La pilule contraceptive et les catholiques

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nicolas-p
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Re: La pilule contraceptive et les catholiques

Message non lu par nicolas-p » sam. 24 avr. 2021, 19:52

Stéphane Pautrot a écrit :
sam. 24 avr. 2021, 15:46
L'argument que " la bible n'en parle pas" n'en est pas un.

Internet, la bombe H, la médecine moderne, les manipulations génétiques, les chimères homme-animal, le trans-humanisme etc.. rien de cela n'existait il y a 2000 ans...

LA BIBLE EN PARLE T'ELLE? NON bien sûr.

Comment voulez vous que cela fusse abordé???
Quel manque d'objectivité ! Je n'ai pas dit que la Bible ne mentionnait pas la pilule mais qu'aucun verset biblique ne s'y opposait. Ce n'est pas du tout la même chose ! Si vous voulez contribuer au débat, il vous suffit d'indiquer quels versets peuvent être opposés à la pilule, comme l'a fait Cgs avec intelligence en citant Éphésiens 5:29 - j'y reviens plus bas. Je ne vais pas reprendre vos points un par un mais bien sûr que la Bible interdit la bombe H : "Tu ne tueras point" (Exode 20:13). C'est aussi simple que ça.

Mais une somme de cas particuliers comme vous les égrenez ne fait pas une doctrine ou une loi.

Cela relève du discernement particulier avec un prêtre de chaque situation.

Et comme dit précédemment Humanae vitae+ Amoris Laetitia mis ensemble donnent déjà, il me semble, beaucoup de pistes.

N'étant pas suffisamment érudit en la matière , et je ne le serai jamais que me reste t'il ?

L'obéissance ( autant que possible ) et la confiance en la Sainte Eglise catholique universelle.
Vous êtes un peu hors sujet et je respecte votre point de vue bien que je le trouve grave. Vous dîtes en effet en substance que vous acceptez obéir à n'importe quel prêtre, sans discernement. Pour ma part, j'entends n'obéir à personne d'autre qu'à Dieu et si quelqu'un me dit qu'il le représente, j'estime que la moindre des choses est qu'il m'explique en quoi son enseignement se fonde sur la parole de Dieu. Or l'Église condamne la contraception mais n'explique pas pourquoi. Le but de cette discussion est d'essayer de le comprendre... quitte à prendre le risque de constater, aussi douloureux que cela puisse être, que la position de l'Église n'est pas en accord avec celle de la Bible.

Personne ne s’en étant chargé, et parce que je ne voudrais induire personne ici en tentation, je crois bon de donner ici des extraits de l’encyclique Humanae Vitae (qui me semble inévitable et la meilleure référence « up to date ») qui résumeront ce en quoi elle pourrait sembler s’opposer à ce que j’ai argumenté.
Bien que sortis de leur contexte, il se devine aisément ce dernier et ce que cela veut dire.
Il est remarquable qu’elle ne contient nulle citation de la Bible ni n’y fait référence.
Merci pour cet important rappel. Comme vous le faîtes remarquer - et c'est bien là ce qui me chagrine - cette encyclique Humanae Vitae ne fait jamais référence à la Bible. L'Église ne nous propose donc pas simplement d'interpréter la Bible à notre place, elle nous demande de croire en elle plutôt qu'en Dieu or croire en tout autre que Dieu Lui-même serait une forme d'idolâtrie et la Bible condamne clairement l'idolâtrie, par exemple en 1 Corinthiens 10:14 et Jonas 2:8 pour ne citer que ces deux versets. Par ailleurs, et sur un ton plus profane, vous imaginez un tribunal dans lequel procureur de la république et avocats débattraient sans jamais citer le code pénal ? Vous imaginez un tribunal qui enverrait des suspects en prison sans indiquer en quoi ils ont violé la loi ?

Je ne crois pas que vous m’ayez dit que vous étiez défavorable à l’usage de la pilule, vu que vous aviez argumenté en sa faveur par un jeu de comparaisons
Vous soulevez-là un point fondamental et je vous remercie de me donner l'occasion de le préciser : je n'exprime pas au sujet de la pilule une opinion personnelle - je préfère en effet l'usage du préservatif à celui de la chimie - je cherche dans la parole de Dieu, dans la Bible, donc, la vérité au sujet de la pilule.

