Sur la question de l'infaillibilité, Simone Weil s'est prononcée en terme très simple dans sa lettre au père Couturier :
«L'Église ne semble pas être infaillible; car en fait elle évolue. Au Moyen Âge, la parole «Hors de l'Église, point de salut» était prise au sens littéral par le magistère général de l'Église. Du moins les documents semblent bien l'indiquer. Et aujourd'hui on la comprend au sens de l'Église invisible.»
Dans les mêmes pages, Simone Weil ajoute d'autres exemples pour bien démontrer son point. Elle a particulièrement raison sur ce dogme qui faisait l'objet de sa plus profonde répulsion :«Hors de l'Église, point de salut». Il est tout à fait évident que l'interprétation actuelle de l'axiome ne peut être réconciliée avec celle du concile de Florence. Il suffit de lire le décret de ce concile pour s'en rendre compte :
- "(L’Eglise) croit fermement, professe et prêche qu’aucun de ceux qui se trouvent en dehors de l’Eglise catholique, non seulement païens, mais encore juifs ou hérétiques et schismatiques ne peuvent devenir participants à la vie éternelle, mais iront "dans le feu éternel qui est préparé par le diable et ses anges " (Mt 25,41), à moins qu’avant la fin de leur vie, ils ne lui aient été agrégés"; elle professe aussi que l'unité du corps de l'Église a un tel pouvoir que les sacrements de l'Église n'ont d'utilité en vue du salut que pour ceux qui demeurent en elle, pour eux seuls jeûnes, aumônes et tous les autres devoirs de la piété et exercices de la milice chrétienne enfantent les récompenses éternelles, et que personne ne peut être sauvé, si grandes soient ses aumônes, même s'il verse son sang pour le nom du Christ, s'il n'est pas demeuré dans le sein et dans l'unité de l'Église catholique.»
Eugène IV, Concile de Florence, Décret pour les Jacobites, 1442.
Voyez plutôt :
- "II est nécessaire de tenir ensemble ces deux vérités, à savoir la possibilité réelle du salut dans le Christ pour tous les hommes et la nécessité de l’Eglise pour le salut (§9). L’universalité du salut ne signifie pas qu’il n’est accordé qu’à ceux qui croient au Christ explicitement (§10)".
Jean-Paul II, "Redemptoris Missio", 1990. [dans la ligne de Mystici Corporis de 1943]
Ma question : Quel est le statut actuel du décret de Florence ? Comment vous comprenez l'affaire en lien avec ce que l'Église en dirait ? annulation ? évolution ? autre chose ?