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par cmoi » mer. 01 juil. 2020, 6:10
Bonjour Paxetbonum,
votre opinion est une opinion qu’ont probablement partagé nos ancêtres catholiques, à une époque où le naturisme n’existait pas, mais ne mélangeons pas tout.
La pudeur est un instinct, un élan vital naturel qui n’a rien de religieux et qui participe du sentiment d’être bien dans sa peau, du respect de soi et de l’autre.
La pudeur est à géométrie variable, ses critères de reconnaissance varient d’une société à une autre, voire d’une famille à une autre.
Dans les camps de concentration, et dans bien d’autres situations, on utilise le sentiment de pudeur pour accroître la torture, enlever à la personne sa dignité, lui donner une impression d’irréalité, casser ses références (tabous, etc.)
Tandis que l’impudicité est un péché que commettent des gens très pudiques (unions libres, adultères, etc) et qui n’a rien à avoir avec la nudité, à moins de tomber dans des perversions : exhibitionnisme, voyeurisme, pudibonderie aussi, etc. et qui avant d’être des péchés sont des pathologies.
La confusion commence avec le livre de la genèse et le fait qu’après le péché originel, la conscience du péché s’accompagna du sentiment nouveau d’être nu. Mais le péché lui-même était de désobéissance et sans rapport avec la nudité. Sauf qu’il y a un lien très fort mais subtil entre le corps et l’âme et avec Dieu et que le péché a rompu, si bien que beaucoup s’imaginent que la pudeur est une forme de refus du péché, ou de repentir, ce qui est une erreur plutôt grossière. Elle peut au contraire manifester un manque d’humilité et d’acceptation de soi-même, une volonté de fourberie, de dissimulation et de mensonge, etc.
Vous vous trompez dans votre analyse : les naturistes ne cherchent ni à regarder ni à être regardés, c’est plutôt le contraire qu’ils cherchent : apprendre à ne pas regarder et à ne pas l’être, voir au-delà, retrouver une pudeur et un équilibre intérieur qui ne dépendent pas des circonstances. Et çà marche !
Ce qui n’est pas si mal quand on sait que le péché d‘adultère est consommé rien que par un regard !
Et ils sont souvent très pudiques, d’une vraie pudeur, c’est pourquoi ils n’aiment pas les lieux mixtes, où ceux qu’ils appellent les « textiles » les regardent, ou attirent leur regard à cause de leurs vêtements souvent érotisés.
La peau n'est que le vêtement naturel de notre corps et peut se regarder comme tel, sans préjuger de l'usage de la partie qu'il recouvre et qui ne retrouve son intérêt et son sens que lorsqu'il y a lieu qu'il s'exerce !
Changeons un peu de perspective : il est aujourd’hui reconnu scientifiquement qu’existent des courants d’énergie (les méridiens chinois) qui traversent notre corps. Qu’interrompre leurs flux cause des perturbations, des maladies, voire la mort. Or un vêtement trop serré peut en faire office, et c’est souvent le cas des sous-vêtements. Voilà pourquoi il est bon la nuit de s’en défaire… Et pas bon du tout de porter toujours au même endroit, en plein milieu du corps, ces vêtements serrés qui perturbent la circulation de l’énergie (sans oublier les chaussettes et les chaussures).
D’autres sociétés que la nôtre nous paraissent dangereuses et folles à cause du sort qu’elles réservent à l’anatomie : colliers agrandissant démesurément le cou, corsets (n'oubliant pas ceux de nos ancêtres féminines et qui les ont tant abîmées!) maltraitant les pieds ; bouches, oreilles, nez déformés par des piercing, etc. Mais nous ne voyons pas à quel point nos propres coutumes sont elles-mêmes dévoyées. Je suis sûr qu’une étude sérieuse montrerait que les cultures dont les vêtements sont les plus amples et avec le moins de « morceaux », réduits au nécessaire exigé par le climat, sont les plus pacifiques. Jésus n’a jamais porté de slip ou de pantalon/chemise, il n’a jamais été étranglé par une cravate ! Et je ne parle pas des tatouages qui deviennent à la mode : notre société s'escrime à imiter ses taulards et bandits !
Vous me direz que rien ne nous empêche de nous mettre nu tout seul chez soi, mais ce n’est pas si simple et le plus simple, c’est que les autres ou la loi ne puissent nous en empêcher à cause de règles communautaires et qu’ainsi cette liberté intègre la problématique de l’altérité et donc du regard. De changer donc ces règles.
Outre l’aspect psychologique pour lequel le naturisme peut-être thérapeutique (ce serait un sujet à part entière et je ne peux que l’aborder ici : la nudité naturiste est sans doute aucun le meilleur antidote à la pornographie et à l’érotisation maniaque dans lesquelles se complaît notre société), il y a un effet physiologique indéniable également. Sans parler de la liberté de par exemple nager nu, ou sentir le vent sur son corps, etc.
Prenons une comparaison : pour certaines personnes, la pratique de certains sports est taboue, et cela n’a rien à voir avec l’indécence, mais avec les sensations qu’ils donnent. Comme si certaines expériences sensorielles pouvaient être en soi des péchés.
Il est évident que c’est faux, mais s’ils ont besoin de se donner ces limites, qu’ils se les donnent et les gardent ! Il n’empêche que « ne pas avoir peur », cela passe par s’en affranchir, et qu’il n’y a de péché dans tout cela que si on l’y met soi-même en se donnant ces règles, comme si autrement on ne saurait pas s’en abstenir. C’est une duperie et c’est comme cela que l’on reste un mini-croyant, car la démarche est souvent générale et ne tient pas qu’à cela.
Prière nous est donnée de ne pas oublier à quel point notre religion est charnelle…