L'Église de France en chute libre

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L'Église de France en chute libre

Message non lu par Cinci » lun. 24 mai 2021, 3:06

Bonjour.

Voici quelques thèmes d'inspiration pour la prière ...

Le journal La Croix a publié le 6 juin 2014 un article très intéressant qui dresse l'état des lieux de la situation de l'Église catholique en France. Outre le fait que les données rapportées sont précises et clairement énoncées on ne peut accuser ce journal réputé progressiste de vouloir donner une image négative et pessimiste de l'Église de France.

On y apprend notamment qu'en 2000, si 50% d'une classe d'âge était baptisée, aujourd'hui ce taux est passé à 32%, soit une baisse de 1% par an. Pour rappel, ce taux était de 71% en 1980.

Les mariages, eux, ne pourront plus chuter tellement leur nombre devient faible; si 61% des mariages se faisaient à l'église en 1980, ils n'étaient plus que 16% en 2010. Pour le nombre de prêtres, le constat est le même, passant de 38 291 en 1980 à 13 822 en 2011, avec une moyenne d'âge de 72 ans !

Personne ne peut se réjouir d'un tel désastre, car il constitue non pas seulement le péril d'une institution, mais un péril pour la civilisation sur laquelle nos pays se sont forgés durant 2000 ans. Nos modes de vie et notre modèle - ou ce qu'il en reste - ne pourront être sauvés que par une restauration de l'Église catholique. La boussole de Vatican II, ce Concile qui devait donner une nouvelle jeunesse à l'Église, semble avoir indiqué le gouffre.

- Xavier Celtillos, «Religion catholique, Société», 17 juin 2014 cité dans Albert Montheil, Les 50 ans qui ont défait l'Église de France, 2016

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Re: L'Église de France en chute libre

Message non lu par Cinci » lun. 24 mai 2021, 3:24

«On ne peut nier que le Concile a solennellement consacré cette rupture et imposé la nouvelle Église que le monde ecclésiastique a fini par accepter. Ainsi est né un nouveau clergé que les conciles de Trente ou de Vatican I n'avaient jamais imaginé : un clergé démocrate qui emprunte beaucoup au socialisme français auquel «la pieuvre» s'est efforcée, pendant tout le XXe siècle, de convaincre l'Église, en faisant el siège du sommet de l'épiscopat, afin de réduire l'influence des curés dans leur paroisse, vider les noviciats et imposer le laïcat.

Dans l'Église de Notre Seigneur Jésus-Christ, le socialisme romantique français, fils naturel de la Révolution française, ne remplacera jamais la sainteté chrétienne, car la démocratie engendre médiocrité et indifférence. Mais le mal progresse. Le cardinal Ratzinger a reconnu lui-même qu'à la suite du Concile, il y avait eu 90 000 défections sacerdotales qui avaient gravement ébranlé l'Église. Beaucoup de ceux qui demandèrent leur réduction à l'état laïc eurent une fin lamentable. Comment ont-ils trouvé la paix ? »

A. Montheil, p. 193

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Re: L'Église de France en chute libre

Message non lu par Cinci » lun. 24 mai 2021, 5:21

Un nouveau chemin de croix ...

La Passion du Christ et de l'Église


- La passion du Christ ; Jésus est trahi par les siens
- L'Église : L'Église est trahie par ses pasteurs (évêques, cardinaux et peut-être le pape)

- Jésus-Christ se laisse arrêter et garroter sans résister
- L'Église envahie par ses ennemis est progressivement immobilisée

- Jésus est abandonné par ses apôtres qui se dispersent. Pierre le renie. Au pied de la Croix, il ne reste que Jean, seul fidèle.
- Le Pasteur est frappé (A Assise, le pape renie le Christ-Roi) et les brebis sont dispersées; les fidèles se divisent, même le petit reste des traditionnalistes.

- Jésus cache son autorité divine et se tait. S'il parle, il n'est pas écouté ni par les Juifs ni par Pilate.
- L'Église s'est privée d'autorité en se mettant à l'écoute du monde. Elle n'est plus écoutée, ni sur la morale, ni sur Dieu, ni surJésus-Christ dont elle ne témoigne plus.

- Jésus est faussement accusé puis abandonné par Pilate. Il est outragé.
- L'Église s'accuse faussement elle-même (les repentances) et perd son prestige.

- Jésus est crucifié comme un malfaiteur et avec deux d'entre eux.
- L'Église se met elle-même au rang des fausses religions (Assises et autres réunions)

- Jésus est exposé aux injures et moqueries des passants.
- L'Église est ridiculisée et moquée par les médias.

- Jésus meurt et est néanmoins frappé à mort par le coup de lance.
- L'Église semblera bientôt morte et cependant on l'achèvera par la persécution.

