La notion de péché et la sexualité

« Donne à ton serviteur un cœur attentif pour qu'il sache discerner le bien du mal » (1R 3.9)
Règles du forum
Forum de discussions entre chrétiens sur les questions morales et éthiques. Certaines discussions de ce forum peuvent heurter la sensibilité des jeunes lecteurs.
ademimo
Tribunus plebis
Tribunus plebis
Messages : 1009
Inscription : mar. 14 juil. 2020, 21:10
Conviction : catholique

Re: La notion de péché et la sexualité

Message non lu par ademimo » ven. 21 oct. 2022, 12:54

Perplexe a écrit :
ven. 21 oct. 2022, 9:42
Il me semble qu'il y a un écart très important entre le nombre de célibataires dans la culpabilité face au péché de la chair et le nombre d'époux ou épouses dans cette même culpabilité.
Excellente remarque. D'une certaine manière, il suffirait d'être marié pour échapper au péché de chair, paradoxalement.

Trinité
Tribunus plebis
Tribunus plebis
Messages : 4305
Inscription : lun. 02 févr. 2015, 22:50
Conviction : catholique

Re: La notion de péché et la sexualité

Message non lu par Trinité » ven. 21 oct. 2022, 13:27

Perplexe a écrit :
ven. 21 oct. 2022, 9:42
Il me semble qu'il y a un écart très important entre le nombre de célibataires dans la culpabilité face au péché de la chair et le nombre d'époux ou épouses dans cette même culpabilité.

Il y a à mon avis possiblement zone d'ombre dans la chambre à coucher de la plupart des couples chrétiens où, sous couvert qu'il s'agit d'un don de soi, les instincts peuvent très bien s'exprimer d'une manière plus démesurée que chez le célibataire qui se sent coupable d'une faute seulement occasionnelle.

Le problème se trouve aussi dans le manque de définition de ce qu'est un acte sexuel vertueux. Peut-être parce que l'Eglise n'a pas pour vocation d'enseigner certaines choses faces auxquelles même des saints vivaient des tiraillements.

Chacun de nous peut avoir sa propre définition de ce qu'est cet acte vertueux. Pour ma part, il est une réaction neuro-végétative absolument involontaire tandis que l'acte non vertueux est celui où il y a une volonté motrice qui recherche le plaisir.
Bonjour Perplexe;

Hum...

....et si Dieu dans son infinie sagesse ,n'avait donné cette notion de plaisir dans la relation sexuelle, il y a bien longtemps que nous aurions assisté à l'extinction de l'humanité... ;) et de tout le vivant d'ailleurs...

Perplexe
Censor
Censor
Messages : 67
Inscription : lun. 17 oct. 2022, 17:24
Conviction : Chrétienne
Localisation : Languedoc-Roussillon

Re: La notion de péché et la sexualité

Message non lu par Perplexe » sam. 22 oct. 2022, 11:39

Bonjour Trinité

Il y a peut-être un lièvre à lever derrière cette notion de plaisir ? D'autre part il n'est pas toujours nécessaire d'éprouver du plaisir pour faire quelque chose, ça renvoie à la notion d'aliénation.

Le problème du plaisir sexuel se pose principalement dans le sens ou il serait un but au lieu d'être une conséquence.

Altior
Tribunus plebis
Tribunus plebis
Messages : 2856
Inscription : sam. 05 juil. 2008, 23:59
Conviction : catholique traditionaliste
Localisation : In Ecclesia Dei

Re: La notion de péché et la sexualité

Message non lu par Altior » sam. 22 oct. 2022, 16:53

Bonjour, Perplexe !
Perplexe a écrit :
ven. 21 oct. 2022, 9:42

Chacun de nous peut avoir sa propre définition de ce qu'est cet acte vertueux. Pour ma part, il est une réaction neuro-végétative absolument involontaire tandis que l'acte non vertueux est celui où il y a une volonté motrice qui recherche le plaisir.
Il parraît qu'il y ait encore une influence cathare en Languedoc ! Je ne garde pas de souvenir d'une interdiction du plaisir. Du moins, du plaisir en soi-même. A nos premiers parents, ce n'est pas le plaisir de manger des fruits qui fut interdit, mais l'acte de manger de ce fruit.

