Le dogme de "tous pécheurs"

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Le dogme de "tous pécheurs"

Message non lu par Altior » jeu. 21 avr. 2022, 6:57

Un collègue forumiste a écrit : Tous les humains sont également pécheurs, sans exception (enfin, sauf le Christ et la Vierge Marie).
Ce n'est pas la première fois que j'entends ou je lis cela. Si la chose comprenait le péché originel, elle ne me poserait aucun problème, car, effectivement, le fait qu'on hérite le péché de nos premiers ancêtres (hormis les deux exceptions signalées qui sont en réalité une seule) est un dogme et j'aimerais être le dernier mettant en doute un dogme de la Sainte Église. Pourtant, pour beaucoup de frères et soeurs dans la foi, "tous pécheurs" semble s'étendre sur les péchés personnels.

Pour moi, la question devient : Est-ce que la phrase : "tous le gens humains (sauf Jésus-Christ et la Sainte Vierge) qui sont jamais nés, qui sont en vie ou qui naîtront ont eu, ont ou auront des péchés personnels" est une vérité de la foi ? Si oui, de quelle niveau ? Dogme ? De fide definita ? Théologumène ? Simple théorie d'un saint ou d'un docteur de l'Église ? S'il s'agit d'une vérité qui impose soumission du coeur et de l'esprit, une vérité de fide catholica, alors sur quelle source de la foi serait-elle basée (Sainte Écriture ? Sainte Tradition ? Liturgique ? Magistère Vivant ?).

Je trouve que la question a une grande portée pratique. Ce n'est pas une idée neuve, née dans l'esprit éclaboussant des années 60, car je l'ai surpris dans des bouquins plus anciens. Mais sa mise en avant de nos jours me semble très dans l'air du temps, très concordante avec toute une psychologie de victimisation. Vous voyez, si nous sommes tous pécheurs, si pour tous il est impossible de nous soustraire au péché, c'est que nous ne sommes pas si pécheurs que ça. Pour faire court, si c'est vrai, c'est un peu démobilisant pour ainsi dire.

Merci d'avance pour vos lumières.

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Re: Le dogme de "tous pécheurs".

Message non lu par Perlum Pimpum » jeu. 21 avr. 2022, 7:15

Salut,

Pour le péché originel, oui.

Pour le péché actuel :
- véniel, oui
- mortel, non pas tous mais l'immense majorité

Conséquence de la généralisation du péché actuel : Nous ne sommes pas victimes mais coupables. Loin de nous déresponsabiliser, cela engage nos responsabilités devant le Tribunal du Christ.

Conséquence de la non-nécessité du péché mortel : Nous pouvons tous, sous l'influence de la grâce, notamment celle reçue dans la communion fréquente et (de plus en plus) fervente, nous hisser dans la sainteté. C'est affaire de volonté épousant amoureusement la vivifiante Croix...
« L’âme bavarde est vide intérieurement. Il n’y a en elle ni vertus fondamentales ni intimité avec Dieu. Il n’est donc pas question d’une vie plus profonde, d’une douce paix, ni du silence où demeure Dieu. L’âme qui n’a jamais goûté la douceur du silence intérieur est un esprit inquiet et elle trouble le silence d’autrui. J’ai vu beaucoup d’âmes qui sont dans les gouffres de l’Enfer pour n’avoir pas gardé le silence. »

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Re: Le dogme de "tous pécheurs".

Message non lu par cmoi » jeu. 21 avr. 2022, 7:30

Il me semble que pour une fois PP vous vous éloignez du dogme, qui disant que la grâce est toujours nécessaire et suffisante pour nous tenir éloignés du péché, affirme comme possible et offert à tous de n'être atteint que du seul péché originel.
Je suis d'accord donc avec "l'impression d'Altior" qui dénonce une sorte d'exagération stimulante (il l'oublie...) ou culpabilisante, au choix.

Nous pourrions dire que nous "sortons tous du péché", en y incluant des péchés personnels, ce qui est un peu faire le procès de l'époque de notre enfance où nous acquerrons l'âge de raison et puis nous l'approprions, mais dire que nous sommes tous pécheur c'est faire un procès à certains qui sont bien parvenus à devenir saints ici bas, qui iront tout droit au paradis : je ne vois pas en quoi cela est impossible, l'affirmer c'est "sortir des clous".

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Re: Le dogme de "tous pécheurs".

Message non lu par Perlum Pimpum » jeu. 21 avr. 2022, 8:12

cmoi a écrit :
jeu. 21 avr. 2022, 7:30
Il me semble que pour une fois PP vous vous éloignez du dogme, qui disant que la grâce est toujours nécessaire et suffisante pour nous tenir éloigné du péché
Bonjour CM,

Je vais donc préciser.

