C'est en lisant ce livre, ainsi que l'Imitation de Jésus-Christ, que j'ai commencé à prendre la foi réellement au sérieux, et à me demander quel était le sens de ma vie et le rôle de Jésus-Christ dans ma vie. Ce livre surprend. Il est en apparence très négatif: sa thèse principale se résume en ces termes: "Vanitas Vanitatum", Vanité des vanités, tout est vain, rien n'a de sens. Il dit même explicitement: "Moi, je déteste la vie", et "C'est une mauvaise besogne que Dieu a donné aux Fils d'Adam pour qu'ils s'y emploient."
Comment comprendre un tel livre? Le chrétien ne doit-il pas être joyeux parmi les hommes, tout plein de la grâce et d'un bonheur sans limite? L'activité du chrétien n'est-elle pas la meilleure sur la terre, n'est-elle pas, justement, pleine de sens, puisqu'elle a en Dieu sa source et sa fin?
Une piste de recherche importante nous est donnée par la Bible de Jérusalem, qui renvoie à ce texte de la Genèse:
C'est bien de l'homme séparé de Dieu dont il est question: en elle-même, sa besogne est vaine, son travail le mène au néant; la vie dont parle Qohélet lorsqu'il dit "Moi, je déteste la vie", c'est la vie telle que la conçoit le monde incroyant: notre existence matérielle, temporaire, finie. Dans le cadre limité de cette vie, même la meilleure activité est vaine: en effet, notre auteur a été Roi a Jérusalem, nous dit-il. Il s'est fait planter des vignes, il a eu l'honneur, les richesses, la sagesse: et pourtant, conclut-il, tout cela est vanité, car tout cela doit finir.17 Il dit à l'homme : " Parce que tu as écouté la voix de ta femme, et que tu as mangé de l'arbre au sujet duquel je t'avais donné cet ordre : Tu n'en mangeras pas, le sol est maudit à cause de toi. C'est par un travail pénible que tu en tireras , ta nourriture, tous les jours de ta vie;
18 il te produira des épines et des chardons, et tu mangeras l'herbe des champs.
19 C'est à la sueur de ton visage que tu mangeras du pain, jusqu'à ce que tu retournes à la terre, parce que c'est d'elle que tu as été pris; car tu es poussière et tu retourneras en poussière."
Parfois même Qohélet semble se contredire lui-même. On le voit par exemple faire l'éloge de la sagesse, et puis ensuite admettre qu'elle est vanité comme tout le reste:
Quelques passages sont également difficiles à interpréter, et cadrent peu avec la morale chrétienne:13.Et j'ai vu que la sagesse a autant d'avantage sur la folie, que la lumière sur les ténèbres.
(...) 8.Quel avantage a le sage sur l'insensé?
On pourrait même en déduire un certain hédonisme:24.Il n'y a rien de meilleur pour l'homme que de manger et de boire, et de faire jouir son âme du bien-être, au milieu de son travail; mais j'ai vu que cela aussi vient de la main de Dieu.
25.Qui en effet peut, sans lui, manger et jouir du bien-être?
Que l'homme profite des joies de la vie, permises et données par Dieu.
7.La lumière est douce, et c'est un plaisir pour l'œil de voir le soleil.
8.Même si l'homme vit de nombreuses années, qu'il se réjouisse pendant toutes ces
années. Et qu'il pense aux jours de ténèbres, car ils seront nombreux: Tout ce qui
arrive est vanité.