Il faut savoir qu’il n’est pas question de pomme dans l’histoire. Le mot latin est « pomum » qui signifie « fruit ». Il s’agit d’une image bien sûr qui veut parler à notre cœur et à notre intelligence. Tout comme Jésus utilise cette même image pour parler d’un arbre bon qui produit de bons fruits. Il semblerait que la tradition qui a associé le fruit à une pomme viendrait du Cantique des cantiques dans lequel on retrouve un verset qui dit en substance : « sous le pommier tu t’étais endormie » parlant de l’épouse du Bien-aimé c’est-à-dire, l’humanité tombée dans le sommeil du péché (la mort) et que le Bien-aimé viendra réveiller lors des épousailles de la Croix et de la Résurrection. Le fruit dont il est question est un fruit de la région de la mésopotamie qui était bon pour être entièrement consommé sans aucune perte (par exemple le noyau et/ou la pelure). Ce qui signifie que ce que Dieu donne est bon dans son intégralité. Il donne tout et tout est bon pour notre satisfaction, nos désirs, notre bien-être, etc.poupie a écrit :Donc en fait j'aimerais savoir à quoi correspond le fruits defendu?
Pour ce qui est du fruit défendu, il s’agit d’une bien malheureuse traduction que de faire usage du mot « défendu ». Il faudrait plutôt parler "d’inter-dit" (au sens étymologique du terme et non pas au sens de « défendu »). « Inter-dit » càd : « ce qui est dit entre nous » ou « ce qui est entendu » comme une parole qui fait vivre parce qu’elle pose des limites et appelle à la liberté (la vraie qui consiste à choisir le bien) et non un interdit qui appelle à une soumission servile ou écrasante d’un Dieu Tout-puissant.
Dieu dit : « Tu peux manger de tous les arbres du jardin ». « TOUT » c’est bien tout. C’est quand même beaucoup ! C’est tout. Mais, il y a une mise en garde, une épreuve de la liberté : « mais, de l’arbre de la connaissance du bien et du mal, tu n’en mangeras point sous peine de mourir » (ou de devenir mortel selon la traduction). Ce qui est intéressant ici est que nos contemporains brandissent sur tous les tons cet inter-dit comme si Dieu ne voulait pas que nous acquérions la connaissance (par exemple la science) et c’est l’argument numéro un pour les rationalistes athées : la science et la foi sont incompatibles puisque le chrétien est appelé à rester dans l’ignorance. Comme le serpent de la Genèse, on nous parle d'un dieu jaloux de l'homme qui veut se garder un pouvoir. Or si on lit bien le verset, il ne s’agit pas de ne pas acquérir la connaissance mais bien de ne pas connaître (au sens fort existentiel co-naître) le bien ET LE MAL. Ce qui serait absurde pour tout bon père que de vouloir que son enfant fasse l’expérience existentielle du mal ! Dieu ne voulait pas que nous connaissions le mal mais le bien. Pas que nous restions ignorants des choses de la science. C'est un faux débat qui ne fait que nous détourner du vrai sens de ces textes (tactique typique du démon...le diviseur). Dieu veut bien sûr nous révéler les choses cachées de la science que nous les découvrions avec émerveillement puisqu’elles glorifient sa grandeur et sa puissance.
Et le « sous peine de mourir » ? Qu’est-ce à dire ? Certaines traductions ont un sens comme « vous mourrez certes » ou encore "sous peine de devenir mortels". Puisque Dieu ne peut nullement être l’auteur de la mort comme nous le dit le Livre de la Sagesse « tu n’as pas créé la mort », il ne peut s’agir d’une sentence prononcée comme une parole de malédiction. C’est un constat que Dieu fait et c’est la raison de sa mise en garde. Ce n’est pas Dieu qui punit nos premiers parents : ils subissent la conséquence inévitable de vouloir goûter à la mort en se coupant volontairement de la source de leur être : Dieu, Principe du Vivant. Comment espérer vivre en étant coupé de la Vie même ? Je suis Celui qui est… l’Éternel, le Vivant. Jésus disait à sainte Catherine de Sienne : je suis Celui qui est. Tu es celle qui n'est pas et puis il ajoutait : Fais-toi capacité et je me ferai torrent. C'est la raison pour laquelle Jésus dit à ses disciples "Sans moi vous ne pouvez rien faire"...rien...c'est rien !
Dieu est celui qui nous suscite dans l'être et nous re-suscite en son Fils au matin de la Résurrection...en dehors de Lui impossible d'avoir la Vie en plénitude. C'est une illusion que de se laisser miroiter que nous pouvons être la source et la fin de notre existence...c'est absurde...c'est un mensonge...Je reçois la vie d'un Autre, je ne peux pas me la donner à moi-même...à moins de me prendre pour Dieu mais encore là...c'est un mensonge. Je suis effectivement incapable de me donner l'existence à moi-même...je la reçois de quelqu'Un qui me la donne. Il est là le fruit pourri du père du mensonge...vous serez comme des dieux... :twisted: C'est le refus de dépendre d'un Autre. D'être à soi-même la source et la fin de notre être. Le refus d'être créature et non des petits dieux. C'est un fruit empoisonné...
La suite à venir concernant le serpent...
Fraternellement,
Hélène
* Je souligne que la source de ce qui précède est un résumé en mes propres mots des enseignements du père Joseph-Marie Verlinde "Le péché originel" donnés à ses étudiants du cours de philosophie de la nature de l'Université Catholique de Lyon.