1. La grâce actuelle est nécessaire pour nous tenir toujours éloignés du péché mortel.
2. La grâce habituelle et sanctifiante est nécessaire pour que le moindre de nos actes vertueux soit surnaturellement méritoire de la Vie éternelle.
« L’âme bavarde est vide intérieurement. Il n’y a en elle ni vertus fondamentales ni intimité avec Dieu. Il n’est donc pas question d’une vie plus profonde, d’une douce paix, ni du silence où demeure Dieu. L’âme qui n’a jamais goûté la douceur du silence intérieur est un esprit inquiet et elle trouble le silence d’autrui. J’ai vu beaucoup d’âmes qui sont dans les gouffres de l’Enfer pour n’avoir pas gardé le silence. »

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Re: Le dogme de "tous pécheurs".

Message non lu par cmoi » jeu. 21 avr. 2022, 8:20

Perlum Pimpum a écrit :
jeu. 21 avr. 2022, 8:12
Je vais donc préciser.

1. La grâce actuelle est nécessaire pour nous tenir toujours éloignés du péché mortel.
2. La grâce habituelle et sanctifiante est nécessaire pour que le moindre de nos actes vertueux soit surnaturellement méritoire de la Vie éternelle.
Certes PP, mais vous ne tranchez pas : n'est-elle pas toujours offerte même au pire pécheur, à chaque instant, pour lui éviter le péché ?
C'est lui qui la refuse (et cela peut lui être plus ou moins facile ou difficile, désirable ou non, à cause de sa condition) non Dieu.

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Re: Le dogme de "tous pécheurs".

Message non lu par Perlum Pimpum » jeu. 21 avr. 2022, 8:25

cmoi a écrit :
jeu. 21 avr. 2022, 8:20
Perlum Pimpum a écrit :
jeu. 21 avr. 2022, 8:12
Je vais donc préciser.

1. La grâce actuelle est nécessaire pour nous tenir toujours éloignés du péché mortel.
2. La grâce habituelle et sanctifiante est nécessaire pour que le moindre de nos actes vertueux soit surnaturellement méritoire de la Vie éternelle.
Certes PP, mais vous ne tranchez pas : n'est-elle pas toujours offerte même au pire pécheur, à chaque instant, pour lui éviter le péché ?
C'est lui qui la refuse (et cela peut lui être plus ou moins facile ou difficile, désirable ou non, à cause de sa condition) non Dieu.
1. Qu'elle soit offerte, oui.
2. À chaque instant, à voir.
3. Qu'il y ait lieu d'y coopérer, assurément.
4. Que cela puisse être crucifiant, encore heureux !

Il nous faut porter la Croix, nous dépouiller de nous-mêmes pour laisser Dieu nous remplir de Lui-même. Vivifiante Croix...
« L’âme bavarde est vide intérieurement. Il n’y a en elle ni vertus fondamentales ni intimité avec Dieu. Il n’est donc pas question d’une vie plus profonde, d’une douce paix, ni du silence où demeure Dieu. L’âme qui n’a jamais goûté la douceur du silence intérieur est un esprit inquiet et elle trouble le silence d’autrui. J’ai vu beaucoup d’âmes qui sont dans les gouffres de l’Enfer pour n’avoir pas gardé le silence. »

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Re: Le dogme de "tous pécheurs".

Message non lu par Perlum Pimpum » jeu. 21 avr. 2022, 8:36

Vite fait avant de partir.

Lorsqu'on se met à aimer Dieu = à vouloir Dieu et ce que Dieu veut que nous voulions, l'amour rend la Croix facile à porter : on la désire, tant l'âme fervente à soif de Dieu. Comme le dit l’Écriture, qui aime Dieu accomplit sa Loi. Plus vous aimez Dieu, plus vous renoncez à vous-même. La communion fréquente nous y porte d'ailleurs grandement. Mais si nous nous préférons nous-mêmes, à l'image de ces tièdes qui voudraient tout à la fois Dieu et eux-mêmes, il est à craindre que notre conversion à nous-mêmes soit du fait-même une aversion à Dieu. La tiédeur et l'hypocrisie s'enracinent là. Donc la première chose à demander dans la prière, c'est de recevoir d'aimer toujours plus Dieu par amour de Lui-même.

Bonne journée.
« L’âme bavarde est vide intérieurement. Il n’y a en elle ni vertus fondamentales ni intimité avec Dieu. Il n’est donc pas question d’une vie plus profonde, d’une douce paix, ni du silence où demeure Dieu. L’âme qui n’a jamais goûté la douceur du silence intérieur est un esprit inquiet et elle trouble le silence d’autrui. J’ai vu beaucoup d’âmes qui sont dans les gouffres de l’Enfer pour n’avoir pas gardé le silence. »

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Re: Le dogme de "tous pécheurs".

Message non lu par cmoi » jeu. 21 avr. 2022, 9:08

Perlum Pimpum a écrit :
jeu. 21 avr. 2022, 8:25
1. Qu'elle soit offerte, oui.
2. À chaque instant, à voir.
3. Qu'il y ait lieu d'y coopérer, assurément.
4. Que cela puisse être crucifiant, encore heureux !

