Je trouve moi aussi cette réplique saisissante et énigmatique ! Notamment parce qu'elle fait écho un discours que les chrétiens rencontrent beaucoup à notre époque. D'après moi, elle dessine plus un certain "genre" d'homme (un type ou un caractère si vous voulez) qu'elle ne renvoie à une définition de la politique en général. Je ne pense pas non plus qu'il faille y voir une quelconque position philosophique élaborée. Cette phrase est à mon avis soit désabusée, soit désinvolte. Cette dernière option est privilégiée par l'abbé Fillion dans son commentaire :
Qu’est-ce que la vérité ? Il n’y a pas d’article dans le texte grec ; preuve que Pilate ne songeait pas alors à la vérité absolue, essentielle, mais qu’il parlait d’une manière tout à fait générale. Faut-il prendre au sérieux sa question ? Non assurément ; il va montrer lui-même, en se retirant aussitôt après l’avoir posée (v. 38b), qu’il ne ressentait pas la moindre soif de la vérité, et qu’il ne désirait aucune réponse. Était-ce donc une pure plaisanterie, comme l’a dit Lord Bacon ? ou bien, ainsi que d’autres l’ont prétendu, soit un sarcasme, soit la réflexion d’un homme dissipé, blasé ? Nous ne le croyons pas. Il nous paraît plus exact d’y voir la saillie d’un homme d’affaires frivole, superficiel, dépourvu de convictions, qui lance au hasard, quoique avec une certaine bonhomie, une question des plus graves, et qui rompt brusquement la conversation pour passer à autre chose, n’ayant pas le temps de s’occuper de sujets si abstraits.