[Rapport SAUVÉ de la commission CIASE] Analyse et critiques ; réponses de l'Eglise en France

[Foxy]

Je ne sais pas si cela peut répondre à votre question ?

https://youtu.be/1p6EfYJiTpk

[Gaudens]

Merci d'avoir cherché, Foxy mais non,pas vraiment. Ce que vous avez trouvé est un renvoi par KTO au site de la CIASE qui y présente son travail ou plutôt se présente elle même.

[Foxy]

Je crains bien qu'il n'y ait rien d'autre du côté de KTO.

[Gaudens]

Je le crains aussi et me pose des questions au sujet de cette chaine.

[la samaritaine]

Et sur France Inter :

https://www.franceinter.fr/societe/mon- ... on-rapport

[Gaudens]

La défense de M.Sauvé est pitoyable.Non seulement il ne reconnait aucun défaut de méthode,aucune erreur mais il en rajoute.Comment peut-il dire que les chiffres réels sont encore bien suprieurs s'il est sûr des siens ? Donc il n'y croit pas lui non plus! Et sa définition de ses détracteurs est lamentable: ni toute petite minorité,ni en refus de réparation,ni "aux antipodes de la théologie du pape" (tiens,d'ailleurs, qu'entend-il par là?).
Et le choix de France Inter,la radio la plus anti-catholique du pays (que nous finançons tous de nos impôts) pour se faire valoir , est également au dessous de tout.
Quant à Mme Nathalie Bajos ("la terre plate"...) n'en parlons même pas.

[Cinci]

La défense consiste à dire que les critiques sont des vilains cocos, de mauvaise foi, qu'ils ne font que se livrer à des procès d'intention sans fondement. Il s'agirait en fait de défenseurs de l'Église institutionnelle et du cléricalisme honni et coupable, et en cela sont aux antipodes de la théologie du pape actuel. Ils ne sont pas «suffisamment» du bord des victimes avec leur mauvaise tête. Cela suffit à les discréditer. Et donc Jean-Marc Sauvé devient lui aussi une innocente victime.

[Cinci]

Enfin ... pour écouter Jean-Marc Sauvé, cela ressemble pas mal à ce portrait-robot esquissé.



Et puis, - certes ! -, il le reconnait lui-même volontiers : ladite Commission d'étude mandatée ne disposait d'aucun pouvoir institutionnelle, non pas pour dicter à l'Église catholique quoi faire ou ne pas faire en matière de réorganisation ecclésiale. Non, mais la Commission aura juste senti néanmoins qu'il lui fallait bien aussi pointer toutes les sortes de dangers potentiels ( «Ah ! mais attention ici ... là, là et là ...dans le fonctionnement de l'Église ... si rien ne bouge ...») à l'égard de futurs victimes hypothétiques.

Il faut comprendre que le document est un outil qui est remis aux évêques. Ce sera ensuite à eux de gérer la suite des choses bien sûr. L'outil doit pouvoir servir de levier afin qu'il se passe quelque chose de neuf !

La pression morale ...



Avec un peu de recul mais il me semble que tout «cela» ( «cela» = l'instrumentalisation du scandale) paraît bien être un moyen assez grossier, pour achever de discréditer complètement l'Église catholique romaine d'hier, traditionnelle si vous voulez (son organicité, structure immémoriale, hiérarchie, coutumes, etc.) C'est la poursuite de la guerre faite à l'Église mais par d'autres moyens, pour paraphraser un fameux général. Et sous couleur de vertu. Bien oui ... toujours.

C'est l'anthropologie de l'Église qui essuie le tir croisé, avec les moyens de sainteté qui auront toujours été les siens. Les réformateurs ne croient ni à l'un ni à l'autre. Ils croient plutôt dans les réformes structurelles et un peu à l'image de ce que des fonctionnaires de ministères profanes pourraient nous sortir comme solution : rénover, transformer, mettre au goût du jour, normaliser avec l'aide des experts en science sociale et le docteur Freud.