Dans la mesure où la contraception chimique abîme objectivement le corps, on peut citer Saint Paul, Ephésiens Chapitre V verset 29. On peut aussi citer tout simplement le commandement "tu ne tueras point" (Exode, XX, 13) , en référence à la contraception chimique qui est abortive.
Merci pour Éphésiens 5:29 qui, en effet, peut s'appliquer à la pilule. Pour le reste, attention toutefois de ne pas confondre pilule classique et pilule du lendemain : le terme "pilule du lendemain" est malheureux car il laisse croire qu'elle fonctionne comme la pilule classique alors que ce n'est pas le cas. En effet, la pilule du lendemain autorise la fécondation mais empêche la nidification ; il s'agit donc bel et bien d'une méthode abortive. La pilule classique, en revanche, empêche l'ovulation ; elle n'est donc pas abortive.

On retombe sur le problème que j'évoquais précédemment : si prendre la pilule est considéré comme haïr sa propre chair ainsi que l'écrit Paul en Éphésiens 5:29 - "abîmer son propre corps", comme vous le formulez - le même principe peut s'appliquer aux tatouages, aux boucles d'oreilles et à nombre de médicaments non rendus indispensables par la santé. On ne peut donc proscrire la pilule au nom de la Bible sans proscrire également ce que l'on nomme les "arts corporels" et une longue liste de médicaments. Si l'Église voulait être objective, elle devrait donc donner la liste des médicaments proscrits et la liste de ceux qui sont autorisés. Se focaliser exclusivement sur la pilule ne me paraît pas objectif et il me semble qu'il y a derrière cette position une vision de la sexualité qui n'est pas saine, beaucoup de culpabilité, beaucoup de refoulement. Il me semble ici utile de se demander si le refus de sa propre sexualité ne représente pas à lui seul une forme de haine de sa propre chair.

Cette vision diabolisée de la sexualité me gêne car, autant que je sache, Jésus ne l'a jamais véhiculée et même Paul, qui n'est pas connu pour son goût pour la licence, a écrit : "Ne vous privez point l'un de l'autre, si ce n'est d'un commun accord pour un temps, afin de vaquer à la prière ; puis retournez ensemble, de peur que Satan ne vous tente par votre incontinence." (1 Corinthiens 7:5). À l'époque, on se mariait pourtant couramment dès l'âge de 15 ans donc soit Paul estimait que les époux devaient avoir 25 enfants du mariage à la ménopause soit il n'était pas opposé par principe à la contraception.

Le dicton "de deux maux choisi le moindre" me semble s'appliquer ici et, plutôt que d'être, selon les propos mêmes de Paul, tenté par Satan à travers l'incontinence forcée, mon interprétation de la Bible - pour ce que j'en connaîs pour l'instant - reste qu'il vaut mieux utiliser une contraception que de se priver de sexe au motif infondé que la sexualité serait mauvaise en soit.

Le crime d'Onan fut de s'être soustrait à son devoir. La femme de son défunt frère désirait avoir un enfant de son mari. Le mari étant mort avant d'avoir eu le temps de lui en donner un, c'est Onan qui hérite de la charge de suppléer. En se refusant à prêter son concours vital à la femme de son frère, il empêche bien cette dernière de pouvoir remplir son propre devoir conjugal.
La notion de devoir conjugal telle que vous l'exposez ici n'a rien à voir avec la contraception qui concerne deux personnes ne souhaitant pas d'enfant. Elle exprime même tout le contraire, comme vous le faîtes ensuite remarquer :
Si vous allez voir chez saint Paul, dans sa première lettre aux Corinthiens, le chapitre 7 : un passage parle du devoir des époux. Il y est dit que le corps de la femme est à son mari et celui du mari à sa femme.
Ce qui confirme que l'un des époux ne doit pas, par décision unilatérale, priver l'autre de sexe - encore une fois, je n'exprime pas ici mon point de vue mais celui de la Bible - et cela implique forcément le fait de ne priver son conjoint de sexe sous prétexte que l'on ne souhaite pas d'enfant et que l'on s'interdit, pour des motifs religieux jusqu'à preuve du contraire non fondés sur la Bible, d'utiliser une méthode de contraception.

