gerardh a écrit : ↑ven. 07 mai 2021, 14:54
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Bonjour,
Plusieurs intervenants ayant indiqué leur vision d’Apocalypse 2 et 3, j’y rajouterais ce que j’en ai moi-même retenu :
Le sujet des lettres aux sept églises d’Asie a un caractère à la fois prophétique et historique.au sujet de la chrétienté, s’étendant depuis les temps apostoliques jusqu’à la fin. Ainsi, tout le livre de l’Apocalypse traite de choses qui doivent arriver bientôt, c’est-à-dire qu’il a un caractère prophétique en rapport avec des choses futures. Or Il est clair aussi que nous avons sept églises qui ont réellement existé, parmi d’autres à l’époque, dans la province d’Asie. Mais elles ont été choisies, car elles présentaient des traits moraux qui ont utilisés par le Christ pour montrer à l’avance l’état moral de la chrétienté, dans son ensemble ou dans un de ses aspects, à différentes périodes de son histoire.
Dans l’église d’Éphèse, nous avons un tableau de ce qui était vrai de toute l’Eglise à l’époque, et jusqu’en 167 après Jésus Christ environ. L’église de Smyrne présente ce qui était vrai de toute l’église au temps des persécutions romaines jusqu’à environ 313 après Jésus Christ. Dans l’église de Pergame, nous avons une condition différente correspondant à l’état de l’Eglise responsable après la fin des persécutions romaines, jusqu’à environ 600 après Jésus Christ Pendant ce temps, l’Eglise et l’Etat devinrent unis. Ce qui facilita les choses, mais mêla le saint et le profane (Ezéchiel 44 :23).
L’église suivante est Thyatire qui place devant nous la quatrième période de l’histoire de la chrétienté La période a commencé vers 600 après. Jésus Christ. Le Seigneur lui fait des reproches très sévères, mais ensuite de merveilleuses paroles d’approbation. La cinquième période nous est donnée dans l’état de l’église de Sardes qui présente la condition assez critiquable du protestantisme après la Réformation du début du 16ème siècle. Dans l’église de Philadelphie, nous avons un tableau prophétique d’une période de réveil dans l’histoire de l’Eglise. Cela a eu lieu dans la dernière partie du 18ème siècle et la première partie du 19ème siècle, quand Dieu a permis à un résidu de chrétiens fidèles de sortir de la torpeur du protestantisme. C’est la sixième période. L’église de Laodicée nous présente la septième et dernière phase de la chrétienté. Elle a commencé au 19ème siècle. C’est l’état de tiédeur, d’indifférence, de matérialisme et d’apostasie qui caractérisent un grand nombre aujourd’hui.
Je pense avec d’autres que les 4 églises, ou celles qui auront ces caractères, à savoir Thyatire, Sardes, Philadelphie et Laodicée, subsisteront jusqu’au retour du Seigneur.
Nous pouvons considérer ces lettres aux sept églises d’Asie de trois façons.(sans en exclure d’éventuelles autres, dont certaines ont par exemple été suggérées sur ce forum) :
(1) On peut les voir comme décrivant ce qui se passait effectivement dans ces différentes églises au moment où ces messages ont été écrits. C’est le point de vue historique.
(2) On peut les considérer du point de vue prophétique, comme déjà évoqué
(3) On peut les voir comme s’appliquant pratiquement à toute église ou individu à une période quelconque où son état correspondrait à celui décrit. C’est le point de vue pratique, avec des leçons pour nous-mêmes tirés de chaque église décrite.
En considérant ces lettres aux sept églises, nous trouverons un modèle général de cinq caractéristiques qu’on trouve presque chez toutes :
• La manière du Seigneur de se présenter
• L’approbation : dans la lettre à chaque église, le Seigneur fait l’éloge de ce qu’Il pouvait louer. S’Il a de quoi critiquer, censurer ou blâmer, Il commence par louer tout ce qui était bon
• Pour toutes ces sept églises sauf deux, la réprimande ou le blâme de ce que le Seigneur n’approuve pas
• L’appel ou la promesse « à celui qui vaincra »
• L’appel à écouter adressé à celui qui a des oreilles : et à considérer ce qu’Il a à dire au sujet de ce qui Lui plaît et de ce qui Lui déplaît. c’est l’appel adressé à l’individu pour qu’il soit exercé par ce que l’Esprit dit à toutes les sept églises, et non pas seulement à l’une d’elles.
Ensuite, une troisième partie du livre commence avec le ch. 4 v. 1, qui débute par les mots : «Après ces choses». Il n’est plus rien dit de l’Eglise sur la terre après Apocalypse 3 (si ce n’est au tout dernier chapitre). Notamment, les croyants rachetés sont vus dans le ciel aux ch. 4 et 5, et les noces de l’Agneau avec Son épouse, l’Église, ont lieu dans le ciel au ch. 19 (v.7-9).