- Jésus disparaît aux yeux humains, mais dans l'obscurité du tombeau, sa divinité réalise le miracle de son image sur le linceul.
- Bientôt l'Église semblera avoir totalement disparu aux yeux des hommes, mais le petit reste sera en sécurité caché dans la solitude (Apocalypse 12, 5-6)

- Le troisième jour, Jésus ressuscite et pour les âmes simples, scandalisées et découragées, il justifie sa passion et sa mort :«Ne fallait-il pas qu'il souffrit tout cela pour entrer dans Sa Gloire ?»
- Pour nous aussi, après un temps limité par la Sagesse divine, l'Église reparaîtra vivante et témoignera de la Gloire de Dieu.

Source : Paul Chaussée, auteur d'un ouvrage sur le Suaire de Turin et sur la Providence divine.

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Re: L'Église de France en chute libre

Message non lu par nicolas-p » lun. 24 mai 2021, 9:57

Voici mon sentiment :

Patience. L'Eglise est déjà imperceptiblement en train de renaître doucement.

C'est si je puis m'exprimer ainsi, c'est un peu actuellement la séparation du bon grain de l'ivraie.

L'Eglise est épurée et seul un petit reste de fidèles persistera.

L'idéologie post mai 68 et les prêtres qui y ont adhéré amenant à édulcorer la liturgie et protestantiser l'Eglise, disparaissent avec leurs églises qui se vident, faute d' y trouver autre chose qu'un discours mièvre, creux et vide.
Est ce vraiment une perte?

A côté les séminaires plus traditionnels( et non les traditionalistes ) font recettes, leurs églises se remplissent .

Alors oui c'est une infime partie des français.
Mais en fait nombre de catholiques de " façade " ont déserté.
L'Eglise de demain, bien plus réduite certes, sera plus fervente et sainte.

Je ne suis pas sûr que Vatican II en soit responsable.

Je pense surtout que certains ont profité de Vatican II pour "sortir du bois" et amener certaines déviances :

La fameuse phrase de Paul VI: " la fumée de Satan..." évoquant il me semble ces loups qui ont dévoyé Vatican II en vue de leurs intérêts.

L'Ecriture, le catéchisme et les révélations privées ( Akita, la Salette notamment ) nous ont annoncés cela.

Attendons avec confiance ce Renouveau.

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Re: L'Église de France en chute libre

Message non lu par Cinci » mer. 26 mai 2021, 0:20

La chronique d'un prêtre français ...


"... en cette année 1950, l'Action catholique spécialisée n'avait pas manqué de tirer largement profit de l'ouverture de l'Église au libéralisme; c'était une nouvelle Église qui naissait ! Désormais les évêques pouvaient être critiqués, voire accusés, par les militants de J.O.C. Les accusations portaient sur la manière de gouverner l'Église, sur la liturgie, les sources du dogme, les problèmes sociaux et familiaux et même sur la position officielle de Rome.

Un grand changement était en donc en perspective; on cessait de regarder vers le Ciel et la Tradition, pour instaurer une puissance nouvelle que certains aumôniers qualifiaient de «Peuple de Dieu». Jusque-là, l'Église du Christ n'avait cessé de lutter contre ce monde qui cherche à la neutraliser. Et voilà qu'elle se laissait séduire par ce mystérieux Peuple de Dieu. La classe ouvrière s'étant éloignée de l'Église, il fallait - disait-on - qu'elle s'en attribue la faute, qu'elle se reconnaisse coupable. Marxistes et docteurs d'Israël ne cessaient en effet de discourir sur la valeur thérapeutique des aveux !

Ces changements étaient le fruit des théories de la démocratie chrétienne que le Vatican avait semblé accepter. Le concile Vatican II était pourtant encore bien éloigné ! Mais les bureaux de la Conférence épiscopale et les centres de l'Action catholique spécialisée oeuvraient activement. La tempête frappa d'abord les séminaires diocésains [...] Désormais, l'action primait tout et l'expérience devenait inutile. Quant à la prière, elle n'était plus qu'une inutile perte de temps, il suffisait de s'ouvrir au monde. Dans cette débauche de rêves, de générosité mais aussi de démagogie, les notions d'autorité et de discipline s'effilochaient.

La société ecclésiastique était invitée à se livrer à un important travail d'Initiation. Tous les diocèses à des degré divers devaient s'y soumettre. L'euphorie de la Libération continuait à faire ses ravages. En fait de libération, cela avait été sa mise sous la tutelle par le monde anglo-américain !

Tout ce beau monde, épris d'apostolat, était absolument convaincu que tous les cultes religieux devaient un jour en arriver à s'unir pour présenter à Dieu une réponse unique. Pour y parvenir, il fallait changer l'autorité religieuse dans les paroisses, dans les diocèses et jusqu'au Vatican. L'Église nouvelle voulait s'occuper en priorité de l'homme. C'était la nouvelle réalité et tout le clergé se nourrissait de cette nouvelle théologie.