En conclusion :

1- en référence à Éphésiens 5:29, qu'est-ce qui représente le plus la haine de sa propre chair ? La pilule ou l'abstinence forcée ?

Je dirais que la réponse à cette question appartient à chaque couple en fonction de l'intensité du désir et de l'énergie déployée pour le refouler.

2- en référence à 1 Corinthiens 7:5 "Ne vous privez point l'un de l'autre [...] de peur que Satan ne vous tente par votre incontinence", l'abstinence forcée fait plus le jeu de Satan que la contraception.

En réponse à l'invitation de Cmoi, je reviens à l’encyclique Humanae Vitae pour les deux points suivants :

3-
qui réfléchit bien devra reconnaître aussi qu'un acte d'amour mutuel qui porterait atteinte à la disponibilité à transmettre la vie, que le Créateur a attachée à cet acte selon des lois particulières, est en contradiction avec le dessein constitutif du mariage et avec la volonté de l'auteur de la vie
dans le premier cas, les conjoints usent légitimement d'une disposition naturelle; dans l'autre cas, ils empêchent le déroulement des processus naturels
Non seulement ces arguments ne se fondent pas sur la Bible - ils s'y opposent au contraire si l'on considère les points 1 et 2 ci-dessus - mais ils concernent l'abstinence tout autant que la contraception. De fait, l'abstinence s'oppose en réalité plus à la vie que la contraception. En effet, l'abstinence tout comme la contraception s'oppose à la procréation mais l'abstinence s'oppose également à l'élan vital que Dieu a placé en nous alors que la contraception lui permet de s'exprimer. Selon l'argument-même de l'Église, l'abstinence, à moins qu'elle soit naturelle, c'est à dire que l'on n'éprouve pas de désir, est donc pire que la contraception.

Plus grave même si c'est aussi comique, l'argument de ne pas empêcher déroulement des processus naturels pourrait être employé pour ne pas faire sonner son réveil. Vous imaginez des millions de catholiques arriver en retard au travail chaque matin en déclarant que, par obéissance à l'Église, ils refusent désormais de faire sonner leur réveil car cela entraverait le déroulement naturel de leur sommeil ?

4-
il n'est pas permis, même pour de très graves raisons, de faire le mal afin qu'il en résulte un bien
On se fait à mon sens plus de mal en ne s'autorisant que deux ou trois rapports sexuels au long de toute une vie quand on ne désire que deux ou trois enfants qu'en recourant à la contraception ; on se ferait encore plus de mal en se contraignant à élever une vingtaine d'enfants sous prétexte de ne pas empêcher le déroulement des processus naturels, dont fait partie le désir sexuel que Dieu a placé en nous. Quant à élever dans la misère ou abandonner une bonne quinzaine d'enfants, je suppose que tout le monde conviendra que, sauf cas très particulier, cela ferait beaucoup plus de mal qu'une petite prise d'hormones (et qui plus est que l'usage d'un préservatif) ?
Pas la peine de tenter de me prendre pour un imbécile ou de déformer mes propos :

Bien sûr que je n'obéis pas à n'importe qui me demanderait n importe quoi.

La Tradition de l'Eglise Catholique et son Enseignement c'est n'importe quoi?

Comme cmoi l'a indiqué au dessus, il appartient au Magistère de l'Eglise d'interpréter la loi morale naturelle et non à moi ou vous.

La somme de théologiens qui ont répondu à ces questions sont donc des idiots ou des fanatiques ?

Je vais aussi vous en apprendre une bonne en tant que médecin:

La pilule oestroprogestative surtout mini dosée de 2° et 3° génération donc la quasi totalité des
Pilules contraceptives en 2021 bloquent uniquement partiellement l'ovulation avec un taux d'échec non négligeable...

et donc deuxième effet kiss kool... provoquent conjointement une atrophie de l'endomètre, justement pour en cas d'échec empêcher la nidification et augmenter son efficacité.

