Alleluia a écrit :
Qu'est-ce qui vous a fait prendre conscience que l’ésotérisme n'était pas le chemin à suivre, si je puis me permettre de vous poser la question?
Tout d'abord il y a des soirs comme aujourd'hui où j'ai l'impression de ne plus rien savoir. Je ne sais plus très bien ce qu'est le vrai Bien ou le faux Bien, ce qu'est le choix, ce qu'est mon choix.. Je n'ai qu'une seule certitude: d'ici peu, je rejoindrai l'autre monde et je saurai définitivement ce que je désire du plus profond de mon cœur. Et, honnêtement, pour le moment, je n'arrive pas à savoir ce que c'est.
L'ésotérisme est une "affaire d'initiés". Il prétend que des choses ne sont pas accessibles en-dessous d'un certain niveau développement personnel. C'est une spiritualité d'exclusion qui amène à toujours plus de volonté de puissance (avec parfois une authentique sensation d'humilité!
) avec toujours plus de distance avec les "sous-développés" (à l'extrême, les handicapés mentaux qui doivent certainement avoir raté leur incarnation).
Par chance ou par malchance, j'ai toujours eu une santé physique et mentale déplorable. Tout à perdre et rien à perdre en même temps. Je me suis lancée à corps perdu dans l'ésotérisme, en espérant trouver la puissance spirituelle qui pourrait me guérir. Dans un sens, j'ai été maligne. Pas question d'être le maillon faible bêtement soumise au sorcier du coin. Mon ésotérisme était avant tout intellectuel. Il s'agissait d'acquérir la connaissance susceptible de m'amener à la sagesse et de m'affranchir des refoulements inconscients, nécessairement à l'origine de mes maux.
Problème: mes maux n'ont jamais disparu.
Il y a dix mois, la mort dans l'âme, j'ai constaté le désastre. J'avais voulu arrêter mes antidépresseurs et autres psychotropes pour travailler ma clarté de conscience et évoluer spirituellement. J'ai accumulé les attaques d'incubes et autres manifestations neurologiques de démons (doublées du manque), j'ai perdu toute mon énergie à la gestion de ces attaques et à mon obsession d'évolution spirituelle (et autres obsessions). Mes maux de ventre sont devenus ingérables et chaque geste de ma vie quotidienne est devenu un enfer à cause de l'énergie à mettre en œuvre et dont j'étais dépourvue.
A ce moment-là, les choses sont devenues très claires: ma quête spirituelle n'avait aucun sens comme telle puisque basée sur ma puissance et mes aptitudes. Terrassée par mon désespoir, mes douleurs et mon épuisement, j'ai cru que j'allais me jeter par la fenêtre, même contre mon gré puisqu'il me restait une envie de continuer à vivre. Je me suis dépêchée de reprendre mes antidépresseurs (que j'avais arrêté 5 mois après des années d'utilisation) et j'ai fait un constat fondamental: là où le diable a besoin de puissance, Dieu se contente du handicap. Vouloir à tout prix dépasser mes capacités défaillantes me menait tout droit en enfer.
Et j'étais de toute façon instable.
Mes objectifs sont plus modestes depuis lors. Il y a quelque chose à vivre dans ma situation. Quand je serai vieille et impotente, si cela arrive (faut tenir jusque là mine de rien), il y aura encore quelque chose à vivre. Et même si je sombre dans l'Alzheimer, il y aura toujours quelque chose à vivre. Quelque chose qui ne perd pas sa qualité avec le handicap, quelque chose qui est lié à un Autre.
Voilà pourquoi je m'intéresse à cet Autre et non plus à mon évolution (enfin, toujours un peu quand même, il faut bien assumer sa vie terrestre: je fais juste du mieux que je peux en fonction de mes problèmes). Mais je n'ai pas encore bien l'habitude, ça me change de ne plus être une acharnée de l'émancipation.
Cela dit, j'ai l'impression qu'un démon peut tout réveiller en deux minutes, alors je suis prudente... Ce soir je suis un peu perdue, donc fragile. Donc attentive.
Cordialement,
Théo d'Or
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