Re: Adam et Eve : quelle réalité concrète ?
Publié : ven. 18 sept. 2009, 18:59
Théo d’Or évoque la relativité du temps et de l’espace à la réalité terrestre qui ne peut, en effet, être oubliée à aucun moment dans une réflexion sur nos origines par rapport à l’action de Dieu qui déborde la seule réalité terrestre. La Genèse ne nous introduit pas uniquement dans un récit sur la réalité terrestre mais étend ce récit à l’action de Dieu, à une réalité spirituelle que nous ne pouvons saisir seulement avec notre langage et notre intelligence terrestres.
Théo d’Or évoque aussi l’intérêt de commencer par la fin. C’est, en effet, en regardant le Christ ressuscité et la vie éternelle qu’il nous promet, que nous pouvons le mieux essayer de comprendre nos origines. Ne regardons pas trop les humains que nous sommes pour comprendre la Genèse, mais plutôt Dieu dont nous sommes l’image et l’avenir vers lequel il nous attire. A la lumière finale de la révélation qui nous est accessible aujourd’hui, nous pouvons essayer de mieux comprendre le récit du début que nous relate la Genèse.
La difficulté exprimée par ti’hamo et Raistlin reste présente et incite à poursuivre la réflexion. L’humain est-il achevé dès la conception physique de l’adam ou a-t-il pu devenir pleinement humain plus tard, lorsque l’homme et la femme se sont rencontrés et se sont attachés ?
Faut-il se bloquer sur la question de savoir si Adam et Eve sont humains dès leur conception ou s’ils le deviennent au cours de leur existence terrestre ? Pas nécessairement, car la vocation humaine qui va se réaliser en eux est présente dans le plan de Dieu dès leur conception et cet élan spirituel peut déjà les définir comme personnes humaines. Le don de Dieu, qui comprend leur vocation future, en fait déjà spirituellement des personnes humaines dès leur conception, même si leur création comme personnes humaines est encore en voie d’achèvement.
Les parents pré-humains d’Adam et Eve n’avaient pas cette vocation, n’ont pas acquis la personnalité humaine, une vie spirituelle éternelle. Les premiers humains, ce sont Adam et Eve. La Genèse l’affirme : Eve est la mère de tous les humains. La foi de l’Eglise le confirme.
Mais, il ne me semble pas contraire, ni interdit, de penser que le matériau terrestre dont Adam et Eve étaient faits n’était pas différent de celui de leurs parents et d’autres êtres de l’espèce pré-humaine dont ils provenaient.
Chez l’adam mâle et chez l’adam femelle, il y a un plus qui va permettre la naissance de l’humanité. Mais, il me semble que, comme image de Dieu, cette naissance ne va arriver que par la rencontre, la relation, une communion intense.
Poursuivons ici la réflexion en repartant de Dieu dont nous sommes à l’image et à la ressemblance.
Dieu lui-même n’existe pas sans être unique en trois personnes. Père, Fils et Esprit Saint. Le Fils provient du Père de toute éternité. L’Esprit Saint procède du Père et du Fils. Une communion en un Dieu unique de toute éternité. Ce qui fait vivre, c’est la communion, le don mutuel. Sans cela, les personnes sortent de la vie.
L’unité et la communion des trois personnes divines qui partagent une même nature est essentielle à la compréhension de qui est Dieu. Une image vraie de Dieu ne peut exister sans le montrer. Or, l’humain est cette image vraie, puisque Dieu lui-même le crée avec cette caractéristique essentielle, principale, distinctive.
A l’image de Dieu, l’humain est mâle et femelle (Gn 1, 27). Comment donner une préexistence à l’un ou à l’autre ? L’œuf ou la poule ?
Ce n’est pas parce que Jésus est le fils de l’homme, né d’une femme, qu’il n’existait pas déjà avant, de toute éternité, en Dieu. Ce n’est pas parce que Eve est issue d’Adam (selon le récit de la côte d’Adam) qu’elle n’existait pas déjà avant dans la réalité matérielle. Il me semble que la Genèse permet seulement d’affirmer à cet égard que c’est par Adam, par quelque chose qui vient d’Adam, qu’elle devient une femme humaine, une personne capable de communion spirituelle et de vie éternelle.
Le récit ne nous présente pas directement Adam et Eve, les ancêtres communs de tous les humains. Il nous présente d’abord l’adam.
