"Sur le concept du Visage du Fils de Dieu"

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Lylïéflorèncé!
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Re: Un opposant catholique écrasé par un car de police à Par

Message non lu par Lylïéflorèncé! » ven. 04 nov. 2011, 20:31

Pneumatis a écrit ::arrow: Tribune qui vient de paraitre, à lire par Père Pierre-Hervé Grosjean (33 ans, prêtre du diocèse de Versailles, animateur du Padreblog.fr) ; Père Amaury Cariot (38 ans, prêtre du diocèse de Pontoise) ; Père Guillaume Seguin (43 ans, prêtre du diocèse de Paris, animateur du Padreblog.fr) ; François-Xavier Bellamy (26 ans, professeur agrégé de philosophie, maire adjoint (SE) de Versailles) ; Thierry Bizot (46 ans, producteur TV - Eléphant & Cie) ; Thomas et Benjamin Pouzin (27 et 30 ans, auteurs-compositeurs du groupe Glorious) ; Koz (36 ans, Erwan le Morhedec, avocat et blogueur - Koztoujours.fr)
Les trois commentaires suivants le texte que j'ai lu sont atterrant !

Merci Amfortas pour votre mise au point.

Merci Charles pour cette belle description du lard-comptant-pour-rien ! (au moins sait-on que ce n'est pas du cochon)
Là ou la foi est vivante, la doctrine et les merveilles de Dieu constituent le fond de la vie.
La Science de la Croix
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Amfortas
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Re: Un opposant catholique écrasé par un car de police à Par

Message non lu par Amfortas » ven. 04 nov. 2011, 20:33

Après le brillant exposé de Charles sur l’art contemporain (qu’il faudrait envoyer aux évêchés), j’aimerais rappeler ce qu’est une démonstration par opposition à une opinion.

Ce que l’on a appelé le miracle grec fut l’émergence de la rationalité ou aptitude à formuler un discours articulé logiquement, la quintessence de toute démonstration. Démontrer n’est pas opiner, et pour que le vulgaire ne s’y trompe pas, Platon avait fait graver au fronton de son Académie : « Que nul n'entre ici s'il n'est géomètre »

L’Académie n’était donc pas une fabrique d’opinions où Monsieur « tout le monde » pouvait y aller de son petit couplet, mais un lieu de réflexion intense où l’on cherchait à établir la vérité par voie démonstrative, la voie du logos.

« Si Platon veut que le gouvernement soit confié à ce type d’esprits, c’est parce qu’il pense que le malheur actuel des Etats est dû au fait qu’ils sont gouvernés par des esprits du type exactement opposé, les sophistes. Ceux-ci sont les servants dévoués et systématiques de ce mode dégradé de connaissance qu’est l’opinion - connaissance des apparences - laquelle est aussi, spontanément, le mode de connaissance de la foule, raison pour laquelle les sophistes dominent aisément dans les Etats démocratiques modernes. »

Par exemple, avant que le roi Amasis ne fasse intervenir Thalès de Milet, chacun y allait de son petit couplet pour savoir quelle était la hauteur de la grande Pyramide de Chéops : « Elle touche le ciel ! », « Mais non enfin elle est plus petite », « Le gouverneur a dit qu’elle faisait cent fois sa taille », « Ah ! si le gouverneur l’a dit », « Mais le gouverneur s’est déjà trompé », etc... un flot d’opinions contradictoires. Faisons remarquer que l’opinion de la majorité n’est toujours qu’une opinion, de même que l’opinion commune, personnelle ou encore autorisée.

Sur ce survient le génial Thalès qui à midi planta sa canne verticalement dans le sable et déclara : «l'ombre de ma canne est exactement égale à sa hauteur ; il doit en être de même pour votre pyramide. Faites mesurer son ombre vous aurez sa hauteur ». A partir d’hypothèses (attention à ne pas confondre avec le sens commun, en démonstration les hypothèses sont les données initiales considérées comme certaines, en l’occurrence ici l’égalité des longueurs de la canne et de son ombre), et en appliquant son fameux théorème aux rayons parallèles coupant les hauteurs de la pyramide et de la canne en leur sommet, il en déduit l’égalité des rapports, d’où la hauteur de la pyramide. CQFD. Si après démonstration, certains continuent d’opiner et de douter, c’est que soit ce sont des ignares, soit des idiots, soit des gens foncièrement malhonnêtes. (on pourrait par exemple imaginer des courtisans qui pour ne pas porter ombrage au roi se refusent à lui révéler la véritable hauteur de la pyramide, parce qu’elle serait supérieure au dernier ouvrage qu’il a fait construire...)

La démonstration est donc le moyen d’établir objectivement et universellement une vérité, par opposition à l’opinion subjective et particulière qui ne parvient pas à s’établir fermement dans le vrai.

Tout le monde aura compris que le règne prolongé de l’opinion est néfaste à la vérité, et qu’il ne perdure que tant qu’une démonstration n’est pas venue le balayer. L’amoureux de la vérité, comme le philosophe, comme le scientifique, comme le moraliste, comme le chrétien, dira : « Je me fous de votre opinion, ce n’est qu’une opinion je veux la vérité » alors que le sophiste ou le politicard dira : « Je me fous de la vérité, seule votre opinion m’intéresse, comme ça je m’alignerais sur elle et vous voterez pour moi ». Donc généralement entre amoureux de la vérité et politiciens cela se passe très mal, ainsi le mathématicien Laurent Lafforgue mandaté par le Haut Conseil pour l’Education avait démontré par A+B, dans un long rapport très fouillé et très minutieux, que l’Education Nationale était en train de sombrer du fait de contenus et de méthodes inadaptés, eh bien il s’est fait sabrer, la reconnaissance d’une telle vérité mettait trop d’intérêts en jeu.