Il nous faut porter la Croix, nous dépouiller de nous-mêmes pour laisser Dieu nous remplir de Lui-même. Vivifiante Croix...
Sujet intéressant... Je pense surtout à votre point 2.
Il me semble que c'est en vous l'expérience qui parle (dans votre post suivant aussi) quand vous ne défendez pas le fait mais que je constate aussi, que le pécheur endurci au moment où il pèche est quasiment dans l'impossibilité de "faire autrement", ce qui contreviendrait au principe de la grâce nécessaire et suffisante.
Par ailleurs, il est parfois dit, par exemple dans l'épître aux Romains (homosexualité, chapitre 1), que C'est Dieu qui soumet l'homme à certaines dépravations par châtiment. Le péché étant non plus une oeuvre consciemment désirable, mais inconsciemment suggérée et qui avilit. Comme si dans ce cas la grâce nous était enlevée, ou consistait à nous "soumettre au péché"
- pour nous donner l'envie d'en sortir ? Même pas ! C'est en quelque sorte "déjà l'enfer"...

Il n'en reste pas moins que, reprenez-moi si j'en abuse, le dogme précise bien que la grâce donnée par Dieu est toujours telle qu'elle suffit sur le principe et à tout moment et pour quiconque, afin de lui éviter le péché.
Même si évidemment pour le pécheur, le poids de sa concupiscence accrue par ses anciens péchés, en quoi consiste en partie sa peine, est tel qu'il lui devient héroïque de ne pas pécher. Là où un "plus saint que lui" ne verra aucune difficulté, l'effort lui est insupportable et pénible à l'extrême.
Sachant encore que pour nous aider à acquérir du mérite, ou stimuler/exprimer notre amour, Dieu puisse "inverser la chose" et rendre pénible au saint de faire le bien, et facile au mécréant d'éviter le mal.
Bien des cas de figure se présentent que je n'ai pas le courage d'énumérer, il y aurait sans doute même de l'orgueil à trop le faire, les voies de Dieu sont insondables, sa pédagogie encore plus, et pas toujours orientées semble-t-il pour "faciliter" le chemin de conversion.

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Re: Le dogme de "tous pécheurs".

Message non lu par Toi le tout petit » jeu. 21 avr. 2022, 9:44

Notre Pape Jean Paul II - EXHORTATION APOSTOLIQUE
POST-SYNODALE du 02-12-1984 RECONCILIATIO ET PAENITENTIA
Texte en entier :
https://www.vatican.va/content/john-pau ... entia.html
Dans la :
DEUXIÈME PARTIE
L'AMOUR
PLUS GRAND QUE LE PÉCHÉ

Le drame de l'homme

CHAPITRE I
LE MYSTÈRE DU PÉCHÉ
La division entre les frères
Péché personnel et péché social
Péché mortel, péché véniel
Perte du sens du péché
----------------------------------------------------------------
CHAPITRE II
«MYSTERIUM PIETATIS»
Il s'agit du Christ lui-même
L'effort du chrétien
Vers une vie réconciliée
  • Les hommes d'aujourd'hui, comme pris au piège par la perte du sens du péché, tentés parfois par quelque illusion bien peu chrétienne d'impeccabilité, ont besoin eux aussi de réentendre, comme adressé à chacun d'eux personnellement, l'avertissement de saint Jean: «Si nous disons: "Nous n'avons pas de péché", nous nous abusons, la vérité n'est pas en nous» . Et encore: «Le monde entier gît au pouvoir du Mauvais». Chacun est donc invité par la voix de la Vérité divine à lire dans sa conscience avec réalisme et à confesser qu'il a été engendré dans l'iniquité, comme nous le disons dans le psaume Miserere
    https://www.orleans.catholique.fr/etre- ... 3-psaume50
    Cependant, menacés par la peur et par le désespoir, les hommes d'aujourd'hui peuvent se sentir réconfortés par la promesse divine qui les ouvre à l'espérance de la pleine réconciliation.

    Le mystère de la piété, de la part de Dieu, est la miséricorde dont le Seigneur notre Père - je le répète encore - est infiniment riche. Comme je l'ai dit dans l'encyclique consacrée au thème de la miséricorde divine, celle-ci est un amour plus puissant que le péché, plus fort que la mort. Quand nous nous apercevons que l'amour que Dieu a pour nous ne se laisse pas arrêter par notre péché, ne recule pas devant nos offenses, mais se fait encore plus pressant et plus généreux; quand nous nous rendons compte que cet amour est allé jusqu'à causer la passion et la mort du Verbe fait chair, qui a accepté de nous racheter en payant de son Sang, alors nous débordons de reconnaissance: «Oui, le Seigneur est riche en miséricorde», et nous allons jusqu'à dire: «Le Seigneur est miséricorde».
    Le mystère de la piété est la voie ouverte par la miséricorde divine à la vie réconciliée.
-----------------------------------------------
« Dieu a accompli ce qui était impossible pour la loi de Moïse, parce que la faiblesse humaine la rendait impuissante : pour enlever le péché,
il l’a condamné dans la nature humaine en envoyant son propre Fils vivre dans une condition semblable à celle de l’homme pécheur ».(Rom.8v3 – )
----------------------------------------
:amoureux: :ange: :ange: :ange:
Hier est derrière, demain est un mystère, mais aujourd'hui est un cadeau, c'est pour cela qu'on l'appelle présent.