Cet adam est seul, mais il ne s’agit pas ici d’une solitude terrestre. Il est entouré de beaucoup d’autres créatures. Il y a des mâles et des femelles. Il est seul parce qu’il n’est pas en relation spirituelle avec un semblable comme le Père l’est avec le Fils et l’Esprit Saint.
Rien ne semble permettre d’affirmer que le texte considère l’adam comme un être mâle unique à ce moment. Rien n’oblige de croire, sur base d’une interprétation littérale incertaine, que Adam viendrait d’une longue évolution et de parents terrestres pré-humains alors que Eve surgirait soudainement d’une extraction surnaturelle d’un homme masculin dont elle serait devenue l’épouse, sans avoir une mère, ni parents terrestres.
Au contraire, il est expressément indiqué que, dès l’origine, l’humain est créé mâle et femelle (Gn 1, 27). Ne cherchons pas à y voir un être unisexe, car le texte répète plus loin, pour Adam et Eve, personnes bien distinctes, que tant le mâle que la femelle sont appelés du même nom « adam » (Gn 5, 2).
La torpeur caractérise l’humain qui n’est pas encore éveillé, dont la conscience reste en sommeil.
Avant la rencontre de Eve, l’adam ne peut encore que crier les choses, les nommer, mais non relier ces mots par un langage, une communication qui les relie dans des phrases. L’adam, mâle et femelle, n’a pas encore atteint l’état spirituel qui va lui permettre de dialoguer entre eux et avec Dieu, d’entrer en communion spirituelle de vie. Leur vie d’homo sapiens, au stade pré-humain ultime, n’est pas encore celle d’humains, même si leur corps d’humain est déjà quasi totalement achevé, voire achevé. Il manque encore l’image de Dieu qui est communion de personnes, la vie de Dieu, le don spirituel d’une existence personnelle qui transcende la réalité terrestre, qui peut franchir la mort et vivre en communion avec Dieu.
Certes, Dieu parle déjà à l’adam. L’interdit de manger du fruit de l’arbre de la connaissance lui est indiqué lorsqu’il est encore seul. Mais, celui qui est seul, ce n’est pas nécessairement uniquement le mâle, c’est l’adam, mâle et femelle. Il lui faut encore une aide qui lui soit assortie (Gn 2, 18). Il n’y en a pas dans la nature, ni pour l’adam mâle, ni pour l’adam femelle.
Dieu amène à l’adam toute âme vivante (Gn 2, 19). Cela ne suffit pas. Il crie. Il n’a pas de relation avec un semblable, comme au sein de la Trinité. L’adam, mâle et femelle, est encore seul.
Puisqu’il y a parole de Dieu, vie dans le jardin d’Eden, matériel et spirituel, c’est déjà l’humanité en germe, déjà spécifique parmi les créatures, mais encore inachevée. Ce n’est pas encore bon, parce que l’humain est encore seul. La relation avec un semblable qui achève en lui l’image de Dieu n’est pas encore présente.
Il en résulte de l’immobilisme, un état de torpeur, de conscience non éveillée. Ce qui va le réveiller, c’est une situation dans laquelle le mâle et la femelle deviennent un homme et une femme, nommés par d’autres mots dans le texte hébreu : Ish et Isha. C’est l’achèvement de l’humanité.
L’être terrestre, l’adam (le terrestre), n’est pas encore l’image achevée de Dieu. La création de la personne humaine, de l’humain mâle et femelle (Gn 1, 27), n’est achevée qu’avec son achèvement spirituel dans sa double réalité matérielle masculine et feminine.
La torpeur de l’adam, c’est l’état du terrestre, de l’humain achevé ou quasi achevé dans son corps, quand il n’a pas encore accès à la relation spirituelle, à la vie spirituelle.
Lorsque l’adam masculin est achevé, il va découvrir un semblable autre que lui-même, un adam féminin.
N’oublions pas l’insistance de la Genèse quant elle nous répète explicitement que, dans l’humanité créée, tant le mâle que la femelle sont nommés par le même mot adam.
Au dernier stade de la création de l’humain, nous avons des adams masculins et féminins. Y en a-t-il un seul unique, Adam ? ou deux (Adam et Eve, à un stade pré-humain ultime) ? ou plusieurs ? Ce ne sont pas encore des personnes humaines achevées, même s’ils en ont déjà le corps et l’intelligence, en ce qu’ils ne sont pas encore achevés à l’image de Dieu, ni des personnes dotées de la vie spirituelle éternelle.
