Merci, Alexandre, pour votre effort.
Ce n’est qu’avec une telle rigueur qu’il est possible d’avancer.
Mais, il me faut de suite réagir à vos deux synthèses qui ne correspondent pas du tout aux explications qui me semblent aujourd’hui possibles, dans le respect de l’ensemble de la foi catholique autant que des acquis de la science non raisonnablement contestables.
Alexandre. a écrit : ↑ven. 28 déc. 2018, 23:45
Alexandre écrit :
1/ La thèse soutenue par Xavi de la naissance d'une nouvelle espèce humaine au néolithique s'effondre : de par les découvertes archéologiques, nous savons que Dieu n'a pas créé une nouvelle humanité aux alentours de 4069 avant JC puisque des squelettes antérieurs à cette période ont été découverts dans le monde et rien ne les sépare biologiquement de l'homme de 2018.
2/ Ces mêmes hommes qui sont nos ancêtres étaient déjà dispersés en plusieurs endroits du monde contrairement à ce qui est relaté dans le récit des origines qui, par les différentes généalogies qu'il propose, permet de situer la dispersion des hommes au temps des fils de Noé, soit aux alentours de 2593 avant JC. Tout le monde aura compris que l'Europe, l'Afrique ou encore l'Asie sont déjà peuplées depuis des siècles par nos aïeux à cette période.
Vous avez raison de constater qu’aucune nouvelle espèce biologique n’est apparue durant le néolithique. C’est certain.
On est bien d’accord. Rien ne séparait biologiquement Adam et Ève et leurs descendants des autres homos sapiens déjà répandus quasiment sur toute la planète à l’époque néolithique et donc, a fortiori, à l’époque de Noé située dans le troisième millénaire avant Jésus-Christ. Il n’y a aucune contradiction sur ce point.
La création des humains à l’image de Dieu n’a pas créé une nouvelle espèce biologique. C’est un souffle spirituel qui a créé un être nouveau fait d’un corps issu de l’évolution et d’un esprit insufflé par Dieu. Cet être nouveau a une double nature corporelle et spirituelle, sans équivalent dans la création antérieure.
Ce qui fait difficulté pour beaucoup, c’est que Caïn a eu des enfants avec une compagne trouvée au loin qui n’était pas descendante d’Adam et Ève et c’est que les «
fils de Dieu » (les descendants d’Adam et Ève devaient être conscients de leur filiation divine par l’effet du souffle spirituel divin qui les a créés) ont eu des enfants avec les «
filles de l’adam » (les femmes de la même espèce biologique adamique qui ne descendaient pas d’Adam et Ève).
Tous les descendants, même issus d’unions avec des préhumains, ont reçu la même double nature corporelle et spirituelle car le souffle spirituel divin est, bien sûr, indivisible. Les enfants de Caïn n’étaient pas moins «
fils de Dieu » que ceux de Seth.
Pour le surplus, votre attention aux durées très précises de la Bible permet de montrer à quel point les auteurs des textes sacrés ont voulu s’inscrire dans l’histoire concrète.
Par contre, vous ne trouverez pas dans la Bible les additions que vous indiquez.
Pour une raison qui me semble résulter des durées en années indiquées elles-mêmes. Elles sont souvent arrondies à la centaine ou à la dizaine, et parfois de manière clairement symboliques (par exemple les 600 ans de Noé au début du déluge).
Donc l’addition de chiffres approximatifs ne peut donner un résultat historique fiable.
Il me semble, par contre, que la précision des durées successives montre une attention à être le plus exact possible par rapport aux connaissances disponibles, ce qui est l’attitude scientifique la meilleure possible. Un historien moderne ne pourrait faire mieux.
Ne cherchons pas dans l’histoire biblique des précisions qui n’y sont pas.
Les durées indiquées sont des évaluations faites par les auteurs du texte selon les documents et les traditions orales dont ils pouvaient disposer.
