Une question sur le Jansénisme

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lmx
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Re: Les jansénites: qui sont-ils?

Message non lu par lmx » mer. 12 oct. 2011, 13:16

Pour faire très simple et très schématique, sur la crise théologique que les augustinismes déviés (baianisme, jansénisme etc) ont provoqué :

François-Xavier pourra j'espère me compléter.
Les Jansénistes sont à peu près semblables aux baianistes. Ils affirmaient la déchéance radicale, absolue, de la nature si bien que la grâce était conçue par eux comme un domaine radicalement hétérogène. Ils ne concevaient pas ces deux ordres comme étant harmonieux, l'autre comme devant compléter et parfaire le premier.
Ainsi la grâce ne venait que suppléer à la déchéance de la nature et s'en trouvait presque naturalisée.
Jansénistes et baianistes avaient bâti tout un système exclusivement sur quelques thèses augustiniennes. C'étaient des hommes de systèmes qui concevaient les rapports entre l'homme et Dieu comme ceux d'un juge et d'un accusé. Ils ont fabriqué une religion triste où le NT n'avait finalement que peu de place.

A côté, il y avait les jésuites pour combattre les jansénistes. Il ont voulu redonner à la nature ses droits. Le problème c'est qu'ils l'ont autonomisé, qu'ils sont tombés dans cette théologie de la pure nature dont parle Lubac, et qu'ils ont à la suite de Francisco Suarez repris la thèse naturaliste qui allait avoir un grand succès selon laquelle la finalité première de l'homme était naturelle, car la nature ne pouvait pas avoir une finalité plus haute qu'elle même. A leurs yeux affirmer que la nature pouvait avoir une finalité plus haute qu'elle même sans trouver en elle même les moyens de parvenir à cette finalité c'était quelque peu la dénaturer. Ils ont relégué la finalité de la nature dans le domaine de la nature comme Aristote sur qui Suarez avait préféré s'accorder.
Ils ont complètement oublié que l'âme était faite à l'image et à la ressemblance de Dieu, qu'elle était en son fond le plus intime âme "spirituelle" et non pas simplement âme végétative et sensitive, et donc que sa finalité intrinsèque était surnaturelle, et au lieu de considérer l'homme dans son dynamisme intérieur, dans son être profond à l'image de Dieu, ils ont considéré l'homme comme une pure espèce naturelle . Ils ont donc par là même crée un dualisme nature-grâce, celle-ci étant un ordre purement surajouté, presque artificiel.

Presque toutes les écoles théologiques thomistes et scottistes se sont saisis de cette thèse, et parmi les plus célèbres commentateurs de St Thomas : Cajetan et Jean de St Thomas et plus proche de nous Garrigou Lagrange. On comprend pourquoi le livre de Lubac a fait grand bruit, celui-ci incriminant presque toute la théologie post-médiévale qui accompagnait sans le savoir le mouvement de la modernité.

C'est un très maigre aperçu. Mais contre ceux qui ont voulu tels les protestants piétiner la nature, les autres ont fini par lui donner trop de droit. Dans les deux cas on aboutissait à une vision déviée de la nature et de la grâce avec des conséquences graves pour la spiritualité et la religion en général.
Dernière modification par lmx le mer. 12 oct. 2011, 17:39, modifié 1 fois.

Isabelle47
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Re: Les jansénites: qui sont-ils?

Message non lu par Isabelle47 » mer. 12 oct. 2011, 14:05

[Les Jansénistes qui sont à peu près semblables aux baianistes. Ils affirmaient la déchéance radicale, absolue, de la nature si bien que la grâce était conçue comme un domaine radicalement hétérogène. Ils ne concevaient pas ses deux ordres comme étant harmonieux, l'autre comme devant compléter et parfaire le premier.
AJansénistes et baianistes avaient bâti tout un système exclusivement sur quelques thèses augustiniennes. C'étaient des hommes de systèmes qui concevaient les rapports entre l'homme et Dieu comme ceux d'un juge et d'un accusé. Ils ont fabriqué une religion triste où le NT n'avait finalement que peu de place.