Avatar de l’utilisateur
prodigal
Amicus Civitatis
Amicus Civitatis
Messages : 2301
Inscription : mar. 09 juil. 2013, 10:32

Re: La notion de péché et la sexualité

Message non lu par prodigal » sam. 22 oct. 2022, 18:48

En effet, le plaisir provoqué par un acte licite est lui-même licite.
De plus, certains actes peuvent être parfaitement licites, bien que le plaisir des sens en soit la fin.
Mais pourquoi alors boire un bon vin, par exemple, serait-il licite, alors que s'enivrer ne le serait pas? Je crois que la réponse est dans la question : s'enivrer, c'est perdre sa capacité d'un jugement libre, et cela conduit donc à pécher par paroles ou par actions.
Il me semble que, sans chercher midi à quatorze heures, on peut dire que le plaisir sexuel est une sorte d'ivresse, et que c'est déjà pour cette simple et évidente raison qu'il a été souvent condamné.
"Dieu n'a pas besoin de nos mensonges" (Léon XIII)

Perplexe
Censor
Censor
Messages : 67
Inscription : lun. 17 oct. 2022, 17:24
Conviction : Chrétienne
Localisation : Languedoc-Roussillon

Re: La notion de péché et la sexualité

Message non lu par Perplexe » sam. 22 oct. 2022, 20:02

Altior a écrit :
sam. 22 oct. 2022, 16:53
Bonjour, Perplexe !
Perplexe a écrit :
ven. 21 oct. 2022, 9:42

Chacun de nous peut avoir sa propre définition de ce qu'est cet acte vertueux. Pour ma part, il est une réaction neuro-végétative absolument involontaire tandis que l'acte non vertueux est celui où il y a une volonté motrice qui recherche le plaisir.
Il parraît qu'il y ait encore une influence cathare en Languedoc ! Je ne garde pas de souvenir d'une interdiction du plaisir. Du moins, du plaisir en soi-même. A nos premiers parents, ce n'est pas le plaisir de manger des fruits qui fut interdit, mais l'acte de manger de ce fruit.
Oh, s'il y a une influence dans mon discours elle n'est pas cathare mais plutôt cathartique !

Je n'ai point parlé d'interdiction du plaisir, cher Altior, mais d'acte pour moi-même que je trouve vertueux ou pas.

Le problème ensuite, cher prodigal, est de comparer un plaisir gustatif et le plaisir sexuel. En effet, avec un fruit, le problème de l'objetisation de l'autre, conjoint(e), ne se pose pas.

Pour être plus explicite, presque toute l'humanité découvrira d'elle-même une sexualité que j'appelle naturelle et semblable à celle animale. Désolé de le dire. Mais il existe une sexualité spécifiquement humaine. L'une est inévitablement objetisante l'autre pas.

Avatar de l’utilisateur
prodigal
Amicus Civitatis
Amicus Civitatis
Messages : 2301
Inscription : mar. 09 juil. 2013, 10:32

Re: La notion de péché et la sexualité

Message non lu par prodigal » sam. 22 oct. 2022, 20:46

Cher Perplexe, je trouve que vous avez parfaitement raison. Je n'ai pas du tout voulu assimiler les plaisirs gastronomiques et les plaisirs sexuels, et vous donnez vous -même la raison de bien les distinguer : souvent, le plaisir sexuel s'inscrit dans le cadre d'une relation avec autrui.
Néanmoins, on peut remarquer que l'acte sexuel est toujours condamné par la tradition chrétienne, même quand il n'engage pas autrui, à l'exception notable de l'acte conjugal. Ce n'est pas vraiment facile à comprendre, la preuve en est que beaucoup quittent l'Eglise à cause de cela! Je trouve que vous apportez par votre réflexion des moyens intéressants de comprendre un peu cette énigme, et je vous en remercie.
"Dieu n'a pas besoin de nos mensonges" (Léon XIII)

