jerome,
Si les péchés ont déjà été remis, c'est que le Seigneur a été miséricordieux à notre égard puisque nous avons obtenu le sacrement de réconciliation. Alors peut-être que l'indulgence est en lieu avec la Pénitence ? Mais à ce compte là, à quoi correspondent les indulgences du type : "100 jours chaque jour quand on le porte sur soi" ?
Désolé de revenir à moi, mais cela signifie-t-il que malgré l'absolution que j'ai reçu pour mes 25 ans de pêché il faudrait que j'obtienne une indulgence de dévotion pour effacer les peines temporelles ?
La pratique des indulgences n'est pas un truc dont la plupart des catholiques sont très familiers. C'est à peine si moi-même je commencerais à voir un peu plus clair dans le domaine.
Ce que je crois comprendre et pour faire la traduction dans mes mots : le sacrement du pardon vous libère de la malédiction du péché en quelque sorte, vous affranchit de ses conséquences mortelles jusque dans l'éternité. Étant bel et bien pardonné, vous êtes aussitôt rétablit dans la communion.
Seulement, le fait d'avoir pu pécher «gravement» laisse comme une trace en nous en terme de tristesse, désolation, regret.
Tout dépendamment de la qualité de la contrition (imparfaite?), de l'importance de la faute tout simplement, il peut se faire que nous nous attarderons encore à ruminer la vieille blessure, à nous morfondre un peu ou alors il nous restera un doute à savoir si Dieu pourrait réellement nous pardonner. Les ruminations mentales de suspicions (le doute sur soi-même, je ne suis pas assez aimable pour que Dieu puisse ...) sont une prise pour les influences spirituelles malignes.
Quelle médecine pour ça? La charité. Le fait d'accepter de suivre la recommandation du médecin va parfaire le processus de guérison et ôter les dernières séquelles de tristesse pouvant demeurer. Le fait d'effectuer par exemple le petit pélerinage à tel sanctuaire, pour ensuite faire oeuvre de miséricorde envers des pauvres, au profit de prisonniers, reste le moyen tout indiqué pour assurer le retour de la joie. Pardon et désir de réparer. Le but c'est la joie. La joie du ciel.
La pratique des «indulgences» prend place de façon cohérente dans la doctrine plus globale qui est celle de l'Église catholique, avec sa compréhension de ce qu'est le péché, la peine, la joie, la béatitude.
En langage de catéchisme :
1478 L'indulgence s'obtient par l'Église qui, en vertu du pouvoir de lier et délier qui lui a été accordé par le Christ Jésus, intervient en faveur d'un chrétien et lui ouvre le trésor des mérites du Christ et des saints pour obtenir du Père des miséricordes la remise des peines temporelles dues pour ses péchés. C'est ainsi que l'Église ne veut pas seulement venir en aide à ce chrétien, mais aussi l'inciter à des oeuvres de piété, de pénitence et de charité.
C'est le médecin qui recommande ce qu'il y a de meilleur pour la santé du client.
Auparavant
1473 Le pardon du péché et la restauration de la communion avec Dieu entraînent la remise des peines éternelles du péché. Mais des peines temporelles du péché demeurent. Le chrétien doit s'efforcer, en supportant patiemment les souffrances et les épreuves de toute sorte et, le jour venu, en faisant sereinement face à la mort, d'accepter comme une grâce ces peines temporelles du péché; il doit s'appliquer, par les oeuvres de miséricorde et de charité, ainsi que par la prière et les différentes pratiques de pénitence, à se dépouiller complètement du vieil homme et à revêtir l'homme nouveau.
En clair, le fait d'avoir péché
lourdement nous afflige. On pensera au bon gars un peu ivrogne et qui un soir aura pris sa voiture en état d'ivresse pour finalement avoir réussit à faucher quatre piétons et en avoir tué deux. Une faute énorme, la bourde majeure, un crime. C'est «pesant» pour la conscience de l'intéressé.
Le pardon de Dieu est donné via l'Église. La confession est efficace. Sauf, même pardonné, il peut être difficile pour le sujet de retrouver la joie, la sérénité et tout. Pour une libération archi-totale, il est plus beau, plus juste, plus parfait, plus saint d'accepter ces séquelles de remord comme une grâce (une justice), tout en s'appliquant à travailler au profit de tous. Et c'est ce qui s'appelle revêtir l'homme nouveau. C'est la condition pour entrer «plus avant» dans la joie du Maître. «Si tu veux être parfait ...»
Il est assez évident qu'on ne se débarrasse par d'un péché important en un claquement de doigt, comme par magie. Ce serait rire du monde, se moquer des coupables autant que des victimes. Le type qui travaille comme bourreau au Chili pendant quinze ans et qui fait 375 victimes, laissant dans son sillage des individus handicapés pour la vie, n'est-ce pas? Ce serait se moquer de tout le monde et de Dieu pour commencer s'Il fallait tenir que la simple récitation d'une petite formule magique «Excuse, Jésus!» prononcé sur son lit de mort suffirait à expédier séance tenante notre bonhomme en Paradis. Ce serait comme faire fi du sérieux de la vie, des exigences qui sont celles de l'amour.
Avec les indulgences, l'Église n'affirme pas que suite à une confession devant le prêtre, il faille nécessairement que tous soient enchaînés à des peines extérieures et que Dieu impose comme un tyran. Non, mais qu'il peut arriver que le quidam qui est membre de l'Église est encore fragile, que la contrition ait été imparfaite, etc. Entrer davantage dans la dynamique qui est celle de l'Église, la dynamique des saints, reste le moyen par excellence pour atteindre à cette fin et à cette joie que Dieu veut pour tous. Il y a une indulgence, une activation ou une accélération du processus d'évolution personnelle en le bon sens et pour atteindre l'objectif, quand on s'active à vouloir soi-même ce que le Christ veut, ce que l'Église souhaite. C'est pour le bien du chrétien concerné, pas celui de la banque du Vatican.