Voyant que le débat sur le spectacle manifestement ordurier et déshonorant de Castelluci s’engluait dans une confrontation d’opinions sans issue du style : « c’est de la merde, mais c’est de la merde sublimée » versus « ce n’est que de la merde», nous avons souhaité satisfaire à l’exigence de vérité en nous plaçant sur le terrain démonstratif, en ayant pris soin de montrer que la charge de preuve était du côté de ceux qui affirmaient qu’un tel spectacle était humainement et chrétiennement acceptable, alors que manifestement le Magistère est contre. (« Souvenez-vous que vous êtes les gardiens de la beauté dans le monde : que cela suffise à vous affranchir de goûts éphémères et sans valeur véritable, à vous libérer de la recherche d’expressions étranges ou malséantes », message de clôture du Concile Vatican II)

Rappelons aussi que la démonstration est la forme commune des jugements théologiques. Par exemple lorsque Mr Dumouch affirme « Le retour du Christ à l’heure de la mort », il ne se contente pas de dire : « Selon moi ... » ce qui ne serait que son opinion, il produit une démonstration théologique , s’appuyant sur des prémisses scripturaires, patristiques, magistérielles et en n’omettant pas de justifier de façon logico-déductive chaque articulation de son raisonnement, je ne dis pas que sa démonstration est sans faille loin de là, mais au moins il s’est élevé bien au-delà de la simple opinion et s’est conformé à la rigueur démonstrative que toute théologie rationnelle, scientifique, requiert. Contrairement à l’opinion d’une certaine « libre pensée » le dogmatisme de l’Eglise n’est pas l’absence de jugement rationnel, à les entendre ce serait : « Bon maintenant on décide que c’est comme ça et le premier qui l’ouvre pour dire le contraire il s’en prend une », pas du tout, relisez les actes des conciles, les documents préparatoires, les débats doctrinaux, les raisons invoquées dans les décrets, c’est au contraire l’effort patient et soutenu de peser le pour et le contre, de toujours prendre appui sur les vérités de foi déjà fermement établies, donc de progresser étape par étape, sans omettre la moindre articulation, bref de produire un raisonnement imparable. Ce n’est pas un acte arbitraire si par exemple, il a été déclaré que le Christ a les deux natures, humaine et divine ou encore qu’il a les deux volontés, humaine et divine, ce n’est pas l’opinion officielle qui s’opposerait à l’opinion monophysite ou monothélite, mais ce sont bien là des vérités déduites des Ecritures, avec l’Esprit Saint qui assiste et rectifie la raison des pères conciliaires.

Venons en maintenant au texte de Mgr d’Ornellas :

1) Mgr d’Ornellas affirme d’emblée juste après les déclarations de Castelluci : « Tout d’abord, il est clair qu’il n’y a pas de christianophobie dans cette pièce de théâtre ». Or il se trouve que l’objet de la démonstration est justement « l’absence de christianophobie », que donc il ne peut être affirmé qu’en conclusion du raisonnement et non en introduction. A la limite vous pouvez annoncer en introduction « Nous nous proposons de démontrer A », mais vous ne pouvez pas dire en introduction « J’affirme A », sans quoi vous commettez une pétition de principe c’est à dire que vous posez comme acquis ce que vous devez justement démontrer.

2) Mgr d’Ornellas semble inférer l’absence de christianophobie des déclarations de Castelluci, puisque comme nous l’avons vu au point 1) il affirme la conclusion juste après les interviews de Castelluci. Or cette déduction n’est pas objective puisque l’antécédent ne l’est pas. Ainsi nous devons juger sur pièce, ce n’est pas parce que l’accusé déclare « je ne suis pas coupable », que réellement il n’est pas coupable, surtout si il existe des preuves à charge contre lui. Dans un procès lorsque l’accusé dit « je ne suis pas coupable », le juge ne dit pas « donc il n’est pas coupable et il faut le relâcher ( !) » mais « l’accusé plaide non coupable » et c’est en se basant sur des éléments objectifs que le jugement va conclure à la bonne foi ou non de l’accusé.

3) Mgr d’Ornellas cite les propos du Pape Paul VI tenus en 1964 sur « l’amitié entre l’Eglise et les arts », seulement le Pape Paul VI précisait une année plus tard ce qu’il entendait par art et artistes : « Souvenez-vous que vous êtes les gardiens de la beauté dans le monde : que cela suffise à vous affranchir de goûts éphémères et sans valeur véritable, à vous libérer de la recherche d’expressions étranges ou malséantes », message de clôture du Concile Vatican II). Par conséquent il est abusif d’exciper de « l’amitié entre l’Eglise et les arts » pour justifier toute forme d’art ou prétendue tel lorsqu’on sait que le Magistère exclut « les goûts éphémères sans valeurs véritables » et les « expressions étranges ou malséantes ».

4) Mgr d’Ornellas admet le caractère de provocation de la pièce : « Les mises en scènes choisies par Castelluci sont provocantes ». Et il justifie cette provocation par la trivialité du quotidien. Or en l’espèce il est impossible d’invoquer le réel pour justifier la provocation sans offenser la vertu de pudeur. Ainsi la défécation et les actes sexuels sont réels, mais les représenter au théâtre ou au cinéma (comme dans la pornographie) relève de l’impudicité, que bien évidemment l’Eglise condamne. L’argument ne peut donc être retenu. (en tout cas pas dans une démonstration admettant comme postulat des valeurs chrétiennes » )

5) Mgr d’Ornellas soulève pas moins de 4 nouveaux problèmes (« comment la beauté du visage... ») avant de conclure par : « Regardé par le Christ, chacun, selon sa foi, ses doutes ou sa recherche, est invité à répondre ». Une démonstration n’a pas pour but premier de faire émerger de nouveaux problèmes, mais d’en résoudre un. Elle n’a pas non plus pour but de renvoyer à la subjectivité de chacun, car c’est retomber dans le règne de l’opinion qu’elle se propose justement de balayer en établissant objectivement et universellement la vérité.

6) Mrg d’Ornellas après avoir renvoyé chacun à sa subjectivité, nous dit ce que lui y voit (« Voir plus loin »). Or dans une démonstration la subjectivité de celui qui démontre doit s’effacer devant l’objectivité du raisonnement.

7) En conclusion (« Que conclure ?»), Mgr d’Ornellas affirme « Mais le dialogue entre l’Église et l’art contemporain est une voie indispensable à l’évangélisation ». En conclusion d’une démonstration on affirme l’objet de la démonstration qui je le rappelle était « l’absence de christianophobie dans la pièce de Castelluci » , on n’affirme pas une nouvelle proposition, qui plus est hautement critiquable. (voir l’exposé de Charles sur l’imposture de l’art contemporain et les réserves du Concile Vatican II sur « les expressions étranges et malséantes »). De plus le caractère « indispensable » est affirmé sans être élucidé.

Pour notamment toutes ses raisons, le texte ne Mgr d’Ornellas ne peut pas être considéré comme une démonstration.