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Re: Le dogme de "tous pécheurs".

Message non lu par Altior » jeu. 21 avr. 2022, 10:03

Toi le tout petit a écrit :
jeu. 21 avr. 2022, 9:44
  • Les hommes d'aujourd'hui, comme pris au piège par la perte du sens du péché, tentés parfois par quelque illusion bien peu chrétienne d'impeccabilité, ont besoin eux aussi de réentendre, comme adressé à chacun d'eux personnellement, l'avertissement de saint Jean: «Si nous disons: "Nous n'avons pas de péché", nous nous abusons, la vérité n'est pas en nous» . Et encore: «Le monde entier gît au pouvoir du Mauvais». Chacun est donc invité par la voix de la Vérité divine à lire dans sa conscience avec réalisme et à confesser qu'il a été engendré dans l'iniquité, comme nous le disons dans le psaume Miserere
Merci pour cette source, TLTP. Pourtant, les mots que j'ai mis en gras suggèrent que le Pape fait référence au péché originel ("engendré dans l'iniquité"). Là, je n'ai pas de doute. La question demeure : est-ce que le péché personnel est une condition nécessaire à tout être humain ? . Autrement dit, le péché personnel est incontournable ? Ou, autrement formulé: c'est une vérité de foi catholique que Saint Jean l'Évangéliste a fait au moins un péché ?

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Re: Le dogme de "tous pécheurs".

Message non lu par Toi le tout petit » jeu. 21 avr. 2022, 10:26

Bonjour , Altior,
Vous trouverez peut-être la réponse dans ce lien ci-dessous :
https://opusdei.org/fr-fr/article/quest ... -le-peche/

1. Le péché personnel : offense envers Dieu, désobéissance à la loi divine.
  • Le péché personnel est un « acte, parole ou désir contraires à la loi éternelle »[1]. Cette définition implique que le péché est un acte humain, puisqu’il requiert le concours de la liberté[2]; il se manifeste en paroles, en actes externes ou internes. De plus, cet acte humain est mauvais, car il s’oppose à la loi éternelle de Dieu, qui est la première et la plus haute règle morale, fondement de toutes les autres.

    Plus généralement, l’on peut dire que le péché est un acte humain opposé à la loi morale, c’est à dire à la droite raison éclairée par la foi.

    Il s’agit, donc, d’une disposition négative prise à l’égard de Dieu, et, a contrario, d’un amour désordonné à l’égard de nous-mêmes. C’est pourquoi l’on dit également que le péché est essentiellement « rejet de Dieu et attachement aux créatures » (aversio a Deo et conversio ad creaturas). L’aversio ne traduit pas nécessairement une haine explicite ou aversion, mais l’éloignement de Dieu, conséquence du choix d’un bien apparent ou fini (conversio), au lieu de choisir le bien suprême de l’homme. Saint Augustin le décrit comme « l’amour de soi jusqu’au mépris de Dieu » « Par cette exaltation orgueilleuse de soi, le péché est diamétralement contraire à l’obéissance de Jésus qui accomplit le salut (cf. Ph 2, 6-9)
    https://www.mollat.com/livres/2228076/a ... manichaeum
    http://www.intratext.com/IXT/FRA0013/_P64.HTM
    Philippiens 2
    5 Ayez en vous les sentiments qui étaient en Jésus-Christ,
    6 lequel, existant en forme de Dieu, n'a point regardé comme une proie à arracher d'être égal avec Dieu,
    7 mais s'est dépouillé lui-même, en prenant une forme de serviteur, en devenant semblable aux hommes;… » (Catéchisme, 1850).
:zut: :zut: :oops: J'ai oublié le lien ci -dessous :
JEAN-PAUL II
AUDIENCE GÉNÉRALE
Mercredi 25 août 1999
Combattre le péché personnel et les «structures du péché»
https://www.vatican.va/content/john-pau ... 81999.html

Image
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Re: Le dogme de "tous pécheurs".

Message non lu par cmoi » jeu. 21 avr. 2022, 11:27

Chère Tltp, vous donnez des éléments pour traiter le sujet, mais vous ne le traitez pas vraiment.. !