Il est certes aisé d’imaginer que l’apparition de l’homme serait le résultat d’une ultime mutation génétique extraordinaire, un enfant aussi nouveau et exceptionnel que ne le sera le Christ dans le sein de Marie. Mais, la Genèse ne l’affirme pas. Au contraire, elle définit très exactement l’adam, dans sa réalité terrestre, de la même manière que les autres animaux, comme une âme vivante (Gn 1, 24 et 2, 7), sans relever aucune différence. Elle ne relève aucune différence entre l’humain et l’animal au niveau terrestre, avant le récit de l’apparition de la femme.
L’humain n’est pas encore achevé à ce stade.
N’oublions pas qu’au contraire du premier récit de la création de l’humain, lors du sixième jour, le second récit reprend cette création de manière plus détaillée en rappelant que Dieu façonne l’homme déjà avant même l’apparition des plantes (Gn 2, 4-9). Il n’est évidemment pas achevé à ce stade. Il ne l’est pas plus, dans ce second récit, lorsque l’adam n’est encore qu’une âme vivante comme les animaux.
A ce stade, l’adam (toujours indiqué avec un article, sans détermination personnelle) est mâle et femelle (Gn 1, 27 et 5, 2). Cela ne veut pas dire qu'il s'agit d’un être hermaphrodite unique sans différence sexuelle, mais un être d’une espèce faite de mâles et de femelles, comme la Genèse l’indique pour les animaux sans distinction.
Que manque-t-il encore ? La communion spirituelle de deux personnes semblables à l’image de la communion qui existe en Dieu.
C’est ici que le choix se présente dans la compréhension du récit de la côte d’Adam. S’agit-il de la création d’un nouvel être féminin, sans père, ni mère, façonné de manière surnaturelle par un morceau du corps de son futur époux ou s’agit-il du récit de la rencontre d’un adam masculin et d’un adam féminin d’où résulte le premier homme, Adam, et la première femme, Eve ?
Aujourd’hui, il se dit parfois encore qu’une jeune fille « devient » une femme par sa première relation sexuelle. Cela ne veut pas dire qu’elle n’existait pas avant, ni que cette femme vient de nulle part.
Même s’il est difficile d’exprimer une certitude et s’il ne s’agit que d’une hypothèse de réflexion, qui pourrait s’avérer inexacte et qui n’est pas un dogme, mais qui reste en concordance avec les affirmations de la foi de l’Eglise, le récit de la "côte" d'Adam et de l’apparition d’Eve n’est-il pas une description légèrement voilée d’une relation sexuelle, celle qui explique un lien, une communion tellement forte, qu’elle a pour effet, selon le récit de la genèse, que l’homme admire et aime sa femme comme lui-même (os de mes os, chair de ma chair), quitte son père et sa mère et s’attache à sa femme, et que devient ainsi pleinement présente l’image de Dieu, unique mais vivant de toute éternité en trois personnes en communion, source de vie éternelle pour la personne humaine ?
L’union sexuelle de l’homme et de la femme me semble au centre de la Genèse, bien plus que leur différence sexuelle.
L’union sexuelle est source d’une intense communion des époux, d’une intensité à nulle autre pareille, qui ouvre à un don de soi illimité. L’image et la ressemblance de Dieu s’y retrouvent de manière fondamentale.
L’intensité de leur lien est un reflet de Dieu lui-même. Leur union de personnes distinctes est un reflet de l’union des personnes divines. L’humain seul, ce n’est pas bon, dit Dieu, dans le Genèse. La solitude de l’humain n’est évidemment pas le résultat d’une erreur ou d’un oubli de Dieu. Ce ne peut être, comme toute les phases de l’évolution qui l’ont précédée, qu’une étape normale, un constat intermédiaire explicatif de ce qui va suivre.
N’est-ce pas à ce moment seulement que l’humanité est pleinement achevée ?
N’est-ce pas pour cela que la sexualité a moralement tant d’importance ? Beaucoup prétendent à notre époque pouvoir nier cette importance et la considérer comme un simple acte corporel comme boire, manger, ou danser. Pourquoi en faire un élément de rattachement à vie de deux personnes humaines ?