Cette hérésie était étendue aussi à d'autres mouvements, si je comprends bien, (par exemple,le catharisme)
Il me semble que cette vision des choses est partagée par les protestants (du moins calvinistes) j'ai eu l'occasion de parler avec certains d'entre eux; ils disent la même chose à propos de la déchéance de la nature et de l'hétérogénéité de la grâce. Religion triste, dites-vous?
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Re: Les jansénites: qui sont-ils?

Message non lu par salésienne05 » mer. 12 oct. 2011, 15:23

Le terme janséniste apparaît en 1641 pour désigner de façon péjorative les disciples de l'évques d'Ypres Cornelius Jansenius, qui a exposé sa doctrine dans une oeuvre majeure parue en 1640, l'Augustinus (un pur retour à Saint Augustin).
Les fidèles de Saint Augustin se présentent comme les défenseurs de la Tradition face à une nouvelle conception de l'homme issue de la Renaissance, qui croit que l'homme est maître de lui-même, capable de discerner le bien du mal par son intelligence et sa volonté. Ces perspectives révolutionnaires ont pris une expression théologique dans le traité du Jésuite Molina Concordia liberi arbitrii cum gratiae donis paru en 1588. Molina minimise les effets du péché originel : après la faute, l'homme est privé des dons surnaturels, mais il dispose d'un libre arbitre qui lui permet de choisir le bien, car Dieu lui a concédé une grâce suffisante. Si le molinisme est condamné par l'Eglise, l'idée que la nature n'est pas entièrement corrompue et que l'homme peut faire son salut paisiblement en se conformant aux lois de l'Eglise et aux normes sociales, rencontre de nombreux échos dans la société.
Jansénius réagit contre ces nouveautés en réaffirmant la corruption foncière de la créature : la condition humaine oscille entre concupiscence et amour, mais seule la grâce divine permet au pécheur de tendre vers l'amour. Par la grâce, il peut aspirer à une conversion permanente : la foi est un défi.
Les idées de Jansenius se diffusent en France par l'intermédiaire de l'abbé de Saint Cyran. Il rencontre également des mouvements de fond de la spiritualité française, alors représentée par le cardinal de Bérulle et saint François de Sales. Le jansénisme se teinte de thomisme, toujours à l'honneur dans les universités et surtout se tourne vers la pastorale. Il appartient au monde conquérant de la réforme tridentine et à l'univers de la dévotion baroque. A ce titre, et avant même sa naissance officielle, il se heurte au politique qui va contribuer à le définir.En effet, le jénsénisme est contemporain de la Guerre de Trente Ans qui déchire l'Empire et voit s"affronter Catholiques et Protestant. Quand, par raison d'Etat, le cardinal de Richelieu s'entend avec les princes protestants, c'est le scandale chez les jansénistes : Jansénius dénonce Richelieu dans son Mars gallicus.
Cependant, le jansénisme séduit une partie de la population par sa pastorale, relayée par des abbayes célèbres (Port-Royal) ou par les évêques eux-mêmes (qui ont un grande importance dans la théologie janséniste). Les prélats janséniste dénoncent les duels, l'usure, la tyrannie de certains hoberaux locaux, mais condamnent avec autant de virulence la comédie, la danse, le carnaval, etc... Comme le mouvement janséniste déborde largement du cadre des clercs et des monastères, il passionne les élites.
Les Jésuites cependant constituent des adversaires tenaces : ils accusent l'évêque d'Ypres et ses disciples de renouveler les erreurs de Calvin en niant le libre-arbitre.
Rome condamne Jansenius dès 1643. Mais c'est une bulle papale, Cum occasione, qui, en 1653, déclare hérétique 5 propositions résumant la pensée de Jansenius sur la corruption de la nature humaine, l'efficacité de la grâce et le libre-arbitre.