Les évêques ne se rendaient pas compte de ce profond changement. Quand ils réalisèrent le tragique de la situation, il était trop tard; ils étaient pris au piège. Certains en tombèrent malades. Ils avaient travaillé à ne pas contrarier ces chers aumôniers dont les expériences, les nouveautés, et même les grands nettoyages opérés avaient fini par faire déserter les églises, les couvents et les séminaires. Aucun ne trouva le courage de s'y opposer et de changer de direction à l'image de ce qui se passe dans les grandes révolutions du monde ! A la vérité, cette coupable entreprise, pleine de dangers, n'aurait pas réussi si les évêques avaient été plus vigilants et soucieux de préserver l'Église de toute attache au monde.»





12 août 1950, publication de l'encyclique Humani Generis du pape Pie XII


Le pape y rappelait aux chercheurs excités et aux théologiens prétendant tout savoir, qu'ils avaient à soumettre leurs travaux au contrôle du magistère. Il était plus que temps, mais le rappel était clair. Les spécialistes révolutionnaires en théologie et fervents de la démocratie, n'acceptèrent pas de s'y plier; Karl Rahner, Hans Küng, Robert Serou étaient adulés par la société intellectuelle, tandis que Teilhard de Chardin campait sur ses positions, et que de Lubac, Congar, Ratzinger, se préparaient à devenir les maîtres du Vatican. L'encyclique n'aura réussi qu'à freiner un temps le mouvement.

«Humani Generis» voulait avertir le clergé et surtout les évêques, que les doctrines modernistes faussaient gravement et ruinaient même les fondements de l'Église catholique. Malheureusement, les princes de l'Église et nombre d'évêques, manifestant leur attachement à la démocratie, prêtèrent une oreille complaisante aux discours de ces nouveaux théologiens.

Ce furent les principes de la J.A.C., véhiculés par l'abbé Adrien Bion, qui répandit dans les paroisses la nouvelle mentalité. En quelques années, le changement connut une accélération catastrophique en matière de piété familiale et de manifestation de la foi, avec des effets évidents sur le recrutement sacerdotal. Le curé n'avait plus la moindre autorité, même sa compétence religieuse était discutée. Quelques années plus tard, on en vint à parler du «sacerdoce du laïcat».

«Entrer en mission» était devenu le mot d'ordre obsessionnel, comme le travail forcé dans les républiques soviétiques. Plus besoin de curé, ni de paroisses. La Mission de Paris, et la Mission de France avaient tout pénétré avec les aumôniers spécialisés et la diffusion du livre de l'abbé Gaudin France Pays de Mission. Les curés dans leur presbytère courbaient la tête, attendant que la tempête passe. Elle ne s'est jamais calmée et le diocèse a changé, avec une débauche de sentimentalisme et de socialisme chrétien. Les bons pasteurs exerçaient leur apostolat dans l'indifférence générale, que venait troubler de temps à autre le départ de l'un d'eux vers la phalange des prêtres ouvriers. C'était là, désormais, la forme prétendue la plus haute de la sainteté sacerdotale !

Dans le passé, des missionnaires étaient partis très loin porter l'évangile du Christ, avec une tout autre mentalité. Pour les prêtres ouvriers, il fallait propager la lutte des classes, beaucoup choisissant même d'abandonner le sacerdoce pour être mieux accueillis. Finalement, la grande machine de la haine sociale les a broyés. Le danger est venu également des intellectuels qui voulaient prouver qu'ils avaient raison, mettant en avant des expériences discutables; leur enthousiasme conquérant était animé que par l'orgueil. Dans chaque génération d'ecclésiastiques, on retrouve toujours les mêmes, prêts à contester l'autorité.»

p. 107

(à suivre)

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Re: L'Église de France en chute libre

Message non lu par Kerygme » mer. 26 mai 2021, 9:59

Je partage le sentiment de nicolas-p et non la sempiternelle propagande défaitiste de Cinci.
Ce n'est certes pas en regardant toujours en arrière qu'on peut voir l'Église d'aujourd'hui. Ce n'est pas non plus défendre l'Église d'agir ainsi mais de défendre une vision qu'on a de l'Église, une vision d'homme.

Ces moments, l'Église les a déjà traversés; ce n'est donc pas une nouveauté. Le Seigneur a toujours répondu en envoyant des saints.
Ce n'est donc pas de pessimisme ou de révoltes dont l'Église à besoin, mais de sainteté.
La révolte ne me semble pas être une voie compatible. Comme les exemples opposés de Luther et de St François d'Assisse : l'un s'est jeté dans la révolte qui a apporté le schisme, l'autre s'est plongé dans la sainteté et a donné du fruit en participant au relèvement de l'Église. Tout comme St Dominique face au catharisme.

Ce travail de sape n'impacte que ceux qui ont perdu confiance dans les paroles du Christ : "Et moi, je te le déclare : Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église ; et la puissance de la Mort ne l’emportera pas sur elle." (Matthieu 16,18).
Dernière modification par Kerygme le mer. 26 mai 2021, 10:04, modifié 1 fois.
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Re: L'Église de France en chute libre

Message non lu par Foxy » mer. 26 mai 2021, 10:04

Bonjour Cinci

Le dernier post concernant l'Action Catholique est-il toujours de Xavier Celtillos, «Religion catholique, Société» ?