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Votre lecture est très partisane. On peut comprendre qu'en tant que protestant, vous vouliez voir dans l'Apocalypse l'annonce prophétique de la Réforme, reléguant l'Eglise catholique dans l'errance (et pourquoi pas dans la doctrine de Jézabel et de Balaam, tant qu'on y est), mais c'est totalement gratuit, partisan et non étayé
(et un petit peu insultant pour les lecteurs catholiques de ce forum catholique, soit dit en passant. Je me demande si vous accepteriez que des forumeurs catholiques viennent écrire sur votre forum évangélique que vous êtes un adepte de Jézabel et du trône de Satan).
D'ailleurs, rien n'étaie non plus ce découpage en différentes périodes historiques censées correspondre à chacune des sept lettres. Si on prend, par exemple, la lettre à l'ange d’Éphèse, le propos est tellement général qu'il pourrait s'appliquer à l'Eglise prise dans toute son histoire, comme à n'importe quel cas particulier. Et la même chose peut être dite des autres "églises".
Maintenant, il y a tout de même une chose à prendre en compte. Lorsqu'on regarde un atlas antique, et qu'on recherche ces villes, on s'aperçoit qu'elles sont toutes situées sur une voie romaine qui fait un grand détour à travers l'Asie, et qu'elles sont énumérées exactement dans l'ordre où elles se succèdent sur un itinéraire partant d'Ephèse pour arriver à Laodicée, comme on peut le voir ici :
http://vieespoiretverite.org/propheties ... pocalypse/
Cet itinéraire pourrait faire penser à une tournée d'inspection.
On considère en général que l'ensemble de cette région, que certains appellent la "Phrygie occidentale", et qui est un regroupement de petites régions situées à l'ouest de la Phrygie, pays de plaine et de vallées longeant le littoral, adossé au massif anatolien qui s'élève aux portes de Laodicée, constitue le "domaine de Jean". J'ai sous les yeux l'ouvrage de Jean Daniélou, qui emploie ces expressions. Les apôtres se sont divisés l'empire romain en domaines d'évangélisation. A Jean était échu ce pays délimité par Ephèse, Pergame et Laodicée, et voisinait avec le domaine de Philippe, centré sur Hiérapolis, ville voisine de Laodicée et Colosses. Jean parcourait la région et en était le patriarche. Il y nommait tous les évêques. Le tout formait une communauté particulièrement fervente, très portée sur le millénarisme, l'attente de la Parousie imminente, et représentait la tendance "judaïsante" en conflit avec Paul. Ce dernier avait d'ailleurs rencontré quelques difficultés en parcourant ces villes.
Autre détail important. Pour Jean Daniélou, les "Nicolaïtes", partisans de "Jézabel", et autres adeptes de la "doctrine de Balaam" et des "profondeurs de Satan", ne sont autre que les premiers ferments du gnosticisme. Or, les traits particuliers du "christianisme asiate", et notamment son millénarisme apocalyptique judaïsant, ont pu favoriser cette dérive (une réaction aux espérances déçues, selon Daniélou). Ce n'est pas un hasard si les premières hérésies gnostiques, comme le montanisme, naissent justement dans cette région, précisément à Thyatire. Cette dérive est combattue dès son origine, et ce n'est pas non plus un hasard si elle trouve sur sa route Irénée de Lyon, originaire de cette même région. Irénée, disciple de Polycarpe, évêque de Smyrne, lui-même disciple de Papias, évêque d'Hiérapolis et disciple direct de Jean, prend en main la communauté de Lyon au lendemain d'une période de persécution romaine qui a pour cause le montanisme et ses excès. Tout est lié. Les Romains n'ont pas fait de distinction et ont considéré que les désordres suscités par les partisans de Montan étaient internes à l'Eglise. Et tout cela se passe à l'intérieur d'une communauté dont le foyer principal est dans le "domaine de Jean" (le clergé de Lyon s'inscrit dans la tradition asiate).
Donc, mon impression est que ce qui est visé principalement par Jean dans le passage en revue des villes de son "diocèse", ce qui le préoccupe au plus haut point, ce sont les dérives doctrinales qui annoncent le montanisme et le gnosticisme.
Le reste me paraît relever de l'exhortation généraliste à la foi chrétienne, dans la lignée de l'Evangile. Elle peut s'appliquer à une église en particulier (chacune des églises que Jean connaissait bien), à l'Eglise dans son ensemble à travers le monde et à travers toutes les époques, mais aussi à chaque fidèle en particulier.
Et je pense, personnellement, que les "anges" d'Ephèse, Smyrne, Pergame, etc., sont les chefs de ces églises, les "presbytres", nommés par Jean lui-même. ça me semble évident, parce que c'est bien évidemment à eux que Jean destine personnellement ses lettres. Mais après, ce n'est qu'une affaire de conviction personnelle.