L’union d’un homme et d’une femme par une relation sexuelle exclusive et indissoluble a une valeur essentielle pour l’humanité que le Christ nous a rappelée lui-même en se référant au récit de la Genèse, tout en louant le célibat, don total fructueux de la personne.
Théo d’Or évoque aussi l’intérêt de commencer par la fin. C’est, en effet, en regardant le Christ ressuscité et la vie éternelle qu’il nous promet, que nous pouvons le mieux essayer de comprendre nos origines. Ne regardons pas trop les humains que nous sommes pour comprendre la Genèse, mais plutôt Dieu dont nous sommes l’image et l’avenir vers lequel il nous attire. A la lumière finale de la révélation qui nous est accessible aujourd’hui, nous pouvons essayer de mieux comprendre le récit du début que nous relate la Genèse.
La difficulté exprimée par ti’hamo et Raistlin reste présente et incite à poursuivre la réflexion. L’humain est-il achevé dès la conception physique de l’adam ou a-t-il pu devenir pleinement humain plus tard, lorsque l’homme et la femme se sont rencontrés et se sont attachés ?
Faut-il se bloquer sur la question de savoir si Adam et Eve sont humains dès leur conception ou s’ils le deviennent au cours de leur existence terrestre ? Pas nécessairement, car la vocation humaine qui va se réaliser en eux est présente dans le plan de Dieu dès leur conception et cet élan spirituel peut déjà les définir comme personnes humaines. Le don de Dieu, qui comprend leur vocation future, en fait déjà spirituellement des personnes humaines dès leur conception, même si leur création comme personnes humaines est encore en voie d’achèvement.
Les parents pré-humains d’Adam et Eve n’avaient pas cette vocation, n’ont pas acquis la personnalité humaine, une vie spirituelle éternelle. Les premiers humains, ce sont Adam et Eve. La Genèse l’affirme : Eve est la mère de tous les humains. La foi de l’Eglise le confirme.
Mais, il ne me semble pas contraire, ni interdit, de penser que le matériau terrestre dont Adam et Eve étaient faits n’était pas différent de celui de leurs parents et d’autres êtres de l’espèce pré-humaine dont ils provenaient.
Chez l’adam mâle et chez l’adam femelle, il y a un plus qui va permettre la naissance de l’humanité. Mais, il me semble que, comme image de Dieu, cette naissance ne va arriver que par la rencontre, la relation, une communion intense.
Poursuivons ici la réflexion en repartant de Dieu dont nous sommes à l’image et à la ressemblance.
Dieu lui-même n’existe pas sans être unique en trois personnes. Père, Fils et Esprit Saint. Le Fils provient du Père de toute éternité. L’Esprit Saint procède du Père et du Fils. Une communion en un Dieu unique de toute éternité. Ce qui fait vivre, c’est la communion, le don mutuel. Sans cela, les personnes sortent de la vie.
L’unité et la communion des trois personnes divines qui partagent une même nature est essentielle à la compréhension de qui est Dieu. Une image vraie de Dieu ne peut exister sans le montrer. Or, l’humain est cette image vraie, puisque Dieu lui-même le crée avec cette caractéristique essentielle, principale, distinctive.
A l’image de Dieu, l’humain est mâle et femelle (Gn 1, 27). Comment donner une préexistence à l’un ou à l’autre ? L’œuf ou la poule ?
Ce n’est pas parce que Jésus est le fils de l’homme, né d’une femme, qu’il n’existait pas déjà avant, de toute éternité, en Dieu. Ce n’est pas parce que Eve est issue d’Adam (selon le récit de la côte d’Adam) qu’elle n’existait pas déjà avant dans la réalité matérielle. Il me semble que la Genèse permet seulement d’affirmer à cet égard que c’est par Adam, par quelque chose qui vient d’Adam, qu’elle devient une femme humaine, une personne capable de communion spirituelle et de vie éternelle.
Le récit ne nous présente pas directement Adam et Eve, les ancêtres communs de tous les humains. Il nous présente d’abord l’adam.
Cet adam est seul, mais il ne s’agit pas ici d’une solitude terrestre. Il est entouré de beaucoup d’autres créatures. Il y a des mâles et des femelles. Il est seul parce qu’il n’est pas en relation spirituelle avec un semblable comme le Père l’est avec le Fils et l’Esprit Saint.