Ayant été responsable de la JOCF, puis de l'ACE, je ne peux accepter cette vision qui est décrite, qui me semble plutôt contenir "les prophéties de Mgr Lefebvre".
Pour les prêtres ouvriers, il fallait propager la lutte des classes, beaucoup choisissant même d'abandonner le sacerdoce pour être mieux accueillis. Finalement, la grande machine de la haine sociale les a broyés.
Là aussi, c'est faux et d'ailleurs, ils sont toujours là, sous la responsabilité de l'évêques de leur diocèse pour la plupart, mais appartenant à des ordres comme la Mission de France, les Fils de la Charité et bien d'autres, ils sont associés à la Mission ouvrière.
La foi que j’aime le mieux,dit Dieu,c’est l’Espérance.
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Re: L'Église de France en chute libre

Message non lu par Kerygme » mer. 26 mai 2021, 10:14

Je souhaiterai ajouter que l'Église de France n'est pas toute l'Église, et que son problème est principalement franco-français. Si celle-ci doit chuter encore, elle trouvera son relèvement dans son universalité.

Je suis convaincu que Dieu à un plan pour l'Église de France, mais il faut parfois être abaissé avant d'être relevé.


Et parce que nous connaissons votre position anti François (qui est en réalité sous jacente à vos interventions) - et probablement même anti Benoit XVI - je souhaiterais vous poser une question directe Cinci après visionnage de cette vidéo (calée au bon endroit, durée de 40 secondes) :

https://youtu.be/xulydJfdSYo?t=4176

On ne pourra l'accuser d'être pro Vatican II, alors voici ma question :

étant donné qu'une des 3 conditions pour être catholique est de reconnaitre une autorité dans l'Église - autorité que vous niez sur ce forum et ailleurs avec grande pertinacité - assumée par des papes légalement élus par un conclave, alors : de quelle Église prenez vous la défense ? Celle que vous avez vraisemblablement rejetée en niant la validité de la chaire de St Pierre, ou une autre que vous essayez de reconstituer à coups de copier-coller et qui se veut singer la précédente ?

Tant pis si la modération me tombe dessus, Mais j'en ai assez des ambiguïtés et il faut appeler un chat : un chat.
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Re: L'Église de France en chute libre

Message non lu par Cinci » mer. 26 mai 2021, 16:09

(suite)


La promotion du laïcat pour gouverner l'Église fut une sorte de raffinement dans la trahison; il fallait que tous les catholiques deviennent démocrates, laïques et ouverts à toutes les formes de culte afin que la famille de Dieu s'étendit à toute la terre. Heureusement Pie IX, Léon XIII, saint Pie X, Pie XII furent des pasteurs vigilants et, à leur époque, de bons curés et leurs paroissiens purent traverser sans trio de dommages cette crise moderniste. Aujourd'hui l'on s'interroge pour savoir pourquoi les évêques français n'ont plus personne pour assurer la mission sacerdotale dans leurs diocèses !

C'est par la grâce du sacerdoce que l'union au Christ continue de répandre la lumière de Dieu. En septembre 1950, Pie XII déclarait : «Il n'y a pas deux sortes d'hommes, les ouvriers et les non ouvriers, S'il faut choisir entre l'efficacité apostolique et l'intégralité sacerdotale, je choisis l'intégrité sacerdotale.» Malheureusement, l'autorité du pape n'a cessé d'être grignotée. Le nouveau clergé, très ouvert, a cultivé le dialogue, l'écoute, le partage et d'est débarrassé progressivement de ce qu'il considérait comme des «tabous du concile de Trente». Mais dès lors que les démocraties se débarrassent de l'autorité, elles ne savent plus ou elles vont !

«L'Église est le corps du Christ» , dit saint Paul. Le sacerdoce procède en effet explicitement du Christ. Pourtant les nouveaux évêques semblaient travailler pour une autre Église, oubliant que l'essentiel consiste toujours dans une réponse personnelle à l'appel de Dieu par une vie intérieure loyale à l'égard de la divinité du Christ, au service de l'Église et du salut des âmes. Dans le cas contraire, l'Église a peut-être des domestiques mais plus de prêtres de Notre Seigneur Jésus-Christ. Dans ses encycliques, Pie XII a remis fermement à leur place les théologiens modernes : «Ils ont la mission de montrer de quelle manière ce qui est enseigné par le magistère vivant est explicitement et implicitement» trouvé dans la Sainte Écriture et la divine Tradition. Les sciences sacrées vivent toujours une éternelle jeunesse, tandis que toutes les spéculations qui négligent le dépôt sacré ne peuvent être que stériles. Les théologiens de la démocratie n'ont pas voulu comprendre. Certains sont même morts cardinaux mais, comme les barbares du IVe siècle, ils ont laissé un champ de ruines.

