Voilà un triste compte rendu de la réunion Ecclésia 2007.
cf :
http://www.anuncioblog.com/index.php?20 ... -en-france
Tout ce que je déteste. Tous ces mots vides de sens commun du genre : "nous ecclésial" "être inspiré comme Jésus à la manière d’un poète ou d’un conteur" qui sont toujours et encore et encore des invitations à ne pas faire, à ne pas évangéliser.
On voit tout autour de nous nos églises se vider, nos séminaires se vider et on ose ergoter ...
On n'est pas sorti de l'auberge !
Et pendant ce temps là on désobéit au Saint Père en interdisant à des fidèles, attachés à la messe Saint Pie V, de pouvoir suivre leur messe.
Le monde à l'envers !
Pitié ! Pitié, Seigneur !
Contre toi et toi seul nous avons péché !
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« Ecclesia 2007 » : Le symptôme de la mutation difficile de l'Eglise en France
lundi 5 novembre 2007 Par Alex et Maud Lauriot Prevost, dans Actualité de la mission -# 319 - Fil RSS
L’événement Ecclésia 2007 à Lourdes fin octobre a nourri à juste titre une grande espérance, mais il a également témoigné qu’il reste encore un important chemin à parcourir à l’Eglise en France pour retrouver une dynamique missionnaire pertinente au plan de la foi et efficace au plan apostolique. Tentons de décrypter.
A Lourdes, nous nous sommes réjouis avec beaucoup d’autres de cet évènement unique depuis 40 ans – Ecclésia – qui a témoigné d’une mobilisation massive et exceptionnelle : près de 7.000 acteurs de la catéchèse et de la pastorale en France conscients que l’annonce de la Parole de Dieu devait maintenant sortir des salles de caté’ ; réjouissance également de constater que ce congrès était vécu dans un climat de prière, d’écoute et de méditation de la Parole de Dieu, grâce notamment à Enzo Bianchi. Ecclésia illustre en cela que le climat a changé en quelques années : jamais un tel rassemblement dans sa thématique et sa forme n’aurait été possible il y a même 10 ans ; il faut ici s’en réjouir. Se réjouir aussi d’un texte national de nos évêques sur la catéchèse (2002) qui porte en lui l’émergence d’un nouveau souffle missionnaire, et marque une étape salutaire.
Cependant, tous ces aspects positifs qui ont été relevés par la quasi-totalité des participants ne peuvent occulter les graves lacunes (voire errements) qui se sont glissées dans les enseignements de plusieurs intervenants ou débatteurs, qui n’ont été remarquées que par des observateurs avertis - prêtres, religieux, journalistes ou laïcs (et même évêques) - imprégnés notamment par tout l’enseignement et la spiritualité missionnaire de Jean-Paul II depuis 25 ans, impliqués sous des formes très diverses dans la « Nouvelle Evangélisation » depuis des années, engagés ou marqués par l’expérience des nouveaux mouvements et communautés, ou par les parcours missionnaires paroissiaux (Cours Alpha, Cellules Paroissiales, Kekako…). Comment ne pas en effet être profondément attristé par la domination toujours quasi-exclusive en France d’une certaine intelligentsia ecclésiale très orientée : celle-ci développe une rhétorique conceptuelle bien compliquée, une dialectique psychologisante, et au final fort décalée (voire en opposition sur certains aspects) par rapport aux enjeux et à l’enseignement missionnaire des derniers papes.
Pour illustrer cette analyse, on appréciera les propos de M. Moog, directeur de l’ISPC (Catho de Paris) insistant pour que le partage de la foi avec un non-croyant soit en fait un chemin pour découvrir le "nous ecclésial" puisque l’Esprit de Dieu est présent en quiconque (« la seule différence entre un croyant et un incroyant, c'est que l'un sait que l'Esprit habite en lui, l'autre non ») : pourquoi le chrétien aurait-il la prétention de « savoir » et l’autre « non » ? A écouter cet enseignement, pourquoi annoncer finalement la vérité et la référence universelle à l’Evangile puisque Dieu est indifféremment présent en chacun : c’est effectivement très prétentieux…
Pour sa part, le père Theobald sj (Centre Sèvres, Paris) soulignera l’opportunité d’être inspiré comme Jésus à la manière d’un poète ou d’un conteur (sic), de ne pas délivrer une vérité mais de se mettre à la hauteur des gens pour découvrir l’Evangile qu’exprime leur propre vie ; la pédagogie du Christ est d’être un simple "initiateur" d’un chemin personnel qui s’efface devant la liberté de l’autre ; le catéchiste est un "aîné dans la foi" qui "converse" avec chacun et donne "l'hospitalité" à l'autre avec "discrétion". A constamment insister dans ce sens, certains nous inviteront bientôt à raser les murs et à nous excuser de croire…
Enfin lors du grand débat du samedi, nous avons eu droit à un échange d’idées sur la difficulté contemporaine de « transmettre » des références et des valeurs, d’enraciner un peuple dans une culture et une tradition, et donc dans la foi chrétienne. Débat connu et rabaché depuis les années 60, qui ne caractérise d’ailleurs en rien les questions de la foi et de religion, mais celle de toute société humaine. De plus, ce débat est même contestable au regard de la mission de l’Eglise : la première évangélisation, la mission ad gentes sont des invitations à créer - d’une certaine manière - de profondes ruptures avec des systèmes de valeur ou de fonctionnement traditionnel, humain, historique, au sein d’une société ou d’une famille ; toutes les vies de saints l’illustrent à leur manière de façon exemplaire. Bref, ce fut là encore un débat au moins inutile (sinon erroné), alors que 7.000 personnes étaient en attente d’une parole puissante, forte… : pourquoi perdre ce temps ? N’était-ce pas plutôt à nos évêques de nous enseigner, nous exhorter, avec une parole missionnaire novatrice et visionnaire ?
