Merci de redonner ce lien. Il est vrai qu'on a beaucoup mis en exergue la petite phrase "l'évolution est plus qu'une hypothèse", le reste du discours est oublié.
Une partie de ce discours rappelle (et il le dit) le Magistère en la matière, avec les mentions de l'encyclique "Humani Generis", et surtout les paragraphes 5 et 6 rappelant l'incompatibilité avec la foi de "certaines théories de l'évolution".
Il y a tout de même une phrase qui me frappe, c'est celle-ci:
Jean-Paul II a écrit :Mais poser une telle discontinuité ontologique, n'est ce pas aller à l'encontre de cette continuité physique qui semble être comme le fil conducteur des recherches sur l'évolution, et ceci dès le plan de la physique et de la chimie?
C'est justement cette notion qui me gêne, cette soi-disant continuité physique qui est effectivement l'idée directrice de la théorie de l'évolution, mais qui ne ressort aucunement des faits observables: il s'agit là d'un paradigme, d'une clef interprétative des données qui ne s'impose nullement à partir des faits, mais qui a plutôt tendance, au rebours de ce que demanderait la vraie science, à jeter un voile pudique sur les faits connus et constatés, qui ne collent pas avec: barrière des espèces, discontinuité des couches fossiles (seuls les tenants de la théorie de l'"évolution par sauts" a eu le mérite de prendre au sérieux ce dernier point, mais leur théorie pose pas mal de problèmes et est restée marginale malgré le prestige d'un SJ Gould)...
Il me semble que le Bx Jean-Paul II a admis avec trop de facilité ce paradigme comme s'il s'agissait d'un fait scientifique établi, alors que c'est bel et bien un dogme scientiste qui s'est imposé malgré les faits (rappelons une fois de plus qu'il s'agit de son opinion personnelle, puisque ce point ne fait pas partie de la Révélation et que le Pape n'a pas de compétence particulière en sciences; il peut bien sûr rappeler les limites que la science ne saurait franchir sans contredire la foi, et il le fait).
Il serait sans doute souhaitable de faire une plus grande distinction entre les faits
observés par la science et vraiment indiscutables, et les théories qui servent à les relier et réflètent bien souvent, simplement, le paradigme ambiant, ou bien n'arrivent pas à se développer justement parce qu'elles vont à l'encontre dudit paradigme (cas de la physique quantique qui est une découverte remarquable liée à l'observation, mais dont l'esprit des hommes bloqués dans le paradigme galiléen s'est avéré parfaitement incapable de comprendre les conséquences, au-delà du seul "calcul" mathématique).
En ce qui concerne Humani Generis, on la trouve ici et il n'est pas superflu de la lire ou relire (c'est je pense le document qui répond le mieux à la question de "Saint-Paul":
http://www.vatican.va/holy_father/pius_ ... is_fr.html
je constate quand même que le Vén. Pie XII était bien plus ferme quant à la théorie de l'évolution, que le discours du Bx Jean-Paul II pourrait le faire penser:
Pie XII a écrit :Quiconque observe attentivement ceux qui sont hors du bercail du Christ découvre sans peine les principales voies sur lesquelles se sont engagés un grand nombre de savants. En effet, c'est bien eux qui prétendent que le système dit de l'évolution s'applique à l'origine de toutes les choses; or, les preuves de ce système ne sont pas irréfutables même dans le champ limité des sciences naturelles. Ils l'admettent pourtant sans prudence aucune, sans discernement et on les entend qui professent, avec complaisance et non sans audace, le postulat moniste et panthéiste d'un unique tout fatalement soumis à l'évolution continue. Or, très précisément, c'est de ce postulat que se servent les partisans du communisme pour faire triompher et propager leur matérialisme dialectique dans le but d'arracher des âmes toute idée de Dieu.
La fiction de cette fameuse évolution, faisant rejeter tout ce qui est absolu, constant et immuable, a ouvert la voie à une philosophie nouvelle aberrante, qui, dépassant l'idéalisme, l'immanentisme et le pragmatisme, s'est nommé existentialisme, parce que, négligeant les essences immuables des choses, elle n'a souci que de l'existence de chacun.
A cela s'ajoute un faux historicisme qui, ne s'attachant qu'aux événements de la vie humaine, renverse les fondements de toute vérité et de toute loi absolue dans le domaine de la philosophie et plus encore dans celui des dogmes chrétiens.
ce qui ne s'oppose pas à ce qui est écrit dans la même encyclique:
le magistère de l'Eglise n'interdit pas que la doctrine de l' " évolution ", dans la mesure où elle recherche l'origine du corps humain à partir d'une matière déjà existante et vivante - car la foi catholique nous ordonne de maintenir la création immédiate des âmes par Dieu - soit l'objet, dans l'état actuel des sciences et de la théologie d'enquêtes et de débats entre les savants de l'un et de l'autre partis
Rappelons néanmoins qu'une théorie scientifique acquiert de la valeur non pas par le consensus réel ou supposé des savants d'une époque, mais par son utilité
prédictrice: la théorie de Newton nous permet de prédire d'avance et à coup sûr la trajectoire et la vitesse de chute de la pomme. Je ne vois pas ce que la théorie de l'évolution a pu prédire (en dehors de la découverte de chaînons manquants dans les espèces... qui continuent de manquer, ce qui est bel et bien une invalidation de la théorie) et peut encore prédire. De sorte que je trouve difficilement possible d'accorder de crédit à l'idée que l'évolution serait autre chose qu'une hypothèse, malgré les courants de pensée qui voudraient l'imposer.
In Xto,
archi.