[...]

Le 19 mai 1952, François Marty fut sacré évêque à la cathédrale de rodez par Mgr Dubois, en présence du cardinal Saliège et d'un parterre de chanoines des deux diocèses. la liturgie fut admirable. Il est cependant regrettable qu'à l'issue de la cérémonie personne n'aie rendu hommage à Mgr de Ligonnès et à Mgr Chaillol qui avaient bâti le diocèse et aux deux sulpiciens, les pères Valat et Robert, qui avaient formé tant de prêtres.

Peu après, dans le diocèse, une véritable «orchestration» se mit en place comme celle qui avait provoqué un grand vacarme lors de la Libération. Il était exigé que le clergé séculier adoptât une allure de prolétaire. Il ne devait pas s'équiper de voitures neuves de façon à être plus près de la classe ouvrière. En matière de liturgie, il fallait remiser les ornements dorés qui risquaient de donner au culte une allure trop triomphaliste. Se mit alors en place un culte de la pauvreté et du prolétariat [...] En fait, il importait à la nouvelle Église de s'imposer par tous les moyens, de discréditer la fonction de curé de paroisse.

Tous les curés que l'on voulait déconsidérer ou évincer, étaient accusés des pires fautes. S'ils avaient un compte en banque, «c'est qu'ils faisaient de la spéculation boursière». On alla même jusqu'à faire courir le bruit qu'ils subornaient les personnes âgées. Au cours de cette pitoyable comédie ecclésiastique, l'abbé Montheil recevait des lettres anonymes, véritables chef d'oeuvre de méchanceté et de fourberie. [...] Les évêques, fatigués, en vinrent à écouter les grandes voix de l'Action catholique. Ayant connu les tragédies de l'Occupation, ils tentaient de «sauver leur mitre» comme ils le pouvaient, selon l'expression bien connue : «Je suis leur chef, je dois donc les suivre». Certains prélats se sont même fait photographier avec une vieille 2 CV, en train d'embarquer un autostoppeur, persuadés d'avoir ainsi atteint des sommets de charité chrétienne ! Les aumôniers quant à eux s'étaient déjà fondus dans le peuple; leurs jeans et leurs chandails en disaient sur eux plus long que la soutane abandonnée. C'est ainsi que l'Église de France plongea dans le bain dont elle espérait un miraculeux rajeunissement. Mais comme tout processus démocratique, l'Action catholique n'a finalement apporté que ruines et violence.




Mars 1955, Mgr Menard évêque de Rodez.


Pendant les cinq ou six premières années, Mgr Menard donna des preuves d'une grande intelligence et d'une profonde connaissance de la psychologie ecclésiastique. Mais sa grande distinction s'accompagnait aussi d'une nature très libérale. Par ailleurs, les aumôniers étaient à pied d'oeuvre pour lui rappeler, si nécessaire, de se conformer aux directives de l'Action catholique [...] Ce souci permanent des aumôniers était incontestablement de nature révolutionnaire; ils voulaient changer la mentalité du clergé jugée trop conservatrice.

Le nouvel évêque céda progressivement à ses adversaires, bien que très attaché aux belles liturgies et ayant en horreur la vulgarité. Mais voilà que, lors d'une visite à Saint-Côme, les prêtres de la région refusèrent de l'assister dans ses préférences liturgiques. Aussi incroyable que cela puisse paraître, il s'en trouva certains capables de telles indélicatesses inacceptables de grossièreté. [...] En raison de ce malaise qui s'instaurait, le nouvel évêques et les aumôniers recommandèrent de respecter «l'union diocésaine». Quelle imposture ! Après avoir tout démoli et imposé leurs diktat, ces «rapaces» qui avaient détruit les structures anciennes et tout ce qui rappelait que l'on devait servir Dieu autrement, se donnaient le beau rôle. Tant d'orgueil a contribué à assécher la source qui donnait de nombreux prêtres au diocèse. Il aurait fallu les éloigner; les nouveaux évêques ne l'osèrent pas. Bien au contraire, ils approuvèrent la manoeuvre qui consistait à donner tous les postes importants aux fervents de la démocratie. Il fallait investir le diocèse par des nominations bien choisies !

Pour honorer les meilleurs, le nombre des chanoines honoraires augmentait chaque année d'une douzaine. Cet avalanche ne pouvait qu'en diminuer la qualité; c'était un véritable affolement dans le besoin de reconnaissance que traduisait cette débauche de nominations. Cette volonté de revenir à la "simplicité apostolique" a en définitive crée beaucoup de médiocrité et de vulgarité au nom de la sacro-sainte égalité républicaine.

Quelque chose fut cassée. La modernité n'est pas faite pour l'Église catholique. Une fausse notion de Dieu fut imposée avec cette liturgie tournée vers le peuple; tout fut sécularisé et le peuple crut qu'il devenait lui-même Dieu.