Autre observation importante, c’est la traduction de la mesure du temps utilisée.
Il me semble très vraisemblable qu’avant l’exil en Égypte, le temps n’était pas mesuré selon notre référence solaire. Aujourd’hui, une année c’est environ 365,25 jours, soit le temps d’une rotation de la terre autour du soleil.
Le mot hébreu «
shaneh » traduit par années est un mot qui évoque un campement. Plusieurs indices permettent de penser qu’une «
année » chez les Sumériens, c’était plutôt un campement qui alternait selon les deux principales saisons, l’hiver et l’été et donc une période d’une demi-année actuelle à laquelle l’engendrement de Noé fait référence puisque Lamec (qui vit 777 ans) l’engendre à 182 ans (comme 182 jours d’une demi-année).
Ainsi, il faut comprendre que lorsque Abraham engendre à l’âge de 100 ans, il s’agit plutôt de demi-années actuelles qui correspondent pour nous à 50 ans.
Autre observation encore. Tant l’évidence biologique que plusieurs indices montrent que les durées indiquées par les généalogies concernent le «
nom » des individus qui se prolongeaient dans leur descendance. Lorsqu’Adam engendre Seth à 130 ans (lire : 65 ans), il ne s’agit pas des individus mais de l’engendrement d’une famille, d’une collectivité, qui va se prolonger de manière autonome pendant des siècles. Les Sumériens «
bâtissaient » un nom, comme le raconte le récit de la construction de la ville d’Hénoc (fils de Caïn) et le récit de la tour de Babel. Lorsque la vie d’Adam cesse à 930 ans (lire : 465 ans), c’est la collectivité qui prolonge son nom qui cesse de subsister comme telle après avoir été prolongée par de multiples successeurs. De même, la vie de Noé semble cesser après 950 ans (lire : 475 ans) lorsque la famille d’Abraham quitte Ur.
Tous ces sujets ont déjà été développés ailleurs dans le forum et, pour plus de détails, vous pouvez, notamment, lire les fils suivants :
Dans la section Écriture Sainte, les sujets intitulés :
« Mais qui est la femme de Caïn ? » :
viewtopic.php?f=91&t=24797
« Qui étaient les fils de Dieu de Genèse 6.4 ? » :
viewtopic.php?f=91&t=15964
« L’Histoire Sainte d’Abraham à Salomon » :
viewtopic.php?f=91&t=43272
« Adam a-t-il vécu 930 ans ? » :
viewtopic.php?f=91&t=23793
Dans la section Théologie, le sujet intitulé « L’existence de préhumains est plus qu’une hypothèse » :
viewtopic.php?f=92&t=15552
Et dans la sous-section Histoire des Savoirs thématiques, les sujets intitulés :
« Sur les traces du déluge » :
viewtopic.php?f=28&t=541
« La tour de Babel » :
viewtopic.php?f=28&t=43052
Bonne lecture !
Concrètement et historiquement, il me semble possible de proposer la synthèse suivante :
Dans le texte de la Genèse, Dieu façonne d’abord l’adam (l’espèce biologique), mâle et femelle, et il commence avant même l’apparition des plantes. Nous savons aujourd’hui que cela dure des milliards d’années.
À un moment, lorsque le corps et donc le cerveau de l’adam (l’espèce) a atteint un stade de son développement, Dieu crée un être nouveau par un souffle spirituel, une âme nouvelle capable de partager éternellement sa propre vie.
Cet être nouveau est mis dans un «
jardin » dans la réalité spirituelle de Dieu (l’Eden) où une femme est créée en étant tirée d’un homme dans un amour conjugal qui a pour effet que, dans ce couple, l’adam cesse d’être «
seul » et entre dans une communion d’amour qui achève l’œuvre créatrice de Dieu et le fait participer à la vie divine d'amour.
Une rupture dans cette communion a blessé la vie humaine ainsi créée et c’est une vie ainsi blessée qui a été transmise à la descendance.