Message non lu par Cinci » mar. 12 mai 2020, 0:15

Ah ! je crois que c'était dans ce texte-ci ... à propos de Mgr Vigano ...

https://leblogdejeannesmits.blogspot.co ... ison-n-106

MJM : Comment jugez-vous la suspension des célébrations étendue presque partout dans le monde ?

C'est une grande souffrance, je dirais même la plus grande qui a été imposée à nos fidèles, tout spécialement aux mourants, les privant du recours aux sacrements.

Dans cette situation, il a semblé que les Évêques, à quelques rares exceptions près, n'aient eu aucun scrupule à fermer les églises et à empêcher la participation des fidèles au Saint Sacrifice de la Messe. Ils se sont comportés comme de froids bureaucrates, comme des exécuteurs de la volonté du Prince : cette attitude est désormais perçue par la plupart des fidèles comme un signe inquiétant de leur manque de Foi. Et comment les blâmer ?

Je me demande – et je tremble de l’affirmer – si la fermeture des églises et la suspension des célébrations n’est pas une punition que Dieu a ajoutée à la pandémie. « Ut scirent quia quae peccat quis, per haec et torquetur. Afin qu’ils comprennent que l’on est châtié par où l’on pèche» (Sagesse 11, 17). Offensé par la négligence et le manque de respect de tant de ses Ministres, outragé par les profanations du Saint-Sacrement qui se produisent quotidiennement avec l’habitude sacrilège d’administrer la Communion dans la main, las de supporter des chansons vulgaires et des sermons hérétiques, Notre-Seigneur se complaît de nos jours encore d’entendre s’élever vers Lui – depuis le silence de nombreux Autels – la louange sobre et austère de tant de prêtres qui célèbrent la Messe de toujours. Cette Messe qui remonte aux temps des Apôtres, et qui a toujours été, au cours de l’histoire, le cœur palpitant de l'Église. Prenons très au sérieux cet avertissement très solennel : Deus non irridetur. On ne se moque pas de Dieu!
Mgr Vigano parle de la "Messe de toujours" en référence à la Messe en latin pré-Vatican II. Sauf que dire cela c'est laisser entendre qu'il s'agirait là de la vraie Messe par opposition à une Messe frelatée, une pseudo-Messe, une fausse Messe mais qui se trouve à être aussi la Messe régulière de toute l'Église catholique. Or un évêque catholique ne peut pas s'exprimer de telle manière ! Car cette partisanerie excessive confine au sectarisme.

Déjà dit : des critiques personnelles de toutes sortes (voire même des critiques fondées !) sur la forme ou sur d'autres détails annexes (communion dans la main, etc.) ne donnent jamais le droit de désacraliser la Messe. Or, lui, Mgr Vigano, "pousse le bouchon" jusqu'à évoquer une volonté de Dieu d'aller punir toute l'Église (cette histoire de suspension de Messe via le prétexte du virus) parce que ses ministres auront pu célébrer depuis cinquante ans la Messe que l'on connaît et si détestée par les conservateurs. Ce genre de déclarations n'a pas de fondement en vérité. Ce n'est pas la première fois que le monde connaît des épidémies. C'est plutôt aléatoire et présomptueux que de se faire soi-même l'interprète de la pensée et de la volonté divine, comme si ce devait être une chose établie (une éventualité sérieuse ?) que Dieu veuille châtier les ministres catholiques "spécialement" à cause de l'usage d'une forme du rit de la Messe plutôt que l'autre. C'est vrai qu''il sera hésitant sur ce dernier point. Admettons. Mais je tenais surtout à dire qu'il est une incorrection pour un évêque catholique que d'aller opposer dramatiquement les deux formes, et nourrir l'idée que les seuls catholiques dignes d'être appelés catholiques devraient se retrouver ici plutôt que là-bas. Et ce serait juste un exemple d'un point que l'on pourrait toujours reprocher au prélat. Personne n'est parfait.


___
P.S. On retrouvera facilement l'extrait sur la page du Blog vers le milieu du texte, en déroulant avec la souris, à la hauteur de "Des images contre l'avortement" ou "rechercher dans ce blog" si la marge de gauche sert de repère.