Rien ne semble permettre d’affirmer que le texte considère l’adam comme un être mâle unique à ce moment. Rien n’oblige de croire, sur base d’une interprétation littérale incertaine, que Adam viendrait d’une longue évolution et de parents terrestres pré-humains alors que Eve surgirait soudainement d’une extraction surnaturelle d’un homme masculin dont elle serait devenue l’épouse, sans avoir une mère, ni parents terrestres.
Au contraire, il est expressément indiqué que, dès l’origine, l’humain est créé mâle et femelle (Gn 1, 27). Ne cherchons pas à y voir un être unisexe, car le texte répète plus loin, pour Adam et Eve, personnes bien distinctes, que tant le mâle que la femelle sont appelés du même nom « adam » (Gn 5, 2).
La torpeur caractérise l’humain qui n’est pas encore éveillé, dont la conscience reste en sommeil.
Avant la rencontre de Eve, l’adam ne peut encore que crier les choses, les nommer, mais non relier ces mots par un langage, une communication qui les relie dans des phrases. L’adam, mâle et femelle, n’a pas encore atteint l’état spirituel qui va lui permettre de dialoguer entre eux et avec Dieu, d’entrer en communion spirituelle de vie. Leur vie d’homo sapiens, au stade pré-humain ultime, n’est pas encore celle d’humains, même si leur corps d’humain est déjà quasi totalement achevé, voire achevé. Il manque encore l’image de Dieu qui est communion de personnes, la vie de Dieu, le don spirituel d’une existence personnelle qui transcende la réalité terrestre, qui peut franchir la mort et vivre en communion avec Dieu.
Certes, Dieu parle déjà à l’adam. L’interdit de manger du fruit de l’arbre de la connaissance lui est indiqué lorsqu’il est encore seul. Mais, celui qui est seul, ce n’est pas nécessairement uniquement le mâle, c’est l’adam, mâle et femelle. Il lui faut encore une aide qui lui soit assortie (Gn 2, 18). Il n’y en a pas dans la nature, ni pour l’adam mâle, ni pour l’adam femelle.
Dieu amène à l’adam toute âme vivante (Gn 2, 19). Cela ne suffit pas. Il crie. Il n’a pas de relation avec un semblable, comme au sein de la Trinité. L’adam, mâle et femelle, est encore seul.
Puisqu’il y a parole de Dieu, vie dans le jardin d’Eden, matériel et spirituel, c’est déjà l’humanité en germe, déjà spécifique parmi les créatures, mais encore inachevée. Ce n’est pas encore bon, parce que l’humain est encore seul. La relation avec un semblable qui achève en lui l’image de Dieu n’est pas encore présente.
Il en résulte de l’immobilisme, un état de torpeur, de conscience non éveillée. Ce qui va le réveiller, c’est une situation dans laquelle le mâle et la femelle deviennent un homme et une femme, nommés par d’autres mots dans le texte hébreu : Ish et Isha. C’est l’achèvement de l’humanité.
L’être terrestre, l’adam (le terrestre), n’est pas encore l’image achevée de Dieu. La création de la personne humaine, de l’humain mâle et femelle (Gn 1, 27), n’est achevée qu’avec son achèvement spirituel dans sa double réalité matérielle masculine et feminine.
La torpeur de l’adam, c’est l’état du terrestre, de l’humain achevé ou quasi achevé dans son corps, quand il n’a pas encore accès à la relation spirituelle, à la vie spirituelle.
Lorsque l’adam masculin est achevé, il va découvrir un semblable autre que lui-même, un adam féminin.
N’oublions pas l’insistance de la Genèse quant elle nous répète explicitement que, dans l’humanité créée, tant le mâle que la femelle sont nommés par le même mot adam.
Au dernier stade de la création de l’humain, nous avons des adams masculins et féminins. Y en a-t-il un seul unique, Adam ? ou deux (Adam et Eve, à un stade pré-humain ultime) ? ou plusieurs ? Ce ne sont pas encore des personnes humaines achevées, même s’ils en ont déjà le corps et l’intelligence, en ce qu’ils ne sont pas encore achevés à l’image de Dieu, ni des personnes dotées de la vie spirituelle éternelle.