Qui pourra nous donner un exemple où le péché qu’il aura commis, lui ou un autre, était inévitable ?
Si cela était, alors ce ne serait plus un péché car il manquerait la condition de liberté.
Si donc c’est évitable à un instant T, et à tout instant T, il est possible qu’il soit évité sur toute une vie.
Quelquefois cela demande « un grand sacrifice », mais c’est une autre question ici hors sujet, celle de l’intensité ou la grandeur de la foi.

Le problème est crucial au moment où l’enfant acquière l’âge de raison : et n’ayant pas encore assez de discernement entre le bien et le mal, il peut de bonne foi « se tromper » dans son choix.
Mais à proportion de son ignorance et si donc l’on excepte le péché d’ignorance, il lui est bien possible de ne pas pécher. Il serait sibyllin et presque hypocrite, de considérer que nous sommes tous pécheurs à cause du péché d'ignorance...

En ce moment où j’écris pour ce forum, je suis bien certain que je n’offense aucun commandement, que je ne pèche ni en pensée, ni en parole, ni en action ni par omission.
Le plus « susceptible » de contrarier cela serait la condition « par omission » qui ouvrirait des alternatives meilleures pour occuper mon temps, mais l’exercice de la liberté n’est pas en soi un péché et si je n’ai pas perçu de meilleur usage à en faire à moins de tomber dans le scrupule, non je ne pèche pas plus qu’un travailleur en train de se concentrer sur son travail. Je n’écris pas par orgueil d’étaler « ma » science, envie ou rivalité, jalousie envers untel ou telle réponse, paresse (pour ne pas faire autre chose), divertissement pour occuper mon ennui, ou je ne sais quoi, mais réellement pour contribuer au sujet et qui me passionne, et prenant garde à m’effacer derrière le partage de ce qui me semble vrai.
Sans quoi nous ne ferions jamais de « bonne action » !

En revanche, il est possible que mon « état intérieur » ne soit pas pur. Je veux dire que si telle tentation se présentait, je n’aurais pas assez de ressources personnelles pour faire l’effort demandé pour ne pas pécher. Cela correspond aux vices ou péchés capitaux . Exemple : je suis un gourmand. Je ne suis pas en train de pécher ni d’y penser, peut-être même que si j’y pense je suis en train de me gourmander ou de me résoudre à ne plus jamais « craquer », en suis-je soulagé que la question ne se pose, mais si une gourmandise m’était proposée, passé un certain stade de tentation, je la prendrais…
En résumé : je ne suis pas parfait. Peut-on dire qu’en cela, je suis « pécheur » bien que je ne pèche pas ? Pas sûr… Peut-être que oui, admettons-le, et que cela puisse dépasser mon propre examen de ma conscience..
Mais là encore, il est possible à un homme d’en avoir dépassé le stade, du moins dans des proportions raisonnables incluant des tentations et correspondant à la réalité connue et déjà vécue, voire imaginée.
Sinon on tombe dans le procès d’intention…

Ce concept de grâce suffisante pour ne pas pécher est aussi en accord avec la bonté de Dieu et son désir de nous donner sa contemplation – le salut.

Là où cela devient un éventuel casse-tête, c’est à partir du moment où une personne a commis un péché mortel et ne s’en est pas repentie. Non qu’elle ne fasse « que faire des péchés », mais comment pouvoir imaginer, puisqu’elle a perdu « l’état de grâce », qu’elle bénéficie encore d’une grâce suffisante pour ne pas pécher ?
Et pourtant, si ! Car à tout instant elle peut se repentir et retrouver la grâce et pour (ce peut être un motif, un sursaut) précisément éviter tel autre péché ou tout autre, qu’elle peut donc toujours éviter.
C’est bien ce que veut dire « Dieu est là, il frappe à notre porte » et tant d’autres discours qui ne sont pas que des discours.

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Re: Le dogme de "tous pécheurs".

Message non lu par Toi le tout petit » jeu. 21 avr. 2022, 11:38

Bonjour, Cher C.moi,
  • Vous avez raison, je ne traite pas le sujet, je ne fais que donner des éléments ... mais je pense, à celles et ceux qui comme moi, sont dans une certaine "incapicité" à fournir plus d'éléments ... qui ont besoin de comprendre le sujet ... qui ne possèdent pas une culture théologique aussi riche que beaucoup d'intervenants et intervenantes sur le Forum.
J'y apporte ma modeste contribution. :fleur:

J'ai retenu, une phrase qui me semble essentielle de notre Pape Jean Paul II concernant le péché personnel dont fait mention Altior :

"Dans le monde actuel, le sens du péché, de l’alliance et des commandements divins s’est affaibli, au profit d’une prétendue liberté absolue. Le péché a aussi un aspect social, même si la responsabilité demeure personnelle. Le pécheur donne le mauvais exemple; il a des influences néfastes et n’apporte pas sa contribution au progrès spirituel de la communauté humaine. Mais il reste évident que les systèmes sociaux, économiques et politiques créent de multiples structures de péché."

