Je me propose de répondre à un texte à la fois...question de laisser le temps pour digérer le tout.
Son motif et ses raisons, s’il en est, sont qu’il agit par pur Amour gratuit. La création est en vue de l’homme. Il n’en a pas « besoin » mais il la crée par pur acte d’Amour gratuit.popeye a écrit :Dieu est créateur. Ceci aussi peut se démontrer rationnellement. On peut même démontrer que Dieu n’agit pas en vue d’une fin, car la fin est motrice : elle meût l’agent à agir. Or être mû, fusse par une cause finale, c’est être mis en mouvement, autrement dit passer de la puissance à l’acte, ce qui est impossible en Dieu, comme on vient de le voir. Et c’est pourquoi si Dieu n’agit pas sans raisons, Il agit sans motifs. Et c’est pourquoi aussi la seule fin de l’agir ad extra est la fin de l’opéré (finis operis), ce pour quoi l’opéré (la créature) a été voulu. Mais en aucun cas la création est la fin de Dieu ou de son agir (lequel est Dieu). C’est là deux vérités d’extrême importance.
popeye a écrit :Dieu n’a aucun besoin de nous. Nous créér ne répond pas en Lui à une nécessité. Nous ne sommes pas là pour combler un manque : « Si quelqu’un .. dit que Dieu n’a pas créé par une volonté libre de toute nécessité, mais aussi nécessairement qu’Il s’aime soi même .. QU’IL SOIT ANATHÈME » (Vatican I, session III, can.5 du cap.1 ; Dz 3025). Dieu n’est pas déterminé à nous créér par je ne sais quel besoin : Dieu n’a aucun besoin de nous.
Non, il n’a aucun besoin de nous. Par ailleurs, l’Amour appelle l’amour. L’Amour appelle à la communion des Personnes. Vous me direz, la Trinité se suffit en Elle-même et vous aurez raison mais, puisque c’est un Acte d’Amour gratuit et que l’Amour tend à se répandre, Dieu crée afin de pouvoir déverser son Amour dans sa Création, spécialement dans sa créature humaine, qu’Il a créé à son image et à sa ressemblance, afin de pouvoir se glorifier Lui-même en sa créature. Malgré ces belles vérités grandissimes, Thérèse de Lisieux disait pourtant : Tu mendies mon amour…Dieu aime, Il ne peut s’en empêcher et ne peut s’abstenir de créer, de recréer…de répandre sa Vie. L’Amour, comme je le disais, ça se vit à deux. Dieu attend pourtant une réponse à cet appel. Elle n'est pas nécessaire pour Lui mais je vous paris que cela ajoute à sa Joie et à sa Gloire. La réponse que nous lui balbutions dans nos pauvres prières et l’amour avec lequel nous pouvons l’aimer en retour : le Sien ! C’est toujours Lui qui a l’initiative et qui nous précède.
popeye a écrit :Et que nous soyons damnés ou sauvés, cela n’affecte en rien Dieu, Acte Pur et Souveraine Béatitude : « La Sainte Église Catholique Apostolique Romaine CROIT ET PROFESSE qu’il n’y a qu’un seul Dieu vivant et vrai, … absolument simple et immuable, … parfaitement heureux en Lui-même et par Lui-même ». (Vatican I, Constitution Dei Filius, cap.1 ; Dz 3001).
Là, je ne suis pas d’accord : il suffit de regarder le Christ sur la Croix (dans la mesure où nous croyons que le Christ est Dieu) pour voir combien notre béatitude ou notre damnation affecte Dieu…jusqu’à venir donner sa vie, d’une mort abjecte, pour que nous connaissions le bonheur de Le reconnaître enfin comme Père. Oui, notre sort Le concerne, puisqu’Il vient récapituler en Lui toute notre humanité pour nous donner part à sa Vie. Cela affecte Dieu…douloureusement.
Personne ne nie cela ici…popeye a écrit : Dieu est la fin de la créature, ce pour quoi la créature a été voulue. C’est un dogme de foi dont la négation est une hérésie. C’est un dogme, car c’est une vérité de foi divine et catholique. De foi divine, puisque formellement et explicitement révélé : « L’Éternel a tout fait pour Lui-même. » Pr. XVI 4. De foi catholique, puisqu’infailliblement défini : « Si quelqu’un .. nie que le monde ait été créé pour la gloire de Dieu, qu’il soit ANATHÈME ». (Vatican I, session III, can.5 du cap.1 ; Dz 3025).