Il est certes aisé d’imaginer que l’apparition de l’homme serait le résultat d’une ultime mutation génétique extraordinaire, un enfant aussi nouveau et exceptionnel que ne le sera le Christ dans le sein de Marie. Mais, la Genèse ne l’affirme pas. Au contraire, elle définit très exactement l’adam, dans sa réalité terrestre, de la même manière que les autres animaux, comme une âme vivante (Gn 1, 24 et 2, 7), sans relever aucune différence. Elle ne relève aucune différence entre l’humain et l’animal au niveau terrestre, avant le récit de l’apparition de la femme.
L’humain n’est pas encore achevé à ce stade.
N’oublions pas qu’au contraire du premier récit de la création de l’humain, lors du sixième jour, le second récit reprend cette création de manière plus détaillée en rappelant que Dieu façonne l’homme déjà avant même l’apparition des plantes (Gn 2, 4-9). Il n’est évidemment pas achevé à ce stade. Il ne l’est pas plus, dans ce second récit, lorsque l’adam n’est encore qu’une âme vivante comme les animaux.
A ce stade, l’adam (toujours indiqué avec un article, sans détermination personnelle) est mâle et femelle (Gn 1, 27 et 5, 2). Cela ne veut pas dire qu'il s'agit d’un être hermaphrodite unique sans différence sexuelle, mais un être d’une espèce faite de mâles et de femelles, comme la Genèse l’indique pour les animaux sans distinction.
Que manque-t-il encore ? La communion spirituelle de deux personnes semblables à l’image de la communion qui existe en Dieu.
C’est ici que le choix se présente dans la compréhension du récit de la côte d’Adam. S’agit-il de la création d’un nouvel être féminin, sans père, ni mère, façonné de manière surnaturelle par un morceau du corps de son futur époux ou s’agit-il du récit de la rencontre d’un adam masculin et d’un adam féminin d’où résulte le premier homme, Adam, et la première femme, Eve ?
Aujourd’hui, il se dit parfois encore qu’une jeune fille « devient » une femme par sa première relation sexuelle. Cela ne veut pas dire qu’elle n’existait pas avant, ni que cette femme vient de nulle part.
Même s’il est difficile d’exprimer une certitude et s’il ne s’agit que d’une hypothèse de réflexion, qui pourrait s’avérer inexacte et qui n’est pas un dogme, mais qui reste en concordance avec les affirmations de la foi de l’Eglise, le récit de la "côte" d'Adam et de l’apparition d’Eve n’est-il pas une description légèrement voilée d’une relation sexuelle, celle qui explique un lien, une communion tellement forte, qu’elle a pour effet, selon le récit de la genèse, que l’homme admire et aime sa femme comme lui-même (os de mes os, chair de ma chair), quitte son père et sa mère et s’attache à sa femme, et que devient ainsi pleinement présente l’image de Dieu, unique mais vivant de toute éternité en trois personnes en communion, source de vie éternelle pour la personne humaine ?
L’union sexuelle de l’homme et de la femme me semble au centre de la Genèse, bien plus que leur différence sexuelle.
L’union sexuelle est source d’une intense communion des époux, d’une intensité à nulle autre pareille, qui ouvre à un don de soi illimité. L’image et la ressemblance de Dieu s’y retrouvent de manière fondamentale.
L’intensité de leur lien est un reflet de Dieu lui-même. Leur union de personnes distinctes est un reflet de l’union des personnes divines. L’humain seul, ce n’est pas bon, dit Dieu, dans le Genèse. La solitude de l’humain n’est évidemment pas le résultat d’une erreur ou d’un oubli de Dieu. Ce ne peut être, comme toute les phases de l’évolution qui l’ont précédée, qu’une étape normale, un constat intermédiaire explicatif de ce qui va suivre.
N’est-ce pas à ce moment seulement que l’humanité est pleinement achevée ?
N’est-ce pas pour cela que la sexualité a moralement tant d’importance ? Beaucoup prétendent à notre époque pouvoir nier cette importance et la considérer comme un simple acte corporel comme boire, manger, ou danser. Pourquoi en faire un élément de rattachement à vie de deux personnes humaines ?
L’union d’un homme et d’une femme par une relation sexuelle exclusive et indissoluble a une valeur essentielle pour l’humanité que le Christ nous a rappelée lui-même en se référant au récit de la Genèse, tout en louant le célibat, don total fructueux de la personne.