Référendum sur la Constitution européenne

« Par moi les rois règnent, et les souverains décrètent la justice ! » (Pr 8.15)

Quelle serait votre intention de vote pour un référendum portant sur la ratification du projet de Constitution de l'UE ?

Le sondage est terminé depuis le jeu. 15 juil. 2004, 23:24

Voter POUR
7
19%
Voter CONTRE
28
78%
Voter BLANC, NUL ou s'ABSTENIR
1
3%
 
Nombre total de votes : 36

Jean-Pierre DALIBOT
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Le 29 mai

Message non lu par Jean-Pierre DALIBOT » dim. 08 mai 2005, 14:06

[align=center]Le défi de l'Europe : [/align]la paix, la justice et le bien-être pour tous
Le 29 mai prochain, les électeurs français auront à se prononcer par référendum sur la ratification du Traité établissant une constitution pour l'Europe, signé par les 25 chefs d'État et de gouvernement de l'Union européenne le 29 octobre dernier à Rome.

Nous souhaitons souligner l'importance de l'enjeu pour l'avenir de l'Union européenne. Il est déterminant pour l'avenir de notre pays et pour la responsabilité qu'il assume depuis l'origine dans la construction de l'unité européenne.

Le Préambule du Traité rappelle que l'Europe est un " espace privilégié de l'espérance humaine ". En tant que chrétiens, nous ne pouvons donc ni nous en désintéresser, ni lui tourner le dos.

Le référendum n'a d'autre objet que d'accepter ou de rejeter le Traité établissant une constitution pour l'Europe. Chaque électeur est invité à former sa conviction et à se prononcer en conscience en tenant pour évident que :

· Il s'agit de se prononcer sur le texte lui-même, sans se laisser distraire par des questions d'ordre purement national ou des débats annexes, qui ne sont certes pas secondaires, mais ne doivent en aucun cas occulter l'objet de la consultation : l'éventuelle adhésion de la Turquie ne dépendra en rien de l'adoption ou du rejet du Traité.
· Le vote, comme tout vote politique, doit se faire en prenant en considération le bien commun, celui de la France et des Français, mais aussi de l'ensemble des Européens.

Ce Traité est une étape dans la construction européenne. Pour l'essentiel, il offre un cadre institutionnel en vue d'une meilleure organisation des responsabilités au sein de l'Union. Même si des jugements différents peuvent être portés sur cette organisation, le texte apporte des améliorations substantielles aux traités existants, et en particulier au Traité de Nice signé en 2000. Trois points méritent d'être spécialement soulignés :

Une communauté de valeurs au service de l'homme

Le Traité énumère les valeurs qui fondent l'Union, à commencer par le respect de la dignité humaine. Il rappelle que l'Europe entend promouvoir la paix, la justice et le bien-être de tous. Il réaffirme la responsabilité et la solidarité de l'Union à l'égard du monde, renouant ainsi avec les intuitions premières de ses fondateurs. Enfin, le Traité intègre la Charte des droits fondamentaux, rendue juridiquement contraignante, et témoigne ainsi de la volonté de mettre l'homme au cœur de la construction européenne.

Une meilleure prise en compte des droits des citoyens

En reconnaissant que la constitution est " inspirée par la volonté des citoyens et des Etats d'Europe ", le Traité pose, pour la première fois, le principe d'une double légitimité de l'Union, et consolide ainsi la démocratie participative (droit de pétition, instauration d'un dialogue avec les associations représentatives et la société civile, institutionnalisation du dialogue social).

Une reconnaissance de la contribution spécifique des Eglises

Nous nous félicitons de la reconnaissance par le Traité de l'identité particulière des Eglises et de leur contribution spécifique au débat public. L'Union s'engage à maintenir avec elles, ainsi qu'avec les organisations non confessionnelles, un dialogue ouvert, transparent et régulier. A défaut d'honorer le passé par une référence explicite à l'héritage chrétien, le Traité prend soin du présent et de l'avenir.

Ce ne sont là que quelques points d'attention. Le Traité est un texte de compromis. Comme dans tout compromis, chacun reste avec des regrets et des souhaits. Mais la construction européenne s'est toujours faite ainsi, par étapes successives. Aujourd'hui le projet européen ne soulève pas l'enthousiasme des citoyens. Peur de l'avenir, manque de visibilité : beaucoup de personnes se demandent où ce projet nous mènera et ce que l'Europe nous apporte réellement.

