Papillon, si vous m'aviez lu vous sauriez que je vous crois lorsque vous me donnez ces exemples de femmes qui ont refusés d'avorter. Vous sauriez que je suis d'accord avec vous lorsque vous me dites que l'on peut être contre l'avortement et ne pas croire au Christ.
Vous le sauriez car c'était exactement mon cas il y a de cela plus de 9 ans alors que je ne croyais pas au Christ, alors que je ne savais même pas que l'Église catholique était contre tellement j'étais ignorant des choses du monde.
Mais je me répète, il y a deux points, deux points uniquement, mais qui sont fondamentaux, que vous ne comprenez pas. Je suis sincèrement désolé de vous le dire aussi abruptement. Les voilà :
1) la question de principe
Si on devait légiférer sur tous les aspects de la vie en les interdisant ou les autorisant pour que les gens puissent se faire une idée à savoir s'ils sont bons ou mauvais, nous ne serions pas des humains mais une bande de zombies à manipuler et programmer.
Il ne s'agit pas de légiférer sur tous les aspects de la vie, il s'agit pour cette société de reconnaître que l'avortement est un crime ce qui le classe de facto parmi les actes criminels.
Nous ne légiférons pas sur tout, nous légiférons sur ce qui est critique. Les crimes sont prohibés dans le monde entier, "tu ne tueras point" est une loi fondamentale de tous les pays, voudriez-vous retirez cette loi sous prétexte qu'elle semble faire de nous des zombies ? Je ne crois pas que ce soit dans vos intentions.
De plus il ne s'agit pas d'ajouter à la loi, il s'agit de RECONNAÎTRE la criminalité de l'acte. Ce qui nous amène au deuxième point :
2) l'effet régulateur de la loi
J'essaie d'expliquer qu'une loi ne sauvera pas du "massacre" des milliards de personnes, mais que seul le sain exercice d'une liberté assumée et inspirée pourra le faire.
Avez-vous lu Hannah Arendt ? Avez-vous étudiez le nazisme, le communisme stalinien ? Vous comprendriez qu'une population, qui avait pourtant les meilleures intentions du monde et qui, au sortir de la guerre, prendra conscience des horreurs qu'elle a commise, a soutenue en grande majorité les crimes les plus atroce étant entraîné dans un contexte social renversant complètement les lois de morales fondamentales. Dans le régime nazi le "tu ne tueras point" était devenu "tu tueras".
C'est un cas extrême mais qui dit beaucoup sur la nature humaine. L'homme est bon, mais il est aussi pécheur.
Oui, nous sommes capable de penser et de sortir du cadre des lois. Nous pouvons même les enfreindre. Mais ces lois, qui structurent le contexte social, ont une efficace réelle, en bien ou en mal.
De toute manière il est évident que le changement d'une loi ne peut venir que d'une prise de conscience de la société, les deux choses sont liées.
Il ne s'agit pas d'imposer une loi, c'est non seulement stupide, mais nous n'avons de toute manière pas le pouvoir : il s'agit d'agir, de militer, afin d'ouvrir les consciences à ce problème afin que le massacre se réduire et qu'il se traduise par une reconnaissance de la criminalité de l'acte qui traduira une reconnaissance de la société elle-même.
rappelez-vous qu'il a défié la loi en refusant de répudier publiquement Marie...
En vous lisant, je me rend compte à quel point vous m'avez mal compris.
Et à quel point vous justifiez mon propre discours.
À l'époque de Joseph la répudiation était très répandu. Pourquoi à votre avis ? Parce que cela faisant partit de la vie civile ordinaire, cela était légal. Et c'était légal car jugé bon (pour diverses raisons).
Bien sûr que Joseph a défié la loi, bien sûr que le Christ à fait de même !
Et que croyez-vous que nous faisons nous-mêmes lorsque nous disons ne pas reconnaître la légitimité de la loi légalisant l'avortement ?
Je ne suis pas légaliste, je ne veux pas imposer de force une loi à qui que ce soit !
Est-ce qu'on peut aussi penser par soi-même?
M'avez-vous seulement lu ?
«Et bien non, elle a posée des dogmes que
chacun est amené à réfléchir et à penser, mais qui sont des articles de foi que tout catholique se DOIT d'accepter.»
Il s'agit ici d'humilité : nous pouvons penser les dogmes, penser notre foi, c'est très recommandé même, mais devons reconnaître que ces dogmes nous dépassent étant le fruit de la Révélation. Dès lors si notre raison a du mal avec eux, il faut continuer à les penser, mais nous ne devons pas entrer dans une posture orgueilleuse et les refuser sous prétexte que nous les comprenons pas. C'est cela que je voulais dire.
crede ut intelligas, intellego ut credam : crois pour comprendre, comprends pour croire.
Les deux choses sont inextricablement liées.
Ainsi dans le domaine de la loi : la loi influe sur les esprits de la population, l'esprit de la population influe sur la loi.
Il faut donc agir des deux côtés : parler aux hommes, et agir de manière à ce qu'un changement de la loi soit possible.