ELLE EST DONC ABORTIVE en deuxième intention. Elle est faite et prévue pour cela.
C'est peut-être plus complexe que vous ne le croyez.
Avant de dire oui ou non il faut deja parfaitement savoir de quoi on parle.

Vous voulez une référence biblique:
5° commandement : Tu ne tuera point.

Certes la majorité ne sait pas comment fonctionne la pilule ce qui est un facteur largement atténuant la responsabilité mais une fois qu'on sait...peut on continuer?

La position des orthodoxes a été développée par cmoi est très intéressante.
Le préservatif est effectivement un moyen non abortif mais il contrevient à l'ouverture à la vie. Est ce acceptable ?

Le catholicisme dit non à priori, les orthodoxes disent que ce qui se passe dans le lit nuptial ne les regarde pas.

Il faudrait peut-être que l'église entre plus dans le détail.

En Attendant, Etant catholique romain, je reste fidèle autant que possible malgré mes faiblesses au Magistère, qu'il soit ou non parfait.

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Re: La pilule contraceptive et les catholiques

Message non lu par Cgs » sam. 24 avr. 2021, 21:27

Stéphane Pautrot a écrit :
sam. 24 avr. 2021, 15:46
Merci pour cet important rappel. Comme vous le faîtes remarquer - et c'est bien là ce qui me chagrine - cette encyclique Humanae Vitae ne fait jamais référence à la Bible. L'Église ne nous propose donc pas simplement d'interpréter la Bible à notre place, elle nous demande de croire en elle plutôt qu'en Dieu or croire en tout autre que Dieu Lui-même serait une forme d'idolâtrie et la Bible condamne clairement l'idolâtrie, par exemple en 1 Corinthiens 10:14 et Jonas 2:8 pour ne citer que ces deux versets. Par ailleurs, et sur un ton plus profane, vous imaginez un tribunal dans lequel procureur de la république et avocats débattraient sans jamais citer le code pénal ? Vous imaginez un tribunal qui enverrait des suspects en prison sans indiquer en quoi ils ont violé la loi ?
Avez-vous bien lu Humanae Vitae ? Je vous redonne le lien :

http://www.vatican.va/content/paul-vi/f ... vitae.html

Sur les 41 notes, 15 font référence directement à la Bible.

