Benoit Duhavre a écrit : ↑mer. 14 déc. 2022, 21:14
à moins que je comprennes mal le sense de ces 2 précédantes anathemes... elles m'apparaissent contredire completement des paroles du CHRIST VIVANT canoniques....cela me perturbe profondément...
j'aimerais bien qu'on m'explique ce que je ne comprends pas bien ici...
merci.
Bonjour,
Je ne vais pas répondre point par point sur le fond (désolé je manque de temps et il me semble que vos références couvent le sempiternel débat sur la justification par la foi seule : la Sola Fide, déjà longuement débattue) mais plutôt sur la forme dont vous abordez ces textes. Ma réponse ne sera donc que partielle, d'autres pourront probablement reprendre point par point.
Il faut déjà comprendre que dans les textes ecclésiaux, pontificaux ou dans l'ensemble du Magistère, l'anathème n'est pas une malédiction lancée et irrévocable ... mais une formule juridique. Comme le comprennent mal certains, catholiques et non catholiques, elle rappelle où se trouve l'autorité dans l'Église catholique.
Autorité qui n'a pas bonne presse - de crainte de tomber sous le joug des hétéronomies au nom de la liberté individuelle - mais qui est subordonnée à Dieu par le ministère Pétrinien; et bien entendu qui se doit d’être au service des fidèles et du monde.
L'Église n'est pas une démocratie et ne va donc pas se comporter comme telle, avec un «peuple» voulant contrôler le pouvoir ou dire son mot sur la façon dont devraient être interprétés les textes. La place de la hiérarchie est centrale, ainsi le pape peut consulter (le peuple de Dieu, les évêques du monde, la CTI ou les Congrégations sous son autorité) et abroger, reformuler ou revoir un article portant un anathème.
Mais le CEC, par exemple, ne dit pas : "voilà ce que nous proposons et dites nous ce que vous en pensez". Non, il dit plutôt : «voilà ce qu'est la foi de l'Église catholique», et si on est en désaccord alors on s'excommunie volontairement de l'unité dans cette même foi : on n'est donc pas ou plus catholique; c'est ce qu'exprime l'anathème.
Ensuite sortir de la Bible des versets - hors de leur contexte - pour les appliquer stricto sensus à des formules juridiques est un non sens. D'ailleurs je trouve que vos choix correspondent à une lecture orientée et ne sont pas en adéquation avec le contenu auxquels ils se référent.
En procédant ainsi, on peut en trouver autant qui affirmeront ces textes que d'autres qui les infirmeront.
La Sola Scriptura protestante n'est pas recevable pour les catholiques puisque qu'elle n'est pas la seule voie de la Révélation.
La Parole, vivante et inspirée, reste première mais c'est parce que les premiers témoins qui l'ont reçue disparaissaient que la Tradition de l'Église l'a retranscrite dans des livres qui ont formé une bibliothèque (sens du mot Bible).
C'est donc parce qu'il y a une Tradition que la Parole de Dieu nous parvient à travers la Bible; et non l'inverse.
Comme le dit Jean au chapitre 21 : «
Il y a encore beaucoup d’autres choses que Jésus a faites ; et s’il fallait écrire chacune d’elles, je pense que le monde entier ne suffirait pas pour contenir les livres que l’on écrirait.» (verset 25). Ce qui n'a pas été écrit est transmis par cette même «Tradition» que les catholiques reconnaissent comme valeur interprétative. Ne pas en tenir compte c'est s'en priver et risquer des interprétations toutes personnelles et/ou incomplètes. Puisqu'elles ne tiennent pas compte d'une transmission bimillénaire, de la «trahison» des textes hellénistiques jusqu'aux traductions en langues vernaculaires, de l'interprétation des saints ou docteurs de l'Eglise etc etc.
En gros c'est en comprenant la Tradition catholique qu'on peut aborder ces textes.
Le CEC n'est donc pas une transcription littérale de la Bible mais la façon dont elle est interprétée par son Église, à la lumière de sa Tradition apostolique et magistérielle, de ses charismes, etc, afin de définir quels sont les fondements de sa foi ou de ses dogmes.