Tout ce qui a été dit par les différents intervenants n’était pas totalement contraire à l’Evangile en tant que tel, heureusement ! Néanmoins, l’hypertrophie et le quasi-monopole de cet angle d’approche illustre le back-office théologique qui sous-tend la conception pastorale encore biaisée d’une partie de « l’appareil » ecclésial français : avec cette hantise collective idéologique et quasi-répulsive de certains chrétiens à se présenter comme héritiers et porte-parole de « la » vérité révélée (synonyme de prosélytisme ou d’intolérance), avec ces vestiges traumatisants et caricaturaux d’une Eglise triomphante qui n’est plus depuis si longtemps, il persiste ainsi une crainte viscérale d’apparaître en décalage avec le monde que l’Eglise a soit disant abusé dans le passé et dont il faut tout faire pour ne pas s’en couper. Nous connaissons trop bien l’argument suprême de cette orientation, présentant toujours comme viatique universel « l’esprit du Concile », expression qui résume si bien cette orientation étroite et biaisée de Vatican II contre laquelle Jean-Paul II et Benoît XVI se sont élevés avec tant de vigueur, premiers défenseurs et acteurs de la mise en œuvre du Concile, mais non de manière naïve : le monde n’est pas source de Révélation et de Sainteté en tant que tel - « vous êtes dans le monde et non du monde » nous dit le Christ - ; ce monde est le champ missionnaire de l’Eglise et de chaque baptisé, où l’Esprit nous précède et nous envoie pour annoncer humblement mais sans état d’âme la Bonne Nouvelle du Sauveur qui nous fait vivre.
A écouter la ligne directrice de l’enseignement d’Ecclésia, le rôle du catéchiste n’est plus vraiment de témoigner et de proposer le Christ comme « le » chemin, « la » vérité et « la » vie, mais plutôt comme « mon » ou « un » chemin, « ma » ou « une » vérité à découvrir au travers de la rencontre et du cheminement commun à l'écoute de son ressenti et d’un Dieu dont on ne sait plus vraiment qui il est. Des preuves ? Le rôle central du kérygme, l’objectif de la conversion au Christ, le don et l’expérience du Salut, l'accueil transformant et vivifiant de l'Esprit-Saint, l’expérience réelle d’une vie nouvelle que donne le Christ, le caractère incontournable de l’annonce explicite du Salut dans l'évangélisation (ancienne ou « nouvelle »), le rôle central de l’Eglise dans l’annonce et l’avènement du Salut pour tous les hommes... ont été de fait occultés des discours qui nous ont été proposés dans les principaux enseignements.
Au final, permettez-nous d’ironiser, non pour nous moquer, mais pour illustrer encore une fois tout le paradoxe dans lequel on se situe : à écouter certains intervenants d’Ecclesia, les apôtres étaient vraiment complètement dans l’erreur - à la Pentecôte - ils auraient dû se taire en sortant du Cénacle et commencer par écouter comment Dieu parlait à tous ces juifs et étrangers rassemblés à Jérusalem ; ils auraient alors découvert par un dialogue discret et individualisé la Vérité de Dieu qui habite le cœur de chacun… Oui, depuis près de 2000 ans, l'Église et ses innombrables apôtres qui ont donné toute leur vie et annoncé le Christ à temps et à contre-temps (jusqu'au martyr) se sont finalement complètement égarés : quelle prétention de détenir et d’annoncer « la » Vérité ! Quelle intolérance et manque d'écoute de la vérité de Dieu que chaque homme porte en lui !
