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par Cinci » mer. 26 mai 2021, 16:09
(suite)
La promotion du laïcat pour gouverner l'Église fut une sorte de raffinement dans la trahison; il fallait que tous les catholiques deviennent démocrates, laïques et ouverts à toutes les formes de culte afin que la famille de Dieu s'étendit à toute la terre. Heureusement Pie IX, Léon XIII, saint Pie X, Pie XII furent des pasteurs vigilants et, à leur époque, de bons curés et leurs paroissiens purent traverser sans trio de dommages cette crise moderniste. Aujourd'hui l'on s'interroge pour savoir pourquoi les évêques français n'ont plus personne pour assurer la mission sacerdotale dans leurs diocèses !
C'est par la grâce du sacerdoce que l'union au Christ continue de répandre la lumière de Dieu. En septembre 1950, Pie XII déclarait : «Il n'y a pas deux sortes d'hommes, les ouvriers et les non ouvriers, S'il faut choisir entre l'efficacité apostolique et l'intégralité sacerdotale, je choisis l'intégrité sacerdotale.» Malheureusement, l'autorité du pape n'a cessé d'être grignotée. Le nouveau clergé, très ouvert, a cultivé le dialogue, l'écoute, le partage et d'est débarrassé progressivement de ce qu'il considérait comme des «tabous du concile de Trente». Mais dès lors que les démocraties se débarrassent de l'autorité, elles ne savent plus ou elles vont !
«L'Église est le corps du Christ» , dit saint Paul. Le sacerdoce procède en effet explicitement du Christ. Pourtant les nouveaux évêques semblaient travailler pour une autre Église, oubliant que l'essentiel consiste toujours dans une réponse personnelle à l'appel de Dieu par une vie intérieure loyale à l'égard de la divinité du Christ, au service de l'Église et du salut des âmes. Dans le cas contraire, l'Église a peut-être des domestiques mais plus de prêtres de Notre Seigneur Jésus-Christ. Dans ses encycliques, Pie XII a remis fermement à leur place les théologiens modernes : «Ils ont la mission de montrer de quelle manière ce qui est enseigné par le magistère vivant est explicitement et implicitement» trouvé dans la Sainte Écriture et la divine Tradition. Les sciences sacrées vivent toujours une éternelle jeunesse, tandis que toutes les spéculations qui négligent le dépôt sacré ne peuvent être que stériles. Les théologiens de la démocratie n'ont pas voulu comprendre. Certains sont même morts cardinaux mais, comme les barbares du IVe siècle, ils ont laissé un champ de ruines.
[...]
Le 19 mai 1952, François Marty fut sacré évêque à la cathédrale de rodez par Mgr Dubois, en présence du cardinal Saliège et d'un parterre de chanoines des deux diocèses. la liturgie fut admirable. Il est cependant regrettable qu'à l'issue de la cérémonie personne n'aie rendu hommage à Mgr de Ligonnès et à Mgr Chaillol qui avaient bâti le diocèse et aux deux sulpiciens, les pères Valat et Robert, qui avaient formé tant de prêtres.
Peu après, dans le diocèse, une véritable «orchestration» se mit en place comme celle qui avait provoqué un grand vacarme lors de la Libération. Il était exigé que le clergé séculier adoptât une allure de prolétaire. Il ne devait pas s'équiper de voitures neuves de façon à être plus près de la classe ouvrière. En matière de liturgie, il fallait remiser les ornements dorés qui risquaient de donner au culte une allure trop triomphaliste. Se mit alors en place un culte de la pauvreté et du prolétariat [...] En fait, il importait à la nouvelle Église de s'imposer par tous les moyens, de discréditer la fonction de curé de paroisse.