Je vous rappelle que l'Eglise ne s'oppose pas à l'Ecriture Sainte. C'est même l'Eglise qui a su discerner le vrai du faux dans les écrits bibliques (et qui a donc pu écarter des textes sans intérêt ou partiellement faux comme l'Evangile de Thomas). Et c'est aussi l'Eglise, assistée du Saint-Esprit, qui permet de ne pas dire n'importe quoi sur la Sainte Ecriture. Sans l'Eglise, on tombe dans le libre examen de l'Ecriture et on n'a aucun moyen de savoir si l'interprétation donnée est conforme à ce que veut Notre Seigneur (c'est le problème du protestantisme d'ailleurs).
Stéphane Pautrot a écrit :
sam. 24 avr. 2021, 15:46
Dans la mesure où la contraception chimique abîme objectivement le corps, on peut citer Saint Paul, Ephésiens Chapitre V verset 29. On peut aussi citer tout simplement le commandement "tu ne tueras point" (Exode, XX, 13) , en référence à la contraception chimique qui est abortive.
Merci pour Éphésiens 5:29 qui, en effet, peut s'appliquer à la pilule. Pour le reste, attention toutefois de ne pas confondre pilule classique et pilule du lendemain : le terme "pilule du lendemain" est malheureux car il laisse croire qu'elle fonctionne comme la pilule classique alors que ce n'est pas le cas. En effet, la pilule du lendemain autorise la fécondation mais empêche la nidification ; il s'agit donc bel et bien d'une méthode abortive. La pilule classique, en revanche, empêche l'ovulation ; elle n'est donc pas abortive.
Abortive ou pas, la pilule abîme le corps de la femme en la gavant d'hormones. Je vous renvoie à la littérature scientifique sur le sujet, mais on sait aujourd'hui que la contraception chimique est source de complications de santé (thrombose, cancers, entres autres).
Stéphane Pautrot a écrit :
sam. 24 avr. 2021, 15:46
On retombe sur le problème que j'évoquais précédemment : si prendre la pilule est considéré comme haïr sa propre chair ainsi que l'écrit Paul en Éphésiens 5:29 - "abîmer son propre corps", comme vous le formulez - le même principe peut s'appliquer aux tatouages, aux boucles d'oreilles et à nombre de médicaments non rendus indispensables par la santé. On ne peut donc proscrire la pilule au nom de la Bible sans proscrire également ce que l'on nomme les "arts corporels" et une longue liste de médicaments. Si l'Église voulait être objective, elle devrait donc donner la liste des médicaments proscrits et la liste de ceux qui sont autorisés. Se focaliser exclusivement sur la pilule ne me paraît pas objectif et il me semble qu'il y a derrière cette position une vision de la sexualité qui n'est pas saine, beaucoup de culpabilité, beaucoup de refoulement. Il me semble ici utile de se demander si le refus de sa propre sexualité ne représente pas à lui seul une forme de haine de sa propre chair.
La pilule touche au plus intime de l'être, la sexualité féminine. Les tatouages et autres transformations corporelles ne sont pas bonnes pour autant, on peut aussi des déconseiller sur le conseil de Saint Paul. Mais la contraception chimique est d'un autre ordre : on bouleverse ce que le Créateur a prévu pour le corps, et les effets de la contraception chimique s'ancrent bien plus durablement dans la chair.
Stéphane Pautrot a écrit :
sam. 24 avr. 2021, 15:46
Cette vision diabolisée de la sexualité me gêne car, autant que je sache, Jésus ne l'a jamais véhiculée et même Paul, qui n'est pas connu pour son goût pour la licence, a écrit : "Ne vous privez point l'un de l'autre, si ce n'est d'un commun accord pour un temps, afin de vaquer à la prière ; puis retournez ensemble, de peur que Satan ne vous tente par votre incontinence." (1 Corinthiens 7:5). À l'époque, on se mariait pourtant couramment dès l'âge de 15 ans donc soit Paul estimait que les époux devaient avoir 25 enfants du mariage à la ménopause soit il n'était pas opposé par principe à la contraception.
Relisez les catéchèses de Jean-Paul II sur la sexualité. J'ai l'impression que vous avez une image de l'Eglise qui diabolise la sexualité. C'est faux, c'est un poncif du XIXème siècle. En réalité, l'Eglise montre la beauté (et la fragilité) de la sexualité humaine. Et à ce titre, elle dit ce qu'il en est de la contraception, qui blesse profondément l'être dans sa sexualité.
Cgs
Mes propos qui apparaissent en vert comme ceci indiquent que j'agis au nom de la modération du forum.

Cinci
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Re: La pilule contraceptive et les catholiques

Message non lu par Cinci » dim. 25 avr. 2021, 1:42

Stéphane Pautrot :
Non seulement le refus d'avoir des enfants n'est en rien condamné par la Bible mais votre argument concerne l'abstinence tout autant que la contraception puisque l'abstinence exerce elle aussi un contrôle exclusif sur le processus de procréation. L'Église condamne pourtant fermement la contraception et vante les mérite de l'abstinence. Cela n'a aucun sens !
Le refus d'avoir des enfants dans le cadre du mariage se trouve condamné, quand les raisons d'un tel refus sont mauvaises : égoïsme, hédonisme, colère, vengeance, manque de foi, etc. C'est bien sûr que la Bible condamne les conduites déshonnêtes, peccamineuses. En revanche, il est correct d'exercer sa paternité de façon responsable et au besoin de retarder la possible venue d'un enfant. Oui, par le développement d'une maîtrise sur soi-même, la chasteté, par des moyens que la morale chrétienne peut admettre. L'idée c'est qu'il y a trois personnes dans le couple chrétien. Et la troisième personne s'appelle Dieu. Or ce dernier a son mot à dire.

