Hedley a écrit :Petite curiosité intellectuelle [...] : Il me semble que les protestants (pardonnez-moi si je me trompe) rejettent la Tradition. Comment alors peuvent-ils déterminer quels livres sont inspirés de Dieu et quels livres ne le sont pas ? Ont-ils alors une Tradition spécifique à leur confession ?
Toute l'argumentation catholique face au protestantisme est concentrée ici : l'incohérence du dogme*** de la
sola scriptura. Si la Tradition n'a pas voie de citer, ou tout au moins est inférieure, alors comment justifier d'un canon ? Par l'utilisation originale des livres ? Mais certains livres comme l'
Apocalypse n'ont été entérinés définitivement qu'avec le concile de Trente, et avant cela les livres étaient acceptés ou rejetés en fonction des communautés (
voir par exemple ici). Aujourd'hui encore, le canon catholique n'est pas le même que celui des églises de l'orthodoxie. Par un retour "scientifique" à l'hébreu censé être plus authentique que le texte grec (ce qui reste d'ailleurs à prouver) ? En vertu de quoi ? Saint Paul et des évangélistes ayant recours au texte grec...
En fait, il n'y a pas de raisons valables, sinon une motivation trouvant son origine dans une volonté de se démarquer du grand frère catholique afin de le prendre en défaut. D'ancien pasteurs convertis au catholicisme, comme
Scott Hahn l'on clairement démontrés d'ailleurs, d'autant plus facilement que le monde protestant reste généralement plus que discret sur cette question embarrassante (lire son livre
Rome Sweet Home, une mine d'or sur cette question). Bref, si la Tradition, qui promeut et garantie la véracité des Ecritures, est caduque (ou tout au moins défaillante) alors l'Ecriture même ne peut être digne de foi.
D'autre part, qui seraient garant du canon des Écritures ? Ceux censés les interpréter le plus justement possible ? Mais alors sur quels critères ? Et qui aurait alors autorité pour définir ces critères (scientifique ou autre) ? Au fond on ne fait que repousser le problème, mais il s'agit bien toujours du même. Saint Irénée, face aux gnostiques qui se targuaient d'avoir leurs propres interprétations (et leur propre canon), à répondu à ce problème dès le deuxième siècle :
a autorité interprétative ceux qui en ont été les dépositaires, les apôtres, et ceux qu'ils accréditèrent par la suite pour cette mission. Que je sache - et ce n'est pas faute d'avoir lu - on n'a pas fait mieux depuis.
*** Appelons un chat un chat... à ceci près que j'emploi ici le mot dogme dans le sens où l'emploient habituellement nos détracteurs : c'est à dire un truc que l'on doit croire sans comprendre. Cette façon de voir est bien sûr l'antinomie du dogme catholique.
Je suis un simple serviteur, je ne fais que mon devoir.