[la samaritaine]

Tribune du Monde du 14 octobre 2022 Soeur Véronique Margron, commanditaire du rapport CIASE
« Tous ces récits de vies détournées me poursuivent »

Le 5 octobre 2021, la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église (CIASE) rendait public son rapport. Travail monumental, d’une douleur sans nom en ce qu’il découvre de vies fracassées, de mensonges, de compromissions, de trahison de l’Évangile, d’imposture, de lâcheté ou de désinvolture. Je ne me suis toujours pas remise de cette confrontation avec cette zone de mort et de morts, dans mon Église.
Pourtant j’avais écouté des victimes enfants comme adultes rendus vulnérables par leur agresseur : emprise, abus de conscience, spirituel et de confiance. Descente déjà dans les profondeurs du malheur et du mal subi. Ce mal qui colle ensuite à la peau comme à l’âme et dont le sujet ne se remet jamais tout à fait, y compris quand sa vie a pu se redresser et quitter les raies de la honte et de la mésestime de soi où enferment la violence et la manipulation de celui qui si souvent s’en est « tiré ». Comme dans « je m’en tire », grâce à la puissance du mensonge premier d’avoir prétendu faire d’un mal total un bien. Tout cela au cœur de l’Église catholique, la mienne.
Depuis, d’autres victimes, d’autres témoins sont venus, espérant peut-être trouver au moins une écoute pour recueillir l’imprononçable souvent, l’impensable toujours : Comment ceux – ou celles – qui étaient là pour témoigner du vrai Dieu, celui qui ouvre l’avenir, sont devenus des démolisseurs, pervertissant le nom de Dieu au service de leurs méfaits.
Parmi tous ces visages qui peuplent mon âme il y a ceux de religieuses et religieux, victimes de frères ou sœurs de leurs communautés ou de prêtres accompagnateurs. Déjà il y avait eu le choc du documentaire d’Arte d’Éric Quentin et Marie Pierre Raimbault, en février 2019, sur « les religieuses agressées, l’autre scandale ». Glaçant. Et il y a cinq ans MeToo. Tous ces événements appartiennent à un même mouvement.
Tous ces récits de vies détournées me poursuivent. Ceux des religieuses ou anciennes religieuses sont une déflagration de plus. Ils interrogent sur les conditions de possibilités de ces crimes et de ces délits au cœur de la vie religieuse que j’ai moi-même choisie. Dans ma propre maison.
Des femmes et des hommes sont entrés dans la vie religieuse pour suivre le Christ, pour donner leur vie en faveur des autres. Non pour mourir, pour être réduits à l’état d’objet. Elles et ils sont venus pour exercer leur liberté, pour développer leur intelligence et leurs talents afin qu’ils soient partagés. Tout cela a été violenté, nié, écrasé.
Les agresseurs sont des prêtres, des religieux. Nommer leur mal est une obligation. Sous toutes les apparences du bien, du don, du « charisme » comme on dit - trop – souvent – dans l’Eglise, se sont insinués des mystificateurs. Mais il y a aussi, là encore, les institutions religieuses, les communautés qui n’ont pas su protéger, qui furent aveugles et parfois complices. Je ne sais comment cela est possible. Toutes les explications ne suffiront pas à rendre compte de la disproportion du mal, toujours en excès sur notre capacité à comprendre.
Pour être moi-même religieuse depuis bien des années, je me retrouve face à des abîmes. Qu’est-ce qui est malade dans cette vie pour que de tels méfaits, parfois en nombre et de façon organisée, aient pu être commis et couverts ? Aujourd’hui encore parfois comment est-ce possible que rien ne soit dénoncé ? Qu’est-ce qui vient infantiliser des sujets, faire taire des esprits critiques pour se soumettre à ces hommes – parfois ces femmes – destructeurs et imposteurs. Ou apprend-on – dans cette vie à la suite de Jésus, l’amour du débat, de la conversation, le refus de soumettre sa conscience juste au nom du pouvoir de l’autre ? Quelle est donc la vision de la sexualité qui fait ne pas penser le corps des femmes, l’intimité, l’inviolabilité ? Confondre l’affection et la sensualité, la sécurité et la prédation ?
Un tableau sombre qui raconte que les agressions sexuelles font leur lit sur les abus de pouvoir, de conscience et de confiance. Écoutant ces malheurs infligés, impossible de ne pas s’affronter à cet autre abîme : où était mon Dieu ? Pourtant je ne crois pas et n’ai jamais cru à un dieu bouche-trou ou sorcier.
Comme Hans Jonas, philosophe et éthicien juif, je crois en un Dieu soucieux qui est aussi un Dieu en péril car il a laissé à d’autres, nous les humains, de prendre en charge son souci. Un Dieu qui s’est dépouillé de tout pouvoir d’immixtion en ce monde. Et même – surtout peut-être ? quand il s’agit de le manipuler, de se servir de lui pour mettre la main sur qui se confie. Mon Dieu, celui qui est mort sur la Croix en son fils, s’est dépouillé de tout pouvoir pour le remettre aux humains, leur confiant ainsi son propre sort. Croire de toute mon âme en ce Dieu-là ne me console nullement de ces crimes et ne m’explique pas la perversité – y compris « spirituelle » des agresseurs et l’aveuglement des institutions. Mais il me fait trouver assez de courage pour continuer à faire face au mal, non pas seule, mais justement avec Celui que je confesse vainqueur du mal comme Dieu à jamais désarmé.
Débusquer les « fausses paroles », ces mots de propagande qui n’engagent pas ces hommes qui se réclament pourtant du sacré, mais interdisent toute réaction en détruisant la parole juste, celle du réel qui tient et résiste. Un type de discours très spiritualisant, mais qui préfère la souffrance de l’autre à la sienne propre ! en est souvent la triste mais efficace illustration.
Le « Dieu avec nous » est en même temps celui qui nous abandonne à notre responsabilité et à notre autonomie, lui qui fut si silencieux à l’heure du calvaire de tant de victimes. Non qu’il ne voulait pas intervenir dira le pasteur Dietrich Bonhoeffer exécuté par les nazis en 1945, mais parce qu’il ne pouvait pas. Écho, en chaque vie plongée dans l’abîme, de la parole du crucifié, « mon Dieu pourquoi m’as-tu abandonné ? » ( Évangile de Marc 15, 34)
Recueillir les mots et les maux et soutenir aujourd’hui la dignité et ce qui fait vivre est un obligation éthique autant que spirituelle. Croire que l’espérance chrétienne est celle qui ne fuit pas – autant que possible - la mort ni ce qui fait mourir, aussi.
Véronique Margron