Pour mémoire, les 5 propositions de Jansenius condamnées par l'Eglise :
1) Quelques commandements de Dieu sont impossible aux justes qui veulent et s'efforcent selon les forces qu'ils ont actuellement ; il leur manque aussi la grâce qui les rendrait possibles.
2) Dans l'état de nature déchue, on ne résiste jamais à la grâce intérieure.
3) Pour mériter ou démériter dans l'état de nature déchue, la liberté qui exclut la nécessité n'est pas requise, la liberté qui exclut la contrainte suffit.
4) Les semi-pélagiens admettaient la nécessité de la grâce intérieure prévenante pour chaque acte particulier, même pour l'acte de foi initial, et ils étaient hérétiques en ce qu'ils voulaient que cette grâce fut telle que la volonté pût soit lui résister, soit lui obéïr.
5) Il est semi-pélagien de dire que Jésus-Christ est mort ou qu'il a répandu son sang généralement pour tous les hommes.


Je m'arrête là car les incidences de cette hérésie sur le catholicisme ont été très nombreuses et je pense qu'elles le sont encore, et que je ne peux pas développer à l'infini sur les trois siècles qui suivent... je n'en ai pas le courage :oops: La résultante reste dans les esprit l'austérité marquée du catholicisme français du XIXème siècle.


Fraternellement.

Cécile

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Re: Les jansénites: qui sont-ils?

Message non lu par Isabelle47 » mer. 12 oct. 2011, 16:16

salésienne05 a écrit :Pour mémoire, les 5 propositions de Jansenius condamnées par l'Eglise :
1) Quelques commandements de Dieu sont impossible aux justes qui veulent et s'efforcent selon les forces qu'ils ont actuellement ; il leur manque aussi la grâce qui les rendrait possibles.
2) Dans l'état de nature déchue, on ne résiste jamais à la grâce intérieure.
3) Pour mériter ou démériter dans l'état de nature déchue, la liberté qui exclut la nécessité n'est pas requise, la liberté qui exclut la contrainte suffit.
4) Les semi-pélagiens admettaient la nécessité de la grâce intérieure prévenante pour chaque acte particulier, même pour l'acte de foi initial, et ils étaient hérétiques en ce qu'ils voulaient que cette grâce fut telle que la volonté pût soit lui résister, soit lui obéïr.
5) Il est semi-pélagien de dire que Jésus-Christ est mort ou qu'il a répandu son sang généralement pour tous les hommes.
Je vous remercie beaucoup pour votre développement très riche. Je n'ai pas votre érudition, je ne peux donc pas trop entrer en matière :) mais je garde en mémoire les cinq points que vous mentionnez (propositions condamnées par l'Eglise).
Dernière modification par Anne le jeu. 13 oct. 2011, 0:52, modifié 2 fois.
Raison : Balises de citations
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Re: Les jansénites: qui sont-ils?

Message non lu par François-Xavier » mer. 12 oct. 2011, 16:54

Isabelle47 a écrit :Il y a encore aujourd'hui en France énormément de jansénisme rampant... Le jansénisme est même à mon sens à la source de la crise ecclésiologique, a minima en France.