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Re: Des pasteurs de l'Eglise Catholique lancent un appel contre le Nouvel Ordre Mondial

Message non lu par Altior » mar. 12 mai 2020, 0:59

Bonour, Cinci!
Mgr Vigano parle de la "Messe de toujours" en référence à la Messe en latin pré-Vatican II. Sauf que dire cela c'est laisser entendre qu'il s'agirait là de la vraie Messe par opposition à une Messe frelatée, une pseudo-Messe, une fausse Messe
Encore un procès d'intention.
Tout d'abord, l'expression «Messe de toujours» est fréquemment rencontré parmi les traditionalistes. Par «Messe de toujours» les tradis comprennent exactement la même chose que les modernistes lorsque ceux-ci parlent de «Messe dos-au-peuple»...
Puis, la logique de bon sens nous impose de constater que l'opposé de «Messe de toujours» n'est pas du tout «Messe fausse», mais «Messe récente». Moi, quand j'entends «de toujours», je comprends «ancien, très ancien». L'opposé est «récent, très récent».

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Re: Des pasteurs de l'Eglise Catholique lancent un appel contre le Nouvel Ordre Mondial

Message non lu par Cinci » mar. 12 mai 2020, 3:33

En revanche ... dans le texte de la pétition faisant l'objet de ce fil ...

Voyez :
La santé publique ne doit pas et ne peut pas devenir une excuse pour bafouer les droits de millions de personnes dans le monde, et encore moins pour exonérer l’autorité civile de son devoir d’agir avec sagesse pour le bien commun; cela est d’autant plus vrai que les doutes croissent quant à l’effective contagiosité, à la dangerosité et à la résistance du virus: de nombreuses voix faisant autorité dans le monde de la science et de la médecine confirment que l’alarmisme à propos du Covid-19 amplifié par les médias ne semble absolument pas justifié.
Je suis plutôt d'accord avec la remarque portant sur la dangerosité toute relative de la menace.

Et l'événement le plus choquant pour moi, le plus traumatisant dans toute cette histoire, mais c'est bien la facilité, la célérité qu'auront pu mettre les évêques à bien vouloir complaire aux autorités publiques. Aucune discussion. Zéro négociation. Pas la moindre représentation du clergé auprès des ministres et députés. Ainsi, nos évêques apparaissent vraiment comme s'ils devaient être en premier lieu au service de l'État; oui, comme des serviteurs de l'État, tels des fonctionnaires du gouvernement ne disposant d'aucun recul. C'est comme si la société hiérarchique ecclésiale était entièrement absorbée pour n'être qu'un auxiliaire du pouvoir gouvernemental profane. C'est un problème.

Je n'ai jamais cru qu'il y aurait eu nécessité réelle de suspendre l'accès au culte publique pour les fidèles. Pas vrai ! Je ne crois pas à ça. Les églises sont déjà au trois-quart vides en temps normal. On imagine bien qu'avec des médias relayant le fait d'une épidémie grave, nombre de fidèles auraient d'eux-mêmes décidé de rester chez eux.

Et alors je dis ...

Que les évêques auraient pu se contenter de conseiller et permettre aux gens à risque (les malades du cancer à peine en rémission, les vieillards, les pulmonaires, etc.) d'éviter les grands rassemblements liturgiques ou autres, mettre en place de simples mesures normales (vider les bénitiers, passer le désinfectant, etc.) Les gens auraient pu au moins avoir accès physiquement à l'expression du culte publique, même sans communier sur une base volontaire pour les plus phobiques des microbes; avoir au moins l'opportunité d'entendre la Parole de Dieu proclamée sur les lieux de rassemblement consacrés. Je suis de ceux qui ne prennent aucun goût mais vraiment aucun aux célébrations virtuelles, à distance, que ce soit à la télé ou sur Internet. Pas capable ! Je vous prie de me croire que ce n'est pas moi qui aurai visionné la messe du pape sur Internet, ni du pape ni de l'archevêque.


C'est très choquant de penser que le service essentiel chez nous, c'est la vente d'alcool. Le culte catholique devrait faire partie de ces choses accessoires, pas réellement nécessaire, du luxe. Ça, c'est ce que nos autorités publiques pensent. La drogue est essentielle, mais non pas le culte religieux. La logique de l'effacement. Il aurait dû être du devoir des évêques que de s'opposer à un tel travers.

Le virus est tellement dangereux qu'il faille fermer tous les lieux de culte ? Mais la menace n'est pas assez grave pour interdire aux citoyens de se côtoyer toute la semaine, dans ces lieux qui distribuent la bière, le litron et tout. Je n'ai vu personne se lamenter, moi, sur le fait que les consommateurs de vin chez nous, comme nos clients de la régie des alcools qui continuent de fréquenter leurs succursales favorites au coude à coude, seraient des irresponsables, des individus qui mettraient en péril la santé publique.

