Bonjour Suliko,
Mais où voyez-vous que je parle de moi et de mes souhaits ? La stabilité de la liturgie traditionnelle est un fait. Les bouleversements y ayant été apportés dans les années 60 en est un autre. Il n'y a rien de personnel là-dedans.
Je voulais dire que l'importance première ou capitale que vous mettrez sur la forme liturgique, le rôle que vous voudriez lui faire jouer, me semble correspondre bien plus à ce que vous vous imagineriez que les choses doivent être pour tous. Sauf que je ne crois pas qu'il en ait jamais été de même pour les catholiques du monde entier ou encore les catholiques de tous les siècles ! Je ne dis pas que vous auriez tort de penser que la liturgie serait un aspect de la vie de l'Église qui a son importance. Non, mais que pour bien des catholiques ce n'est pas la forme elle-même du culte, ce n'est pas une histoire de respect scrupuleux de rubriques de la Messe, qui va les attacher ou non à l'Église, à la foi catholique, etc.
Enfin ...
Si le père Zanotti peut remplir son église à Marseille, son succès ne dépend pas de ce qu'il reprend scrupuleusement les anciennes formules en latin, ou parce qu'il dit sa Messe selon le mode d'expression parfaitement tridentin du XVIe ou du XVIIe siècle. L'expression liturgique n'est
qu'un facteur parmi plusieurs. L'état de la société en serait bien un autre, de facteur. Et d'importance !
Nos compatriotes sont soumis à un véritable lavage de cerveau permanent ne faisant que dénoncer jour et nuit les méfaits de l'Église catholique. Le bombardement continu concerne aussi bien la promotion active d'un mode de vie tout contraire à celui des chrétiens qu'une dénonciation virulente des conservateurs, des intégristes, des rigides, des bigots.
Le cadre de vie des gens est fichtrement plus déterminant que la langue utilisée lors de l'office, la télé et les écrans géants (sans parler du contenu) le sont bien plus que la présence ou non d'un prêtre portant tout l'attirail du temps de Pie XI. Tout un environnement institutionnel contribue à faire en sorte que l'Église ne puisse être rien d'autre qu'une affaire marginale.
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Tiens, une fois je consultais des photos d'archives d'anciennes institutions canadienne-française, des entreprises de 1950, des usines, des manufactures, des grands magasins très connus à l'époque, Dupuis Frères, etc.; en 1934, en 1920. J'y découvrais que les patrons faisaient tout leur possible pour faciliter la dévotion religieuse catholique de leur personnel. On ne se gênait pas pour souligner les grandes fêtes religieuses, accorder des congés, permettre la communion sur place aux employés ne pouvant se libérer, avec la visite de monsieur le curé dans la manufacture de chaussures, le patron à genoux qui pouvait se confesser avec ses employés, participer à la procession de la fête-Dieu avec une banderole témoignant de la fierté de l'entreprise de se joindre à la marche ...
Ce n'est pas étonnant si les églises étaient pleines. Surtout que les universités étaient tenues par des religieux, les intellectuels respectaient l'Église, les gens pouvaient lire des journaux à grand tirage qui véhiculaient les bonnes valeurs de l'Église. Impensable aujourd'hui ! Jeune, mon père pouvait lire chaque semaine
L'Action catholique. Ses parents étaient abonnés. Un grand journal illustré, populaire, des pleines pages contenant des nouvelles ecclésiastiques, des nouvelles de Rome.
Les curés de 1930 étaient sans doute disciplinés du côté de la doctrine. A cause du rituel ? A cause du mode de gestion "caporaliste" de l'Église de ce temps-là.