Pourriez-vous expliquer un peu, s'il vous plait? merci.
J'avais posté un message sur le jansénisme ici même. En recherchant un peu, je l'ai retrouvé. Il vaut son pesant de cacahouètes.... Il est explicite et illustratif. Il est signé de .... Dom Guéranger !
Dom Guéranger a écrit : Tout le monde a lu avec un vif intérêt dans la Revue de l’Anjou et du Maine, livraison de Novembre, un article de M. l’abbé H. Bernier, portant pour titre : Étude sur le jansénisme. L’objet de cet article était des plus graves ; et l’on ne saurait qu’applaudir à l’heureuse idée qu’a eue l’auteur de venir au secours de tant de gens auxquels manque entièrement la vraie théorie du jansénisme, et qui, faute de définitions saines et exactes, sont exposés à accepter mille erreurs dans la lecture des livres en si grand nombre qui ne traitent qu’en passant de cette hérésie et des débats auxquelles elle donna lieu. Nos livres modernes regorgent de notions fausses sur cette grande controverse ; des méprises de tout genre s’y rencontrent à chaque page ; des confusions risibles s’y trouvent mêlées à des injustices violentes ; en fin de compte, on ignore ce que c’est que le jansénisme, et pourtant il est convenu d’en parler toujours avec bienveillance, quand ce n’est pas avec admiration.

Le livre de M. Sainte-Beuve sur Port-Royal, les célèbres monographies de M. Cousin, les publications de manuscrits inédits, les réimpressions avec luxe des livres des docteurs du parti, sans parler des éternelles Provinciales que tout le monde vante et que personne ne lit, tout cet ensemble d’efforts tendant au même but a eu pour résultat, non d’initier les hommes d’aujourd’hui aux dogmes jansénistes, mais de les persuader que le parti de l’évêque d’Ypres formait la plus respectable agrégation de caractères généreux, d’âmes intègres et d’esprits élevés. On sait surtout, ou du moins on croit que rien n’était plus austère que les mœurs jansénistes ; ce n’est pas que le siècle ait la tentation de les imiter au pied de la lettre ; mais il aime assez à s’incliner devant la grandeur morale, et demeure persuadé qu’elle brillait au suprême degré dans les solitaires de Port Royal et dans leurs partisans.

Mon but n’est pas de tracer ici un portrait de la secte, ni de montrer combien elle se montra peu difficile à l’endroit des vertus, lorsqu’elle fut à même de recruter des adeptes dans les hautes régions sociales, et comment elle entendait les lois de l’équité, quand elle avait des adversaires à écraser, et celles de la franchise, quand il s’agissait d’esquiver les décisions de l’église, avec laquelle elle tenait à ne pas rompre extérieurement. Ce qui importe dans l’étude d’une secte ou d’une école, c’est de reconnaître d’abord son principe fondamental, son lien d’association ; là est son essence, sa vie, la raison de ses actes. Or, M. l’abbé Bernier l’a parfaitement expliqué, le Jansénisme avait pour base le système de Calvin, mitigé dans les larmes, mais au fond toujours le même. Un Dieu qui donne à l’homme des préceptes, et lui refuse la grâce sans laquelle il ne peut les accomplir ; un Christ qui n’a versé son sang que pour les élus ; des justes qui, lorsqu’ils font le bien, sont dans l’impuissance de résister à la grâce ; des pécheurs qui, lorsqu’ils font le mal, sont irrésistiblement entraînés : voilà le Jansénisme.

On conçoit aisément les conséquences pratiques d’une telle doctrine. Elle obtint un succès considérable, par le crédit et l’habileté de ceux qui s’en firent les apôtres et les docteurs ; et son premier effet fut de répandre la terreur, et d’inspirer un rigorisme de conduite qui n’avait rien de commun avec l’équitable sévérité de la morale chrétienne. Les Sacrements que le Sauveur a institués pour être le remède de la faiblesse humaine, en même temps que le stimulant des forts, devinrent un épouvantail pour les âmes qui ne reconnaissaient point en elles-mêmes cette haute perfection qu’on leur disait nécessaire pour s’en approcher. Des maximes, non seulement outrées, mais fausses, circulèrent partout ; on les rencontra dans presque tous les livres qui traitaient de pratique religieuse ; car les catholiques eux-mêmes tremblaient devant le reproche de morale relâchée. Ce fut la principale raison du succès des philosophes incrédules du 18e siècle ; il leur finit aisé de rendre odieuse et ridicule une religion que l’on cherchait par tous les moyens à compromettre avec l’esprit et avec le cœur de l’homme.