Tous les curés que l'on voulait déconsidérer ou évincer, étaient accusés des pires fautes. S'ils avaient un compte en banque, «c'est qu'ils faisaient de la spéculation boursière». On alla même jusqu'à faire courir le bruit qu'ils subornaient les personnes âgées. Au cours de cette pitoyable comédie ecclésiastique, l'abbé Montheil recevait des lettres anonymes, véritables chef d'oeuvre de méchanceté et de fourberie. [...] Les évêques, fatigués, en vinrent à écouter les grandes voix de l'Action catholique. Ayant connu les tragédies de l'Occupation, ils tentaient de «sauver leur mitre» comme ils le pouvaient, selon l'expression bien connue : «Je suis leur chef, je dois donc les suivre». Certains prélats se sont même fait photographier avec une vieille 2 CV, en train d'embarquer un autostoppeur, persuadés d'avoir ainsi atteint des sommets de charité chrétienne ! Les aumôniers quant à eux s'étaient déjà fondus dans le peuple; leurs jeans et leurs chandails en disaient sur eux plus long que la soutane abandonnée. C'est ainsi que l'Église de France plongea dans le bain dont elle espérait un miraculeux rajeunissement. Mais comme tout processus démocratique, l'Action catholique n'a finalement apporté que ruines et violence.
Mars 1955, Mgr Menard évêque de Rodez.
Pendant les cinq ou six premières années, Mgr Menard donna des preuves d'une grande intelligence et d'une profonde connaissance de la psychologie ecclésiastique. Mais sa grande distinction s'accompagnait aussi d'une nature très libérale. Par ailleurs, les aumôniers étaient à pied d'oeuvre pour lui rappeler, si nécessaire, de se conformer aux directives de l'Action catholique [...] Ce souci permanent des aumôniers était incontestablement de nature révolutionnaire; ils voulaient changer la mentalité du clergé jugée trop conservatrice.
Le nouvel évêque céda progressivement à ses adversaires, bien que très attaché aux belles liturgies et ayant en horreur la vulgarité. Mais voilà que, lors d'une visite à Saint-Côme, les prêtres de la région refusèrent de l'assister dans ses préférences liturgiques. Aussi incroyable que cela puisse paraître, il s'en trouva certains capables de telles indélicatesses inacceptables de grossièreté. [...] En raison de ce malaise qui s'instaurait, le nouvel évêques et les aumôniers recommandèrent de respecter «l'union diocésaine». Quelle imposture ! Après avoir tout démoli et imposé leurs diktat, ces «rapaces» qui avaient détruit les structures anciennes et tout ce qui rappelait que l'on devait servir Dieu autrement, se donnaient le beau rôle. Tant d'orgueil a contribué à assécher la source qui donnait de nombreux prêtres au diocèse. Il aurait fallu les éloigner; les nouveaux évêques ne l'osèrent pas. Bien au contraire, ils approuvèrent la manoeuvre qui consistait à donner tous les postes importants aux fervents de la démocratie. Il fallait investir le diocèse par des nominations bien choisies !
Pour honorer les meilleurs, le nombre des chanoines honoraires augmentait chaque année d'une douzaine. Cet avalanche ne pouvait qu'en diminuer la qualité; c'était un véritable affolement dans le besoin de reconnaissance que traduisait cette débauche de nominations. Cette volonté de revenir à la "simplicité apostolique" a en définitive crée beaucoup de médiocrité et de vulgarité au nom de la sacro-sainte égalité républicaine.
Quelque chose fut cassée. La modernité n'est pas faite pour l'Église catholique. Une fausse notion de Dieu fut imposée avec cette liturgie tournée vers le peuple; tout fut sécularisé et le peuple crut qu'il devenait lui-même Dieu.
Juin 1960 [...]
L'A.C.O. occupe le Bassin [de Decazeville à Capdenac]
Les aumôniers avaient réussi à créer un véritable climat d'insécurité afin d'épurer le diocèse à leur profit, en mettant en oeuvre les plans élaborés dans les bureaux et les plus hautes sphères de la Conférence épiscopale de France. Il cherchaient à créer une unité entre toutes les paroisses du Bassin houiller afin de facilité leur nouvelle action sociale et religieuse et imposer le pouvoir démocratique. Comme pour les entreprises d'après-guerre, ils prévoyaient une «nationalisation des paroisses». C'était là l'expression d'un converti au socialisme. Quelle imposture !
