Oui, c'est bien la question. L'Église aurait-elle eu le droit ou pas de faire ce qu'elle a fait ? Quand je dis l'Église, je veux dire ici "des évêques" bien sûr.Cmoi :
Reste à se poser la question subsidiaire :l’Eglise contemporaine (de quelque époque que ce soit) n’a-t-elle pas le droit et le pouvoir d’opérer ce genre de changement ?
Mais, que l'on soit d'accord ou pas avec le nouveau programme, il faudrait d'abord reconnaître qu'il y a bien rupture, cassure, inédit, changement complet de direction.
Oui
Sans doute qu'en terme de hiérarchie des vérités, on ne se trouve pas à changer les dogmes christologiques de l'Église, en voulant adopter le nouvel axe gouvernemental libéralisant. Faut tout de même avouer que l'opération est drôlement risquée. En s'effaçant complètement devant l'État, l'Église s'expose directement elle-même à voir toute sa doctrine être attaquée à différents niveaux par des groupes de pression multiples, et alors qu'elle va se priver elle-même de toute forme de recours à l'autorité, que ce soit la tradition, l'autorité du pape ou celle du gouvernement.
Pendant que toute la société civile sera devenue étrangère au catholicisme, vous pouvez être certain que la prochaine génération d'évêques (passée par l'école de la république) ne sera pas trop portée à défendre une doctrine ou des dogmes d'un autre âge contredit de plein fouet par tous les acteurs ou presque de la société civile.
Puis ...
Comme disait le père dominicain Thierry Humbrecht : la société post-chrétienne n'est pas du tout comme la société pré-chrétienne. La société pré-chrétienne ou païenne restait en quelque sorte innocente ou naïve par rapport au christianisme, les individus pouvaient y être globalement assez neutres et de ce que n'ayant jamais connu encore de société chrétienne. La société post-chrétienne est une société qui se construit spécialement contre le christianisme, sur le rejet de l'Église. C'est l'allergie ! Or il semble que l'Église ne se préoccupe guère (entre autres) de développer une stratégie de reconquête intellectuelle des élites, des gens de la culture, des lettres, savants ou autres.
C'est d'ailleurs un des graves problèmes de l'époque actuelle. Il n'existe plus nulle part apparemment de grands intellectuels, des gens bien en vu et capables de défendre le point de vue de l'Église. S'il en existe encore, je suppose que la chose serait possible, mais on ne les verra nulle part. On ne les invitera pas à la télé aux heures de grande écoute, ni même aux petites heures du matin.
[...]
Les gens s'accoutument à l'idée que les "choses sérieuses" se pensent à l'extérieur de l'Église, loin de l'Église, pendant que les évêques sont peut-être de grands administrateurs, mais des gérants préposés à l'organisation pratique d'un petit troupeau particulier, celui des marginaux, des paumés, des vielles grands-mamans.