Vous avez écrit sur un autre :
Et c’est sous cet éclairage que l’idée que vous défendez ici doit être analysée.Coco lapin a écrit : ↑dim. 28 janv. 2024, 23:32La remise de peine à titre gracieux est injuste puisqu'elle déroge au juste châtiment. C'est pour ça que Dieu ne peut pas l'exercer à fond.
Je ne sais pas si vous avez suivi tout le fil de la conversation mais nous parlons du cas hypothétique (théorique) où, que Dieu exempte le pécheur de sa peine temporelle ou non, cela reviendrait au même au niveau de la justice (il n'y aurait pas de décision moins juste que l'autre). Dans ce cas Dieu serait complètement libre de choisir l'une plutôt que l'autre, mais alors pourquoi ne choisit-il pas toujours d'exempter le pécheur de souffrances finalement superflues ? Deux réponses possibles : ou bien Dieu est cruel car il laisse les gens dans le barbecue sans autre raison que son bon plaisir, ou bien l'hypothèse de départ (selon laquelle, d'après St Thomas d'Aquin, ce ne serait pas agir contre la justice de n'exiger aucune satisfaction) est fausse et en réalité Dieu ne peut pas vraiment librement grâcier les âmes du purgatoire.
Le péché mortel nous mérite réellement l’enfer, peu importe le repentir subséquent et ultérieur, par conséquent toute personne en ayant commis qu’un seul, si nous suivons ce raisonnement que vous reprenez goulument à votre compte, devrait être damné.
De quoi désespérer de son salut (péché contre l’Esprit) ! En quoi Dieu, en toute justice, pourrait-il les en exempter ?
De fait et pour rendre crédible votre interpellation, vous avez simplement supprimé le message historique qui a abouti à Jésus-Christ… Oublié que le mystère est ce qui enveloppe la Révélation et tous les dogmes. Au lieu de l’approfondir, vous voulez le supprimer !
Car « l’exercer à fond » c’est bien ce qu’il a fait avec le bon larron : Jésus est-il injuste ?
A l’idée qu’il le puisse, puisqu’il l’a fait, au lieu de l’en remercier vous le considérez comme cruel d’y laisser les autres (sous-entendant qu’il ne le serait pas s’il y laissait tout le monde) : vous passez d’un extrême à l’autre, mais cette fois c’est par jalousie des grâces d’autrui (péché contre l’Esprit), car de fait il en est qui n’en bénéficient pas.
Ce qui fera penser à certains que l’enfer est peut-être vide, par une réaction légitime de défense ( ce qui est offenser la parole de Jésus et la rendre inoffensive, purement stratégique).
Ceux qui se repentent, comme le faisait observer Christian, en cela reconnaissent la justice que serait leur condamnation, car s’ils ne la reconnaissaient pas leur repentir ne serait pas sincère. Ce qui ne veut pas dire que la perspective de ce châtiment soit le motif de leur repentir : quelle valeur y donner !?
Ce qui en revanche donne tout son prix et son cout à la miséricorde.
C’est pourtant cette reconnaissance que vous refusez, en sous-entendant que le repentir soit lui aussi un acte gracieux, donc qu’ils ne reconnaissent pas avoir fait et voulu faire le mal mais avoir posé un acte dérogeant à la justice et se repentant « par amour » seulement non pas tant à cause de l’amour nouveau éprouvé envers Dieu, mais par simple amour de la justice.
Niant quelque peu ou oubliant que ce mal n’est pas qu’une entorse à la justice, à un concept, mais qu’il a bien fait du mal et détruit quelque chose dans la création, qu’il demande réparation.
Or là vous butez : depuis que la miséricorde s’est révélée, par le petit bout de la lorgnette avec laquelle vous la considérez, ce simple amour exclurait aussi l’absence de la condamnation, et il se révolterait d’être gracié car il ne comprendrait pas l’amour. La seule déduction à en tirer par la seule loi de la justice, c’est (péché contre l’Esprit) la prétention d’être sauvé sans mérite (car les mérites ne peuvent porter sur le péché commis, ils sont hors sujet au regard de la justice telle que premièrement définie) de la part de ceux qui espèrent l’être malgré tout.
Bref ne serait pas juste une justice qui s’exercerait autrement que par la volonté de Dieu, et vous flirtez bien avec les péchés contre l’Esprit Saint. C’est tout à fait factuel et non vous faire un procès sans raison – quant à votre intention, vous seul la connaissez mais dans l’attente de votre conversion, cela n’a aucune importance !
Combattre la vérité connue (péché contre l’Esprit), c’est combattre l’idée que la miséricorde soit « juste » (vu ce que vous définissez comme tel) et apporte à la justice ce qui lui manque pour l’être à cause de l’obligation de considérer la miséricorde comme appartenant à Dieu qui lui-même est juste . Or si elle n’est pas juste Dieu ne l’est plus, il vous faut bien l’envisager. Sa personne oblige à les intégrer l’une et l’autre, dans l’autre. Comme s’il y avait 2 idées de la justice en opposition.
Et je constate que vous vous en servez au détriment de la miséricorde alors que pour Dieu, c’est le contraire. D’où sort soit votre idée qu’il soit injuste, soit votre idée qu’il ne peut pas faire ce qu’il voudrait. Les 2 évidemment sont fausses, mais vous défendez la seconde au nom de l’intégrité de sa personne et parce que les choses ainsi présentées, la première est insoutenable.
L’enfer est un lieu de prévu pour ceux qui refusent Dieu. Est-il si compliqué de comprendre que justice et miséricorde sont dépassées et doivent être revues par cette simple idée et Dieu n’a pas besoin d’autre chose que d’être ce qu’il est pour savoir qui y sera : ce sont ceux qui lui déplairont ou ne le solliciteront pas d’une manière qui lui convienne.
Comprendre qu’au lieu de « partir » de l’idée de justice, ce que fait celui qui a enfoui son talent, pour sortir de cette impasse dans laquelle vous nous entrainez avec beaucoup d’énergie et d’application, il faut partir de celle de miséricorde, cela vous dépasse-t-il à ce point ? Votre démarche est-elle aussi naïve et probe qu’elle veut sembler l’être ? Quand une démarche aboutit à quelque chose qui contrarie le dogme ou le bon sens, n’a-t-on pas l’obligation d’en revoir les données et d’examiner sa conscience, de se poser des questions sur son intention de départ !
Vous cherchez à en éviter le sort par la conclusion que la miséricorde de Dieu est limitée, ce que confirmera un certain réalisme, mais c’est plutôt vous servir de cette réalité pour construire une explication qui est fausse car elle falsifie la personne même de Dieu, met en cause sa toute Puissance et sa miséricorde – justifie que vous vous y opposiez, à cette personne !
Il serait plus souhaitable et proche de la vérité de dire que vous ne croyez pas en Dieu ni en sa miséricorde…
Le père et théologien Garrigou Lagrange, peut-être le dernier à être reconnu comme tel par les tradis, écrivait : « l’erreur ce n’est pas dans ce qu’on affirme, mais dans ce qu’on nie ».
Ainsi, ce que vous affirmez n’est pas faux (aussi quand vous défendez la prière) mais faux en ce que vous vous en servez pour nier une autre vérité avec laquelle elle s’équilibre. Vous pouvez en rajouter des tonnes sur ce qui fait sa vérité, de votre bouche et vu l’usage que vous en faites, vous restez dans l’erreur et elle a de nombreuses conséquences.