Rappelons-nous donc que l'Europe nous a apporté, tout d'abord, la paix qui était le premier objectif de ses fondateurs. Reconnaissons, ensuite, qu'elle a permis non seulement un développement économique mais aussi la mise en place d'un modèle social que beaucoup nous envient : soins de santé, protection sociale et éducation y sont accessibles à tous.
Les pays nouvellement entrés dans l'Union aspirent tout naturellement à cette paix, cette prospérité et ce modèle social. L'Europe se trouve aujourd'hui devant le défi d'assurer le bien-être de tous ses habitants tout en contribuant à la paix et au développement dans le reste du monde. Cette solidarité vécue à l'intérieur et vers l'extérieur est l'âme de l'Union européenne. La France, en tant qu'un des pays fondateurs, et les Français ont une responsabilité particulière pour relever ce défi.


Paris, 29 mars 2005

Monseigneur Emmanuel
Métropolite de France
Président de l'Assemblée des évêques orthodoxes de France

Pasteur Jean-Arnold de Clermont
Président de la Fédération protestante de France

Monseigneur Jean-Pierre Ricard
Archevêque de Bordeaux
Président de la Conférence des évêques de France

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Message non lu par VexillumRegis » dim. 08 mai 2005, 16:35

A défaut d'honorer le passé par une référence explicite à l'héritage chrétien, le Traité prend soin du présent et de l'avenir.
[align=justify]En somme, que la constitution refuse de reconnaître explicitement l'héritage chrétien de l'Europe, ce n'est pas si grave, puisque cela suffit malgré tout à assurer notre présent et notre avenir ! Mais quel présent ? quel avenir ? Celui de l'athéisme et du matérialisme, sans doute, mais pas celui du christianisme ! On met ainsi de côté le vrai fondement de nos racines, l'assise inébranlable de la liberté et de la vérité, et l'on voudrait nous faire croire qu'un chiffon de papier dépourvu de référence à Celui qui est la référence de toute chose pourrait assurer l'avenir de l'Europe ?

On voit que Mgr Ricard fait bien peu de cas des critiques formulées à de multiples reprises par Jean-Paul II et Benoît XVI...[/align]

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Quand les Eglises persistent à donner des consignes de vote!

Message non lu par Christophe » dim. 08 mai 2005, 17:42

Conseil d’Eglises chrétiennes en France (CECEF) a écrit :Cette solidarité vécue à l'intérieur et vers l'extérieur est l'âme de l'Union européenne.
Si c'est le cas, les laïcistes ont donc eu raison de refuser la mention du Christianisme parmi les constituants de l'identité sprituelle de l'Europe...
Reconnaissons, ensuite, qu'elle a permis non seulement un développement économique mais aussi la mise en place d'un modèle social que beaucoup nous envient : soins de santé, protection sociale et éducation y sont accessibles à tous.
En quoi l'UE a-t-elle permis le développement économique et le développement du modèle social européen ( si tant est que cette expression ait un sens ) ?

Christophe
« N'ayez pas peur ! » (365 occurrences dans les Écritures)

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Message non lu par VexillumRegis » lun. 09 mai 2005, 8:13

Enfin, le Traité intègre la Charte des droits fondamentaux, rendue juridiquement contraignante, et témoigne ainsi de la volonté de mettre l'homme au cœur de la construction européenne.
[align=justify]Oui, mais l'homme sans Dieu, l'homme réduit à sa seule dimension horizontale, sans aucune référence à Celui qui l'élève au-dessus de lui-même ![/align]

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Message non lu par VexillumRegis » mar. 10 mai 2005, 18:38

Benoît XVI rappelle les racines chrétiennes de l'Europe :