Certains aumôniers ne manquaient jamais d'endoctriner leurs militants pour qu'il aillent transmettre au curé, comme à un commissaire du peuple, leurs conseils de sagesse. Mais dans cette euphorie démocratique, à se passionner pour une justice sociale irréaliste, on finit par oublier ses devoirs envers Dieu.
Il ne faisait aucun doute que c'était une invitation à abandonner les conceptions et idées des communautés familiales traditionnelles qu'étaient jusque-là les paroisses, à faire le choix de la démocratie et à refuser l'exercice de toute autorité ou juridiction qui concurrencerait celle du grand nombre. Le chanoine Gaubert venait régulièrement informer la paroisse des dernières réformes sur le plan religieux et scolaire. Il espérait voir naître une humanité nouvelle enfin débarrassée de toutes les injustices et erreurs que l'Église avaient consenties dans le passé. On aurait cru entendre ces marxistes qui baignaient à longueur de journée dans la révolution ! Comme tous les aumôniers de l'Action catholique, le chanoine Gaubert était persuadé que la richesse matérielle provoquerait immanquablement une plus grande disponibilité des personnes pour le service du Bon Dieu et de l'Église.
Au cours de la même période, les aumôniers de l'Action catholique décidèrent, contre l'avis du directeur de l'enseignement libre, le chanoine Blanc, de fermer l'école secondaire des filles de Cransac, qui connaissait pourtant un grand succès. L'évêque en était, une fois de plus, contrarié, mais il se soumit à l'exigence de la démocratie chrétienne.
L'école des filles de Cransac gênait ces messieurs de l'Action catholique, car sa direction et l'école n'étaient pas orientées vers l'Action catholique. C'était donc des hérétiques. Mais l'abbé Teyssedou était tellement décidé à faire des militants des élèves d'une classe, qu'il décréta un jour que tous étaient devenus jocistes. Cet abbé était tellement engagé qu'il fit même entrer six candidats jocistes sur la liste du parti communiste pour les élections municipales ! Cette malheureuse initiative contribua à causer quelques perturbations entre les deux évêchés, et la directrice, soeur Anna Salesse, commença à s'Inquiéter de cette nouvelle religion qui menaçait de tout ruiner.
A Capdenac, les écoles catholiques ne connaissaient pas de menace imminente. Les clercs de Saint-Viateur dirigeaient très bien l'école Saint-Louis et les religieuses du Saint-Coeur de Marie, faisaient de même à l'école Sainte-Jeanne d'Arc. Pourtant l'esprit nouveau et ses méthodes pénétraient peu à peu par les moindres fissures. L'Action catholique commençait à séduire les religieux. Des âmes, certes avides de bien, ne pouvaient se retenir d'adhérer à ces mouvements qui se donnaient pour vocation d'ébranler l'Église. C'est ainsi que, par exemple, s'effectua l'épuration au sein des bibliothèques. Personne n'ignore que les bons livres sont la source de toute vie spirituelle.
L'Action catholique entraîna ainsi le diocèse de Rodez dans une grande pauvreté intellectuelle et spirituelle en brisant cette unité de pensée et d'action tant chez les prêtres qu'au sein des familles chrétiennes. Elle bouleversa les principes traditionnels pour former des militants, mais cela se fit au dépens de la vie intérieure nécessaire au sacerdoce chrétien. Aucune action, même organisée, ne peut jamais se substituer à l'union à Dieu par le Christ. L'Église ne peut se passer du sacerdoce de Notre Seigneur Jésus-Christ. Le laïcat conciliaire ne semble pas l'avoir compris.
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