C’est très beau et très vrai. À ceci je vous poserais cette simple question : de quelle gloire Jésus parle-t-Il alors qu’Il dit lors de son discours d’adieu dans Jean : « maintenant le Fils de l’homme a été glorifié » ? À l’instant même où Jésus connaît le dessein de Judas qui va sortir pour le trahir et qu’il s’en va à la Croix. Quelle est donc cette gloire mystérieuse dont Jésus parle au moment de la trahison ? Le moment le plus sombre de la vie de ce malheureux Judas et le début des souffrances (morales du moins) de Notre Seigneur. S’agirait-il d’une gloire qui n’est pas de ce monde ? Tout comme son Royaume qui n’est pas de ce monde ? Tout comme cette Paix qui n’est pas la paix du monde ? Jésus parle d’une gloire maintenant, à l’instant même de la manifestation de la haine dans le cœur de Judas. À cet instant, Jésus offre la bouchée de pain (signe d’honneur dans la tradition sémite de donner la bouchée de pain à l’invité) à celui qui le trahit et Il se déclare glorifié ! Étrange gloire non ? Que s’est-il passé pour que Jésus se déclare glorifié à cet instant apparemment pas très glorieux ? Nous sommes loin des grands éclats majestueux et sublimes que nous imaginons pour Dieu Tout-puissant. Serait-ce que nous avons une impression différente de ce qu’est la gloire de Dieu tout comme est différente l’espérance messianique du peuple d’Israël qui était dans l'attente d'un Messie arrivant dans un grand éclat politico-religieux et qui rétablirait la royauté dans Israël. Un Messie qui viendrait dans sa gloire majestueuse, sublime, grandissime ? À ce jour, nos frères juifs attendent toujours ce Messie glorieux… tout cela pour dire que la gloire dont est investi Jésus n’est pas la gloire de ce monde telle que nous l’imaginons dans notre petite tête. La gloire de Jésus (qui est la gloire de Dieu) à cet instant est d’avoir aimé Judas, de l’avoir honoré par la bouchée de pain (ceci est mon Corps livré pour vous, Jésus est le Grand Prêtre qui offre à Judas sa propre vie), de s’être livré pour lui alors qu’il est son ennemi. La preuve que Dieu nous aime est qu’il est mort pour nous alors que nous étions encore ses ennemis… Voilà la Gloire de Dieu : c’est son Amour inconditionnel pour le pécheur que je suis, son abaissement par amour, son Incarnation, Sa Mort et sa Résurrection. Elle est là la gloire de Dieu. Thérèse d’Avila avisait bien ses sœurs de ne fixer rien d’autre que la très sainte humanité de Jésus pour connaître la gloire de Dieu. Elle disait en substance : Voulez-vous voir et connaître Dieu ? Méditez sur la sainte humanité de notre Seigneur. Tout autre façon peut être trompeuse, illusion, ruse du démon. Et pour nous, c’est dans un petit bout de Pain (aliment banal, quotidien, familier) qu’Il donne à voir sa gloire, jusqu’à ce que nous le voyions dans le face à face éternel.popeye a écrit :La Bonté entitative de Dieu est sa Souveraine Perfection, sa Gloire objective. La gloire formelle est la connaissance et l’amour (respect, adoration, amour) que suscite la gloire objective. On parle de la Gloire formelle intrinsèque de Dieu pour signifier le respect et l’amour que Dieu se porte à lui-même en se voyant et s’aimant tel qu’Il est, à savoir Parfait, Sublimissime de Gloire objective, d’une Perfection telle que rien de plus parfait ne puisse être pensé ni être. La Gloire formelle intrinsèque de Dieu est donc une réalité d’ordre absolu.
J’ajoute que saint Paul disait : Pour moi vivre, c’est le Christ, et mourir est un gain : la croix de Jésus Christ est ma seule gloire…la croix…seule gloire…nous sommes loin de la gloire grandissime et sublime "mystico-gélatineuse" ou conceptuelle…la croix, objet de supplice et de dérision aux yeux des hommes, folie pour les païens…mais sagesse de Dieu. Tout cela pour dire que la gloire que vous décrivez est très belle et très vraie, et les mots sont sûrement trop courts pour décrire la vision que nous aurons en contemplant la gloire de Dieu dans le ciel, mais pour nous, sur cette terre, pour maintenant, il nous a été révélé une autre facette de la gloire de Dieu et c’est par celle-ci que nous atteindrons la grandissime : le Chemin, la Vérité et la Vie : Jésus-Christ, crucifié, gloire et sagesse de Dieu. Porte étroite. Nul ne connaît le Père si ce n’est le Fils. Et nul ne va au Père si ce n’est par le Fils. C’est Jésus qui nous révèle la gloire de Dieu car il est l’icône du Dieu invisible…Dieu fait chair.
popeye a écrit :C’est la connaisance et l’amour que la Nature divine (et donc les Personnes qui la sont) a (ont) de sa (leur) propre excellence. Notre fin dernière absolue, la raison suprême et ultime pour quoi nous sommes créés et surnaturalisés, c’est la Gloire extrinsèque et formelle de Dieu, autrement dit, c’est Dieu, en tant que vu intuitivement et respecté, estimé, adoré et aimé en conséquence par ses créatures. Cette vision intuitive et cette dilection consécutive génèrent la béatitude de l’élu, sa fin dernière relative :
Là, je répèterais les paroles de la grande Thérèse, ci haut mentionnées. L’intuition c’est bien, mais elle peut être trompeuse…la sainte humanité, et elle seule, de Jésus nous révèle le vrai visage de Dieu et nous donne de l’adorer en Esprit et Vérité et nous donne de crier dans un élan d’Amour, d’adoration, de louange « Abba ! Père ! » que l’Esprit révèle à notre esprit.