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Re: Les jansénites: qui sont-ils?

Message non lu par lmx » mer. 12 oct. 2011, 18:16

Le jansénisme se teinte de thomisme, toujours à l'honneur dans les universités et surtout se tourne vers la pastorale.
Jansénistes et baianistes (comme les protestants) avaient plutôt la scolastique en horreur d'après Henri de Lubac.
Ils semblent que Baius et Jansénius ne voulaient s'appuyer sur personne d'autre que St Augustin. Ils affirmaient avoir même lu St Augustin plus d'une dizaine de fois.

En tout cas la doctrine de St Thomas d'Aquin n'y est pour rien ni dans les déviations naturalistes de ses commentateurs baroques ni dans les hérésies jansénistes.

Il me semble que cette vision des choses est partagée par les protestants (du moins calvinistes)
Calvin c'est fondamentalement le même esprit juridique que les Baius et Jansénius. Des hommes de lettre, de systèmes, et non d'esprit, ce qui les disqualifiaient pour faire de la théologie.
Isoler quelques paroles de St Augustin qui était un esprit tout sauf systématique et qui s'adaptait en fonction de l'interlocuteur, en faire des axiomes et de là dérouler tout un système, c'était aller droit dans le mur.

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Re: Essayons de ne pas caricaturer le jansénisme

Message non lu par AdoramusTe » ven. 06 déc. 2013, 21:39

Bonjour,

Je ressuscite ce vieux fil.

Voici une bonne et récente émission de KTO sur le jansénisme.



En s'intéressant à la Bible Sacy, on ne peut que s'intéresser au sujet.
Je crois qu'on ne doit pas être aussi sévère avec ce mouvement. Bien sûr, la mauvaise interprétation de Saint Augustin a été condamnée par l'Eglise à raison.
Mais on ne peut passer à côté de l'efflorescence intellectuelle et spirituel du mouvement de Port Royal.
Dom Guéranger était un personnage entier, qui ne faisait pas de détails, mais que l'on ne peut comprendre que dans le contexte de son époque. Donc son opinion n'est pas à absolutiser.
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Re: Essayons de ne pas caricaturer le jansénisme

Message non lu par François-Xavier » sam. 07 déc. 2013, 16:31

ll me semble tout à fait excessif de condamner dom Guéranger au titre de son entièreté de caractère.... Comme si la doctrine de Saint-Cyran et consorts n'était pas à la racine de la crise de la foi que nous subissons aujourd'hui...
Lisez dom Guéranger sur ce sujet et ensuite seulement faites vous une opinion ;

http://www.domgueranger.net/category/le ... ansenisme/

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Re: Essayons de ne pas caricaturer le jansénisme

Message non lu par AdoramusTe » sam. 07 déc. 2013, 20:38

François-Xavier a écrit :ll me semble tout à fait excessif de condamner dom Guéranger au titre de son entièreté de caractère.... Comme si la doctrine de saint Cyran et consorts n'était pas à la racine de la crise de la foi que nous subissons aujourd'hui...
Cher ami,

On l'aime bien dom Guéranger, on ne le condamne pas !
Ce n'est pas que ma petite personne qui dit qu'il faut lire les écrits de dom Guéranger dans le contexte de leur époque, c'est dom Paul Debout lui-même, un fils de dom Guéranger, dans un article de la Maison Dieu.

Par exemple, sur le plan de la liturgie (mais peut-on encore débattre de la liturgie, hum... ;) ), les Institution Liturgiques contiennent un chapitre intitulé «L'hérésie anti-liturgique».
Eh bien ce chapitre dénonce à peu près tout ce qui a été fait dans le missel de Paul VI. Pour autant, peut-on dire que le pensée de dom Guéranger sur le sujet serait la même aujourd'hui ? Ca serait un peu hasardeux de le dire.

