6 jours et 6.000 ans, nous dit la Genèse.
Avec notre scolarité mathématique, nous comprenons spontanément 6 durées de 24 heures de 60 minutes de 60 secondes, de 0 heure à minuit, et 6.000 durées de 365 jours, mais la Genèse a été écrite dans un peuple d’hébreux qui n’avaient pas une perception mathématique aussi pointue que la nôtre.
Et encore moins notre perception physique d’une rotation de la terre devant le soleil pour un jour et d’une rotation de la terre autour du soleil pour une année.
La Genèse corrige elle-même d’emblée notre perception en nous donnant le sens du mot jour lorsqu’elle distingue le jour de la nuit. Le jour, c’est le contraire de la nuit. Elle nous définit aussi le jour par la distinction entre la lumière et les ténèbres. « Dieu appela la lumière jour et les ténèbres nuit » (Gn 1, 5) et il créa « des luminaires au firmament du ciel pour séparer le jour et la nuit » (Gn 1, 14).
Même aujourd’hui, nous donnons encore au mot jour un autre sens que celui d’une durée de 24 heures qui rejoint celui que la Genèse nous indique explicitement.
Le jour, pour nous comme pour les hébreux, c’est aussi le temps entre le lever du soleil ou l’apparition de la lumière et le coucher du soleil ou le retour de l’obscurité. Ce temps n’a aucune durée précise puisqu’il varie sans cesse selon les saisons et les régions.
En droit et dans les sciences techniques de la construction, un jour, c’est une petite ouverture dans un mur qui permet d’obtenir de la lumière dans une pièce. Souvent ces ouvertures, pour des causes légales, doivent être opaques et ne laisser passer que la lumière et non la vue.
N’est-ce pas davantage en ce sens qu’il faut comprendre les six jours de la Genèse ? De petites ouvertures qui ressemblent chacune à une petite lucarne en verre opaque dont nous ouvririons le volet dans une cave obscure.
Six petites ouvertures qui donnent de la lumière dans l’obscurité.
Pour autant que nous ne leur appliquions pas une interprétation qui se nourrit davantage de notre obscurité que de la lumière qui nous vient, aucune de ces ouvertures ne contient de contre-vérité scientifique. Le sujet est discuté dans un sujet sur l’interprétation de la Genèse dans ce même sous-forum de l’Ecriture Sainte (p. 2) :
viewtopic.php?f=91&t=3751&p=94713#p94713
La Genèse nous donne six éclairages, six enseignements sur l’essentiel de ce qui fait notre terre. N’y cherchons pas vainement une précision qui ne s’y trouve pas. Elle ne nous indique pas que les jours dont elle nous parle sont des durées de 24 heures, mais elle nous dit qu’un jour c’est une lumière qui sépare de la nuit, elle nous renvoie à un espace entre deux obscurités.
C’est d’abord et surtout cela que comprenaient les hébreux dont l’activité s’arrêtait à la fin de chaque journée avec l’obscurité que quelques feux ne pouvaient que faiblement diminuer. Difficile à comprendre à notre époque où l’électricité permanente ne nous fait plus guère ressentir ce qu’est l’obscurité de la nuit.
Le jour, c’est un temps de lumière qui apparaît quand il fait nuit mais qui est limité et cesse au retour de la nuit.
De ce point de vue (qui n’est qu’un point de vue qui n’élimine pas les autres interprétations admises dans l’Eglise), chaque jour de la Genèse n’est pas une durée, ni de 24 heures, ni de mille ans, mais une lumière qui nous fait découvrir un peu de la réalité de notre création. Bien sûr chacun des jours de la Genèse a une durée dans l’histoire, mais la Genèse ne la précise pas et n’indique en rien que chacune des ouvertures sur une phase de la création correspondrait à une durée identique.
La même déviation mathématique peut nous tromper si nous cherchons à calculer le temps des années dont la Genèse nous donne des nombres multiples et précis.
L’addition des âges des patriarches successifs nous donne environ 6.000 ans jusqu’à ce jour.
Sans formation scolaire, la plupart des hébreux n’avaient guère le sens des grand nombres.
Pour nous, un nombre, c’est un chiffre. Lorsque nous lisons l’age d’Adam, nous lisons 930 ans et nous comprenons spontanément 930 x 365 jours.
Dans le texte hébreu et à cette époque, un nombre n’est pas un chiffre, mais un ensemble de mots. Ce n’est pas 930 ans, mais neuf cent trente ans.
Une année, ce n’est pas 365 ou 354 jours, mais un temps de renouvellement naturel des réalités de la nature.
Les unités ont, dans la langue et la culture hébraïque, une forte signification symbolique.
Les dizaines y ont surtout la signification de pluriel. Pas nécessairement de pluriel précis.
Cent, ce n’est pas d’abord, ni surtout, le résultat d’une addition de 100 unités ou de 10 dizaines, c’est un mot qui peut aussi viser une grande quantité aux contours imprécis. Beaucoup (centaine) de pluriels (dizaines). Non pas un chiffre précis inconnu et arrondi à la centaine, mais une quantité elle-même imprécise.
A propos des centaines d’années attribuées aux patriarches, dans un sujet sur le sens des Généalogies (de ce même sous-forum sur l’Ecriture Sainte, p. 3), la question de savoir s’il s’agit de l’âge de la personne physique d’Adam (et des patriarches ultérieurs) ou celle de la durée de son clan aborde un autre aspect de l’âge des patriarches de la Genèse à une époque où, naturellement et scientifiquement, une durée moyenne de vie de 30 ou 35 est beaucoup plus probable :
viewtopic.php?f=91&t=7860&p=92316#p92316
Mais, neuf cent trente ans, cela peut aussi signifier, par exemple : neuf (chiffre de l’imperfection humaine de 6 + chiffre de la plénitude de Dieu de 3) et beaucoup (cent) et plusieurs présences de Dieu ( 3 au pluriel) pendant des années.
Les six cents ans de l’âge de Noé, cela peut signifier beaucoup d’imperfections ou de mal, bien plus qu’une comptabilité précise de 600 années, beaucoup de mal pendant des années.
Quelqu’un connaît-il des essais d’interprétations des multiples nombres précis indiqués, non sans signification, ni utilité spirituelle, par la Genèse.
Quelqu’un a-t-il déjà tenté ce travail ?
Comment et pourquoi l’Esprit Saint a-t-il inspiré tant de nombres ?
Dans la lecture de la Genèse, il faut être prudent non seulement avec les notions mêmes de jour ou d’années, mais peut-être plus encore avec les nombres, sans nous accrocher à notre formation mathématique généralisée qui n’était pas celle des hébreux de l’époque.