Et nous réitérons notre vibrant appel : « Démontrez-nous donc que le spectacle de Castelluci est humainement et chrétiennement acceptable ! »
Un Tel verra comme feu Celui qu'il n'a pas connu comme lumière (St Grégoire Le Théologien)

Charles
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Re: Un opposant catholique écrasé par un car de police à Par

Message non lu par Charles » ven. 04 nov. 2011, 21:19

Dans le spectacle de Castellucci, les excréments n'ont aucun sens, ils n'ont pas plus de sens que les cerfs de Virginie ou les néons dans les installations, ils sont le codage du spectacle le faisant entrer dans la catégorie "art contemporain", de la même façon. C'est rigoureusement le même schéma, utilisé aussi par Serrano et Fabre, et d'autres encore (Manzoni, Gasiorowski, Delvoye, bourget, Zhu Cheng, etc.) qui ont mis aussi des excréments dans leurs oeuvres pour les coder "art contemporain".

Le sacrilège, ou blasphème, comme on voudra, dans ce spectacle, n'a pas plus de sens. Comme aucun des tableaux de "Inferno" n'a de sens. Ce n'est pas parce que vous ne comprenez pas que vous manquez d'intelligence, c'est parce que la chose est inintelligible et dépourvue de sens en soi que vous ne la comprenez pas.

Et si Castellucci revient à ce code du "sacré" de façon régulière, c'est uniquement pour ne pas perdre son public. Comme tout artiste contemporain et stérile, il est voué à la série, à la répétition éternelle du même. D'abord parce qu'il n'a aucune liberté ni fécondité et ensuite parce que la répétition permet la fidélisation du public : quand on s'est fait connaître par une chose, il est dangereux de l'abandonner, c'est risquer de retomber dans l'anonymat... d'où :

http://www.youtube.com/watch?v=9g_EheqtAOw

"- How long have you been doing the triangles ?
- I was one of the firsts."

Il n'a jamais cessé de faire des triangles, pour créer l'illusion de quelque chose de réel et prouver par la répétition qu'il existe lui-même en tant qu'artiste. :rire:

On en est là, à ce point là, de néant et de verbiage. Il n'y a aucun dialogue possible avec gens, avec cette chose-là. Si on va vers eux, c'est parce qu'on est attiré par le monde, par les sommes colossales d'argent en circulation et par le pouvoir qui les gère. C'est ça la vérité. C'est l'argent de Pierre Bergé et de François Pinault, les subventions et les musées du ministère de Frédéric Mitterrand, les clients milliardaires de Larry Gagosian, les chaînes de télévision Arte, Luxe TV et Paris Première, avec lesquels on veut "dialoguer"... et avec tout ce qui en découle, du haut vers le bas, dans la bourgeoisie française, degré par degré, jusqu'au minable vernissage de province où les notables et les branchés locaux mangent eux aussi des cacahouètes devant les mêmes codes et le même vide, c'est avec ça... On veut en être, on a peur ou honte de ne pas en être, on a peur des ricanements de ceux qui en sont.
Dernière modification par Charles le ven. 18 nov. 2011, 18:32, modifié 1 fois.

Isabelle47
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Re: Un opposant catholique écrasé par un car de police à Par

Message non lu par Isabelle47 » ven. 04 nov. 2011, 22:02

Merci de votre intéressante démonstration.

Maintenant demeure une question qui a été soulevée dans ce débat autour de cette représentation théatrale: pourquoi l'Eglise ne fait (ne ferait?)-elle plus appel à de véritables artistes plutôt qu'à des artistes modernes n'ayant aucun sens du sacré? Est-ce que cela serait un mal inévitable dans la mesure où, si j'ai bien compris les raisonnements qui précèdent, l'art sacré n'existerait plus depuis des siècles?
Dans ce cas qui, en tant que chrétiens, serions-nous devenus, ayant perdu tout moyen d'exprimer le sacré?
Et de prier par le moyen de l'art (comme c'est le cas dans l'art de l'icône, par exemple, ou certains chants ou musique?)
"Aussi, croyez-moi, vous pratiquerez beaucoup mieux la vertu en considérant les perfections divines, qu'en tenant le regard fixé sur votre propre limon"
(Thérèse d'Avila)

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Re: Un opposant catholique écrasé par un car de police à Par

Message non lu par lmx » ven. 04 nov. 2011, 22:13

La démonstration est donc le moyen d’établir objectivement et universellement une vérité, par opposition à l’opinion subjective et particulière qui ne parvient pas à s’établir fermement dans le vrai.
puisqu'il faut continuer dans le hors sujet et pour rétablir certaines choses.

La démonstration est seulement un moyen de soutenir une conclusion dont la cohérence peut être garantie par la rigueur de la démonstration. La démonstration ne postule en rien de la correspondance du résultat avec la réalité.

Maintenant, il est intéressant que Platon soit cité, lui qui sait que la dianoia, la connaissance hypothético déductive plus haute forme de connaissance mais toujours inférieure à la noesis (connaissance intuitive des Idées, équivalent de la connaissance du coeur de Pascal) ne permet pas de s'établir fermement et absolument dans le vrai.
La 'pureté' de la dianoia réside de plus en ce qu'elle réduit l'objet à sa structure mathématique donc à un objet quantifiable et mesurable. Ce type de connaissance doit pour éliminer la subjectivité procéder à une réduction de l'objet à sa structure mathématique. De ce point de vue, il est difficile d'appliquer ce type de connaissance au domaine de l'art objet de connaissance sensible et non susceptible de réduction. Telle est une des leçons du platonisme ("Selon moi" bien sûr :D )
A propos de la connaissance hypothético-déductive il est utile de rappeler cette parole de Bertrand Russel : "la mathématique est une science où l’on ne sait pas de quoi l’on parle ni si ce que l’on dit est vrai". La correspondance du résultat (hypothétique) avec la réalité, autrement dit du concept avec la réalité n'est jamais assurée à l'avance(d'où la nécessité d'une instance comme l'Eglise qui puisse trancher infailliblement sous l'influence du St Esprit etc), et même quand il y a correspondance, elle n'est jamais totale car le concept n'en offre qu'un reflet ce qui signifie que la connaissance humaine est toujours en deçà de la réalité. La connaissance humaine étant toujours affectée d'un manque et d'une part de subjectivité même dans la discipline scientifique la plus rigoureuse comme le montrera aussi Eddington et qui soulignera du même coup l'absurdité du scientisme.
Nous avons un magistère qui nous guide infailliblement et qui dogmatise quand cela est nécessaire, mais nos jugements, nos démonstrations ne peuvent jamais avoir ce caractère.

