Ensuite, on ne peut ignorer les raisons pour lesquels les conciles, dès les premiers siècles de l'Eglise (et non au moyen-âge, comme on le lit souvent...), on été amenés à considérer la nécessité du célibat des prêtres.
Ainsi, le concile d'Elvire, en 300-303 :
Il n'y a pas contradiction entre ces deux canons : si un évêque peut vivre avec sa fille (si elle est consacrée à Dieu), c'est parce qu'à l'époque il était courant d'ordonner des hommes ayant déjà femme et enfants. Mais ils doivent alors vivre dans l'abstinence.Denzinger a écrit :118
Can. 27. Un évêque, ainsi que tout autre clerc, n'aura avec lui que sa soeur ou sa fille si elle est consacrée à Dieu ; il a été décidé qu'en aucune manière il n'aura avec lui une étrangère.
119
Can. 33. Il a été décidé d'imposer l'interdiction absolu suivante aux évêques, aux presbytres et aux diacres, ainsi qu'aux clercs qui assurent le ministère : ils s'abstiendront de leurs épouses et n'engendreront pas d'enfants ; quiconque le fera, sera chassé du rang des clercs.
Cette règle du célibat avait été réaffirmée par le concile œcuménique de Nicée en 325 :
Il aura fallu quelques siècles pour que cette disposition soit appliquée dans l'Eglise latine (après que ce canon ait été réaffirmé par le 1er concile de Latran), et de toute évidence elle n'a jamais été pleinement appliquée dans les Eglises orientales (et je me demande bien comment les orientaux justifient leur position).3. Le grand Concile défend absolument aux évêques, aux prêtres, aux diacres, en un mot à tous les membres du clergé d'avoir (avec eux) une personne du sexe, à moins que ce soit une mère, une soeur, une tante, ou enfin les seules personnes qui échappent à tout soupçon.
Pourtant, le pape Sirice avait dès 385 expliqué le sens de ce célibat, et la raison pour laquelle on ne peut arguer du mariage des sacrificateurs juifs pour prétendre au mariage des prêtres chrétiens :
Denzinger 185 / Lettre de Sirice à Himère de Taragone a écrit :185
(Chap. 7, Par 8). Nous avons appris en effet que beaucoup de prêtres du Christ et de lévites, longtemps après leur consécration, ont procréé une descendance aussi bien de leur propre mariage que d'un commerce honteux, et qu'ils défendent leur méfait en prétextant qu'on lit dans l'Ancien Testament que la permission d'engendrer est accordée aux prêtres et aux ministres.
(Contre cet argument le pontife romain objecte (Par 9) Pourquoi a-t-il même été enjoint aux prêtres d'habiter loin de leur maison, au temple, l'année de leur tour de service ? Pour la raison qu'ils ne devaient avoir de commerce charnel pas même avec leurs femmes, de manière à briller par la pureté de leur conscience et à offrir ainsi un sacrifice agréable à Dieu.
(Par 10) C'est pourquoi après nous avoir illuminé par sa venue, le Seigneur Jésus atteste à son tour dans l'Evangile qu'il est venu accomplir la Loi et non l'abolir Mt 5,17. Et pour cette raison il a voulu que la forme de l'Eglise dont il est l'Epoux, brille de la splendeur de la chasteté, de manière qu'il puisse la trouver... " sans tache ni ride " (Ep 5,27) au jour du jugement, lorsqu'il viendra à nouveau. Par la loi indissoluble de ces dispositions nous sommes tous liés, prêtres et lévites, pour que du jour de notre ordination nous consacrions nos coeurs et nos corps à la sobriété et à la chasteté, de sorte que nous plaisions au Seigneur notre Dieu dans les sacrifices que nous offrons quotidiennement.
Pour clarifier l'argument de Sirice, je rappelle que les sacrificateurs du Temple de Jérusalem n'y servaient pas en permanence : ils étaient répartis en 24 classes sacerdotales, et chaque classe servait au Temple 2 semaines par an, plus 3 semaines où toutes les classes servaient en même temps (pendant les fêtes de pèlerinage, je suppose). Le reste de l'année, ils n'habitaient pas Jérusalem, et n'étaient pas tenus au même degré de pureté rituelle. Ca aussi, c'est expliqué dans la Bible (dans les Chroniques, par exemple). Ainsi, Zacharie, père de Jean le Baptiste, était de la 8e classe sacerdotale.
Et donc, concrètement, ce que dit Sirice, c'est qu'il est possible d'ordonner prêtre (ou diacre) des hommes mariés ayant des enfants, mais que du jour de leur ordination, ils doivent vivre dans l'abstinence : le prêtre dit la messe tous les jours, et pas seulement quelques jours par an.
J'avais il y a longtemps lu un article d'un canoniste américain (mais qui travaille aussi au Vatican) dans lequel il expliquait qu'en l'état actuel du droit canon, les diacres permanents (mariés) sont tenus à l'abstinence à partir du jour de leur mariage : ces dispositions sont conformes aux explications de Sirice, mais aussi à St Paul