Avatar de l’utilisateur
Foxy
Prætor
Prætor
Messages : 2178
Inscription : ven. 01 nov. 2013, 1:14
Conviction : catholique
Localisation : Bretagne

Re: La notion de péché et la sexualité

Message non lu par Foxy » sam. 22 oct. 2022, 21:36

Je me permets de donner le lien de ce que Saint Jean-Paul II - dont c'est aujourd'hui la fête - a dit concernant la sexualité :

https://questions.aleteia.org/articles/ ... sexualite/
La foi que j’aime le mieux,dit Dieu,c’est l’Espérance.
Charles Péguy

Perplexe
Censor
Censor
Messages : 67
Inscription : lun. 17 oct. 2022, 17:24
Conviction : Chrétienne
Localisation : Languedoc-Roussillon

Re: La notion de péché et la sexualité

Message non lu par Perplexe » sam. 22 oct. 2022, 23:51

Vraiment merci prodigal pour votre réponse qui montre votre ouverture et votre intelligence. J'en suis affecté que la sexualité soit plutôt un problème alors qu'elle devrait être une solution.

Je retire mon savoir de l'expérience de "l'extase amoureuse" pour affirmer que la sexualité naturelle repose plus particulièrement sur la représentation érotique de l'acte et sur le désir sexuel qu'elle exacerbe. Dans tout cela, c'est la dimension affective qui est insidieusement délaissée au moins partiellement ; ce qui favorise l'objetisation de l'autre et aussi de soi-même ! L'on peut dire ici que l'impulsion est un acte reposant sur la volonté où ce sera le plaisir sexuel qui prédominera.

Dans la sexualité que je qualifie d'humaine, la force du sentiment amoureux et la puissance de la représentation symbolique de l'autre (l'autre est suffisammement "sacralisé") impliquent l'impossibilité de produire des représentations sensuelles, érotiques, consciemment.

La tension du corps, dans ce lien cœur-pensée-désir devient trop forte et pour la personne seule il y a possibilité parfois à vivre une extase parce que le désir ne prédomine pas (notre nature instinctive donc ne prédomine pas) car le coeur et la pensée sont prédominants. C'est pour cela notamment que Sainte Thérèse d'Avila évoque une réaction de son corps involontaire et que j'ai nommée neuro-végétative à juste titre.

Dans la vie conjugale, ce mouvement neuro-végétatif s'exprime alors et consomme l'acte sans qu'il puisse y avoir l'objetisation citée plus haut. C'est en effet le sentiment et cette sacralisation, ou pour moins choquer, cette honorabilité qui produisent la réaction neuro-végétative qui est, elle, involontaire et donc pure selon ce que j'en pense.

Certaines personnes pourraient me contredire mais il faut songer que l'on est culturellement objetisé, alors implicitement nous allons continuer bien souvent ainsi dans tout ce que l'on fait, même dans notre sexualité si nous n'y prenons garde.

La question du célibat chaste trop difficile à assumer et qui fait fuir les croyants s'explique par cette sexualité naturelle qui repose sur l'image érotique et l'apprentissage au défoulement des tensions par l'expression sexuelle. Il devient alors quasi-impossible de passer à un comportement a-sexuel avec cet héritage mis de côté (refoulé mais pas sublimé) , alors que la sexualité humaine le permet puisqu'il n'y a pas d'emprise de même sorte par les pulsions sexuelles. Et cette sexualité est fondée sur la tendresse qui est si forte qu'il n'y a pas besoin d'érotisme conjugal.

J'ai constaté qu'il n'y avait eu que 3 topics ouverts sur la tendresse et ils ont été éphémères, c'est parlant !