Cette profession m’effraie. Jésus-Christ est Vrai Dieu et vrai homme. Tu es le plus beau des enfants des hommes. Méditer sur la sainte humanité du Christ à l’aide des Sacrements (spécialement l’Eucharistie avec l’Adoration du saint Sacrement) révèle la gloire de Dieu à qui sait se tenir humblement sous son regard. Si le Christ, même dans son humanité, est Dieu, il n’est pas possible de dire que la Perfection de Dieu contraste avec la plus sublime des créatures, serait-ce l’humanité du Christ.popeye a écrit :Or si Dieu est pour l’homme et l’homme pour Dieu, en aucun cas la créature ne peut avoir le primat sur Dieu, raison pourquoi, dans l’ordre des fins dernières, notre béatitude n’est que relative, autrement dit seconde dans l’ordre d’intention. Car quoi de plus convenable pour Dieu que d’ordonner sa créature à Lui comme à sa fin, Dieu étant Perfection Souveraine, Perfection telle qu’en contraste la plus sublime des créatures, serait-ce l’humanité du Christ, n’est qu’un epsilon, un quasi-néant. Ce qui d’ailleurs se démontre apodictiquement :
Le Concile de Chalcédoine en 451 confesse :« L’événement unique et tout à fait singulier de l’Incarnation du Fils de Dieu ne signifie pas que Jésus-Christ soit en partie Dieu et en partie homme, ni le résultat du mélange confus entre le divin et l’humain. Il s’est fait vraiment homme en restant vraiment Dieu. Jésus-Christ est vrai Dieu et vrai homme. Cette vérité de foi l’Église a dû la défendre et la clarifier au cours des premiers siècles face à des hérésies qui la falsifiaient. » (CEC § 464)
« À la suite des saints Pères, nous enseignons unanimement à confesser un seul et même Fils, notre Seigneur Jésus-Christ, le même parfait en divinité et parfait en humanité, le même vraiment Dieu et vraiment homme, composé d’une âme rationnelle et d’un corps, consubstantiel au Père selon la divinité, consubstantiel à nous selon l’humanité, « semblable à nous en tout, à l’exception du péché » (He 4, 15); engendré du Père avant tous les siècles selon la divinité, et en ces derniers jours, pour nous et pour notre salut, né de la Vierge Marie, Mère de Dieu, selon l’humanité.
Un seul et même Christ, Seigneur, Fils unique, que nous devons reconnaître en deux natures, sans confusion, sans changement, sans division, sans séparation. La différence des natures n’est nullement supprimée par leur union, mais plutôt les propriétés de chacune sont sauvegardées et réunies en une seule personne et une seule hypostase. »
J’userais d’un autre terme si j’étais vous car celui-ci n’a pas bonne presse dans ce siècle. On pourrait parler plutôt de PLÉNITUDE ? De ROYAUTÉ UNIVERSELLE ? Ou LORSQUE DIEU SERA TOUT EN TOUS ? Ça me semble plus respectueux et pour Dieu (qui n’est pas un despote stalinien) et pour les humains dont le terme fait frémir...avec raison.popeye a écrit : En conclusion, Dieu ne posant le créé que comme moyen en vue de Lui, il n’y a pas d’esprit plus TOTALITARISTE que celui de Dieu.
Là, mon cher popeye, nous avons un petit problème. Mon Catéchisme de l’Église Catholique ne dit pas tout à fait la même chose :popeye a écrit :Totalitariste, cela ne signifie pas que Dieu soit négateur de la liberté qu’Il créé. Cela signifie ces vérités de foi qu’Il a tout créé pour Lui-même, et qu’Il damnera, en les frappant de peines d’autant plus terribles que sempiternelles, ceux qui, ayant refusé de L’aimer par-dessus tout, ont préféré la créature au Créateur, Dieu béni éternellement.
Également :Dieu ne prédestine personne à aller en enfer; il faut pour cela une aversion volontaire à Dieu (un péché mortel), et y persister jusqu'à la fin. Dans la liturgie eucharistique et dans les prières quotidiennes de ses fidèles, l'Église implore la miséricorde de Dieu, qui veut "que personne ne périsse, mais que tous arrivent au repentir" (2 P 3, 9). (CEC § 1037)
À suivre...Le Christ est Seigneur de la vie éternelle. Le plein droit de juger définitivement les œuvres et les cœurs des hommes appartient à Lui en tant que Rédempteur du monde. Il a « acquis » ce droit par sa Croix. Aussi le Père a-t-il remis « le jugement tout entier au Fils » (Jn 5, 22). Or le Fils n’est pas venu pour juger, mais pour sauver (Jn 3, 17) et pour donner la vie qui est en Lui (Jn 5, 26). C’est par le refus de la grâce en cette vie que chacun se juge déjà lui-même, reçoit selon ses œuvres et peut même se damner pour l’éternité en refusant l’Esprit d’amour. (CEC § 679)
Dieu vous bénisse,
Hélène