Comment peut-on alors prétendre détenir la vérité dans un domaine où la part d'opinion et de subjectivité est inévitable d'autant qu'ici il ne s'agit même pas de raisonner sur des concepts mathématiques d'où l'on peut aboutir à une conclusion rigoureuse et vérifiable mais de réalités sensibles ?


Pour l'instant entre des personnes qui ont vu la pièce et d'autres qui ne l'ont pas vu, qu'il nous soit permit de prendre parti pour les premiers et de dire simplement que le blasphème n'est pas caractérisé.

pourquoi l'Eglise ne fait (ne ferait?)-elle plus appel à de véritables artistes plutôt qu'à des artistes modernes n'ayant aucun sens du sacré? Est-ce que cela serait un mal inévitable dans la mesure où, si j'ai bien compris les raisonnements qui précèdent, l'art sacré n'existerait plus depuis des siècles?
Dans ce cas qui, en tant que chrétiens, serions-nous devenus, ayant perdu tout moyen d'exprimer le sacré?
Et de prier par le moyen de l'art (comme c'est le cas dans l'art de l'icône, par exemple, ou certains chants ou musique?)
Impossible de répondre à ça, car moi aussi j'aimerais bien que la valeur du sacré, le sacré en tant qu'ouverture vers l'au-delà comme dans l''art de l'icône, et donc en tant qu'il libère de la finitude du monde soit redécouvert.
C'est sur cette valeur du sacré qu'il faudrait insister et faire redécouvrir.

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Re: Un opposant catholique écrasé par un car de police à Par

Message non lu par Charles » ven. 04 nov. 2011, 22:36

lmx a écrit :Benoit XVI dans son "esprit de la liturgie" qui analyse le développement de l'art parle de l'absurdité de l'art contemporain parce que précisément il est assis sur une conception fondamentalement nihiliste du monde qui ne laisse pas de place pour le sens. Le monde pour reprendre l'expression d'un autre n'est plus qu'une feuille blanche avec des formes que l'on peut colorier à sa guise. Ce qui veut dire que maintenant l'homme est un démiurge qui peut manipuler le monde comme il veut en y ajoutant ce sens dont les structuralistes disent qu'il est dépourvu.
Et c'est ce que font les artistes (mais pas seulement, les idéologues du gender par exemple) qui pensent pouvoir créer et recréer le monde à leur guise. Une fois qu'il n'y a plus qu'un matériau vide de tout contenu sémantique, vous avez tout pouvoir sur lui, tout pouvoir de le représenter comme vous voulez, et tout pouvoir pour le manipuler (à la façon des idéologues du gender) comme vous l'entendez.
L'art contemporain est en ce sens démiurgique
C'est une analyse intéressante mais qui est en retard d'une génération, on n'en est plus là aujourd'hui. Il n'y a plus de justifications idéologiques et critiques à l'art contemporain, comme il y en avaient au temps des avant-gardes, jusque dans les années 1970. Les pseudo artistes contemporains ne pensent pas "pouvoir créer et recréer le monde à leur guise", ils connaissent très bien leur propre stérilité, leur humiliation.
lmx a écrit :donc complètement "charnel".
Charnel oui, si vous pensez au mot chair dans le sens de la volonté tournée vers le monde en rejetant Dieu. Mais pas charnel dans le sens de la sensualité ou d'un épanouissement des capacités sensibles, tournées vers la matière, la nature et le corps.
Dernière modification par Charles le ven. 18 nov. 2011, 18:31, modifié 1 fois.

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Re: Un opposant catholique écrasé par un car de police à Par

Message non lu par Charles » ven. 04 nov. 2011, 23:14

Isabelle47 a écrit :Maintenant demeure une question qui a été soulevée dans ce débat autour de cette représentation théatrale: pourquoi l'Eglise ne fait (ne ferait?)-elle plus appel à de véritables artistes plutôt qu'à des artistes modernes n'ayant aucun sens du sacré ?
On peut être moderne, être fécond et être dans une disposition à recevoir la parole de Dieu. La stérilisation et la fermeture ont lieu dans ce qu'on appelle la post-modernité et le courant "art contemporain".

Pourquoi l'Eglise ne fait plus appel à de véritables artistes ? C'est la question clé. Parce que les véritables artistes ont une vraie fécondité spirituelle et être incapable de discerner la fécondité spirituelle est un signe dramatiquement inquiétant pour l'Eglise, c'est une incapacité qu'on peut attendre de n'importe qui mais pas de l'Eglise. C'est gravissime. Si vous voulez, c'est un symptôme dont l'Eglise ne se rendrait pas compte mais qui serait en plein milieu de sa face comme un gros bouton rouge sur le bout du nez... Un symptôme qui parle de choses obscures, à tirer au clair, et qui sentent mauvais... la perte de sagesse, la perte de liberté de conscience et de jugement, l'oubli de l'anthropologie chrétienne, l'oubli même de la fécondité spirituelle du christianisme.
Est-ce que cela serait un mal inévitable dans la mesure où, si j'ai bien compris les raisonnements qui précèdent, l'art sacré n'existerait plus depuis des siècles ?
Je ne crois pas qu'il faille être aussi catégorique. Il y a eu des oeuvres d'art véritablement chrétiennes ou d'inspiration au XX° siècle... Paul Claudel, George Bernanos, Gerard Manley Hopkins, en littérature, David Lean, Andrei Tarkovski, Carl Dreyer, Robert Bresson au cinéma, tout l'art moderne européen peut être compris comme d'inspiration chrétienne, jusqu'à ses derniers grands représentants, Morandi, Balthus, Giaccometti, Freud, Lopez Garcia.
Dans ce cas qui, en tant que chrétiens, serions-nous devenus, ayant perdu tout moyen d'exprimer le sacré?
Et de prier par le moyen de l'art (comme c'est le cas dans l'art de l'icône, par exemple, ou certains chants ou musique?)
Non, non... Une des plus grandes oeuvres d'art de notre temps est catholique, elle pourrait être même une sorte de défi pour les meilleurs artistes (authentiques) d'aujourd'hui, qu'ils soient chrétiens ou pas, un défi artistique à relever :

http://www.youtube.com/watch?v=EaiBYYjoPjU

Qu'un peintre peigne, une danseuse danse, un écrivain écrive comme ces chanteurs chantent..
Dernière modification par Charles le ven. 18 nov. 2011, 18:30, modifié 1 fois.