[align=justify]"Le pape Benoît XVI réaffirme l’importance des « racines chrétiennes de l’Europe », en évoquant saint Benoît de Nursie. Le pape de la paix, Benoît XV et le père du monachisme occidental, saint Benoît de Nursie, ont inspiré au pape le nom de Benoît XVI, a-t-il souligné lors de l’audience du mercredi, place Saint-Pierre. En anglais, le pape disait: « le co-patron de l’Europe dont la vie évoque les racines chrétiennes de l’Europe ». En espagnol, il soulignait que cette grande figure parle « de l’unité et des racines chrétiennes - auxquelles on ne peut renoncer - de sa culture et de sa civilisation ». En italien, le pape soulignait que le nom Benoît évoque « la figure extraordinaire du grand « patriarche du monachisme occidental », saint Benoît de Nursie, co-patron de l’Europe , avec les saints Cyrille et Méthode, et les saintes femmes, Brigitte de Suède, Catherine de Sienne et surtout Edith Stein ». « L’expansion progressive de l’Ordre bénédictin fondé par lui a exercé une influence énorme pour la diffusion du christianisme dans tout le continent. Saint Benoît est pour cette raison très vénéré en Allemagne et en particulier en Bavière, ma terre d’origine ; il constitue un point de référence fondamentale pour l’unité de l’Europe et un fort rappel des racines chrétiennes - auxquelles on ne peut renoncer - de sa culture et de sa civilisation ». "
:arrow: Mercredi 27 avril 2005 (ZENIT.org)

"Mais dans de nombreux pays il y aura des référendums. Nous verrons ce que dira le peuple. Il me semble en tout cas que nous ne devrons pas considérer ce problème comme exclu, car il ne s’agit pas d’une question marginale, d’un ornement. Il s’agit de la définition de notre identité. L’Europe ne peut pas être uniquement une communauté d’intérêts et de stratégies, ou de commerce. Nous avons besoin d’une identité plus profonde. Et cette identité exige une définition. La vérité historique et aussi la vérité vécue d’aujourd’hui nous disent que les racines chrétiennes sont indispensables et qu’elles appartiennent à l’identité européenne. Elles doivent donc entrer dans cette institution."
:arrow: (Cardinal Ratzinger, L’Amico del Popolo, 22/10/2004) [/align]

"La Turquie dans l'Union européenne serait une grande erreur."
:arrow: (Cardinal Ratzinger, journal suisse Giornale del Popolo, le 20 septembre 2004)

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Message non lu par aramis » mar. 10 mai 2005, 18:58

C'est amusant, mais les laïcards votent non parce que cette constitution fait la part trop belle au religieux, et les religieux votent non parce que cette constitution serait un danger pour la foi. :blink:

Les communistes la jugent "ultralibérale" tandis que Madelin la juge trop rigide...
On entend tout et n'importe quoi !!!

Plus sérieusement les évèques de France appellent à voter oui, et la revue Etude publie un bel article en faveur de la constitution (avril 2005).

J'avoue que les partisans du oui m'encouragent souvent à voter non. Mais cette constitution n'est rien d'autre qu'un cadre, qui nous permettra d'exister politiquement.
Dire non n'est pas la fin du monde, c'est juste une perte de temps.
Dire oui implique de grandes responsabilités. Celui qui dit oui doit faire vivre ensuite cette constitution en s'engageant dans la construction d'une europe sociale, culturelle, et d'amitié entre les peuples.
Comme tout chrétien, je suis mondialiste, donc universaliste, donc catholique... Je vote OUI, (malgrés Hollande et Sarkozy).
Dépassionner l'homme pour les choses terrestres, j'appelle cela une spiritualité de massacre. (François Varillon. 1980)

Charles
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Message non lu par Charles » mar. 10 mai 2005, 20:03

aramis a écrit :Mais cette constitution n'est rien d'autre qu'un cadre, qui nous permettra d'exister politiquement.
Bonjour Aramis,

1. Comment cela "nous permettra d'exister politiquement" ?

2. Et toi qui es syndicaliste, comment t'accomodes-tu de l'article 2.3.a des Explications relatives à la charte des droits fondamentaux : "La mort n'est pas considérée comme infligée en violation de cet article* dans le cas où elle résulterait d'un recours à la force rendu absolument nécessaire : c) pour réprimer, conformément à la loi une émeute ou une insurrection."

:arrow: Le procès du général Jaruzelski, ainsi que celui d'une dizaine d'autres anciens responsables communistes qui comparaissent avec lui pour leur rôle dans les événements de 1970...

Dans ce procès, le général Jaruzelski devra répondre de son rôle dans la répression de la révolte ouvrière de 1970 sur les bords de la Baltique. Alors chargé du maintien de l'ordre, il est est accusé d'avoir donner l'ordre de tirer sur les ouvriers des chantiers navals de Gdansk et de Gdynia qui manifestaient contre une hausse de prix.