J'ai cherché, Foxy, chez des auteurs qui avaient écrit sur la "théologie du corps" pour la simplifier et la rendre plus accessible mais je n'ai rien trouvé qui recoupe mon expérience ou qui décrive concrètement la condition sexuelle.

cmoi
Tribunus plebis
Tribunus plebis
Messages : 3107
Inscription : jeu. 28 févr. 2019, 12:07

Re: La notion de péché et la sexualité

Message non lu par cmoi » dim. 23 oct. 2022, 7:49

Perplexe a écrit :
sam. 22 oct. 2022, 23:51
J'ai cherché, Foxy, chez des auteurs qui avaient écrit sur la "théologie du corps" pour la simplifier et la rendre plus accessible mais je n'ai rien trouvé qui recoupe mon expérience ou qui décrive concrètement la condition sexuelle.
Bonjour Perplexe,
vous ne trouverez rien dans la théologie du corps de JPII qui corresponde à ce que vous appelez votre expérience et que je crois bien connaitre.
A plus forte raison dans les commentaires et auteurs en ayant parlé.
En revanche, il serait tout à fait possible d'en faire un commentaire orienté en ce sens, car il n'y a rien d'incompatible, au contraire elles se complètent et s'imbriquent admirablement.
Il faut pour cela savoir lire entre les lignes, mais reprendre le texte original.
Ainsi, pour un exemple frappant et qui en donne un signe, quand il affirme qu'il est possible d'être adultère en couchant avec sa propre femme, et sans pour autant que ce soit parce qu'on a l'esprit ailleurs ou auprès d'une autre... Il y aurait bien d'autres passages qui pourraient être cités et de façon plus riche, mais celui-ci est celui dont je me suis servi à plusieurs reprises sur ce forum pour défendre le "comment" comme une cause de péché aussi grande que le "avec qui".
Cordialement.

Trinité
Tribunus plebis
Tribunus plebis
Messages : 4305
Inscription : lun. 02 févr. 2015, 22:50
Conviction : catholique

Re: La notion de péché et la sexualité

Message non lu par Trinité » lun. 24 oct. 2022, 0:23

Perplexe a écrit :
sam. 22 oct. 2022, 11:39
Bonjour Trinité

Il y a peut-être un lièvre à lever derrière cette notion de plaisir ? D'autre part il n'est pas toujours nécessaire d'éprouver du plaisir pour faire quelque chose, ça renvoie à la notion d'aliénation.

Le problème du plaisir sexuel se pose principalement dans le sens ou il serait un but au lieu d'être une conséquence.
Bonsoir perplexe

En fait, plutôt que parler de plaisir, qui est bien une conséquence et non un but, comme vous le souligner judicieusement, j'aurai dû parler d'envie de reproduction.
A mon avis, ce phénomène est bien divin, au même titre au niveau animal que humain.
Sans cette envie de reproduction, et comme je le disais précédemment, nous aurions assister à l'extinction de la race humaine et de tout le vivant.

Avatar de l’utilisateur
Toi le tout petit
Quæstor
Quæstor
Messages : 362
Inscription : lun. 24 janv. 2022, 0:21
Conviction : Catholique

Re: La notion de péché et la sexualité

Message non lu par Toi le tout petit » lun. 24 oct. 2022, 9:25

    • ademimo a écrit :
      mar. 18 oct. 2022, 20:18
      Pour moi, les "polémiques inutiles" naissent de la confusion que certains font entre la doctrine de l’Église et leurs propres opinions. La doctrine de l’Église est ce qu'elle est. On peut la critiquer, mais elle est ce qu'elle est. On ne peut pas ériger son opinion personnelle en l'estampillant "Doctrine de l’Église selon moi".

