Car c'est peut-être la question qu'il faut se poser : comment un pape peut-il faire œuvre de prédication dans une société qui a abandonné tous les repères du catholicisme?
La société a abandonné les valeurs catholiques principalement parce que l'Eglise ne les a plus transmises ! Et François est le continuateur de cette Eglise qui ne sait plus ou ne veut plus transmettre correctement la foi. Vous affirmez qu'il est très au fait de la Tradition. Permettez-moi d'en douter fortement. Si c'était le cas, il ne chercherait pas à promouvoir une paix purement humaine et à rabaisser le catholicisme au rang de simples convictions personnelles, mais il proclamerait comme Pie XI :
Convaincus qu'il est très rare de rencontrer des hommes dépourvus de tout sens religieux, on les voit nourrir l'espoir qu'il serait possible d'amener sans difficulté les peuples, malgré leurs divergences, religieuses, à une entente fraternelle sur la profession de certaines doctrines considérées comme un fondement commun de vie spirituelle. C'est pourquoi, ils se mettent à tenir des congrès, des réunions, des conférences, fréquentés par un nombre appréciable d'auditeurs, et, à leurs discussions, ils invitent tous les hommes indistinctement, les infidèles de tout genre comme les fidèles du Christ, et même ceux qui, par malheur, se sont séparés du Christ ou qui, avec âpreté et obstination, nient la divinité de sa nature et de sa mission.
De telles entreprises ne peuvent, en aucune manière, être approuvées par les catholiques, puisqu'elles s'appuient sur la théorie erronée que les religions sont toutes plus ou moins bonnes et louables, en ce sens que toutes également, bien que de manières différentes, manifestent et signifient le sentiment naturel et inné qui nous porte vers Dieu et nous pousse à reconnaître avec respect sa puissance. En vérité, les partisans de cette théorie s'égarent en pleine erreur, mais de plus, en pervertissant la notion de la vraie religion ils la répudient, et ils versent par étapes dans le naturalisme et l'athéisme. La conclusion est claire: se solidariser des partisans et des propagateurs de pareilles doctrines, c'est s'éloigner complètement de la religion divinement révélée.
Quant au souci de se faire entendre par la société occidentale moderne, il ne doit pas conduire au relativisme et à l'acceptation d'idéologies incompatibles avec la vraie religion. Rappelons-nous de cette proposition condamnée par le Syllabus :
Le Pontife romain peut et doit se réconcilier et faire un compromis avec le progrès, le libéralisme et la civilisation moderne.
Je finirai avec l'inimitable Louis Veuillot :
« Suivre le courant ». C'est à quoi se résument ces fameuses inventions et ces grandes fiertés du libéralisme catholique.
Et pourquoi donc suivre le courant ! Nous sommes nés, nous sommes baptisés, nous sommes sacrés pour remonter le courant. Ce courant d'ignorance et de félonie de la créature, ce courant de mensonge et de péché, ce courant de boue qui porte à la perdition, nous devons le remonter et travailler à le tarir. Nous n'avons pas d'autre affaire au monde.
Notre histoire est le récit du triomphe de Dieu par la vérité désarmée de toute politique humaine à l'égard des princes et à l'égard du monde. Les païens étaient libéraux. Ils ont beaucoup voulu s'arranger avec l'Église. Ils ne lui demandaient que d'avilir un peu son Christ et de le faire descendre au rang de particulier divin.
Alors le culte aurait été libre ; Jésus aurait eu des temples comme Orphée et comme Esculape, et ls païens eux-mêmes, reconnaissant sa philosophie supérieure, l’auraient adoré.
En négociait cet accommodement, et pour aider à la transaction, le pouvoir public, poussé par les philosophes, les gens de lettres, les juifs, les astrologues et les apostats, persécutait les chrétiens. Il arrivait, dans les provinces, que la persécution prenait d'un coup de filet une église entière. L'Évêque, le clergé, les fidèles, les enfants, les néophytes étaient là devant le proconsul. Fréquemment le proconsul les conjurait de le mettre à même de les acquitter ; il ne leur demandait qu'un signe.
Ces chrétiens ne délibéraient pas, ne se disaient pas : Que deviendra l'Église et qui servira Dieu si nous mourons ? Ils confessaient le Dieu unique et ils mouraient. C'est ainsi qu'ils ont fait tomber le fer des mains du bourreau, ôté le glaive des mains de l’Empereur, et arraché le genre humain de l'abîme. Mais ce qu'ils avaient affirmé persécutés, ils ne l'ont pas renié vainqueurs. Ils avaient affirmé la royauté du Christ, ils l'ont établie, et la croix du Labarum a dominé la couronne impériale.