:arrow: "On the afternoon of Memorial Day, May 30, 1937, in the city of Chicago, Ill., 10 people received fatal injuries when city police dispersed a large group of striking steel workers and their sympathizers who were marching in the direction of the plant of the Republic Steel Corporation near Burley Avenue and One Hundred and Sixteenth Street in that city. This encounter occurred 4 days after the outbreak of a strike of union employees of the corporation and while picketing was in progress in front of the plant. In addition to the fatalities, none of which was suffered by the police, approximately 90 members of the group were injured (30 by gunfire) and 35 police sustained injury."

"The cause of and responsibility for the encounter has been the subject of sharp dispute by the police, the union and the public. The police have charged the demonstrators with a conspiracy to capture the Republic Steel plant by violent means and assert that the casualties were a regrettable but necessary incident to their efforts to disperse a riotous mob. The union, on the other hand, accuse the police of a brutal attack upon a group of citizens in the exercise of the constitutional right peacefully to assemble and picket."

:arrow: Dans de telles circonstances (crise économique), il ne sera pas inconstitutionnel, selon l'article 2.3.a des Explications relatives à la charte des droits fondamentaux de la Constitution de l'Union européenne, de tirer sur et tuer des grévistes et des manifestants dans l'Union européenne :!:


* article II-62 "Toute personne a droit à la vie"

zefdebruz
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Message non lu par zefdebruz » mar. 10 mai 2005, 21:33

[align=justify]C'est effectivement une situation paradoxale : les partisans du oui m'incitent aussi à voter non, mais de nombreux partisans du non m'incitent également à voter oui.
En ce qui concerne la place accordée à la religion, c'est l'état de délabrement créé par notre laïcisme bien franchouillard qui semble à l'origine du paradoxe pointé par Aramis: la majorité des pays européens font référence à Dieu dans leur constitution , et en cela le Traité Constitutionnel semble en net retrait, se bornant à placer sur un même plan églises ( noter le pluriel et l'absence de majuscule) et organisation non confessionnelles ( autrement dit odédiences maçonniques,sectes de tous poil, ONG respectables ou non, etc,etc). Le tout se limitant à la reconnaissance et au respect de leurs statuts, contribution et identité, et au maintien d'un dialogue ouvert ( quel programme !)...( article I-52).
On peut donc comprendre les doutes et interrogations des communautés religieuses en Europe, et comme membre de l'Eglise Universelle, en tirer des conclusions pour la France. Si l'on ne regarde que son nombril, l'on peut aussi percevoir là -dedans quelques avancées : une bonne surprise pour certains évêques français de jouir de la même considération que certains Grand Maîtres et autres dignitaires, quand on sait le mépris de la plupart de nos dirigeants pour l'Eglise, quand ce n'est pas l'indifférence ou au mieux une sorte de respect compassionnel de circonstance.
A contrario, pour nos laïcards qui auraient souhaité l'Europe des Lumières, Fille de 1789 ( Chirac), quelle crime de lèse maçonnerie que cette Constitution qui tout en rejettant ses racines chrétiennes est incompable d'afficher haut et fort que l'Europe est née il y deux siècles (après une période d'obscurantisme qui a duré deux mille ans, sauvons quand même l'héritage grec).
Pauvre France, prions mes frères pour notre pays pour ceux qui le gouvernent.[/align]
" Or c'est ici la vie éternelle, qu'ils te connaissent , Toi, le seul vrai Dieu et celui que Tu as envoyé, Jésus Christ" Jean 17,3

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alerte a la remise en cause de la democratie

Message non lu par elisseievna » dim. 15 mai 2005, 10:54

pour quelques articles courts sur la constitution europeenne , cf ces sites ( qui n'ont rien de catholiques, avertissement à celles ou ceux qui s'y rendraient)

http://etienne.chouard.free.fr/Europe/
(voir son article principal et les "echanges" avec ses contradicteurs)

http://www.c-e-r-f.org/europe-democratie.htm

SI VOUS CROYEZ IMPENSABLE QUE LE TEXTE QUI NOUS EST PROPOSE SOIT ANTI-DEMOCRATIQUE de maniere gravissime : réveillez vous !!!

Charles
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Voter NON au référendum sur la constitution

Message non lu par Charles » ven. 20 mai 2005, 22:22

POURQUOI JE CHOISIS LE NON
(Huit raisons et trente-et-un arguments)
par Roland Hureaux*


Une philosophie fondamentale : la liberté

- La liberté est une valeur fondamentale : de même que les individus, les entreprises, les collectivités cherchent naturellement à préserver voire accroître leur sphère d'autonomie, il est normal et sain que les nations d'Europe ne veuillent pas se lier les mains par un traité qui leur ferait perdre l'essentiel de leur liberté.