      En particulier, la confusion intervient dans la définition même du péché. Avant d'être revêtu d'une signification morale (le fameux "mal"), le péché désigne avant tout la séparation de Dieu. A l'inverse, le Sacrement de Réconciliation restaure l'union avec Dieu. C'est ce que raconte l'histoire d'Adam et Eve : comment ceux-ci se sont séparés de Dieu, et par eux, tout le genre humain. La séparation est ce qui marque la nature humaine déchue, en attendant la Parousie. Tant que nous visons dans notre condition terrestre, nous sommes de toute façon séparés de Dieu, et nous n'y pouvons rien. C'est une donnée fondamentale qui détermine notre état par rapport au péché. L'état de grâce n'est jamais qu'une parenthèse, fragile et provisoire, obtenue à force d'efforts, et qu'il est très facile de perdre à cause des assauts permanents de la chair et de l'orgueil qui sont la pente naturelle de notre condition terrestre.

      En résumé, le pécheur trouve son bonheur dans les choses terrestres au lieu de le trouver en Dieu. Et il ne peut pas faire autrement.

      Quand on a bien compris cela, on voit facilement que le péché n'est pas forcément un mal que nous commettons délibérément. C'est pour cela que l’Église parle de péché véniel, lorsqu'il est commis sans intention. Prenons le cas du plaisir gustatif : il est totalement involontaire en soi. Donc rien de grave. L'acte est peccamineux (en ce sens où l'on a trouvé sa joie dans les choses terrestres et non en Dieu), mais de façon vénielle.

      C'est bien pour cette raison que depuis le début, les disciples désirant la perfection, et qui y sont spécifiquement appelés par Dieu, se retirent du monde pour s'extraire de tous les plaisirs du monde et s'exercer à trouver leur joie en Dieu seul. C'est le seul sens à donner au monachisme. Quant au commun des mortels, n'ayant pas la capacité d'affronter une telle vie de privation et de pénitence, mais n'ayant pas non plus reçu ni les grâces, ni l'appel de Dieu pour ce genre de vie, il est appelé à d'autres devoirs propres à la vie laïque (principalement le mariage), étant assuré qu'une ambition spirituelle plus modeste leur suffira pour trouver la grâce divine en ce monde.

      Voilà ce que dit la doctrine catholique depuis le début. Mais je crois que de nos jours, certains catholiques ne supportent pas l'idée qu'ils puissent être concernés malgré eux par le péché. Mais à mon avis, il font erreur. C'est se méprendre sur l'un des points fondamentaux de la doctrine catholique.
      Bonjour, ademimo,

      Je partage entièrement votre propos. En effet, la confusion que certains font entre la doctrine de l’Église et leurs propres opinions est bien réelle et trop fréquente. Elle est mise en avant par des pharisiens "modernes" qui sont convaincus de bien parler, de bien agir, en jurant uniquement par la théologie qui expliquerait tout ... par le jeune, le bien être, en se regardant le "nombril", c'est un jeu de miroir entre la personne et elle-même. Ainsi, l'orgueil prend le dessus, en excluant, de fait, les gens simples, les repentis sincères ... alors que Jésus dit : "Qui s'élève sera abaissé et qui s'abaisse sera élevé" ; Comme nous l'explique, le prêtre, ce dimanche à la messe avec la Parabole du Publicain et le Pharisien. Etre fidèle à la Loi ... c'est l'AMOUR de Dieu et du prochain avant toute autre chose.

      https://youtu.be/H37ksbkBCgc
Dernière modification par Toi le tout petit le mar. 25 oct. 2022, 9:22, modifié 1 fois.
Hier est derrière, demain est un mystère, mais aujourd'hui est un cadeau, c'est pour cela qu'on l'appelle présent.

Avatar de l’utilisateur
Toi le tout petit
Quæstor
Quæstor
Messages : 362
Inscription : lun. 24 janv. 2022, 0:21
Conviction : Catholique

Re: La notion de péché et la sexualité

Message non lu par Toi le tout petit » lun. 24 oct. 2022, 9:41

Hier est derrière, demain est un mystère, mais aujourd'hui est un cadeau, c'est pour cela qu'on l'appelle présent.

cmoi
Tribunus plebis
Tribunus plebis
Messages : 3107
Inscription : jeu. 28 févr. 2019, 12:07

Re: La notion de péché et la sexualité

Message non lu par cmoi » mer. 26 oct. 2022, 7:43

Perplexe a écrit :
sam. 22 oct. 2022, 23:51
la réaction neuro-végétative qui est, elle, involontaire et donc pure selon ce que j'en pense.