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Re: Un opposant catholique écrasé par un car de police à Par

Message non lu par Pneumatis » ven. 04 nov. 2011, 23:57

Bonsoir,

Juste un passage rapide pour dire que je me réjouis d'avoir l'occasion d'apprécier à ce point les dernières contributions de Charles. Moi qui n'y connait strictement rien à l'art ou à ce qui prétend l'être, et encore moins à l'art moderne qui est probablement la dernière chose que je suis capable d'apprécier (je n'ai jamais vraiment compris comment on pouvait s'extasier devant certaines oeuvres d'art), je suis ravi de pouvoir bénéficier de ces exposés.

Ceci dit j'ai l'impression qu'on déplace un poil le problème. Parce que des choses dénuées de sens, et d'ailleurs Charles l'évoque dans son dernier message, ne sont pas apparues dans notre culture la semaine dernière au théâtre de la Ville à Paris. On a quelques chaines de télé publiques (grassement subventionnées), pour n'évoquer que ça, qui nous gavent d'émission, séries ou films faisant l'apologie de choses contre nature, débiles ou dénuées de sens. Manifestement Civitas ne descend pas dans la rue tous les jours pour ça.

Bref, j'ai dit que j'avais peu de temps, mais j'aimerais l'avoir pour répondre un peu au docte Amfortas, dont le dernier exposé, je suis désolé de le dire, m'a beaucoup faire rire. Même si je m'excuse aussi d'avoir re-proposé le texte de Mgr d'Ornellas à l'appel solennel d'Amfortas pour une démonstration, c'était mal venu : ce texte n'ayant effectivement aucune prétention à être une démonstration hypothético-déductive. Non, ce qui me fait rire c'est surtout le chantier d'explication de ce qu'est une démonstration à des gens qui sont manifestement tous allé à l'école et on fait un peu de mathématiques, pour en occulter la base même du raisonnement philosophique qu'est de poser la problématique. Chose qui semble bien floue même pour le docte Amfortas, puisque dans un sujet où il est question de manifester ou non, tantôt contre une pièce christianophobe, tantôt antichrétienne, tantôt blasphématoire, tantôt sacrilège... finalement on déplace le problème à : est-ce chrétiennement acceptable ?

Ca nous emmène quand même assez loin de la problématique juridique associée aux qualifications possibles de la pièce, et de l'évaluation des moyens d'action utilisés : en particulier de la manifestation, des slogans vindicatifs, du blocage du théâtre, des interruptions forcées de la pièce, le tout avec les chapelets brandis comme des épées. Je ne parle même pas des débordements annexe avec les oeufs et l'huile, je suis capable de comprendre que ça échappe aux organisateurs (par contre il faudra m'expliquer le coup de l'abbé qui est venu déguisé en cheik arabe, ou encore les insultes et la violence verbale à l'encontre des chrétiens qui refusent de s'associer à ce mouvement).

Ce qui nous fait donc faire quand même, avec cet appel d'Amfortas, un beau hors sujet (C'est dommage, pour quelqu'un qui tient tant à la rigueur du raisonnement) : je ne vois pas qu'avec cette question on résolve la question du blasphème, de la christianophobie, de l'anti-christianisme, du sacrilège, et partant, de la légitimité ou non de la manifestation contre le théâtre et des "slogans" utilisés. A ma connaissance, on ne descend pas dans la rue chaque fois que passe à la télé une émission qui n'est pas humainement et chrétiennement acceptable.

Bon bref, j'avais dit que je passais en coup de vent.

Bonne soirée à tous.
Site : http://www.pneumatis.net/
Auteur : Notre Père, cet inconnu, éd. Grégoriennes, 2013

Charles
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Re: Un opposant catholique écrasé par un car de police à Par

Message non lu par Charles » sam. 05 nov. 2011, 3:35

Pneumatis a écrit :Ceci dit j'ai l'impression qu'on déplace un poil le problème. Parce que des choses dénuées de sens, et d'ailleurs Charles l'évoque dans son dernier message, ne sont pas apparues dans notre culture la semaine dernière au théâtre de la Ville à Paris. On a quelques chaines de télé publiques (grassement subventionnées), pour n'évoquer que ça, qui nous gavent d'émission, séries ou films faisant l'apologie de choses contre nature, débiles ou dénuées de sens. Manifestement Civitas ne descend pas dans la rue tous les jours pour ça.

je ne vois pas qu'avec cette question on résolve la question du blasphème, de la christianophobie, de l'anti-christianisme, du sacrilège, et partant, de la légitimité ou non de la manifestation contre le théâtre et des "slogans" utilisés. A ma connaissance, on ne descend pas dans la rue chaque fois que passe à la télé une émission qui n'est pas humainement et chrétiennement acceptable.
Il y a une quinzaine d'années, j'ai assisté à une représentation de La Mouette de Tchékov à la Comédie Française. A un moment, brusquement, le couple qui était sur scène se fait à simuler une copulation, avec force chevauchements et halètements. Une voix de vieille dame toute frêle mais ferme s'est élevé dans la salle : "Ca suffit maintenant !". Les acteurs ont été bloqués net dans leur performance et un brouhaha amical à l'égard de la vielle dame a rempli la salle. Le lendemain, je me suis précipité à la librairie pour acheter le texte et trouver le passage de la copulation. J'ai trouver une indication de l'auteur : "Un temps"... Le metteur en scène s'était engouffré dans ce "temps" pour caser sa scène de sexe. La réaction de la vieille dame était parfaitement justifiée d'un point de vue critique : déformation vulgaire du texte et contre-sens total sur le contexte. Sa remarque cinglante avait un contenu exclusivement esthétique et critique.

Imaginons la même pièce montée aujourd'hui, en quinze ans, les choses ont beaucoup évolué. La scène de sexe avec les acteurs tout habillés qui se contentent de s'enfourcher et de gémir, ça n'attire plus l'attention du moindre journaliste, c'est même risquer de passer pour pudique ou conservateur. Le metteur en scène met à jour son interprétation : dans le "temps" voulu par Tchékov, il case une scène avec des acteurs qui se déshabillent, puis qui urinent sur un crucifix après l'accouplement. La réaction de la vieille dame (très vieille maintenant) serait la même, pour le même motif critique, c'est toujours du mauvais théâtre qui ne comprend pas le texte à interpréter. Mais elle pourrait ajouter une seconde réaction, à l'insulte qui lui en faite, en tant que catholique.

Il y a deux niveaux, d'abord la médiocrité artistique, ensuite l'insulte directe au catholicisme.