L'expérience du passé

- Toutes les grandes réussites de coopération européenne depuis la guerre se sont réalisées en dehors de l'Europe de Bruxelles ou contre elle. Elles n'auraient même pas été possibles si la Constitution avait été en vigueur. C'est le cas de l'Airbus A 380, de la fusée Ariane, de la sonde Huygens, de la coopération en matière d'armements (OCCAR) et même de la politique agricole commune qui dut être imposée par le général de Gaulle à nos partenaires.

- Au contraire, les institutions de Bruxelles, dans tous les domaines qu'elles touchent, compliquent la solution des problèmes ou créent ces problèmes : elles sont ainsi contribué à démanteler la politique agricole commune, interdire les politiques industrielles, ouvrir la porte à une immigration sans contrôle, favoriser les délocalisations, démanteler les services publics territoriaux. On cherche en vain un domaine où l'apport de Bruxelles ait été positif.

Pour la paix

- Contrairement à ce que l'on entend trop, ce n'est pas la construction européenne à la mode de Bruxelles qui a apporté la paix en Europe. C'est à l'inverse la paix qui rendit possible la construction européenne. Sait-on que les partisans de l'Europe supranationale (Jean Monnet en tête) tentèrent de saboter le Traité de réconciliation franco-allemande de 1963 conclu entre le général de Gaulle et Adenauer ?

- Rappelons aussi que si cette paix a été pour la première fois remise ne cause dans la guerre de Yougoslavie (1999), l'Europe de Bruxelles n'y est pas étrangère . On ne sait à quoi peuvent nous conduire dans l'avenir ces grandes machines supranationales, dont l'expérience montre que quand elles s'emballent, elles manquent totalement de mesure.

- C'est une erreur d'analyse grave , malheureusement répandue, que de croire que ce sont les nations qui ont causé la Seconde guerre mondiale. Les nations, comme les communes ou les familles sont des communautés humaines naturellement pacifiques. C'est, comme le dit à plusieurs reprises le pape Jean Paul II, la violation du droit des nations qui est la cause des guerres. Et la cause de cette violation, ce sont les idéologies transnationales. L'idéologie européenne en est une.

- Si à force de matraquage médiatique et d'inéquité dans la propagande, la classe dirigeante en France ou ailleurs arrive à imposer ce référendum, les peuples n'auront plus un jour que le recours à la violence pour préserver leurs identités.

Le souci du développement économique

- Le mission conférée à de la Banque centrale européenne de préserver la stabilité de la monnaie avant toute autre considération , en particulier avant l'emploi, est réaffirmée dans la Constitution (article III-185). Ainsi se trouve légitimée, au nom de l'utopie d'une monnaie parfaite, la politique de récession, cause de chômage, menée à l'échelle du continent.

- Dans la plupart des domaines, la Constitution impose des politiques néo-libérales : privatisation, ouverture à la concurrence des services publics, ouverture des frontières intérieures et intérieures, libre circulation des marchandises, des services, des hommes et des capitaux qui interdisent toute intervention dynamique de l'État et tendent à éroder les protections sociales (exemple : directive Bolkenstein). L'article III-203 prévoit explicitement que soit favorisée la flexibilité de l'emploi.

- La Constitution ne satisfait cependant pas certaines aspirations libérales fondamentales comme de mettre un frein à la croissance des dépenses publiques dans les différents pays de l'Union. Bien au contraire, en exigeant à toute force à l'équilibre budgétaire, elle pousse à l'augmentation des impôts.

- Le projet constitutionnel repose sur l'utopie d'un marché pur et parfait. Or aucun marché ne saurait l'être absolument. Pour mettre en œuvre une telle utopie, il faut non seulement interdire toute politique industrielle ou intervention de l'État mais encore instaurer une uniformité absolue des normes qui interdit toute décentralisation et toute diversité, non seulement en matière de produits agricoles et industriels mais aussi de services ou d'exercice des professions libérales. Cette logique qui a commencé avec l'Acte unique de 1987 est confirmée.

- Le but du marché est une meilleure rationalité de l'allocation des ressources et donc une élévation de la productivité et du niveau de vie. Bien que la machine européenne ait fait beaucoup de progrès dans la direction d'un marché unique depuis vingt ans, le niveau de vie stagne, contrairement aux prévisions.