L'usage d'un contraceptif n'est pas du tout l'équivalent d'une conduite chrétienne chaste dans le couple, tel du fait de restreindre temporairement un rapport conjugal, en vue de possiblement retarder la venue d'un enfant; mais sans non plus se fermer totalement à cette éventualité ni dans l'immédiat ni plus tard. Tout le monde se trouve respecté dans ce dernier cas et Dieu aussi.

Avec la contraception, le rapport conjugal se trouve déjà dénaturé à quelque part, en le sens que celui-ci ne risquera pas d'être ouvert à la vie. Le contraceptif vise justement à ne pas avoir à se soucier d'autodiscipline ni à devoir s'appuyer sur la vertu. La personne qui cherche à se stériliser efficacement elle-même, par un moyen physique ou chimique recherche un plein contrôle matériel qui se passe parfaitement de Dieu. Il s'agit là comme de deux approches divergentes : contraceptif, abstinence chrétienne dans le couple. On n'y trouvera pas là le même esprit.

Tout cela fait bien du sens.

La mentalité contraceptive est à sa racine même une mentalité abortive. Ce que l'on ne pourra jamais dire de la conjugalité chrétienne chaste.

cmoi
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Re: La pilule contraceptive et les catholiques

Message non lu par cmoi » dim. 25 avr. 2021, 8:27

Cgs a écrit :
sam. 24 avr. 2021, 21:27
Avez-vous bien lu Humanae Vitae ? Je vous redonne le lien :

http://www.vatican.va/content/paul-vi/f ... vitae.html

Sur les 41 notes, 15 font référence directement à la Bible.
Je ne crois pas que ce soit sa faute, mais la mienne : il a dû faire confiance en ce que j’écrivais ici. De fait, ce qui nous intéresse ici, c’est l’argumentation, et ces notes n’en font pas partie, elles sont périphériques, hormis la 18 qui soutient le fait qu’il « ne soit pas permis de faire le mal afin qu’il en résulte un bien », mais dans le passage cité (Rom 3 :8) il s’agit d’une accusation calomnieuse portée contre les chrétiens, donc d’une vérité si tant est qu’elle y soit, antérieure et commune relevant déjà de la seule morale.

C’est un passage de l’encyclique qui vaut la peine d’être cité, ce que je n’avais pas fait, il reprend à lui tout seul ce qui fit l’objet de la remarque de Cinci, un point important de la démonstration (en vert) et en ajoute un autre (en bleu) mais offre aussi et j’y reviendrai plus tard, une ouverture à l’objection (en rouge)
Et on ne peut invoquer comme raisons valables, pour justifier des actes conjugaux rendus intentionnellement inféconds, le moindre mal ou le fait que ces actes constitueraient un tout avec les actes féconds qui ont précédé ou qui suivront, et dont ils partageraient l'unique et identique bonté morale. En vérité, s'il est parfois licite de tolérer un moindre mal moral afin d'éviter un mal plus grand ou de promouvoir un bien plus grand (17) il n'est pas permis, même pour de très graves raisons, de faire le mal afin qu'il en résulte un bien (18), c'est-à-dire de prendre comme objet d'un acte positif de volonté ce qui est intrinsèquement un désordre et, par conséquent, une chose indigne de la personne humaine, même avec l'intention de sauvegarder ou de promouvoir des biens individuels, familiaux ou sociaux . C'est donc une erreur de penser qu'un acte conjugal rendu volontairement infécond et, par conséquent, intrinsèquement déshonnête, puisse être rendu honnête par l'ensemble d'une vie conjugale féconde.
Je pense que Stéphane n’est, curieusement vu son intérêt pour la question, pas intéressé pour lire cette encyclique : comme beaucoup de chrétiens et non chrétiens, je suppose qu’il ne retient de l’enseignement de l’Eglise que ses conclusions ou résultats pratiques, (car il faut une pensée particulière, d’ordre philosophique ou spéculative, pour entrer dans ces démonstrations), et il les confronte à son expérience de la vie.
A ce titre ses objections sont intéressantes, car elles renvoient d’une part sur la nécessité d’une interprétation correcte des directives du magistère, et à des situations concrètes susceptibles de demander de nouvelles précisions.