Car vous pouvez dire ce que vous voulez, un tel acte n'a pas d'autre contenu que l'insulte, ce n'est ni un argument, ni une thèse, ni un principe, ni une conclusion, ni de l'ironie, ni de l'humour, c'est une insulte pure et simple. Et particulièrement violente, car il est rare d'en arriver à manipuler concrètement des excréments pour signifier concrètement et pas seulement en parole l'attaque contre la cible insultée.

Le problème de l'institution ecclésiastique est qu'elle est incapable de percevoir la médiocrité artistique comme de protester contre l'insulte.

Il me semble que ce n'est pas un problème de manifestants, mais d'exercice des responsabilités de l'institution. Si l'archevêque de Paris avait osé prendre ses responsabilités par un communiqué ferme à l'égard du Théâtre et de la Mairie, et apaisant à l'égard du peuple catholique, il n'y aurait eu aucun incident. Mais c'est le contraire qu'on a eu : silence puis apaisement en direction du Théâtre et de la mairie, insulte et rejet du peuple catholique ("idiots"). Si l'archevêque ne veut pas que les catholiques montent au créneau quand ils sont attaqués, qu'il prenne la place et montre qu'elle est déjà bien occupée.

Je ne vois pas d'autre solution. Car de l'autre côté, on n'attend qu'une chose : la réaction passionnelle des catholiques, pour obtenir en quelque sorte un brevet de subversion, la pire réponse qu'on puisse leur faire de leur point de vue étant d'ignorer la provocation. Mais de notre côté, il est impossible de laisser passer l'insulte sans réagir, parce que nous sommes dans un pays censé être libre, où l'Etat n'insulte ni ne persécute les citoyens pour leurs convictions religieuses, et parce que notre amour du Christ nous pousse à exprimer notre opposition. Il faut faire le moins de publicité possible à la provocation et en même temps on est obligé d'exprimer notre révolte. Si l'archevêque de Paris, ou le président de la conférence des Evêques de France, assumaient leurs responsabilité, ce genre de provocation serait traité simplement, sans faire de publicité à la provocation et en défendant très calmement le droit des catholiques à n'être ni insultés ni persécutés.

Je pense qu'un communiqué commençant par rappeler les faibles qualités artistiques de l'oeuvre en question puis exprimant une ferme protestation contre l'insulte faite au catholicisme ferait mouche à tous les coups. D'abord, un texte de l'Eglise est complètement inintéressant pour les médias, donc pas de publicité, ensuite le pseudo artiste en prend pour son grade, l'autorité politique se trouve elle face à une protestation officielle de l'Eglise catholique (au bout d'un certain nombre, ça risque de commencer à faire désordre, surtout d'un point de vue électoral) et enfin le peuple catholique sachant que ses convictions sont fermement défendues par ses pasteurs peut sereinement prier pour la conversion des provocateurs, plutôt que leurs jeter des oeufs... ;)
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Dernière modification par Charles le ven. 18 nov. 2011, 18:29, modifié 1 fois.

Isabelle47
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Re: Un opposant catholique écrasé par un car de police à Par

Message non lu par Isabelle47 » sam. 05 nov. 2011, 10:16

L'Eglise n'affirme pas assez clairement sa position, c'est un fait.
Qu'aurait-elle à perdre à s'exprimer avec plus de simplicité et de conviction?
"Aussi, croyez-moi, vous pratiquerez beaucoup mieux la vertu en considérant les perfections divines, qu'en tenant le regard fixé sur votre propre limon"
(Thérèse d'Avila)

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Re: Un opposant catholique écrasé par un car de police à Par

Message non lu par Pneumatis » sam. 05 nov. 2011, 11:50

Bonjour Charles,

Même si j'ai quelques nuances à apporter à votre message, j'apprécie et vous remercie pour votre pédagogie et la nuance de votre propos.

Je ne vais pas être long parce que j'écris avec mon téléphone. Mais je voulais juste ajouter que la réaction de la vieille dame tranche quelque peu par sa spontanéité d'avec le " combat organisé " de Civitas dont parlait Mgr Vingt-Trois dans son premier communiqué.

Par ailleurs je comprends votre attente à l'égard de l'épiscopat, mais Mgr Vingt-Trois l'a assez répété, l'initiative laïque est légitime et même importante. De là on peut se demander pourquoi vous n'avez pas la même exigence de mesure à l'égard de Civitas. Si Civitas avait émis le communiqué que vous avez rédigé, j'aurais suivi et je crois que je n'aurais pas été le seul. Ils auraient fédéré et un élément essentiel à la fécondité de l'action se serait alors manifesté : l'unité. Et le soutien des évêques aurait sans doute été plus massif. Au lieu de ça je me suis senti pris à parti, comme d'autres, dès le premier communiqué de Civitas, qui aurait tout aussi bien pu être signé Jean Vatenguerre.

Si vous ne savez pas quoi faire, faites vous engager comme conseiller communication de Civitas. ;)
Dernière modification par Christophe le sam. 05 nov. 2011, 12:58, modifié 1 fois.
Raison : Correction de « langage sms »…
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Re: Un opposant catholique écrasé par un car de police à Par

Message non lu par Amfortas » sam. 05 nov. 2011, 13:17

Pour résumer afin de ne pas perdre le fil :

1) Tout a commencé par une condamnation, non pas la condamnation du spectacle, mais la condamnation de l’association Civitas qui a fédéré les protestations contre le spectacle de Castelluci : « L'association Civitas est une petite secte catholique qui ne représente rien et qui est scandaleuse, une secte est un mouvement qui se coupe. Donc qui s'auto-excommunie. Le scandale veut dire : perte de la foi. Celui qui scandalise fait perdre la foi. » (Mgr Vingt-Trois). (je note au passage que la catholicité de la secte est reconnue...)

2) Cette accusation est extrêmement grave, certains rient et plaisantent du sujet et cela en dit long sur le sérieux de leur foi. Mais des fidèles qui pour l’occasion ont voulu s’associer à Civitas, ont été profondément meurtris, puisque je rappelle que la perte de la foi entraîne la damnation éternelle et que l’excommunication est une peine canonique très lourde, celle qui frappe les avorteurs et avorteuses. Nous pourrions produire ici le témoignage de pères de famille et de catéchistes anéantis, qui se demandent s’ils ont encore le droit de s’approcher des Saints Sacrements, s’ils ont encore le droit de catéchiser, et qui poussés aux abois ont décidé de faire appel à Rome.

