Vous avez raison de vouloir que ce « petit » sujet soit traité comme tel, et de repartir à la source. Sans quoi chacun donne son avis en fonction de sa sensibilité, de ce qui lui restera d’objectivité en faisant abstraction de son histoire, et cet avis sera peut-être le bon mais par hasard, non par justice.Lentille a écrit : ↑sam. 01 mai 2021, 8:29Bonjour,
Comment peut-on affirmer que la viande hallal n'est pas une viande "sacrifiée aux idoles" ?
L'expression "sacrifiée aux idoles" est un terme bien pompeux, on pense directement à un poulet, dont en tranche la tête, offert devant une statue géante d'Apollon en or massif, puis que l'on mange ensuite.
Dans l'Islam il n'y a rien de tout ça étant donné que les mahométans croient en un Dieu (le leur), et qu'ils interdisent l'idolâtrie (dans le sens ou il n' y a pas d'autre Dieu que le leur et qu'il ne doit pas être représenté). Les viandes hallal sont donc préparées selon ce que leur Dieu leur ordonne, comme une servante d'Apollon ferait avec un poulet pour plaire à son Dieu (bien que la forme soit différente, le fond ou l'intention reste le même). Donc ce serait bien une viande offerte à une idole, d'un point de vue Catholique, non ?
Vincent
Par contre, la source ici ne peut pas être théologique, mais philosophique. Ainsi quand vous dites « le leur », vous émettez un avis théologique qui n’est pas neutre.
N’ont-ils pas raison de refuser l’idolâtrie ? Or vous en arrivez à le leur reprocher...
Ils croient en un seul Dieu et nous aussi. Par conséquent, celui qui considère que ce n’est pas le même Dieu, c’est lui qui crée un faux Dieu, celui qui n’est pas le sien. Il s’abuse et abuse, se met à la place centrale au lieu d‘y mettre Dieu.
Là se trouve pour conséquence une intolérance blâmable car elle n’est ni philosophique, ni logique.
La question qui suit est la suivante : comment un même Dieu peut-il dire une chose et son contraire ? C’est impossible. Donc l’un des deux se trompe, sa Révélation est fausse mais son idée de l’existence de Dieu est juste.
Mais quel est ce contraire ? Dieu n’est-il pas libre de demander à l’un un culte d’une certaine forme, et à l’autre un culte d’une autre forme ? A ce stade, en prendre raison pour quoi que ce soit c’est s’en prendre à Dieu et manquer d’humilité, ou accuser l'autre de mensonge, sans preuve.
Est-ce une raison pour se disputer ? Que chacun accomplisse ce qui lui a été demandé et éventuellement observe comment l’autre le fait, mais seulement pour essayer de mieux connaître Dieu.
A charge pour chacun de distinguer ce que Dieu a demandé (à chacun) et ce qui en a été fait et comment et pourquoi.
Le bien ne peut qu’être le même pour tous les hommes ? Il n’y a aucune preuve que l’idée que nous avons du bien demandé par Dieu fasse que ce bien soit différent. L’un insiste plus sur tel bien, l’autre sur tel autre, c’est tout...
Nous sommes tous en recherche et ce sont les hommes de ces religions qui ont comblé des manques en donnant des règles en plus qui interprètent la volonté de Dieu. Il peut y avoir des différences, l’important c’est que chacun soit sincère et honnête dans sa recherche de toujours mieux s’approcher du bien suprême qui est Dieu lui-même, et ce qu’il nous demande. Même au sein d’une religion, il y a des différences, au même moment ou à des moments différents.
Où se trouve alors la différence, la contradiction ? Dans ce que nous avons déduit des conditions de cette révélation. Ce sont ici tous nos dogmes, par exemple (Trinité, incarnation, etc...)
Est-ce vraiment là une raison valable pour se quereller avec d’autres ? N’est-ce pas plutôt une invitation à nous rapprocher et collaborer ?
Certes, l’essence de Dieu et sa nature deviennent différentes, et alors ? N’est-ce pas un grand mystère pour nous tous et cela change-t-il quelque chose au fait que ce soit le même Dieu pour tous, qui nous jugera selon l’adoration, l’Amour et l’obéissance dont nous aurons témoigné ?
Cela est vrai pour toutes les religions monothéistes, qui d’ailleurs revendiquent une Révélation en grande partie commune (ouf !).
Vis-à-vis des autres religions ou croyances religieuses, le raisonnement peut demander une adaptation : est-ce si important de croire en une existence d’un seul Dieu qui soit unique, si nous pensons que ce qui nous est demandé est d’aimer, d’adorer (respect pour le sacré, pour ce/celui qui nous a donné ce qui est et nous enchante) et que nous écoutons pour chercher à le faire, le bien que notre conscience nous dicte ?
L’individu peut se tromper sur Dieu, ce qu’il est, mais pas sur ce que Dieu, le seul vrai, lui demande... ce sont deux choses distinctes.
Or n’est-ce pas le plus important et ce qui le sauvera ?
La mesure qui est la nôtre en tant que catholiques et qui nous a été donnée nous oblige à montrer l’exemple : aimer son prochain comme soi-même, car c’est l’aimer Lui. Cela suffirait à changer le monde et tous nous rapprocher, donc aussi de Dieu.
A pas mal d’objections, Jésus a répondu par son précepte de tendre l’autre joue - qui n’exclut pas la légitime défense, mais à bon escient. Aussi celui de ne pas juger. Etc.
Or s’il nous a demandé d’être missionnaires, c’est dans le respect de l’autre et si nous en avions rempli la condition, nous aurions plus avancé. Car il a promis son assistance, mais si nous ne faisons pas comme il le voulait, il la retire pour éviter toute confusion...
Voilà ce qui fut l’esprit de la grande réunion qui eut lieu à Assises. Et qui se compléta par la démarche de repentance.
Ce n’est pas pour rien si Dieu a choisi Jean-Paul II pour pape. Et pas un de ces Mgr ou éminence, Marcel Lefèbvre, Jacques Gaillot, Helder Camara, Giuseppe Siri..., ou Hans Kung ou un autre...
Quand on se trompe sur ce que Dieu nous demande, on peut le faire de bonne ou de mauvaise foi, sous l’influence d’un autre ou pas...
Etc.
Avant de chercher à avoir une attitude juste vis-à-vis de ce Dieu que nous ne voyons pas, il faut déjà en avoir une vis-à-vis de notre prochain que nous voyons, et elle passe par la philosophie. Plus il y a de personnes au sein d’une religion qui auront cette attitude, plus elle aura de chance d’être respectée, écoutée, etc. et cela n’est pas sans conséquence.