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Re: Les sentiments ont-ils de la légitimité?

Publié : ven. 01 nov. 2019, 9:14
par Sam D.
Vous me semblez vous réjouir de ces sorties d'Eglise, je me trompe?
Bonjour Pierrot,

Navré d'avoir pu éveiller une telle impression… qui peut s'en réjouir ? pas moi, du moins. Ce que je salue dans la citation de Suroît, c'est l'élément d'analyse qu'il contient, qui n'est jamais envisagé par les gens d'Eglise, ou alors seulement in petto chez quelques-uns !

En effet, sur tous les tons, du plus explicite au plus implicite, il y a les renégats, ceux qui ont succombé à la tentation et les nuques raides d'un côté, et la vérité et ses détenteurs officiels de l'autres, qui blêmissent, tempêtent et s'arc-boutent pour sauver l'Eglise en proie à un travail de sape forcément extérieur… Ce qui devrait être un signal d'alarme et initier une remise en cause, un auto-examen, n'est vu que comme un outrage à l'autorité.

La chose véritablement réjouissante que Mauriac nous invite à constater dans cette citation, c'est que l'Esprit souffle où il veut et comme il veut, et que maintes personnes cherchant Dieu - peut-être même sans en être conscientes elles-mêmes - sont plus près de Lui que ce qu'on s'imagine classiquement. Voyez l'épisode du déjeuner chez le Pharisien qui, lorsque Marie-Madeleine arrive, se dit "si celui-ci était un prophète, il saurait que celle-là est pécheresse, et il ne la laisserait pas faire." A quel point se trompait-il dans sa vision des choses ! De quoi donner de la substance au psaume 23, qui nous est proposé aujourd'hui :

"Qui peut gravir la montagne du Seigneur
et se tenir dans le lieu saint ?
L’homme au cœur pur, aux mains innocentes,
qui ne livre pas son âme aux idoles.
Il obtient, du Seigneur, la bénédiction,
et de Dieu son Sauveur, la justice.
Voici le peuple de ceux qui le cherchent !
Voici Jacob qui recherche ta face !"

Re: Les sentiments ont-ils de la légitimité?

Publié : ven. 01 nov. 2019, 16:20
par Ombiace
Bonjour Sam,
Sam D. a écrit :
ven. 01 nov. 2019, 9:14
Navré d'avoir pu éveiller une telle impression
Navré d'avoir été interprétatif
Sam D. a écrit :
ven. 01 nov. 2019, 9:14
Ce qui devrait être un signal d'alarme et initier une remise en cause, un auto-examen, n'est vu que comme un outrage à l'autorité.
C'est donc cela que je decelais dans vos griefs, sans en connaître la nature. J'ignore complètement qu'en penser (je n'ai jamais eu l'occasion d'observer tout cela). Peut-être, comme je me dis parfois de Juda, certains ne se mettent pas en condition de remercier le Seigneur pour tout, mais entretiennent une forme de rivalité intérieure avec lui. Ou encore, peut-être espèrent-ils lui rendre tout ce qu'il donne, ce qui n'est pas un mal en soi, mais la démarche a évidement ses limites, qui peuvent rendre amer, (comme Caïn le fut peut-être, parce que son présent ne fut pas considéré par Dieu) puisque nous lui devons tout.
Je prierai pour cela, pour que nous ne laissions pas l'amertume nous gagner

PS Nous sommes loin des sentiments conjugaux du fil, mais cmoi m'a apporté des éléments que je n'avais pas..
Je me demande toutefois encore quelle est la traduction la plus fidèle de ce qui accompagne le regard de désir dans Mt 5, 28

Re: Les sentiments ont-ils de la légitimité?

Publié : jeu. 07 nov. 2019, 9:13
par Ombiace
Suroît a écrit :
mer. 30 oct. 2019, 14:56
Or Jésus dit que quiconque a déjà éprouvé ce désir ardent dans son cœur a déjà commis l'adultère. Et sans doute, c'est très vrai, puisque quelqu'un qui sent qu'il tombe amoureux ou est en train de tomber amoureux en secret de quelqu'un d'autre éprouve généralement un malaise, une début de culpabilité, le sentiment d'avoir déjà un peu trompé son conjoint malgré tout. Ça ne fait pas de lui un "prédateur", ou un être foncièrement immoral, puisqu'il peut ne pas y succomber. C'est pourquoi j'ai quelque réticence à moraliser les pulsions en elles-mêmes, en les qualifiant de prédatrices, mauvaises, ou autres...
Je reviens sur ce fil, car tomber amoureux, dans le cas que vous avez évoqué, n'est peut-être pas la marque de l'amour; en effet, vous évoquez le cas particulier où vous avez déjà un conjoint, ce qui suppose, que vous êtes déjà entièrement donné à ce conjoint. Pour faire simple, il va falloir reprendre vos engagement à ce conjoint si vous voulez en contracter un autre de même nature. Il y a dans ce "tomber amoureux" quelque chose d'autocentré, et de non centré sur son conjoint, et je ne crois pas que ce soit de l'amour non plus que de tomber amoureux d'une autre personne que le conjoint, puisque vous lui proposeriez quelque chose de votre personne qui n'est plus en votre possession. Il va falloir déshabiller Paul pour habiller Pierre, et il me semble que ça ressemble davantage à de l'inconstance qu'à de l'amour. D'autre part, le véritable amour (au sens chrétien, bien sur) pour la personne désirée ne consisterait-il pas à lui souhaiter de s'accomplir dans une vie avec un autre partenaire que vous? (puisque vous seriez déjà engagé)
Donc, avant de "pouvoir succomber" , il y a le "ne pas vouloir succomber" qui devrait barrer la route, si on veut employer le terme "amour" pour désigner la pulsion. Si il n'y a pas ce "ne pas vouloir succomber", il me semble que qu'un "désir de succomber" le supplante inconsciemment, et que toute trace de "prédation" n'a pas disparu

Re: Les sentiments ont-ils de la légitimité?

Publié : ven. 08 nov. 2019, 15:34
par Ombiace
Suroît a écrit :
jeu. 07 nov. 2019, 20:11
Après tout, quand la Bible parle de ne faire qu'une seule chair, la dimension érotique n'est pas absente de cette unité me semble-t-il
Bonjour Suroît, merci pour votre réponse
" et les deux deviendront une seule chair. Ainsi ils ne sont plus deux, mais ils sont une seule chair." est immédiatement suivi de ce que Jésus en déduit:"9 Que l'homme donc ne sépare pas ce que Dieu a joint.". Il n'est donc pas question d'érotiser la pensée, je crois, sinon il faudrait déduire par l'absurde que Jésus demande de garder indéfiniment le contact charnel et érotique.
"être un seule chair" ne peut guère s'accomplir, je suppose quant à moi, que dans l'acte procréateur de l'homme et de la femme qui concrétisent cet état en l'enfant qui leur naît.
Je ne vise cependant nullement à stigmatiser la chair en quoi que ce soit
Pardonnez ma réponse partielle, je la complèterai sans doute