Certaines personnes pourraient me contredire mais il faut songer que l'on est culturellement objetisé,
Je ne pense pas que ce soit une contradiction : elle est certes pure et involontaire, mais elle est la conséquence de moments antérieurs et intérieurs durant lesquels nous sommes libres de nous ouvrir ou non à sa possibilité et même à qualifier ce qu’elle sera.
Ce décalage est une forme de conséquence du péché, probablement, car il nous ôte une part de liberté et de contrôle, mais cette part existe.
La pratique que vous mettez en exergue permet de dissocier éjaculation et orgasme, par exemple, pour un homme, et de permettre l’un (étreinte réservée) ou l’une (moins connu, mais bien réel) sans l’autre. Elle permet aussi de donner à la tendresse un autre chemin d’expression sans frustration.
Le contrôle existe bien, et nous en sommes bien responsables, mais il se produit à un moment antérieur, et antérieurement il y a les conditions d’un choix plus grand encore : avec qui, et qui découle du comment : peu-t-on donner de la tendresse indifféremment à n’importe qui parce qu’il est simplement vivant et œuvre de Dieu, ou à quelqu’un dont la morale ne nous correspond pas, sachant que l’issue est l’enfant et son éducation conjointe ?
L’enseignement du magistère montre en quoi cette issue est consubstantielle à l’acte et il en tire les conséquences, JP2 n’a fait que le récapituler selon une ligne de force.
Mais ce n’est là qu’un exemple…

Concernant l’œuvre de JP2, permettez-moi de vous poser la question : l’avez-vous lue ? Apparemment non, si vous avez cherché parmi seulement les commentateurs. En fait, ma vraie question est : pourquoi connaissant son existence ne l’avez-vous pas lue ? Et qu’espérez-vous y être à trouver ?
N’est-ce pas une forme « d’objétisation » aussi, de refus d’une responsabilité, de ne pas le faire alors que son sujet vous intéresse ?
Pardonnez-moi de vous poser la question de façon directe, elle est cependant sans aucune agressivité.

Vous vous doutez bien qu’il ne s’y rencontrera pas de description de positions ou de techniques corporelles(avantages/inconvénients), et c’est d’ailleurs le reproche que l’Eglise pourrait faire envers les différents manuels qui en contiennent, celui de transformer l’acte en technique (sans parler du "besoin vital et du "droit" que ce serait d'avoir une sexualité vivante) malgré un certain habillage vertueux qui n’est pas à dédaigner.

JP2 reprend les choses non par rapport à la sexualité, mais il reprend la sexualité par rapport à la globalité du corps, comme partie indissociable et vivante, représentative de la personne, il « remonte » plus loin, depuis la Genèse jusqu’à l’encyclique Humanae Vita, en passant par quasiment tous les textes de la bible parlant de nuptialité (Cantique des Cantiques, Tobit, livres sapientaux, épîtres de St Paul…) et il ne dédaigne pas de parler du « langage du corps » sans entrer dans certaines précisions (n’oubliez pas qu’avant tout, c’est un vierge consacré ! Le faire serait s’exposer au ridicule et au mensonge).
Ainsi parle-t-il du don du corps comme de la plus haute expression de soi, de la paternité/maternité qu’il replace dans son contexte inhérent à notre nature, et de l’union sexuelle comme d’un acte prophétique, il pose toutes les conditions pour que par la conscience de la valeur de cet acte, il soit ce qu’il doit être dans cette extase que vous évoquez.
Or la thèse de théologie de JP 2 était sur St Jean de la Croix, chantre de l’extase mystique qui n’est pas sans similitude avec celle que vous évoquez, et sa « théologie du corps » est le second volet d’un dyptique dont le premier était plus concret, « amour et responsabilité ».

