Bonjour,
La crainte filiale, si je me souviens bien, grosso modo, cela signifie qu'on sert Dieu sans avoir pour motivation principale le ciel ou comme crainte l'enfer mais pour Dieu lui-même.
Mais quelque chose que je ne comprends pas : Si la crainte servile peut être au commencement de la communion avec Dieu, dès lors que l'on croit qu'il y a un enfer, un paradis, et même des rétributions différentes, comment passer à la crainte filiale puisque le Dieu auquel on croit parle de récompenses et que précisément, la récompense ( on parle parfois de vision béatifique ) est justement, semble-il, Dieu lui même ?
Si on aime Dieu lui-même, on ne peut que désirer être récompensé dans un certain sens non ?
J'ai hésité à mettre ce post dans spiritualité mais je pense qu'il est mieux ici...
Voilà, merci d'avance.
Comment s'articulent crainte servile et crainte filiale ?
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Re: Comment s'articulent crainte servile et crainte filiale ?
Bonjour, anachorète moderne !
-on note que l'objet de la crainte est toujours quelque chose de négatif. Nous craignons différentes choses qui ont un truc en commun: elles sont mauvaises. Mais Dieu est bon, il est même la source de la Bonté absolue, donc comment craindre la Bien ?
-mais il y a plus encore : la crainte s'oppose à l'espérance. Ce sont des notions en antinomie. Mais l'espérance est une vertu théologale, comment espérer en Dieu et, en même temps, craindre Dieu ?
Néanmoins, il est écrit : Qui ne vous craindrait, Roi des nations! C'est à vous que la crainte est due (Jer 10:7)
Pour trouver une solution, le Docteur Angélique utilise une dialectique astucieuse. Lorsque nous disons "je crains telle chose" nous avons en vue deux côtés : le mal proprement dit qu'on craint et la chose ou la personne par laquelle le mal arrive. Pareillement lorsque nous disons "j'espère telle chose" : nous espérons un bien et nous espérons aussi la chose ou la personne par laquelle ce bien arrive. Alors, la crainte de Dieu est absurde sur le premier rapport, mais valable sous le deuxième.
Je pense, cher frère, que cela répond a votre question, car on passe de la crainte servile à la crainte filiale lorsqu'on fait cette distinction.
Un digne successeur du Docteur Angélique, le Père Garrigou Lagrange parle de trois types de crainte, dont une est mauvaise et deux sont bonnes.
-la crainte mondaine, qui est la crainte de ce que le monde dira, voire fera contre nous.
-la crainte servile est la crainte de recevoir le salaire du péché : la damnation
-la crainte filiale (ou crainte révérentielle) est la crainte que notre fragilité ressent devant la majesté divine. Celle-là, les Anges la connaissent aussi. Source : Garrigou Lagrange : Les trois espèces de crainte.
Au total, la crainte servile est bonne aussi, de façon que si quelqu'un reste sur ce palier, il aura toutes les chances d'être sauvé et alors, à coup sûr, il connaîtra la crainte filiale pour une éternité.
Fraternellement en Christ, notre Seigneur, notre Dieu.
Dans sa réflexion au sujet de la crainte de Dieu, Saint Thomas commence, comme il a l'habitude, par un déni. Ainsi :anachorète moderne a écrit : ↑jeu. 28 avr. 2022, 17:00Mais quelque chose que je ne comprends pas : (...) comment passer à la crainte filiale
-on note que l'objet de la crainte est toujours quelque chose de négatif. Nous craignons différentes choses qui ont un truc en commun: elles sont mauvaises. Mais Dieu est bon, il est même la source de la Bonté absolue, donc comment craindre la Bien ?
-mais il y a plus encore : la crainte s'oppose à l'espérance. Ce sont des notions en antinomie. Mais l'espérance est une vertu théologale, comment espérer en Dieu et, en même temps, craindre Dieu ?
Néanmoins, il est écrit : Qui ne vous craindrait, Roi des nations! C'est à vous que la crainte est due (Jer 10:7)
Pour trouver une solution, le Docteur Angélique utilise une dialectique astucieuse. Lorsque nous disons "je crains telle chose" nous avons en vue deux côtés : le mal proprement dit qu'on craint et la chose ou la personne par laquelle le mal arrive. Pareillement lorsque nous disons "j'espère telle chose" : nous espérons un bien et nous espérons aussi la chose ou la personne par laquelle ce bien arrive. Alors, la crainte de Dieu est absurde sur le premier rapport, mais valable sous le deuxième.
Je pense, cher frère, que cela répond a votre question, car on passe de la crainte servile à la crainte filiale lorsqu'on fait cette distinction.
Un digne successeur du Docteur Angélique, le Père Garrigou Lagrange parle de trois types de crainte, dont une est mauvaise et deux sont bonnes.
-la crainte mondaine, qui est la crainte de ce que le monde dira, voire fera contre nous.
-la crainte servile est la crainte de recevoir le salaire du péché : la damnation
-la crainte filiale (ou crainte révérentielle) est la crainte que notre fragilité ressent devant la majesté divine. Celle-là, les Anges la connaissent aussi. Source : Garrigou Lagrange : Les trois espèces de crainte.
Au total, la crainte servile est bonne aussi, de façon que si quelqu'un reste sur ce palier, il aura toutes les chances d'être sauvé et alors, à coup sûr, il connaîtra la crainte filiale pour une éternité.
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Re: Comment s'articulent crainte servile et crainte filiale ?
Merci, je pense avoir compris.
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Re: Comment s'articulent crainte servile et crainte filiale ?
« L’âme bavarde est vide intérieurement. Il n’y a en elle ni vertus fondamentales ni intimité avec Dieu. Il n’est donc pas question d’une vie plus profonde, d’une douce paix, ni du silence où demeure Dieu. L’âme qui n’a jamais goûté la douceur du silence intérieur est un esprit inquiet et elle trouble le silence d’autrui. J’ai vu beaucoup d’âmes qui sont dans les gouffres de l’Enfer pour n’avoir pas gardé le silence. »
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