3) S’il y a condamnation c’est qu’il y a faute. Quelle faute ont-ils bien pu commettre ? Ce n’est pas dit expressément, mais il semblerait que ce soit le fait d’avoir protesté de façon plus ou moins véhémente (nous dirons deux mots tout à l’heure au sujet de ces prétendues violences) contre le spectacle de Castelluci.

4) S’il y a faute il faut démontrer la faute. Et c’est pour cela que nous nous sommes longtemps appesantis sur la nécessité de démontrer et non pas simplement d’opiner, car on ne condamne pas un homme ou une association sur la base de simples opinions, fussent-elles autorisées, ou même de rumeurs. Ainsi le procédé qui consiste à multiplier les déclarations d’opinions pour pousser à la condamnation (même procédé que le lynchage médiatique, car Civitas a déjà été lynchée médiatiquement) est frauduleux. Il est d’ailleurs cocasse que dans un pays comme la France, qui se pique d’être cartésien (« Un homme seul peut avoir raison contre une ville entière » (Descartes) on puisse livrer l’accusé à la merci populaire et despotique.

5) Nous avons montré plus haut que pour démontrer la faute, il fallait prouver que Civitas avait protesté injustement contre le spectacle de Castelluci. (la protestation injuste étant cause de scandale). Et que si cette protestation était injuste, cela supposait que le spectacle de Castelluci était parfaitement acceptable tant d’un point de vue humaine que chrétien, car ce qui est inacceptable légitime la protestation. (après on peut discuter des modalités mais c’est un autre sujet). Nous n’avons pas voulu alourdir inutilement le débat en entrant dans la qualification théologique du péché (péché de moquerie, blasphème, sacrilège), il nous suffisait de considérer que ce qui était en jeu était l’honneur d’un homme (relevant du droit naturel) et l’honneur de Dieu (relevant du droit divin), que donc la question se réduisait essentiellement à savoir si oui ou non le spectacle était attentatoire à l’honneur d’un homme (et plus généralement à la dignité humaine) et à l’honneur de Dieu (puisqu’il est de foi que le Christ est Dieu).

6) Nous avons établi que la charge de preuve incombait à la partie accusatrice, puisque les désordres moraux, l’impudicité et les représentations offensantes étaient manifestes dans la pièce de Castelluci. C’était donc aux accusateurs de Civitas de prouver qu’un tel spectacle était humainement et chrétiennement acceptable pour pouvoir ensuite établir la culpabilité de Civitas, comme source de protestations injustes et donc de scandale.

7) Les accusateurs de Civitas n’ont jamais rien prouvé ou démontré, se contentant d’opposer opinion contre opinion, sans jamais viser la vérité.

8) La preuve d’acceptabilité humaine et chrétienne du spectacle de Castelluci n’ayant pas été apportée, le caractère prétendument injuste des protestations de Civitas n’a pas non plus été prouvé, donc la faute de Civitas n’a pas été établie et Civitas ne peut donc être condamnée.

9) Au demeurant, il est apparu que le Magistère exclut « les goûts éphémères sans valeurs véritables » et les « expressions étranges ou malséantes » selon les mots du Concile : « Souvenez-vous que vous êtes les gardiens de la beauté dans le monde : que cela suffise à vous affranchir de goûts éphémères et sans valeur véritable, à vous libérer de la recherche d’expressions étranges ou malséantes » (message de clôture du Concile Vatican II). Que donc s’ouvre maintenant une bataille à front renversé : c’est désormais aux accusateurs de Civitas et défenseurs du spectacle de Castelluci de se justifier par rapport à l’enseignement magistériel et de prouver qu’ils ne sont pas des tièdes et sont encore capables de réagir lorsque la dignité humaine et l’honneur de Notre Seigneur Jésus-Christ sont bafoués à l’occasion de spectacles dégradants.

Pour finir deux mots sur les prétendues violences : elles sont ridiculement violentes et les accusations de violence sont ridicules. Comme le faisait remarquer Charles dans son exposé sur l’art contemporain, le théâtre est traditionnellement le lieu d’agitations, et il n’y a pas si longtemps lorsque les spectateurs étaient mécontents du spectacles ils jetaient des tomates sur les acteurs en criant « Remboursez !». Pas de quoi fouetter un chat donc, de telles exagérations desservent ceux qui les profèrent. Et là encore nous sommes dans une bataille à front renversé, puisque si violence il y a eu, ces violences sont à mettre sur le compte de la police, des magistrats et de la mairie de Paris, puisque tout porte à croire que ces jeunes catholiques, qui ne sont que des gamins, ont eu droit à un traitement spécial, qui a même fait ricaner les vrais criminels de droit commun.
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Re: Un opposant catholique écrasé par un car de police à Par

Message non lu par Sapin » sam. 05 nov. 2011, 14:18

Bonjour Amfortas,
Amfortas a écrit :je note au passage que la catholicité de la secte est reconnue...
Pourriez-vous nous dire par qui?

Croyez-vous vraiment que l'archevêque de Paris est un parfait imbécile, qui passe sont temps à dire des âneries et à faire des déclarations à l'emporte pièces sans trop savoir de quoi il s'agit et de quoi il en ressort. Vous croyez vraiment cela? Malgré que je ne soit pas toujours en accord avec les propos de son Éminence, je reconnais tout de même chez lui, la qualité d'un pasteur avisé et qui a pour devoir d'éclairer les consciences des fidèles et d'appeler à la vigilance quant aux pièges et aux écrans de fumée des intégristes et des lefebvristes et de leurs mouvements parallèles et associés.

Autrement dit, vous voulez justifier les actes de violence perpétrés par des groupes lefebvristes en essayant de disqualifier les déclarations d'un évêque qui les dénonce. Ce n'est pas la première fois que Paris subit des actes de violence par les lefebvristes, rappelons simplement de quelle manière ils se sont accaparé l'église St-Nicolas, à coup de crucifix sur la tête du curé et en le jetant dehors comme une ordure et certain parmi eux ont appelé cela un événement mystique!!!
Ouverture de l'assemblée plénière de la Conférence des évêques de France a écrit : Sans se prononcer sur la pièce, Mgr Vingt-Trois avait lui dénoncé les méthodes d'« un groupuscule lefebvriste qui fait de la foi un argument de violence ».
*****************
Et en passant: en tant que citoyen d'honneur, serait-il possible pour vous de saluer ceux à qui vous vous adressez lorsque vous écrivez et d'utiliser les formules de politesse lorsque vous avez terminé? Est-il nécessaire également d'utiliser la 1er personne du pluriel lorsque vous exprimez vos commentaires personnels?



