VexillumRegis a écrit :Il n’y a pas d’autorité légitime au-dessus du peuple souverain (je considère donc comme nulle toute autorité temporelle ou spirituelle qui prétendrait s’exercer au-dessus de la nation), hormis Dieu seul et la loi naturelle qu’il a gravé dans chaque cœur d’homme
En effet, et Dieu et la loi naturelle posent qu'on doit distinguer une personne de ses actes, et qu'on ne peut donc prendre de mesure temporelle contre une personne qu'en raison de ses actes, non en raison de son appartenance ethnique, de sa naissance, de sa nationalité, etc... De fait donc, cibler "en priorité les Roms" s'oppose à la loi divine et à la loi naturelle. Une mesure de ce genre étant par essence mauvaise ne peut donc en aucun cas prétendre être légitime et concourir au bien commun. Et c'est précisément ce en quoi, oui je l'assume, elle rappelle l'introduction de ce qu'on appelle les heures sombres de notre histoire.
J'ajoute que ce ciblage ne fait que prolonger la discrimination dont sont déjà victimes les Roms : en effet, en plus d'entretenir volontairement l'amalgame entre Roms et Gens du voyage, pour ajouter la crainte du nomadisme à la crainte de l'étranger, on se plait à faire croire que "ces-gens-là-ne-veulent-pas-travailler", mais on ne dit pas qu'un employeur doit s'acquitter d'une taxe de 800€ si il emploie un citoyen Roumain ou Bulgare. Comme je le disais, François Soulage l'a récemment fait remarquer, la France reste bien "souveraine" en ce qu'elle s'assure malgré le traité de libre circulation des biens et des personnes, qu'on n'embauchera pas qui est indésirable sur le territoire.
Je cite
Recommandations de la Halde contre les discriminations visant les Roms en France. 13 ème législature.
La taxe, variant entre 70 et 1 600 euros, que doivent payer à l'Office français de l'immigration et de l'intégration, l'OFII, les employeurs désireux d'embaucher un travailleur étranger et la procédure d'autorisation de travail sont de véritables freins à l'emploi et ne peuvent qu'encourager les Roms à travailler illégalement ou à mendier.
Il convient de noter que, depuis le 1er juillet 2008, ces restrictions pour l'accès au marché de l'emploi ont été suspendues pour les citoyens des nouveaux pays membres de l'Union, à l'exception des Bulgares et des Roumains. Cette situation est particulièrement choquante : il y a deux poids, deux mesures !
Et puisqu'il faut jouer la provocation jusqu'au bout, bien que je n'ai pas du tout le coeur à rire avec ces affaires, j'ajouterais qu'entre 1935 et 1938, en Allemagne, avant de déporter puis d'exterminer les juifs, on se "contentait" de les "désigner" comme une source de problème, d'exercer sur eux des pressions sociales et financières, de manière à les inciter à partir volontairement du territoire allemand. Ce n'est que parce que l'Allemagne ne cessait d'étendre son territoire géographique, et que ce faisant elle absorbait plus de juifs qu'elle n'arrivait à en faire partir, qu'elle a fini par opter pour des solutions plus radicales.
Je vous rappelle pour la forme que l'encyclique Mit brennender Sorge (
avec une brulante inquiétude) de Pie XI dénonçant vigoureusement le nazisme date de 1937, à une époque où les exterminations et les déportations n'avaient pas commencé. L'Eglise n'a pas attendu qu'il y ait mort d'homme pour s'inquiéter très fortement de ces dérives, et je me permets également de ne pas attendre non plus. L'atteinte à la dignité des personnes est avérées, la stigmatisation et tentative d'épuration ethnique est avérée, dans le mensonge et le déni du gouvernement, et je considère donc, au vue des enseignements de l'Histoire, à la lumière de ceux de l'Eglise, de faire part, moi aussi, de ma
brûlante inquiétude dès à présent !