Quant à dire qu'un mouvement français est à l'origine d'une crise qui dépasse largement nos frontières, c'est aussi hasardeux, même si je ne dirais pas le contraire, par même prudence.

Ceci étant dit, je ne crois pas que l'on puisse mettre tout dans le même sac. C'est pourquoi je parlais de caractère entier, sans animosité.
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Le jansénisme est-il une hérésie ?

Message non lu par Marcos4 » mar. 09 mars 2021, 19:09

Bonjour à tous,

J'aimerais savoir quel est le point de vue actuel de l'Église sur le jansénisme, et sa doctrine de "grâce efficace".

Je sais que le jansénisme a été condamné en 1713 par le pape Clément XI, mais je voulais savoir si l'Église avait changé sa position depuis?

Amicalement,

Marco

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Re: Le jansénisme est-il une hérésie ?

Message non lu par mikesss » mer. 10 mars 2021, 12:04

Bonjour Marcos4,

A priori, si le jansénisme a été condamné pour hérésie par le pape, il n'y a aucune raison que l'Eglise revienne sur cette décision par la suite; ce qui était vrai il y a 4 siècle l'est toujours aujourd'hui. L'Eglise n'est pas censé modifier sa doctrine en fonction de l'époque. Elle peut l'affiner, mais elle n'ira pas en contradiction avec ce qui a été définit par le passé.

Cordialement.

Mikesss

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Re: Le jansénisme est-il une hérésie ?

Message non lu par gerardh » mer. 10 mars 2021, 12:34

__

Bonjour,

Peut-on nous expliquer ce que l'Eglise catholique a eu à reprocher au jansénisme ?

__

Marcos4
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Re: Le jansénisme est-il une hérésie ?

Message non lu par Marcos4 » mer. 10 mars 2021, 17:01

Justement mikesss, il me semble que le pape François veuille un peu réorienter l'Église vers une théologie plus augustinienne.

Il est fermement opposé au "pélagianisme", dont les jésuites sont proches.

Il a pris position en faveur de Blaise Pascal, défenseur du jansénisme, en déclarant notamment qu'il devrait être béatifié.

L'Église n'est-elle pas (peut-être de manière implicite) en train de revenir vers une doctrine proche de celle des jansénistes ? Et dans ce cas, le jansénisme est-il toujours considéré comme hérétique ?

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Re: Le jansénisme est-il une hérésie ?

Message non lu par Altior » mer. 10 mars 2021, 20:34

Bonjour, Marcos!
Marcos4 a écrit :
mer. 10 mars 2021, 17:01
Il a pris position en faveur de Blaise Pascal, défenseur du jansénisme, en déclarant notamment qu'il devrait être béatifié.
Je doute que la proposition de béatification de Pascal ait quelque chose à voir avec le soupçon de jansénisme à Port-Royal, mais plutôt elle a été faite en prenant en considération la vie exemplaire de Pascal. Car le principal pourfendeur contre le jansénisme fut un jésuite espagnol (de Molina si je m'en souvient bien). Or, un jésuite qui donne tort à un autre ça serait trop jésuite...

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Re: Une question sur le Jansénisme

Message non lu par Trinité » mer. 10 mars 2021, 23:36

Bonsoir Marcos,

Je ne connais pas très bien le jansénisme, mais il me semble qu'en résumé:
seule la grâce divine permet d'obtenir la vie éternelle, après un choix de Dieu relatif aux hommes envers lesquels, il consent à la donner!
Le libre arbitre de l'homme n'intervenant jamais...
Comment peux t'on imaginer un Dieu d'Amour fonctionnant ainsi?
Dans ces conditions, quoique fasse l'homme, s'il n'a pas été choisit par Dieu, il serait condamné....c'est totalement aberrant !
Je ne dis pas que la grâce divine n'existe pas, mais elle ne peut supplanter le "libre arbitre"

Cordialement

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