Bien à vous,
Père Guy

"J'attends la résurrection des morts et la vie du monde à venir".
credo

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Re: Un opposant catholique écrasé par un car de police à Par

Message non lu par Charles » sam. 05 nov. 2011, 16:09

Bonjour
Guy a écrit :Croyez-vous vraiment que l'archevêque de Paris est un parfait imbécile, qui passe sont temps à dire des âneries et à faire des déclarations à l'emporte pièces sans trop savoir de quoi il s'agit et de quoi il en ressort. Vous croyez vraiment cela? Malgré que je ne suis pas toujours d'accord avec les propos de son Éminence, je reconnais tout de même chez lui, la qualité d'un pasteur avisé et qui a pour devoir d'éclairer les consciences des fidèles et d'appeler à la vigilance quant aux pièges et les écrans de fumée des intégristes et des lefebvristes et de leurs mouvements parallèles.
En tout cas, Mgr vingt-Trois n'a pas une personnalité rigide, on peut lui reconnaître qu'il est capable de reconnaître ses erreurs. Après avoir déclaré : "Le plus difficile est d'avoir des femmes qui soient formées. Le tout n'est pas d'avoir une jupe, c'est d'avoir quelque chose dans la tête." (6 novembre 2008) il s'était corrigé publiquement et sous la pression de féministes, en reconnaissant que ses propos avaient été "maladroits et mal ajustés".

Cela dit, je suis troublé par ses références insistantes à la question de la "formation" et son manque de discernement dans l'affaire de la pièce de Castellucci où oser prétendre que le problème est celui de Civitas me paraît relever d'un aveuglement assez fantastique. Pour dénoncer le manque de formation chez les autres, il faut peut-être montrer par ses actes et ses paroles qu'on en a une solide, à moins de manquer de sérieux. Par exemple, dans l'entretien à Radio Notre-Dame, il affirme " Comme toujours dans un spectacle, il y a la possibilité de l'interpréter d'une façon ou de l'autre, mais en tout cas ce qui est significatif c'est..." Or il n'y a pas dans la scène problématique d'interprétations multiples qui soient possibles :

- L'auteur, Castellucci, répand la merde sur l'image du visage du Christ en tant que sacrilège, que blasphème, parce que c'est un des codes de l'art contemporain qui se doit d'être, académiquement et laborieusement, subversif, sulfureux...

- Les manifestants sont évidemment blessés par le blasphème ou le sacrilège, en tout cas, par l'injure faite à leur croyance religieuse, dans un espace public et dans un cadre administratif (théâtre municipal).

- La critique contemporaine elle-même abonde dans ce sens-là : "Cette présence du sacré dans l'art contemporain ne doit pas être interprétée comme un retour de la religion chez des artistes aussi éloignés de ce thème. Il est simplement notable de constater que ces deux artistes manient le vocabulaire de la phénoménologie dont le représentant le plus problématique, Martin Heidegger (1889-1976), voyait dans la condition poétique le fait d'être "entouré par le sacré". Bref, ils appliquent les codes.

C'est parce que la scène est sacrilège qu'elle est introduite dans la pièce et c'est pour cette même raison que les catholiques sont consternés et que les critiques applaudissent. Il n'y a que Mgr Vingt-Trois pour feindre l'existence d'une autre interprétation ou croire sincèrement qu'il y a en aurait d'autres. Il soit dans la langue de bois, soit dans l'ignorance du sujet.

Ensuite, il soutient que cela n'est pas "significatif". Du point de vue artistique, effectivement, cela n'a aucun sens, n'obéit à aucune logique interne et stylistique, comme je l'ai expliqué, c'est du codage, de la production industrielle d'art contemporain. Mais d'un point de vue social et humain, c'est significatif, parce que l'injure au catholicisme est extrême et a lieu dans une société comprenant une importante communauté catholique. Et c'est là que Mgr Vingt-Trois est défaillant et irresponsable. Car s'il accuse les manifestants catholiques de n'avoir "aucun mandat", il pose la question de son propre mandat et de ce qu'il en fait ou n'en fait pas... Je pense que cette remarque - "sans avoir aucun mandat", est extrêmement préjudiciable à Mgr Vingt-Trois. Car en déniant la responsabilité de la réponse aux manifestants, il rappelle que c'est à lui qu'incombe cette réponse. Et quelle est-elle, sa réponse ? D'abord le silence, puis, sous la pression des manifestants, une sorte d'effondrement culturel, conceptuel et moral : "Comme toujours dans un spectacle, il y a la possibilité de l'interpréter d'une façon ou de l'autre".

En résumé : si Mgr Vingt-Trois dénie aux manifestants la légitimité de s'exprimer en tant que catholiques, du fait qu'il n'ont ni le mandat ni la formation pour le faire, il attire l'attention sur le fait que c'est à lui de formuler une réponse, étant mandaté comme responsable et étant supposé avoir la formation. Or sa réponse est indigente et indigne de son rang : "Comme toujours dans un spectacle, il y a la possibilité de l'interpréter d'une façon ou de l'autre".

Je vous avoue que j'en suis très triste. Ce fiasco étant la conséquence de décennies de désintérêt pour les questions culturelles et artistiques dans l'Eglise ayant conduit à une incapacité complète au discernement dans ces matières. Il n'enlève rien aux autres qualités de Mgr Vingt-Trois, bien sûr, et j'espère qu'il marquera le commencement d'un réveil de l'Eglise sur ces questions.

Cordialement

Charles
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Re: Un opposant catholique écrasé par un car de police à Par

Message non lu par Charles » sam. 05 nov. 2011, 16:33

PS - La faiblesse de la réponse de l'évêché était d'ailleurs programmée : matière artistique méprisée et ignorée depuis des décennies, stigmatisation politique des manifestants comme intégristes... ou comment une image monumentale du Christ maculée d'excréments dans un espace public en plein Paris peut devenir "non significative" pour l'archevêque du lieu.

Et toujours pas un mot, pas une question sur le sort du gamin écrasé par le car de police, et qui n'était sans doute ni bon catholique ni humain. Peut-être aura-t-on la correction par un "maladroit et mal ajusté" de l'insulte "idiots" lancée par l'archevêque aux manifestants, mais j'en doute, Civitas n'ayant pas l'influence d'un groupuscule féministe.

Voilà, pour moi, je pense avoir fait le tour de la question.

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