Quand par exemple il défend la chasteté, il ne fait rien d‘autre que de donner les attendus chrétiens qui défendent les mêmes préalables à ce que prônent tantrisme et taoïsme (tong-hsuam-tze) et Kama sutra (hindouisme) et autres « cultures vivantes » à connotation et origine souvent religieuse (jardin parfumé, anangaranga), .
Toutes ces « écoles » défendent le détachement préalable de l’Ego, l’accueil de l’autre etc. par une période préalable de chasteté qui peut être longue. Aucune ne va aussi loin que le christianisme dans les raisons et les attendus de cela et de fait, sans humilité, l’accueil de l’autre est amputé, sans la foi, quelle dimension accorder au sacré qui n’en fasse un acte magique qui atrophie certaines parties de la personne, il y a une part de mensonge dans la pratique de ceux qui, au fond, n’agissent qu’en vue d’optimiser le plaisir de ce qui sera involontaire et pour passer un bon moment, incluant certes pour cela l’affectivité et plus, mais mettant de côté une partie de leur conscience du bien et du mal.
L’enseignement de JP2 recadre les choses selon un autre attendu, il donne le vrai contexte pour que l’acte soit vraiment sacré, sans en effet rentrer dans des considérations pratiques qui sont à cet égard secondaires et qui peuvent être en partie redécouvertes par instinct, sans aucun autre apprentissage que la pratique des vertus et la connaissance de son corps et de « sa théologie », presque théophanie.

Bon je m’arrête là, il y aurait trop à en dire… Lisez- le et nous pourrons en reparler !

Pour reprendre mon précédent post, les commentateurs de cette œuvre de JP2 ont plus cherché à travers elle ce en quoi elle correspondait avec l’enseignement existant que ce qu’elle apportait de nouveau (même si elle l’en louait !) Un exemple : cet adultère que l’on peut commettre entre époux, est désormais vu comme « une nouvelle interdiction » dont nul ne sait trop de quoi elle parle (contraception ? Ce serait fort limité et erroné), alors qu’au contraire, il invitait à adopter et canaliser un nouvel angle de vue plus positif que des interdictions. Exactement la même problématique de refus de comprendre que quand Jésus en Mathieu dit que l’adultère est déjà commis dans le cœur par un simple regard. A suivre ces « mauvais comprenants », il faudrait se priver de regard (du coup et plus souvent, le dissimuler, et comme ils prônent la sincérité ils suppriment de leur conscience une obligation qui les aurait gêné au nom de leur conscience mais surtout dû à un refus de réfléchir et méditer la parole de Dieu : ils se croient "libérés" alors qu'il sont au contraire "coincés" ) plutôt que de changer son cœur et de pouvoir ainsi tout regarder, voire tout exposer, sans que cela pose de problème..

Perplexe
Censor
Censor
Messages : 67
Inscription : lun. 17 oct. 2022, 17:24
Conviction : Chrétienne
Localisation : Languedoc-Roussillon

Re: La notion de péché et la sexualité

Message non lu par Perplexe » mer. 26 oct. 2022, 21:47

Cher cmoi

Pour ce qui concerne votre première paragraphe, ce que j'ai évoqué n'est pas une technique mais un réflexe. Quant à une anticipation, elle peut toujours être voulue mais je vais vous dire que l'extase amoureuse, une fois vécue, peut également se reproduire en se plaçant dans les conditions de son avènement. Mais personnellement je ne peux pas vouloir cela pour moi-même, ce serait comme un onanisme déguisé. Il en est de même avec cette réaction neuro-végétative qui se produit ou pas, sans nécessairement être en tenue d'Adam et Eve. Tout réside dans les sentiments. Il faut distinguer sexualité et génitalité.

Il faut bien avoir des sentiments, des choix électifs, pour ne pas jeter des perles aux pourceaux. Mais il m'est arrivé dans un rêve de remercier très chaleureusement mes pires ennemis. Il m'a fallu un peu de temps pour comprendre qu'ils m'avaient apporté un grand bien qui a beaucoup changé ma vie. J'éprouve alors plutôt de la sympathie mais pas de la tendresse au sens amoureux ou filial envers les pervers en question. La vie est souvent paradoxale, en apparence.