Juin 1960 [...]


L'A.C.O. occupe le Bassin [de Decazeville à Capdenac]

Les aumôniers avaient réussi à créer un véritable climat d'insécurité afin d'épurer le diocèse à leur profit, en mettant en oeuvre les plans élaborés dans les bureaux et les plus hautes sphères de la Conférence épiscopale de France. Il cherchaient à créer une unité entre toutes les paroisses du Bassin houiller afin de facilité leur nouvelle action sociale et religieuse et imposer le pouvoir démocratique. Comme pour les entreprises d'après-guerre, ils prévoyaient une «nationalisation des paroisses». C'était là l'expression d'un converti au socialisme. Quelle imposture !

Certains aumôniers ne manquaient jamais d'endoctriner leurs militants pour qu'il aillent transmettre au curé, comme à un commissaire du peuple, leurs conseils de sagesse. Mais dans cette euphorie démocratique, à se passionner pour une justice sociale irréaliste, on finit par oublier ses devoirs envers Dieu.

Il ne faisait aucun doute que c'était une invitation à abandonner les conceptions et idées des communautés familiales traditionnelles qu'étaient jusque-là les paroisses, à faire le choix de la démocratie et à refuser l'exercice de toute autorité ou juridiction qui concurrencerait celle du grand nombre. Le chanoine Gaubert venait régulièrement informer la paroisse des dernières réformes sur le plan religieux et scolaire. Il espérait voir naître une humanité nouvelle enfin débarrassée de toutes les injustices et erreurs que l'Église avaient consenties dans le passé. On aurait cru entendre ces marxistes qui baignaient à longueur de journée dans la révolution ! Comme tous les aumôniers de l'Action catholique, le chanoine Gaubert était persuadé que la richesse matérielle provoquerait immanquablement une plus grande disponibilité des personnes pour le service du Bon Dieu et de l'Église.

Au cours de la même période, les aumôniers de l'Action catholique décidèrent, contre l'avis du directeur de l'enseignement libre, le chanoine Blanc, de fermer l'école secondaire des filles de Cransac, qui connaissait pourtant un grand succès. L'évêque en était, une fois de plus, contrarié, mais il se soumit à l'exigence de la démocratie chrétienne.

L'école des filles de Cransac gênait ces messieurs de l'Action catholique, car sa direction et l'école n'étaient pas orientées vers l'Action catholique. C'était donc des hérétiques. Mais l'abbé Teyssedou était tellement décidé à faire des militants des élèves d'une classe, qu'il décréta un jour que tous étaient devenus jocistes. Cet abbé était tellement engagé qu'il fit même entrer six candidats jocistes sur la liste du parti communiste pour les élections municipales ! Cette malheureuse initiative contribua à causer quelques perturbations entre les deux évêchés, et la directrice, soeur Anna Salesse, commença à s'Inquiéter de cette nouvelle religion qui menaçait de tout ruiner.

A Capdenac, les écoles catholiques ne connaissaient pas de menace imminente. Les clercs de Saint-Viateur dirigeaient très bien l'école Saint-Louis et les religieuses du Saint-Coeur de Marie, faisaient de même à l'école Sainte-Jeanne d'Arc. Pourtant l'esprit nouveau et ses méthodes pénétraient peu à peu par les moindres fissures. L'Action catholique commençait à séduire les religieux. Des âmes, certes avides de bien, ne pouvaient se retenir d'adhérer à ces mouvements qui se donnaient pour vocation d'ébranler l'Église. C'est ainsi que, par exemple, s'effectua l'épuration au sein des bibliothèques. Personne n'ignore que les bons livres sont la source de toute vie spirituelle.

L'Action catholique entraîna ainsi le diocèse de Rodez dans une grande pauvreté intellectuelle et spirituelle en brisant cette unité de pensée et d'action tant chez les prêtres qu'au sein des familles chrétiennes. Elle bouleversa les principes traditionnels pour former des militants, mais cela se fit au dépens de la vie intérieure nécessaire au sacerdoce chrétien. Aucune action, même organisée, ne peut jamais se substituer à l'union à Dieu par le Christ. L'Église ne peut se passer du sacerdoce de Notre Seigneur Jésus-Christ. Le laïcat conciliaire ne semble pas l'avoir compris.

p. 115

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Re: L'Église de France en chute libre

Message non lu par Cinci » mer. 26 mai 2021, 17:00

Bonjour Foxy,
Bonjour Cinci

Le dernier post concernant l'Action Catholique est-il toujours de Xavier Celtillos, «Religion catholique, Société» ?

Ayant été responsable de la JOCF, puis de l'ACE, je ne peux accepter cette vision qui est décrite, qui me semble plutôt contenir "les prophéties de Mgr Lefebvre"
Oui, le premier message qui contenait des statistiques était une citation de Xavier Celtillos.