La relecture commune de l’expérience centrale de la Pentecôte, voilà ce qui était selon nous l’enjeu central d’Ecclesia qui ambitionnait un renouvellement de l’annonce de l’Evangile en France. Or, ce ne fut malheureusement pas le cas. Pourtant, la soif d’entendre une parole résolument nouvelle et explicitement missionnaire qui porte du fruit apostolique était bel et bien présente à Lourdes ; or, Ecclesia a perdu beaucoup trop de temps et de moyens à analyser et décrire l’état de ce « monde » car toutes les personnes de « terrain » présentes vivent en confrontation permanente avec lui depuis des années. Peu nous importe les dissertations éculées sur notre société déboussolée et désormais hors du champ chrétien : c’est notre « pain quotidien ».
Par contre, ce qui ressortait des échanges en petits groupes et de certains forums, c’était cette soif d’une parole qui réoriente la manière d’opérer afin de faire davantage fructifier les efforts de chacun : informer sur les grandes données du christianisme, présenter ce qu’est la foi, transmettre des valeurs évangéliques, dérouler le programme des préparations aux sacrements, tout ceci ne suffit plus : nous faisons l’expérience réitérée que les fruits de ces approches sont d’une pauvreté affligeante en terme de conversion ou de renaissance de la foi ! Ceux qui « catéchisent » laborieusement dans une fidélité admirable font le constat de si nombreuses difficultés qui conduisent à tant d’échecs apostoliques. Il nous est donc nécessaire de changer de « braquet » pastoral : par compassion pour tous ceux qui nous entourent et qui souffrent tant de ne pas avoir rencontré le Sauveur, nous devons désormais aller droit au but, et il y a urgence !
Les personnes présentes à Ecclésia étaient donc selon nous en droit d’attendre autre chose afin de découvrir justement ce qui leur manque pour porter davantage de fruit dans leur apostolat : en effet, comme le reconnaît lui-même Mgr Dufour, qui organisait et présidait ce congrès : « la première annonce est primordiale, mais ce n'est pas dans notre culture, on se sait pas faire ! » reconnaissait-il durant la conférence de presse en répondant à un journaliste de KTO.
Alors pourquoi tant de circonvolutions périphériques alors qu’on n’aborde pas justement les questions essentielles ? Il eut été ainsi bien plus opportun de faire intervenir des témoins crédibles de l’expérience d’évangélisation et d’annonce fructueuse de l’Evangile afin d’aborder de manière pertinente des questions centrales : comment présenter le kérygme dans le monde d’aujourd’hui pour qu’il rejoigne la soif spirituelle latente de nos contemporains ? Comment témoigner de la vie nouvelle que donne le Christ de manière crédible pour toucher les cœurs, même parmi les plus endurcis ? Quels sont les exemples fructueux d’approches missionnaires explicites qui conduisent sur un chemin authentique de conversion ? Lorsque les cœurs sont vraiment touchés par la Parole, l’amour et la rencontre du Christ, grâce à l’exhortation et au témoignage explicite, il est alors tellement plus facile d’inviter à une catéchèse didactique. Tant en ont fait l’expérience de manières si diverses : pourquoi ne les a-t-on pas entendus ?
L’enjeu majeur de la « démarche catéchétique » est donc de ré-apprendre aux chrétiens à annoncer et témoigner de manière attirante et persuasive de l’expérience d’une vie nouvelle en Christ, ce qui conditionne la suite de tout processus d’engendrement à une vraie vie chrétienne.
Ce que révèle Ecclésia 2007 est finalement très clair (et fut partagé à Lourdes entre certains évêques, vicaires généraux, prêtres ou laïcs, journalistes) : le problème posé n’est pas celui de la catéchèse, il est avant tout celui de la foi de ceux qui prétendent annoncer l’Evangile. A chacun, le Christ repose la question centrale qu’il adressa à Pierre: « Pour toi, qui suis-je ? ». C’est la question de notre foi et de notre propre expérience existentielle du Salut. Comme catholique, quelle est ma foi en vérité ? Quelle est mon expérience de la rencontre du Christ Sauveur ? Quelle place ai-je donné à l’Esprit-Saint, « agent principal de l’évangélisation » (Jean-Paul II) ? De qui et de quoi je témoigne : de la rencontre du « seul » Sauveur (Saint Paul) ? Ou d’un groupe paroissial chaleureux et fraternel, d’un système de pensée avec ses rites religieux et ses dogmes, de valeurs humanistes faites de générosité, d’écoute, d’accueil ? Tout cela est bien et nécessaire, mais pour être crédible au plan apostolique, le Christ nous invite à tellement davantage !
A la nouvelle équipe épiscopale en charge de piloter l’Eglise en France de prendre la mesure de ce « débat » de fond et des nombreux enjeux et défis qui en découlent pour son orientation pastorale.
Que l’Esprit-Saint nous vienne en aide et nous conduise !
Alex et Maud LAURIOT PREVOST