https://www.vatican.va/content/john-pau ... 81999.html

Et la phrase du Pape François dans son audience générale du 29 septembre 2021 :

"Certes, nous avons nos péchés personnels, mais à la base nous sommes justes ... Ce n'est pas facile de parvenir à une définition exhaustive, ..." : "Nous ne sommes pas condamnés, à la base, non : nous sommes justes. Permettez-moi de le dire ainsi : nous sommes saints, à la base. Mais ensuite, par nos actions, nous devenons des pécheurs. Mais, à la base, soit saints : laissons la grâce du Christ prendre le dessus et cette justice, cette justification nous donne la force d’aller de l’avant."
https://www.vatican.va/content/francesc ... erale.html
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Re: Le dogme de "tous pécheurs".

Message non lu par Perlum Pimpum » jeu. 21 avr. 2022, 12:40

Sujet intéressant... Je pense surtout à votre point 2.
Il me semble que c'est en vous l'expérience qui parle (dans votre post suivant aussi) quand vous ne défendez pas le fait mais que je constate aussi, que le pécheur endurci au moment où il pèche est quasiment dans l'impossibilité de "faire autrement", ce qui contreviendrait au principe de la grâce nécessaire et suffisante.
Par ailleurs, il est parfois dit, par exemple dans l'épître aux Romains (homosexualité, chapitre 1), que C'est Dieu qui soumet l'homme à certaines dépravations par châtiment. Le péché étant non plus une oeuvre consciemment désirable, mais inconsciemment suggérée et qui avilit. Comme si dans ce cas la grâce nous était enlevée, ou consistait à nous "soumettre au péché"
- pour nous donner l'envie d'en sortir ? Même pas ! C'est en quelque sorte "déjà l'enfer"...

Il n'en reste pas moins que, reprenez-moi si j'en abuse, le dogme précise bien que la grâce donnée par Dieu est toujours telle qu'elle suffit sur le principe et à tout moment et pour quiconque, afin de lui éviter le péché.
Même si évidemment pour le pécheur, le poids de sa concupiscence accrue par ses anciens péchés, en quoi consiste en partie sa peine, est tel qu'il lui devient héroïque de ne pas pécher. Là où un "plus saint que lui" ne verra aucune difficulté, l'effort lui est insupportable et pénible à l'extrême.
Sachant encore que pour nous aider à acquérir du mérite, ou stimuler/exprimer notre amour, Dieu puisse "inverser la chose" et rendre pénible au saint de faire le bien, et facile au mécréant d'éviter le mal.
Bien des cas de figure se présentent que je n'ai pas le courage d'énumérer, il y aurait sans doute même de l'orgueil à trop le faire, les voies de Dieu sont insondables, sa pédagogie encore plus, et pas toujours orientées semble-t-il pour "faciliter" le chemin de conversion.
Plusieurs choses.

1. Dieu donne-t-il à chaque instant des grâces actuelles suffisantes de conversion au pécheur pérégrinant ici-bas ?

1/ Nous savons que l’agir divin ad extra est libre.

Dieu n’est aucunement nécessité à vouloir nous tirer du bourbier de nos œuvres pécheresses. On peut le prouver de différentes manières. Je me bornerais ici à vous rappeler qu’avec le Jugement particulier, Dieu décrète librement de ne plus jamais accorder la moindre grâce de conversion au pécheur endurci qu’il expédie en Enfer.

2/ Nous savons aussi que dès cette vie Dieu délaisse les pécheurs qui ne se repentent pas.

« Mais mon peuple n'a point écouté ma voix, Israël ne m'a point obéi. Alors je les ai livrés aux penchants de leur coeur, et ils ont suivi leurs propres conseils. » Ps. LXXXI, 12. « C'est pourquoi Dieu les a livrés à l'impureté, selon les convoitises de leurs cœurs ; en sorte qu'ils déshonorent eux-mêmes leurs propres corps ; eux qui ont changé la vérité de Dieu en mensonge, et qui ont adoré et servi la créature au lieu du Créateur, qui est béni éternellement. » Rm. I, 24-25.

3/ Mais nous savons encore qu’il les appelle tous au repentir. Car Dieu ne prend aucun plaisir à la perte des pécheurs.