Pour la chronique du prêtre français qui raconte ses souvenirs, il n'est indiqué nulle part qu'il aurait dû être un traditionaliste, un affilié de Mgr Lefebvre. Il s'agissait d'un membre régulier du clergé qui aura officié comme curé normal dans une paroisse française normale jusqu'en 1976 [ordonné prêtre en 1935]. Pendant les années subséquentes, il aura continué de suppléer dans les paroisses voisines en offrant une aide d'appoint. C'est le chanoine Albert Montheil [1910-2008]

Il livre sa vision des choses. Elle sera subjective forcément.

Personnellement, je trouve intéressant de voir sous sa plume à quel point la dynamique que l'on associe tout le temps à Vatican II, et comme si ce devait être uniquement le concile lui-même qui en serait la source, se serait déjà trouvé présent, et bien présente, dès les premières années de l'immédiat après-guerre. Selon lui, cette dynamique aurait trouvé sa source dans la démocratie chrétienne et pouvait trouvé comme agents de transformation ces aumôniers dont il parle, des gens associés aux groupes d'action catholique. Accessoirement, on pourrait y voir une forte influence du marxisme, communisme. C'est quand même vrai que le communisme avait du poids en Europe dans les années d'après-guerre, surtout parmi les intellectuels.

Il y a deux-trois ans, - tout à fait indépendemment - je me souviens d'avoir lu un ouvrage d'une grande personnalité publique de chez nous. Un bonhomme très important qui aura joué un rôle clé dans l'administration publique du Québec. Un laïc, Guy Rocher. Il racontait ses souvenirs de jeunesse du temps qu'il était un catholique pieux , comment il était entré dans l'un de ces mouvements de jeunesse catholique à la fin des années 1930 et juste avant la guerre; une fois la guerre terminée, mais comment il avait pu effectuer un long séjour de perfectionnement en France, auprès de ces milieux de l'Action catholique. Il disait que c'était à ce moment-là qu'il en était venu progressivement à perdre la foi. Son feu sacré pour la foi catholique s'étant transféré en quelque sorte vers cet autre feu sacré qui, lui, ne l'aura jamais plus quitté par la suite, sa flamme pour l'action sociale, le socialisme, le progrès et le laïcisme bien entendu.

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Re: L'Église de France en chute libre

Message non lu par Thurar » mer. 26 mai 2021, 20:24

Kerygme a écrit :
mer. 26 mai 2021, 10:14
Je souhaiterai ajouter que l'Église de France n'est pas toute l'Église, et que son problème est principalement franco-français. Si celle-ci doit chuter encore, elle trouvera son relèvement dans son universalité.

Je suis convaincu que Dieu à un plan pour l'Église de France, mais il faut parfois être abaissé avant d'être relevé.


Et parce que nous connaissons votre position anti François (qui est en réalité sous jacente à vos interventions) - et probablement même anti Benoit XVI - je souhaiterai vous poser une question directe Cinci après visionnage de cette vidéo (calée au bon endroit, dureé de 40 secondes) :

https://youtu.be/xulydJfdSYo?t=4176

On ne pourra l'accuser d'être pro Vatican II, alors voici ma question :

étant donné qu'une des 3 conditions pour être catholique est de reconnaitre une autorité dans l'Église - autorité que vous niez sur ce forum et ailleurs avec grande pertinacité - assumée par des papes légalement élus par un conclave, alors : de quelle Église prenez vous la défense ? Celle que vous avez vraisemblablement rejetée en niant la validité de la chaire de St Pierre, ou une autre que vous essayez de reconstituer à coups de copier-coller et qui se veut singer la précédente ?

Tant pis si la modération me tombe dessus, Mais j'en ai assez des ambiguïtés et il faut appeler un chat : un chat.
On peut toujours ratiociner pendant des heures, à tordre les textes de Vatican II pour démontrer qu'ils sont en accord avec la tradition. Mais le fait est que la plupart des fidèles, qui sont loin de tout ce charabia de grands clercs, ne sont pas de cet avis et ont déserté en masse les églises. Et ce sont surtout les petites gens qui ont abandonné la foi. Le fidèle de base (dont je fais partie) est très loin de ces hautes discussions théologiques, mais il voit bien que la religion n'est plus la même...
Patrick Buisson développe longuement sur ce sujet dans son dernier livre, La fin d'un monde. Il y a plusieurs chapitres sur le concile V II.

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Re: L'Église de France en chute libre

Message non lu par Foxy » mer. 26 mai 2021, 20:33

Merci Cinci pour votre réponse, mais doit-on se fier juste à une ou deux personnes pour dénigrer l'Action Catholique ?

Je n'ai pas connu le début de l'AC, mais mes parents oui et nous après, nous avons continué.