C‘est un fait remarquable que cette encyclique traite son sujet en ne considérant implicitement qu’un couple chrétien religieusement marié (et toute situation pouvant s’y assimiler), ce qui est de fait le seul cas où devrait se poser la question qu’elle traite. Et le maintien vaille que vaille de cette position ou démarche jusqu’à aujourd’hui de la part de l’Eglise, face au SIDA notamment, a beaucoup irrité les médias et montré ses limites.

De fait, le chrétien aussi est pécheur, et dans une situation de péché, il est difficile de considérer que l’application des méthodes naturelles soit possible (je me répète et n’entre pas dans l’explication). Il n’empêche que le pécheur peut vouloir « limiter son péché » et ne pas vouloir y ajouter un autre dont il n’a pas l’intention.
Cet autre est porté par le risque d’une procréation, qui en lui-même est insuffisant pour le retenir de commettre son péché (où peut se tenir aussi une aggravation intrinsèque de sa faute... !)

Il peut y réagir avec indifférence (aggravation....) ou s’y intéresser (c’est mieux en soi).

Dans ce second cas, avoir un enfant naturel ou adultérin provoquera un scandale (plus vraiment aujourd’hui mais quoique encore un peu et en soi s’il est catholique pratiquant) qu’il voudra éviter - que cela ne le retienne pas de pécher n’aggrave pas là sa faute, ce qui le ferait c’est qu’il veuille le dissimuler ou l’éliminer « frauduleusement », en fait légitimement aux yeux de la société civile en commettant un nouveau péché dont la raison sera « typiquement chrétienne », due aux conséquences du scandale (pas si rare que cela au commencement, j’en peux témoigner : je travaillais alors dans une clinique et j’accueillais notamment les IVG).
En filigrane, il y a le souci matériel et humain, lié à l’éducation de l’enfant, qui peut lui faire souhaiter comme à n’importe qui de faire la même chose...

Mais autre chose est à prendre en considération : étant donné qu’il pèche, il serait souhaitable et plus fréquent que son/sa partenaire ne soit pas chrétien(ne), et par conséquent ait une autre conception morale lui autorisant la contraception (il en serait complice) ou lui demandant d’en faire usage.
Or comme cette personne ne refusera probablement pas de recourir à l’avortement, ne se trouve-t-il pas dans ce cas licite de tolérer un moindre mal moral afin d'éviter un mal plus grand ?
(Reste une différence d'égalité selon le sexe, car la femme seule peut décider de garder ou non l'enfant.)

J’aurais envie de continuer sur mon élan, mais je crois que cela vaut la peine de s’arrêter à cette question pour y répondre, sachant qu’il ne s’agit pas d’un cas rare ou complexe, mais banal, et qu’il englobe bien des situations de vie qui obligent à voir plus loin que « l'intention de sauvegarder ou de promouvoir des biens individuels, familiaux ou sociaux » .
Si certaines « erreurs » ont des conséquences plus graves que des péchés, et en entraînent beaucoup, (certes, cela reste conditionnel mais le mal aussi au moment où se pose le choix d‘une contraception) ne se retrouve-t-on pas encore dans ce cas licite de tolérer un moindre mal moral afin d'éviter un mal plus grand ?

La difficulté vient de ce que en acceptant dans ce cas une contraception, il ne serait plus légitime d’en défendre l’usage à un couple marié, et l’encyclique en fait l’aveu implicite comme d’une réalité ayant influencé son choix.
Difficile d'oublier alors que l'Eglise entend se servir de la question de la procréation comme d'une contrainte pour limiter les rapports sexuels peccamineux, ce qui n'est pas en soi une attitude "juste" car si cette contrainte semble relever de la nature c'est en faisant un détour à travers une doctrine qui n'a rien de si spontanément accessible . D'autant que cela limiterait le péché en acte, mais pas en intention ou pensée, et que l'acte (s'il est plus grave...) oblige au moins par sa réalité même, sa densité, à en mieux mesurer et devoir en gérer les conséquences, à changer de "position" et inciter à se convertir.

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