Pour moi, c'est clair que la réaction des gens est orientée.


La campagne de peur ne veut pas signifier qu'il n'y a pas du tout de virus ni d'épidémie ni un certain nombre de victimes du microbe. Mais le problème c'est le traitement de la nouvelle, une certaine démesure. Une pareille situation met aussi en lumière l'autre problème qui pourrait être comme l'obligation faite à tous les évêques de se plier à une décision centralisée en haut-lieu. Traditionnellement, il est vrai que chaque évêque devrait pourtant disposer de sa faculté de jugement et voir lui-même si les conditions dans son diocèse seraient telles que ... etc. La virulence d'une épidémie ne s'exprime sans doute pas avec la même force partout. Le centralisme a comme ce charme de déresponsabiliser tout le monde, les politiciens aussi bien que les chefs religieux. La décision tombe d'en haut, vient d'ailleurs ... Pas le choix !

Je vois encore le problème de la démission de la pensée devant "la science". L'oracle s'est exprimé à Delphes (la projection d'avenir sortant de l'OMS) et alors il faudra bien cesser de discuter, fermer le parlement et même les partis d'opposition devront se ranger au point de vue unique.

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Re: Des pasteurs de l'Eglise Catholique lancent un appel contre le Nouvel Ordre Mondial

Message non lu par Riou » mar. 12 mai 2020, 10:01

Cinci a écrit :
mar. 12 mai 2020, 3:33


Et l'événement le plus choquant pour moi, le plus traumatisant dans toute cette histoire, mais c'est bien la facilité, la célérité qu'auront pu mettre les évêques à bien vouloir complaire aux autorités publiques. Aucune discussion. Zéro négociation. Pas la moindre représentation du clergé auprès des ministres et députés. Ainsi, nos évêques apparaissent vraiment comme s'ils devaient être en premier lieu au service de l'État; oui, comme des serviteurs de l'État, tels des fonctionnaires du gouvernement ne disposant d'aucun recul. C'est comme si la société hiérarchique ecclésiale était entièrement absorbée pour n'être qu'un auxiliaire du pouvoir gouvernemental profane. C'est un problème.




La campagne de peur ne veut pas signifier qu'il n'y a pas du tout de virus ni d'épidémie ni un certain nombre de victimes du microbe. Mais le problème c'est le traitement de la nouvelle, une certaine démesure. Le centralisme a comme ce charme de déresponsabiliser tout le monde, les politiciens aussi bien que les chefs religieux. La décision tombe d'en haut, vient d'ailleurs ... Pas le choix !

Je vois encore le problème de la démission de la pensée devant "la science". L'oracle s'est exprimé à Delphes (la projection d'avenir sortant de l'OMS) et alors il faudra bien cesser de discuter, fermer le parlement et même les partis d'opposition devront se ranger au point de vue unique.
Bonjour,

Je suis on ne peut plus d'accord avec ce propos. Il exprime tout. Le problème n'est pas de nier le danger, nier l'épidémie, ne pas être prudent. Le problème réside dans la manière dont l'homme répond de ce danger, avec une "certaine démesure", comme vous dites, et des accents dignes des pires tyrannies. La société a cessé de penser devant la nouvelle "transcendance", celle des blouses blanches, de l'OMS, de la Science enfin, qui semblent s'octroyer le droit absolu de mettre le monde entier sous cloche sans aucune discussion, sans aucune objection, toute pesnée critique fondée et toute alerte sur les conséquences d'un tel confinement étant immédiatement qualifiée d'immorale et de monstrueuse, et tant pis pour tous les gens vulnérables qui prendront cette décision de plein fouet.
Pas la peine de postuler un "Nouvel Ordre Mondial", absurde et pur produit de l'imaginaire complotiste, et c'est là que ce texte s'égare. Non, la réalité est plus prosaïque : nous avons cessé de penser, et nous sommes vautrés dans une surréaction qui a rendu la situation extrêmement compliquée. A tel point que plus personne ne sait comment s'en dépatouiller.
Le dire est tout simplement devenu très compliqué, voire impossible. Le penseur Agamben, qui n'est pas un complotiste ou un illuminé, mais quelqu'un de très équilibré et de très raisonné, pose une critique très construite de ce problème qui va dans votre sens. Et il demande : sommes-nous devenus des barbares? Voici le texte :