4/ Nous devons donc tout à la fois affirmer que Dieu abandonne et n'abandonne pas les pécheurs pérégrinant ici-bas. Ce passage d’Ézéchiel illustre bien cette dualité (délaissement / appel au repentir) :

« Dis-leur : Je suis vivant ! dit le Seigneur, l'Eternel ; ce que je désire, ce n'est pas que le méchant meure, c'est qu'il change de conduite et qu'il vive. Revenez, revenez de votre mauvaise voie ; et pourquoi mourriez-vous, maison d'Israël ? Et toi, fils de l'homme, dis aux enfants de ton peuple : La justice du juste ne le sauvera pas au jour de sa transgression; et le méchant ne tombera pas par sa méchanceté le jour où il s'en détournera, de même que le juste ne pourra pas vivre par sa justice au jour de sa transgression. Lorsque je dis au juste qu'il vivra, s'il se confie dans sa justice et commet l'iniquité, toute sa justice sera oubliée, et il mourra à cause de l'iniquité qu'il a commise. Lorsque je dis au méchant : Tu mourras !, s'il revient de son péché et pratique la droiture et la justice, s'il rend le gage, s'il restitue ce qu'il a ravi, s'il suit les préceptes qui donnent la vie, sans commettre l'iniquité, il vivra, il ne mourra pas. Tous les péchés qu'il a commis seront oubliés; s'il pratique la droiture et la justice, il vivra. » Ez. XXXIII, 11-16.

5/ Bref, tout à la fois : Dieu livre (abandonne) le pécheur à son péché ; Dieu délivre le pécheur de son péché. Et saint Paul d’expliquer que si Dieu délaisse l’un et délivre l’autre, cela résulte de la seule liberté divine :

« Que dirons-nous donc ? Y a-t-il en Dieu de l'injustice ? Loin de là ! Car il dit à Moïse : Je ferai miséricorde à qui je fais miséricorde, et j'aurai compassion de qui j'ai compassion. Ainsi donc, cela ne dépend ni de celui qui veut, ni de celui qui court, mais de Dieu qui fait miséricorde. Car l’Écriture dit à Pharaon : Je t'ai suscité à dessein pour montrer en toi ma puissance, et afin que mon nom soit publié par toute la terre. Ainsi, il fait miséricorde à qui il veut, et il endurcit qui il veut. » Rm. IX, 14-18.

6/ Mais le même Paul nous dit aussi que la volonté salvifique de Dieu est universelle :

Dieu n’exclut aucun pécheur de son dessein salvateur, à charge seulement pour le pécheur de saisir la main tendue : « Dieu notre Sauveur, qui veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité. Car il y a un seul Dieu, et aussi un seul médiateur entre Dieu et les hommes, Jésus-Christ homme » I Tim II, 3-5.

7/ Nous devons donc simultanément tenir ces deux vérités :

- Que la grâce est toujours au principe de notre conversion, conversion qu’elle précède et produit : « Fais-nous revenir vers toi, ô Éternel, et nous reviendrons. » (Lm. V, 21).
- Que jamais cette conversion ne se fait sans notre libre-concours : « Revenez à moi, dit l'Éternel Dieu, et je reviendrai à vous » (Za. I, 3).

8/ Ayant à expliciter la synergie de la grâce divine et de la liberté créée dans le procès de justification par lequel l’homme passe de l’état de péché mortel à l’état de grâce sanctifiante, les théologiens ont habituellement raisonné comme suit :

- Dieu donne à tous, au moins quelques fois dans sa vie, des grâces actuelles suffisantes de conversion.
- Le pécheur peut se détourner des grâces suffisantes de conversion.
- S'il s'en détourne, il s'endurcit.
- Mais tout endurci qu'il soit en cette vie, il peut encore se convertir si la grâce lui est de nouveau offerte.
- L'est-elle à chaque instant de cette vie ? Les théologiens divergent. À mon avis, oui, mille fois oui : la miséricorde de Dieu est infinie.

9/ Le vrai débat théologique ne fait ici que commencer, les théologiens s'opposant entre eux quant à la conciliation de la grâce divine et de la liberté créée.

2. Grâce actuelle suffisante ou grâce actuelle efficace ?

Déjà ne confondez pas la grâce habituelle et sanctifiante (constitutive de l'état de grâce de l'âme et de la volonté) avec la grâce actuelle (qui est un secours transitoire, qui peut se trouver sans l'état de grâce). La question est quant aux grâces actuelles.

1/ Les théologiens qui admettent un ordre d’intentionnalité divine (presque tous) plaquent la psyché humaine sur la déité super-incompréhensible pour y trouver un ordre d'intentionnalité auquel assimiler la Providence.

S'en suit une séquence logique de pensées et de volitions intradivines constitutives du plan providentiel de Dieu sur le créé. Quant ils passent ensuite de l'ordre d'intention à celui d'exécution, bref de la Providence au Gouvernement divin, ils appliquent le plan providentiel qu'ils postulent en Dieu. En simplifiant et en faisant l'impasse sur les divergences minimes d'autres chapelles, cette théologie se scinde en deux grands courants : bañezien (dominicain) et congruiste (jésuites).

a/ La théorie bañezienne s'articule sur deux points :

- La grâce actuelle est une motion physique qui nous fait infailliblement librement vouloir : c'est une motion infaillible mais non-nécessitante = c'est la grâce efficace de soi. Pour ne pas avoir à nier que Dieu donne aussi des grâces actuelles de conversion aux pécheurs qui ne se repentent pas, les bañeziens affirment également l'existence d'une grâce actuelle suffisante qui, quoi qu'elle surélève la puissance opérative qu'est la volonté libre, ne la meut pas physiquement à s'exercer. De sorte que selon que Dieu vous donne une grâce suffisante ou efficace, vous pécherez ou ne pécherez pas. D'où le rire pascalien (janséniste) moquant cette grâce suffisante qui ne suffit pas...