Pour la démocratie

- En consacrant la suprématie absolue du droit communautaire (article I-6), y compris sur la Constitution des États membres et en n'établissant aucune limite véritable au pouvoir des organe centraux de l'Union ( pas même la diplomatie et la défense), la Constitution pose les fondements d'un État unique européen.

- L'État européen unique est instauré de manière sournoise : seul un juriste averti peut le lire entre les lignes. Ce caractère sournois explique la lourdeur de beaucoup d'articles du texte constitutionnel, la longueur de la constitution et sa présentation confuse. Peut-on sérieusement laisser abolir en catimini la souveraineté d' États millénaires?

- La suprématie du pouvoir technocratique européen se trouve consolidée dans la mesure où est intégralement maintenu le monopole de proposition de la Commission. Il est donc pratiquement impossible de revenir sur des décisions que celle-ci aura fait avaliser par le conseil des ministres, d'autant que l'élargissement à 25 et la difficulté conséquente de trouver des majorités cohérentes d'États, étend son pouvoir d'arbitrage.

- Le déficit de démocratie persiste. L'extension, très relative, des pouvoirs du Parlement européen, n'entrave guère la toute-puissance de la commission et du conseil des ministres. L'extension du domaine communautaire dessaisit un peu plus les parlements nationaux.

- Ce n'est pas une Constitution fédérale mais centraliste : malgré l'invocation formelle du principe de subsidiarité, aucune protection des compétences des États et des collectivités qui les composent n'est garantie. Au nom de la suprématie du droit européen dans les domaines de " compétence partagée " (définis très largement à l'article I-14), elle permet au pouvoir central européen d'intervenir dans tous les domaines.

- Alors qu'une vraie constitution se contente d'organiser le cadre juridique où les décisions sont prises, cette constitution détermine par avance en de nombreux domaines les politiques qui seront menées (cf. toute la partie III). En matière de politique agricole, industrielle, d'organisation des transports et des services publics , de circulation des hommes et des capitaux , de dépenses militaires, la Constitution ne laisse guère de marge de manœuvre.

- La Constitution proposée est pratiquement impossible à réviser : les procédures de révision sont compliquées et exigent l'unanimité des États membres ; si elle était adoptée, les États membres seraient définitivement verrouillés (article IV-443).

Préserver la culture européenne

- Le dogme de la libre concurrence étendue aux services aboutira à l'abolition de l'exception culturelle qui permet à un pays comme la France de conserver une création vivante dans le domaine du cinéma ou de la chanson. La timide "exception culturelle" prévue à l'article article III-167 pourra être facilement balayée avec la règle majoritaire.

Pour une Europe indépendante

- La défense et la diplomatie font désormais partie du "domaine partagé" où les décisions de l'Union prévalent sur celles des États. Potentiellement, c'est là la fin de toute politique étrangère indépendante d'un État.

- En subordonnant les orientations de la politique étrangère et de sécurité commune à celles qui auront été prises dans le cadre de l'OTAN (article I -41-7), la Constitution interdit une politique étrangère européenne indépendante de l'Europe. Cette disposition existait déjà dans le traité de Maastricht, mais il sera plus difficile aux grands États d'Europe de la contourner en prenant des positions sans en référer à l'Union.

- Toutes les initiatives qui ont, depuis cinquante ans, marqué l'indépendance de l'Europe par rapport aux États-Unis ont été prises par des États, jamais par les institutions européennes : intervention franco-anglaise à Suez (1956), réconciliation franco-allemande (1963), construction d'une force de dissuasion française indépendante (1965), Ostpolitik allemande (1971), réunification de l'Allemagne (1990), sanctions françaises à l'égard de l'Afrique du Sud (1985), veto français à la guerre d'Irak (2003). Le progrès de la construction européenne rend de telles initiatives de plus en plus difficiles

- Au demeurant si l'État européen projeté voulait sérieusement se poser en rival planétaire des États-Unis, il y aurait risque de guerre ; si tel n'est pas son but, à quoi bon le sacrifice des souverainetés nationales ?

- Un non français ridiculiserait peut-être les élites françaises qui se sont lancées à corps perdu dans l'aventure européenne sans s'assurer de l'aval de leur peuple, mais pas la France dont la vocation millénaire est la défense de la liberté. Au demeurant, jamais le gouvernent français n'a eu autant d'influence à Bruxelles qu'au cours de cette campagne où notre pays se trouve en position de rupture.