Savez-vous ce qu'est l'Action Catholique ?
Apostolat des laïcs organisé sous deux formes principales : l’Action catholique générale et l’Action catholique spécialisée par milieux sociaux. Les mouvements d’Action catholique pratiquent la relecture de vie à la lumière de l’Évangile selon une méthode qui peut se résumer ainsi "voir, juger, agir".
https://eglise.catholique.fr/glossaire/ ... atholique/

L'aumônier aide à relire la vie à la lumière de l'Evangile. Il n'y a rien de communiste ou de marxiste et il y a eu beaucoup de vocations : j'en connais plusieurs qui sont entrés en religion, prêtres, religieuses.
La foi que j’aime le mieux,dit Dieu,c’est l’Espérance.
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Re: L'Église de France en chute libre

Message non lu par Kerygme » jeu. 27 mai 2021, 10:14

Bonjour Thurar,


Il n'y a aucune subtilité de raisonnement dans mon propos mais juste un rappel aux bases de ce qu'est être catholique : c'est être un disciple de Jésus-Christ dans l'Église catholique, et on ne l'est plus lorsqu'on ne satisfait plus à une des trois conditions qui sont (niveau propédeutique 1ere année, ce n'est donc pas de la haute théologie) :

- être baptisé
- avoir la foi et la professer
- reconnaitre qu'il y a une autorité dans l'Église (qui est une vérité de foi).

A chacun de faire un état des lieux.
« N’aimons pas en paroles ni par des discours, mais par des actes et en vérité. » (1Jean 3,18)

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Re: L'Église de France en chute libre

Message non lu par Cinci » jeu. 27 mai 2021, 21:26

Merci thurar !
thurar :

On peut toujours ratiociner pendant des heures, à tordre les textes de Vatican II pour démontrer qu'ils sont en accord avec la tradition. Mais le fait est que la plupart des fidèles, qui sont loin de tout ce charabia de grands clercs, ne sont pas de cet avis et ont déserté en masse les églises. Et ce sont surtout les petites gens qui ont abandonné la foi. Le fidèle de base (dont je fais partie) est très loin de ces hautes discussions théologiques, mais il voit bien que la religion n'est plus la même...
Ils ne sont pas de cet avis en effet.

Cinci
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Re: L'Église de France en chute libre

Message non lu par Cinci » jeu. 27 mai 2021, 21:41

Bonsoir Foxy,
Foxy :

Merci Cinci pour votre réponse, mais doit-on se fier juste à une ou deux personnes pour dénigrer l'Action Catholique ?
Je n'ai pas de raison de penser que je me trouverais en présence des mémoires d'un affabulateur. Si je pense au prêtre qui avait écrit ses mémoires : je ne vois pas pourquoi il aurait dû tout inventer. Je vous ai dit que c'était sa vision des choses. Elle est assurément colorée d'un peu de subjectivité. Comme toutes les mémoires.

Ensuite, pour les souvenirs de jeunesse de mon ancien haut-fonctionnaire et auquel j'ai fait allusion : je n'ai pas dit qu'il s'amusait à dénigrer l'Action Catholique.

Bien loin de dénigrer ou renier ses anciennes expériences avec ces groupes catholiques de l'époque : il avait trouvé l'expérience fantastique, stimulante et tout ce que vous voulez. Seulement, il avait perdu la foi. Et c'était clair dans son esprit comment fut déterminant pour lui la mise en contact avec la pensée nouvelle des penseurs en vogue du temps, tout le brassage d'idées socialisantes et démocratisantes d'auteurs comme Mounier, les restes du sillonisme de Marc Sangnier, la révélation des nouveaux théologiens et toutes les idées en l'air qui se brassaient à l'époque, avec l'optimisme de la période.

Les mouvements de jeunesse en question avaient pu servir de caisse de résonnance pour diffuser la pensée "révolutionnaire" chez un jeune homme sortant tout juste d'un milieu traditionnel pas mal protégé.

Le témoignage personnel de l'un sans lien avec l'autre dénote quand même l'idée à quel point l'on pouvait se passionner pour autre chose qu'une certaine vision traditionnelle de la foi catholique, chez des jeunes, après la guerre, et comment des milieux catholiques ou des organisations catholiques pouvaient être perméables à l'air du temps, les idées à la mode.
Savez-vous ce qu'est l'Action Catholique ?
Assez vaguement. De loin. J'en saurais uniquement ce que d'autres pourraient m'en dire.

L'aumônier aide à relire la vie à la lumière de l'Evangile. Il n'y a rien de communiste ou de marxiste et il y a eu beaucoup de vocations : j'en connais plusieurs qui sont entrés en religion, prêtres, religieuses.
Oui, mais une chose n'empêche pas l'autre. Vous le savez.

Le point ce n'est pas de se demander si l'Action Catholique avait pu être bénéfique à plusieurs. C'est juste voir que les groupes crées au temps de Pie XI, et incitant les jeunes à 'impliquer activement dans la société et en vue de la transformer bien sûr, quand l'espoir était de re-christianiser la société, auront pu accessoirement servir aussi de tremplin pour nourrir une envie de reformater l'Église.

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