Une question

Giorgio Agamben
paru dans lundimatin#239, le 20 avril 2020
Appel à dons

Après la déclaration de l’état d’urgence pour risque sanitaire le 31 janvier, les décrets-lois des 8 et 9 mars 2020 ont institué en Italie un régime d’exception justifié par le Covid-19 qui restreint drastiquement les libertés individuelles. Considérant le désastre qui frappe son pays, Giorgio Agamben énonce les effets terribles de mesures politiques sans précédent, amenant un basculement historique que la peur de la mort semble occulter. Le réquisitoire invoque une responsabilité collective et une démission de l’autorité morale laissant saper les fondements d’une culture et ruiner le socle démocratique. Si le cauchemar politique risque de durer, comment ne pas voir ce que l’on voit ?


La peste marqua, pour la ville, le début de la corruption… Personne n’était plus disposé à persévérer dans la voie de ce qu’il jugeait auparavant être le bien, parce qu’il croyait qu’il pouvait peut-être mourir avant de l’atteindre.
Thucydide, La Guerre du Péloponnèse, II, 53

Je voudrais partager avec qui en a envie une question à laquelle, depuis maintenant plus d’un mois, je ne cesse de réfléchir. Comment a-t-il pu advenir qu’un pays tout entier, sans s’en rendre compte, se soit écroulé éthiquement et politiquement, confronté à une maladie ? Les mots que j’ai employés pour formuler cette question ont été, un à un, attentivement pesés. La mesure de l’abdication des principes éthiques et politiques qui nous sont propres est, en effet, très simple : il s’agit de se demander quelle est la limite au-delà de laquelle on n’est pas disposé à y renoncer. Je crois que le lecteur qui se donnera la peine de considérer les points qui suivent ne pourra pas ne pas convenir – sans s’en rendre compte ou en feignant de ne pas s’en rendre compte – que le seuil qui sépare l’humanité de la barbarie a été franchi.

I) Le premier point, peut-être le plus grave, concerne les corps des personnes mortes. Comment avons-nous pu accepter, seulement au nom d’un risque qu’il n’était pas possible de préciser, que les personnes qui nous sont chères et les êtres humains en général non seulement mourussent seuls – chose qui n’était jamais arrivée auparavant dans l’histoire, d’Antigone à aujourd’hui – mais que leurs cadavres fussent brûlés sans funérailles ?

2) Nous avons ensuite accepté sans que cela nous pose trop de problèmes, seulement au nom d’un risque qu’il n’était pas possible de préciser, de limiter dans une mesure qui n’était jamais advenue auparavant dans l’histoire du pays, ni même durant les deux guerres mondiales (le couvre-feu durant la guerre était limité à certaines heures), notre liberté de mouvement. Nous avons en conséquence accepté, seulement au nom d’un risque qu’il n’était pas possible de préciser, de suspendre de fait nos liens d’amitié et d’amour parce que notre prochain était devenu une possible source de contagion.

3) Cela a pu advenir – et l’on touche ici la racine du phénomène – parce que nous avons scindé l’unité de notre expérience vitale, qui est toujours inséparablement corporelle et spirituelle, en une entité purement biologique d’une part et une vie affective et culturelle d’autre part. Ivan Illitch a montré, et David Cayley l’a ici rappelé récemment, les responsabilités de la médecine moderne dans cette scission, qui est donnée pour acquise et qui, pourtant, est la plus grande des abstractions. Je sais bien que cette abstraction a été réalisée par la science moderne avec les dispositifs de réanimation, qui peuvent maintenir un corps dans un état de pure vie végétative.

Mais si cette condition s’étend au-delà des frontières spatiales et temporelles qui lui sont propres, comme on cherche aujourd’hui à le faire, et devient une sorte de principe de comportement social, on tombe dans des contradictions sans issue.

Je sais que quelqu’un s’empressera de répondre qu’il s’agit d’une condition limitée dans le temps, que celle-ci une fois passée, tout redeviendra comme avant. Il est vraiment singulier que l’on puisse le répéter si ce n’est de mauvaise foi, du moment que les mêmes autorités qui ont proclamé l’urgence ne cessent de nous rappeler que, quand l’urgence sera surmontée, il faudra continuer à observer les mêmes directives et que, la « distanciation sociale », comme on l’a appelée suivant un euphémisme significatif, sera le nouveau principe d’organisation de la société. Et en tout cas, ce que, de bonne ou de mauvaise foi, l’on a accepté de subir ne pourra pas être effacé.