Les effets pervers de l'idéologie

- C'est le propre des constructions idéologiques (tel le communisme soviétique) d'être condamnées, comme le cycliste, à aller toujours de l'avant. Ceux pour qui un vote négatif mettrait toute l'entreprise européenne à terre avouent implicitement ce caractère idéologique et donc pervers de la construction européenne. Si l'Europe est au contraire une entreprise naturelle, elle doit pouvoir supporter un revers, propice à un nouveau départ sur des bases plus raisonnables ; elle doit pouvoir être en quelque sorte " purgée ".

- C'est aussi le propre des idéologies de tendre vers l'universalisme. Or on a affaire à une Constitution à vocation universelle. Les valeurs communes qu'elle reconnaît sont valables pour la terre entière. Elle pose en principe fondamental la liberté totale du commerce et des mouvements de capitaux avec les pays tiers, préjugeant ainsi de la position de l'Europe dans les négociations commerciales internationales (articles I-3 et III-151 et surtout III-314). Cet universalisme ouvre la porte à l'entrée de pays tiers à la civilisation différente, comme la Turquie.

- Projet utopique à vocation universaliste, la construction européenne telle qu'elle apparaît dans la constitution a, comme tous les projets utopiques (ou idéologiques), l'effet inverse du but qu'elle se propose : au lieu de susciter la prospérité, elle entraîne la stagnation, au lieu de rapprocher les peuples, elle les éloigne ( la culture allemande est de moins en moins bien connue en France et vice versa, les jeunes jugeant les frontières dépassées croient inutile de s' intéresser aux voisins proches), au lieu de susciter une Europe plus indépendante, elle l'asservit davantage aux intérêts d'outre-Atlantique.

- La constitution européenne ignore complètement le problème le plus grave de l'Europe : son effondrement démographique.

*[Essayiste, intellectuel chrétien engagé, Roland Hureaux est historien, bon connaisseur des réalités politiques locales et internationales qu'il a pratiquées et enseignées comme membre du corps préfectoral, professeur de droit public, et élu local. Membre du comité éditorial de plusieurs revues d'idées (Commentaire, Communio et … Liberté politique), il collabore régulièrement à Décryptage. Auteur des Hauteurs béantes de l'Europe (F.-X. de Guibert, 1999).]


"Droits de reproduction totale ou partielle autorisés sous réserve de citer la source et le lien Internet."
:arrow: Roland Hureaux pour http://www.libertepolitique.com
Dernière modification par Charles le ven. 20 mai 2005, 22:55, modifié 1 fois.

Charles
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Message non lu par Charles » ven. 20 mai 2005, 22:33

Cet article est excellent et certains passages sont fulgurants :

:arrow:"Contrairement à ce que l'on entend trop, ce n'est pas la construction européenne à la mode de Bruxelles qui a apporté la paix en Europe. C'est à l'inverse la paix qui rendit possible la construction européenne."

:arrow:"C'est une erreur d'analyse grave (...) que de croire que ce sont les nations qui ont causé la Seconde guerre mondiale. (...) C'est la violation du droit des nations qui est la cause des guerres. Et la cause de cette violation, ce sont les idéologies transnationales. L'idéologie européenne en est une. "

:arrow:"Le projet constitutionnel repose sur l'utopie d'un marché pur et parfait. Or aucun marché ne saurait l'être absolument. Pour mettre en œuvre une telle utopie, il faut non seulement interdire toute politique industrielle ou intervention de l'État mais encore instaurer une uniformité absolue des normes..."

:arrow:"Au demeurant si l'État européen projeté voulait sérieusement se poser en rival planétaire des États-Unis, il y aurait risque de guerre ; si tel n'est pas son but, à quoi bon le sacrifice des souverainetés nationales ?"

:arrow:"Ceux pour qui un vote négatif mettrait toute l'entreprise européenne à terre avouent implicitement ce caractère idéologique et donc pervers de la construction européenne."

:arrow:"C'est aussi le propre des idéologies de tendre vers l'universalisme. Or on a affaire à une Constitution à vocation universelle. Les valeurs communes qu'elle reconnaît sont valables pour la terre entière."