[Gaudens]

On se demande pourquoi Soeur Margron a choisi Le Monde pour sa tribune.
Il s'agit d'un texte se voulant spirituel ,plutôt à l'intention de ses frères chrétiens et choisir Le Monde,journal d'opinion ayant adopté une ligne anticatholique depuis des années est assez bizarre. A moins de vouloir à nouveau donner des gages au monde établi, bien pensant et "mainstream" ,bien fécond pourtant lui même en "fausses paroles" et propagande.

[la samaritaine]

C'est justement une joie qu'un journal comme le Monde publie les propos d'une religieuse, touchant ainsi le plus grand nombre. Ce n'est pas en demeurant dans l'entre soi que l'on témoigne...

[Gaudens]

Tout dépend de quoi on témoigne:si c'est pour la nième fois parler des abus sexuels visés par le rapport Sauvé, c'est implanter dans l'idée des lecteurs de ce peu chrétien journal que la réalité et la vie de l'Eglise catholique tourne autour de cela,voire s'y limite.

[la samaritaine]

1990https://www.famillechretienne.fr/39097/article/ ... nnees-1990

Vu l'actualité, malheureusement, le sujet revient beaucoup .... Il devient difficile de ne pas désespérer de l'Eglise et Soeur Véronique élève le débat et surtout, est elle-même visage de l'Eglise et Visage du Christ en souffrant ainsi pour et avec les victimes.

[Jean-Mic]

Merci, chère samaritaine !
Ce n'est pas hasard que Sœur Véronique Margron fait le choix d'un grand organe de presse.

Notez pour commencer que l'audience d'un quotidien comme le Monde ne s'arrête pas à ses lecteurs abonnés. La preuve ? ... Nous en parlons, texte intégral à l'appui, sur ce forum où les lecteurs habituels sont peut-être rares.

Et puis, remarquez ensuite que, justement que ce n'est pas rien que les chrétiens puissent s'exprimer ... et être lus par le plus grand nombre ! dans un média de grande audience.

Enfin, ne boudez pas votre plaisir de voir que l'Eglise sache justement montrer qu'elle n'est pas la caricature dans laquelle certains détracteurs simplistes et "wokistes" veulent l'enfermer.

Merci, Sœur Véronique, ... quoique votre propos aurait, à mon goût, gagné à être plus bref et, par voie de conséquence, plus percutant.
Merci, samaritaine de nous l'avoir fait partager.

[la samaritaine]

Merci cher Jean Mic,

voici un article du Jesuite Patrick Goujon sur la question :

https://www.la-croix.com/Debats/Ciase-P ... 1201236319