Message non lu
par Serge BS » lun. 19 juil. 2010, 15:47
Aldous,
Une très légère différence sur le Rendre à César...
Le “ Rendez donc à César ce qui est à César ” de [Mt 22, 21] marque une certaine rupture avec le message de l'Ancien Testament, et en particulier avec les deux livres des Macchabées. Ce texte pose le versement du tribut à César comme étant une obligation morale, tout comme le versement des didrachmes au temple était une autre obligation morale fondée par Dieu (Ex 30, 11-16; Mt 17, 24). Comme l'on doit obéissance à Dieu, on doit obéissance au pouvoir politique…
Ceux qui interrogent Jésus en [Mt 22, 18] sur la question de l'impôt dû à César cherchaient à le piéger ; et ils étaient tous là : les pro-Hérode qui rêvaient d'une restauration du pouvoir royal intégral, les pharisiens qui admettaient le pouvoir romain comme une calamité temporaire, les ultras qui refusaient même de toucher à l'argent de Rome. Le piège tenait en la pièce elle-même qui portait l'inscription de la divinité de l'Empereur. Le but était de faire prendre parti à Jésus : s'il disait oui, il admettait implicitement la divinité de l'Empereur ; s'il disait non, il devenait un rebelle aux yeux des romains…
Jésus répondit en fait que les hommes doivent se soumettre aux autorités politiques aussi longtemps que l'État ne prend pas la place de Dieu en se faisant adorer ou en légalisant des formes d'injustice incompatibles avec l'Évangile, d'autant plus qu'il prescrit de rendre à Dieu ce qui est à Dieu. Plus que d'une séparation des pouvoirs, Jésus parla donc de … droit naturel, et sa réponse se rapproche ainsi de celle d'Antigone à Créon : il est des lois morales supérieures aux lois humaines ! Dieu est le vrai roi, la forme du pouvoir politique étant sans importance, ce que répétera Saint Paul (Rm 13, 1 et ss.), mais tant que les lois divines - donc le Décalogue et les commandements d'Amour - sont respectés. Dans tous les cas, la réponse du Christ semble démontrer que le respect des institutions et des lois est légitime - mais non pas forcément l'institution elle-même -, alors que le domaine mystique et de l'âme est réservé à Dieu. Il faut se rappeler ici que Jésus lui-même a dit que son Royaume n'était pas de ce monde…