Je ne peux pas, à ce point précis, puisque j’ai accusé la responsabilité de chacun de nous, ne pas mentionner les responsabilités encore plus graves de ceux qui auraient eu le devoir de veiller sur la dignité de l’homme. Avant tout l’Église qui, se faisant la servante de la science, devenue désormais la religion de notre temps, a radicalement renié ses principes les plus essentiels. L’Église, sous un pape qui se nomme François, a oublié que François embrassait les lépreux. Elle a oublié que l’une des œuvres de la miséricorde est celle de visiter les malades. Elle a oublié que les martyrs enseignent qu’on doit être disposé à sacrifier la vie plutôt que la foi et que renoncer à son prochain signifie renoncer à la foi. Une autre catégorie qui a manqué à ses devoirs est celle des juristes. Nous sommes habitués depuis longtemps à l’usage inconsidéré des décrets d’urgence par lesquels, de fait, le pouvoir exécutif se substitue au législatif, abolissant le principe de séparation des pouvoirs qui définit la démocratie. Mais dans le cas présent, toute limite a été dépassée, et l’on a l’impression que les mots du premier ministre et du chef de la protection civile ont, comme on disait pour ceux du Führer, immédiatement valeur de loi. Et l’on ne voit pas comment, une fois épuisée la limite de validité temporelle des décrets d’urgence, les limitations de la liberté pourront être, comme on l’annonce, maintenues. Avec quels dispositifs juridiques ? Avec un état d’exception permanent ? Il est du devoir des juristes de vérifier comment sont respectées les règles de la constitution, mais les juristes se taisent. Quare silete iuristae in munere vestro ?

Je sais qu’il y aura immanquablement quelqu’un pour me répondre que, même s’il est lourd, le sacrifice a été fait au nom de principes moraux. À celui-là, je voudrais rappeler qu’Eichmann, apparemment en toute bonne foi, ne se lassait pas de répéter qu’il avait fait ce qu’il avait fait selon sa conscience, pour obéir à ceux qu’il retenait être les préceptes de la morale kantienne. Une loi qui affirme qu’il faut renoncer au bien pour sauver le bien est tout aussi fausse et contradictoire que celle qui, pour protéger la liberté, impose de renoncer à la liberté.

Traduction (Florence Balique), à partir du texte italien publié sur le site Quodlibet, le 13 avril 2020

https://lundi.am/Une-question
Un autre texte du même auteur qui va dans le même sens :

La médecine comme religion

Giorgio Agamben
paru dans lundimatin#242, le 11 mai 2020


L’état d’urgence sanitaire se prolonge, inscrivant la « guerre » contre le virus dans la durée. Dans cette crise qui ne trouve pas de résolution, il semble que la société toute entière épuise ses forces vives à lutter contre un invisible ennemi dont les médias récitent les ravages. Giorgio Agamben envisage ce moment politique comme celui qui, déplaçant la croyance, consacre la primauté de la science sur le christianisme et le capitalisme. Répondant à l’impératif d’une vie saine, le nouvel hygiénisme instaure une pratique cultuelle de la médecine envahissant l’existence, au point de supplanter les anciens rites. Nous assisterions, à l’échelle mondiale, à une nouvelle forme de guerre civile, d’ordre religieux, où, sur les ruines du christianisme, le capitalisme laisserait la science régner, sans pour autant disparaître. Obstinément et sans trembler, le philosophe devra désormais témoigner contre la religion scientifique et les désastres qu’elle enfante.




Que la science soit devenue la religion de notre temps, ce en quoi les hommes croient qu’ils croient, cela est depuis longtemps évident. Dans l’Occident moderne ont coexisté et, dans une certaine mesure, coexistent encore trois grands systèmes de croyance : le christianisme, le capitalisme et la science. Dans l’histoire de la modernité, ces trois « religions » se sont plusieurs fois nécessairement entrecroisées, entrant de temps à autre en conflit et ensuite, de diverses façons, se réconciliant, jusqu’à atteindre progressivement une sorte de coexistence pacifique, articulée, si ce n’est une véritable collaboration au nom de l’intérêt commun.