Alors que dans la sexualité naturelle l'érotisme est un rituel, dans celle que je qualifie d'humaine cet érotisme n'a aucune valeur, c'est la tendresse qui est indispensable et suffisante sans prédéterminer ce qui peut advenir.

C'est sous cet angle de la tendresse que j'éprouve "si vous ne redevenez pas comme de petits enfants...".

Sur le forum il est assez courant de conseiller ceux qui éprouvent un problème de péché de la chair de consulter un, une, psy. Dans mes différentes formations j'en ai croisés de toutes sortes et c'est loin d'être leur spécialité. Il existe des praticiens en sexologie (cursus cours) et l'on trouve sur le net le programme de leur formation. Il est difficile d'y trouver les mots affectivité tendresse sentiment amour... les choses apparaissent réduites à un acte qui se veut satisfaisant et cela concerne plutôt la rééducation d'un appareil (psycho-)sexuel !

Pour "La théologie du corps" de JP II, ne l'ayant pas trouvé dans deux librairies chrétiennes à Toulon, j'ai au moins consulté les ouvrages de même titre qui se voulaient des simplifications du discours du saint. J'avais trouvé ça vraiment peu consistant. Mais de là à mettre en cause ma responsabilité, vous y allez un fort et je ne vois pas l'objetisation de ma personne, dont vous parlez, du simple fait qu'il y des imprévues et la nécessité pour chacun de hiérarchiser ses priorités. Ma priorité n'est pas de me plonger dans ce livre pour le moment. Mais votre invitation à échanger sur ce livre m'intéresse et vais y réfléchir.

La suite de votre discours insiste sur le fait que je ne trouverai pas de postures sexuelles dans ce livre ! Pensez-vous que mes propos antérieurs ont abordé cela ? Je parle ci-dessus de ma non adhésion à un culte du corps qui s'exprime par l'érotisme. Et la tendresse envers la personne qu'on aime n'est pas une technique.

Alors, je suis bien d'accord avec vos dires sur ces méthodes orientales utilisant l'énergie sexuelle pour atteindre je ne sais quoi, en tout cas ça ne me semble pas être un désir de s'approcher de l'âme de la personne aimée puisque l'autre est un instrument de l'éveil !

Pour votre dernier paragraphe, vous évoquez l'adultère commis dans le cœur. Si une personne n'éprouverait pas l'horreur, le dégoût, à songer être en commerce de ce genre avec une personne, c'est qu'il n'y a rien de sacré dans le couple.

Savez-vous ce qu'est le "dégoût psychique" (selon encore mon expérience) d'un point de vue neuro-végétatif ? C'est sentir pour des raisons morales, notamment, un vomissement monter comme lors d'une intoxication alimentaire mais sauf qu'il n'y a rien de solide à vomir. La réaction neuro-végétative soulève l'estomac qui vient compresser le coeur et c'est franchement désagréable et douloureux. Cependant, mon avis est qu'on ne peut vomir, même psychiquement, que ce que l'on contient.

Quant à la question posée par l'ouverture du topic et la notion de technique, permettez-moi de suggérer que si "la chair est faible" pourquoi ne pas l'endurcir ?
En sport, les tractions, qui consistent, à saisir une barre et hisser sa tête plus haut que cette barre à la force des bras, permettent de muscler également les tissus internes de la zone pelvienne. Le fait de ne pas être hypotonique dans cette zone évite de penser malgré soi de la mettre en "tension" en consommant le péché en question. À défaut d'avoir perdu toute l'ampleur de ses réflexes neuro-végétatifs, la culture physique me fait dire "aide-toi et le ciel t'aidera".

Merci, cmoi, pour votre message très intéressant.

Verrouillé

Qui est en ligne ?

Utilisateurs parcourant ce forum : Aucun utilisateur inscrit et 90 invités