:arrow:"Projet utopique à vocation universaliste, la construction européenne telle qu'elle apparaît dans la constitution a, comme tous les projets utopiques (ou idéologiques), l'effet inverse du but qu'elle se propose : (...) au lieu de rapprocher les peuples, elle les éloigne ( la culture allemande est de moins en moins bien connue en France et vice versa, les jeunes jugeant les frontières dépassées croient inutile de s' intéresser aux voisins proches)..."
Dernière modification par Charles le ven. 20 mai 2005, 23:02, modifié 2 fois.

Charles
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Message non lu par Charles » ven. 20 mai 2005, 22:49

Roland Hureaux écrit :

"C'est aussi le propre des idéologies de tendre vers l'universalisme. Or on a affaire à une Constitution à vocation universelle. Les valeurs communes qu'elle reconnaît sont valables pour la terre entière. Elle pose en principe fondamental la liberté totale du commerce et des mouvements de capitaux avec les pays tiers (...) Cet universalisme ouvre la porte à l'entrée de pays tiers à la civilisation différente, comme la Turquie.

Projet utopique à vocation universaliste, la construction européenne telle qu'elle apparaît dans la constitution a, comme tous les projets utopiques (ou idéologiques), l'effet inverse du but qu'elle se propose : (...) au lieu de rapprocher les peuples, elle les éloigne ( la culture allemande est de moins en moins bien connue en France et vice versa, les jeunes jugeant les frontières dépassées croient inutile de s' intéresser aux voisins proches)..."

J'écrivais, le 16 février :

La devise de l'Union européenne est "Unis dans la diversité", elle me semble vide, tautologique, vaine, statique, abstraite et stérile. Elle n'a de contenu que logique et respire la technocratie. Elle a aussi une dimension de repli sur soi si nous devons nous définir par notre unité hors de tout autre contenu conceptuel : pour les non-européens nous serons donc "ceux qui sont unis entre eux", ce qui n'est rien d'autre que leur exclusion et notre réclusion sur nous-mêmes. Parce que l'Union se définit ainsi comme rien, elle est incapable d'être quelque chose pour un autre et spécialement un partenaire. Que nous ne puissions envisager nos rapports avec la Turquie autrement que par l'adhésion est peut-être significatif de notre impuissance à être un partenaire pour elle. Comme si la possibilité de la relation était désormais inconcevable et que nous ne pouvions qu'ignorer ou absorber...

Et cependant si la devise de l'Union européenne est "Unis dans la diversité" et si ses membres ont effectivement résolus d'être "unis d'une manière sans cesse plus étroite", quel avenir pour la "diversité" ?

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Message non lu par ihvh » ven. 20 mai 2005, 23:25

Pour prolonger le débat, je signale, sur un site qui a également publié le texte de R. Hureaux, une analyse de l'Institute for Intercultural Dialogue, concernant le vocabulaire, mais aussi les concepts maniés par le traité constitutionnel : http://www.libertepolitique.com/public/ ... hp?id=1244

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Hubert
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Message non lu par Hubert » dim. 22 mai 2005, 10:21

Chacun a reçu le traité de la constitution.

Les tenants du OUI nous affirment que le sort de la Turquie au sein la communauté européenne, n' est pas d'actualité et n'a pas lieu d'être évoqué.

Ce sont des menteurs!

J'invite tous ceux qui en ont la curiosité, de consulter la page 165 en bas à droite.

Vous y lirez "Türkiye Cumhuiriyeti Adina". C'est la preuve que la Turquie a participé à l'élaboration de cette constitution. Elle y a sa part entière par sa signature.

Ne vous étonnez pas si on a oublié d'évoquer la notion d'Europe Chrétienne dans cette constitution, car cela aurait froissé notre futur partenaire dans cette Europe inique que la seule évocation de FOI CHRETIENNE rend furieux, et rapelle que Français veut dire " Franc, infidèle et croisé ".

N'offrons pas le pal qui sera l'objet de notre perte.

Demandons à Dieu de nous ouvrir l'esprit, l'intelligence et le courrage dont nous allons avoir besoin pour défendre notre identité de Chrétiens Européens.

Refusons de signer cette parodie.

Merci à tous ceux qui auront eu la patience de me lire.

Jésus, Marie, Joseph, daignez veiller sur la foi de Votre Nation.

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SONDAGE REFERENDUM

Message non lu par Hubert » dim. 22 mai 2005, 17:56

JE VOTE NON
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