Le fait nouveau est que, entre la science et les deux autres religions, s’est ravivé, sans que nous nous en apercevions, un conflit souterrain et implacable, dans lequel l’issue victorieuse pour la science est aujourd’hui sous nos yeux et détermine d’une manière inouïe tous les aspects de notre existence. Ce conflit ne concerne pas, comme il advenait par le passé, la théorie et les principes généraux, mais, pour ainsi dire, la pratique cultuelle. La science elle aussi, en effet, comme toute religion, connaît des formes et des niveaux différents par lesquels elle organise et ordonne sa propre structure : à l’élaboration d’une dogmatique subtile et rigoureuse correspond dans la pratique une sphère cultuelle extrêmement vaste et diffuse qui coïncide avec ce que nous appelons la technologie.

Il n’est pas surprenant que le protagoniste de cette nouvelle guerre de religion soit cette partie de la science où la dogmatique est moins rigoureuse et plus marqué l’aspect pragmatique : la médecine, dont l’objet immédiat est le corps vivant des êtres humains. Essayons de fixer les caractéristiques essentielles de cette foi victorieuse à laquelle nous devrons faire face dans une mesure croissante.

1) Le premier caractère est que la médecine, comme le capitalisme, n’a pas besoin d’une dogmatique spéciale, mais se limite à emprunter à la biologie ses concepts fondamentaux. À la différence de la biologie, toutefois, elle articule ces concepts en un sens gnostique-manichéen, c’est-à-dire selon une opposition dualiste exacerbée. Il y a un dieu ou un principe malin, la maladie, justement, dans lequel les agents spécifiques sont les bactéries ou les virus, et un dieu ou un principe bénéfique qui n’est pas la santé, mais la guérison, et dont les agents cultuels sont les médecins et la thérapie. Comme dans toute foi gnostique, les deux principes sont clairement séparés, mais dans la pratique ils peuvent se contaminer et le principe bénéfique et le médecin qui le représente peuvent se tromper et collaborer sans s’en rendre compte avec leur ennemi, sans que cela invalide en aucune façon la réalité du dualisme ni la nécessité du culte par lequel le principe bénéfique mène sa bataille. Et il est significatif que les théologiens qui doivent en fixer la stratégie soient les représentants d’une science, la virologie, qui n’a pas de lieu propre, mais se situe à la frontière entre la biologie et la médecine.

2) Si cette pratique cultuelle était, jusqu’à présent, comme toute liturgie, épisodique et limitée dans le temps, le phénomène inattendu auquel nous assistons est qu’elle est devenue permanente et envahissante. Il ne s’agit plus de prendre des médicaments ou de se soumettre, quand c’est nécessaire, à une visite médicale ou à une intervention chirurgicale : la vie entière des êtres humains doit devenir à chaque instant le lieu d’une célébration cultuelle ininterrompue. L’ennemi, le virus, est toujours présent et doit être combattu incessamment et sans trêve possible. La religion chrétienne elle aussi connaissait des tendances totalitaires similaires, mais elles concernaient seulement quelques individus – en particulier les moines – qui choisissaient de placer leur entière existence sous la devise « priez sans cesse ». La médecine comme religion recueille ce précepte paulinien et, en même temps, le renverse : là où les moines se réunissaient dans des monastères pour prier ensemble, maintenant le culte doit être pratiqué avec autant d’assiduité, mais en se tenant séparés et à distance.

3) La pratique cultuelle n’est plus libre et volontaire, exposée seulement à des sanctions d’ordre spirituel, mais elle doit être rendue réglementairement obligatoire. La collusion entre la religion et le pouvoir profane n’est certes pas un fait nouveau ; il est pourtant tout à fait nouveau qu’elle ne regarde plus, comme il arrivait pour les hérésies, la profession des dogmes, mais exclusivement la célébration du culte. Le pouvoir profane doit veiller à ce que la liturgie de la religion médicale, qui coïncide désormais avec la vie entière, soit rigoureusement observée dans les faits. Qu’il s’agisse ici d’une pratique cultuelle et non d’une exigence scientifique rationnelle est immédiatement évident. La cause de mortalité de loin la plus fréquente dans notre pays, ce sont les maladies cardiovasculaires et l’on sait qu’elles pourraient diminuer si l’on adoptait une forme de vie plus saine et si l’on s’en tenait à une alimentation particulière. Mais à aucun médecin n’était jamais venu à l’esprit que cette forme de vie et d’alimentation, qu’ils conseillaient à leurs patients, devînt l’objet d’une réglementation juridique, qui décrétât ex lege ce que l’on doit manger et comment on doit vivre, en transformant l’entière existence en une obligation sanitaire. C’est justement ce qui a été fait et, au moins pour le moment, les gens ont accepté, comme si c’était évident, de renoncer à leur propre liberté de mouvement, au travail, aux amitiés, aux amours, aux relations sociales et à leurs propres convictions religieuses et politiques.