- L'ordre providentiel est quasi-calviniste. Car si le décret de réprobation positive (celui au terme duquel Dieu décrète de toute éternité, avant même que vous soyez créé, que vous serez damné) est postérieur à la prévision divine de vos démérites, ce décret résulte inexorablement d'un décret de réprobation antécédent à cette prévision des démérites, nommé décret de réprobation négative, qui ne consiste pas, comme le décret positif, à décider que vous serez damné, mais seulement à décider ne pas vous élire à la prédestination à la gloire (décret antécédent de non-élection). D'autres substituent au décret antécédent de non-élection (le fait de ne pas vous choisir comme futur bienheureux) un décret antécédent d'exclusion à la gloire (c'est plus que ne pas élire : c'est décider de vous exclure du bénéfice du Ciel avant toute prévision de vos démérites).

b/ La théorie congruiste s'articule sur deux points :

- Une conception de la grâce actuelle comme motion exclusivement morale : la grâce actuelle est toujours suffisante, et n'est rendue efficace que par le libre-concours de la volonté créée. Cette théorie, plus souriante à l'abord, présente une redoutable difficulté métaphysique : elle soustrait l'agir créé de la causalité universelle de Dieu sur l'être.

- L'ordre providentiel, crypto-pélagien par certains aspects, reste quasi-calviniste. Selon leur doctrine Dieu décide de donner à tous des grâces suffisantes dont il sait à l'avance si la volonté créée y coopérera ou non, de sorte que prévoyant qu'avec telle grâce suffisante vous ne pécherez pas, mais qu'avec telle autre vous pécherez, il décide de vous donner, en l'hypothèse, une grâce à laquelle il sait que vous ne pécherez pas, de sorte que prévoyant conséquemment à ce décret d'octroi des grâces que vous pécherez jusqu'à mourir impénitent, il décrète ou décide, conséquemment à la prévision de vos démérites, que vous serez damné, ce avant même qu'il ne vous crée.

2/ Ces deux discours me semblent être aussi désespérants l'un que l'autre. Il y a heureusement place pour un autre discours, que je n'exposerais pas ici, sinon dans ses grandes lignes :

- La motion physique doit être affirmée.
- La motion physique peut être brisable (Journet, Maritain) tandis qu'elle est toujours imbrisable chez les bañeziens.
- L'ordre d'intentionnalité divine n'existe pas, par incapacité à conjoindre l'intelligence et la volonté à la simplicité divine ; les différents essais ou mécanos conceptuels mis successivement en place par saint Thomas d'Aquin pour y parvenir moyennant divers correctifs analogiques faisant tous faillite.
- Dans la synergie de la grâce divine et de la volonté créée, l'alternative n'est pas entre saint Augustin ou saint Jean Cassien (réputé semi-pélagien par toute la tradition héritée d'Augustin) : l'alternative est entre la scission « ou l’un ou l’autre » et la conjonction « et l’un et l’autre » ; encore que cette conjonction, difficile dans le détail de l'explicitation théologique, ne puisse être publiquement exposée, même en résumé, tant que n'ayant pas été soumise au jugement de l'Ordinaire et de Rome.
« L’âme bavarde est vide intérieurement. Il n’y a en elle ni vertus fondamentales ni intimité avec Dieu. Il n’est donc pas question d’une vie plus profonde, d’une douce paix, ni du silence où demeure Dieu. L’âme qui n’a jamais goûté la douceur du silence intérieur est un esprit inquiet et elle trouble le silence d’autrui. J’ai vu beaucoup d’âmes qui sont dans les gouffres de l’Enfer pour n’avoir pas gardé le silence. »

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Re: Le dogme de "tous pécheurs".

Message non lu par Perlum Pimpum » jeu. 21 avr. 2022, 13:00

3. Par delà les questions théoriques, quelle attitude pratique adopter ?

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« L’âme bavarde est vide intérieurement. Il n’y a en elle ni vertus fondamentales ni intimité avec Dieu. Il n’est donc pas question d’une vie plus profonde, d’une douce paix, ni du silence où demeure Dieu. L’âme qui n’a jamais goûté la douceur du silence intérieur est un esprit inquiet et elle trouble le silence d’autrui. J’ai vu beaucoup d’âmes qui sont dans les gouffres de l’Enfer pour n’avoir pas gardé le silence. »

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