On mesure ici comment les deux autres religions de l’Occident, la religion du Christ et la religion de l’argent, ont cédé la primauté, apparemment sans combattre, à la médecine et à la science. L’Église a renié purement et simplement ses propres principes, oubliant que le saint dont l’actuel pape a pris le nom embrassait les lépreux, qu’une des œuvres de la miséricorde était de visiter les malades et que les sacrements ne peuvent s’administrer qu’en présence. Le capitalisme, pour sa part, bien qu’avec quelque protestation, a accepté une perte de productivité qu’il n’avait jamais osé considérer, probablement en espérant trouver plus tard un accord avec la nouvelle religion qui, sur ce point, semble prête à transiger.

4) La religion médicale a, sans réserve, récolté du christianisme l’instance eschatologique que celui-ci avait laissé tomber. Déjà le capitalisme, en sécularisant le paradigme théologique du salut, avait éliminé l’idée d’une fin des temps, en lui substituant un état de crise permanent sans rédemption ni fin. Krisis est à l’origine un concept médical, qui désignait dans le corpus hippocratique le moment dans lequel le médecin décidait si le patient survivrait à la maladie. Les théologiens ont repris le terme pour indiquer le Jugement Dernier qui a lieu au dernier jour. Si l’on observe l’état d’exception que nous vivons, on dirait que la religion médicale conjugue ensemble la crise perpétuelle du capitalisme avec l’idée chrétienne d’un dernier temps, d’un eschaton dans lequel la décision ultime est toujours en cours et la fin est à la fois précipitée et différée, dans la tentative incessante de pouvoir la gouverner, sans pourtant jamais la résoudre une fois pour toutes. C’est la religion d’un monde qui se sent à la fin et toutefois n’est pas en mesure, comme le médecin hippocratique, de décider s’il survivra ou mourra.

5) Comme le capitalisme et à la différence du christianisme, la religion médicale n’offre pas de perspectives de salut et de rédemption. Au contraire, la guérison qu’elle vise ne peut être que provisoire, étant donné que le Dieu maléfique, le virus, ne peut être éliminé une fois pour toutes mais, à l’inverse, mute continuellement et prend toujours de nouvelles formes, pouvant être présumées plus dangereuses. L’épidémie, comme l’étymologie du terme le suggère (demos est en grec le peuple comme corps politique et polemos epidemios est dans Homère le nom de la guerre civile) est avant tout un concept politique qui se prête à devenir le nouveau terrain de la politique – ou de la non-politique – mondiale. Il est possible, même, que l’épidémie que nous vivons soit la réalisation de la guerre civile mondiale qui, selon les politologues les plus attentifs, a pris la place des guerres mondiales traditionnelles. Toutes les nations et tous les peuples sont maintenant durablement en guerre contre eux-mêmes, parce que l’ennemi invisible et insaisissable contre lequel ils sont en lutte se trouve en nous.

Comme il est advenu plusieurs fois au cours de l’histoire, les philosophes devront de nouveau entrer en conflit avec la religion, qui n’est plus le christianisme, mais la science ou cette partie de la science qui a pris la forme d’une religion. Je ne sais si de nouveau seront allumés les bûchers et si des livres seront mis à l’index, mais assurément la pensée de ceux qui continuent à chercher la vérité et réfutent le mensonge dominant sera, comme il arrive déjà sous nos yeux, exclue et accusée de diffuser des nouvelles (nouvelles, non idées, puisque la nouvelle est plus importante que la réalité) fausses. Comme dans tous les moments d’urgence, vraie ou simulée, on verra de nouveau les ignorants calomnier les philosophes et les canailles chercher à tirer profit des désastres qu’ils ont eux-mêmes provoqués. Tout cela est déjà advenu et continuera d’advenir, mais ceux qui témoignent pour la vérité ne cesseront de le faire, parce que personne ne peut témoigner pour le témoin.

Traduction (Florence Balique), à partir de l’article publié sur le site Quodlibet, le 2 mai 2020

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