Partons des choses simples. Je pense que nous serons d’accord qu’il existe et existera toujours des biens rares : pétrole, jolies filles, tableaux de Rembrandt, appartements face à la mer, terres arables, beaux mecs, diamants, chimistes et acteurs talentueux… Comme vous l’écrivez, ‘’ la richesse, c’est d’avoir ce que les autres n’ont pas’’, ou comme le répète Girard, notre désir est sans cesse éveillé et exacerbé par ce que les autres désirent. C’est la condition humaine.
Sauf à changer l’humanité, il faut donc allouer les biens rares. Il existe deux moyens :
- par l’échange et le don, qui constituent le moyen capitaliste (ou économique)
- par la contrainte et la violence, qui constituent le moyen politique kull:
Je dis ‘politique’ parce que l’impact redistributeur des arracheurs de sacs et des arnaqueurs est infinitésimal comparé à la contrainte exercée par les hommes de l’Etat. Près de 50% du PIB des stés occidentales circule sous la menace d’intervention policière. Or ce sont ces 50% qui sont en crise : crise des retraites par répartition, des ‘’services publics’’, de la Sécu, des populations assistées, smicards, chômeurs, etc., de l’Education nationale e tutti. Les autres 50% de nos activités, celles laissées libres, se portent plutôt bien, merci pour elles. :yes: (Exactement comme les 10% de jardins privatifs tolérés en Union Soviétique produisaient tout ce que les 90% de kolkhozes ne produisaient pas, à cause ‘des conditions climatiques exceptionnelles’).
Avec une logique toute à eux, au vu de ces résultats, les écosocialistes affirment que la contrainte reste la solution à l’allocation des biens rares, et que plus de contrainte est une solution meilleure. :huh:
Avouez qu’on a quelque raison de demeurer insensible à cet argument.
Par ailleurs, j’ai expliqué dans mon intervention précédente pourquoi le nivellisme (socialiste, soviétique ou écosocialiste) ne pouvait pas tolérer l’innovation. Vous me dites qu’un Thomas Edison serait accueilli à bras ouverts par les écosociétalistes. Vous vous faites des illusions. Je vais reprendre la démonstration. Imaginez que vous êtes pizzaiolo. ;-) Votre quartier compte une majorité de restaurants offrant une nourriture triste et chère. Vous ne pouvez pas en régime ES taper vos connaissances et un capital-risqueur pour lancer votre pizzeria. Il vous faudra passer par une ‘’commission citoyenne’’. Mais qui va la composer ? Les restaurateurs installés. Il serait inconcevable de ne pas les impliquer dans une commission décidant de la restauration dans le quartier. Vont-ils accueillir à bras ouverts un nouveau et dangereux concurrent ?
Vérification empirique dans l’actualité : Est-il dans l’intérêt sociétal de maintenir en survie une SNCF budgétivore (18 milliards d’euros par an) ? et la STCM ? :x De subventionner des agriculteurs parasitaires, pollueurs et vandales ? D’accorder des protections et privilèges aux grands groupes industriels, ‘champions nationaux’ (Danone) ? De maintenir une fonction publique employée à vie, ce qui indique clairement que quelle que soit la qualité, bonne ou mauvaise, du service rendu, le citoyen n’en aura pas d’autre ?
Mais comment un gouvernement démocratique pourrait-il s’opposer à de telles baronnies ? S’il existe une autorité (gouvernement, ‘commission citoyenne’…) qui a le pouvoir de mettre certaines gens au chômage et de faire la fortune relative de certaines autres à coups de privilèges et de subventions, cette autorité sera nécessairement le jouet des plus braillards et des plus puissants. Il n’existe aucune raison humaine de penser qu’elle ne poursuivra que l’intérêt général, sans influence ni manipulation — en admettant même l’existence d’un oxymore telle que ‘l’intérêt général’.
Prétendre qu’une autorisation donnée par voie de référendum contournerait le problème des corporatismes ne tient pas la route. Pourquoi les masses auraient-elles accepté, il y a 30 ans, de voter des crédits pour des téléphones portables, chers, encombrants, réservés aux hommes d’affaires ? Mais sans ces premiers portables, nous n’aurions pas aujourd’hui le phénomène de masse et bigrement utile de la téléphonie mobile.
Voilà pourquoi Thomas Edison, et tout autre innovateur, est une mauvaise nouvelle pour les écosociétalistes. :dunce: Voilà pourquoi tous les gouvernements, sans aucune exception, qui ont adopté une économie dirigée, contrôlée politiquement, n’ont jamais pu accepter l’innovation. Pas plus au niveau des pizzerias que des automobiles ou des médicaments.
Vérification expérimentale : les guildes du Moyen Age, les corporations de l’Ancien Régime, les Luddites, et bien entendu, l’Union Soviétique et le Comecon, l’Inde de Nehru, etc.
L’écosociétalisme ne résout ni le problème d’une socialement juste et économiquement efficiente allocation des biens rares, ni le problème de l’innovation. Ces deux tares, sans avoir à en démontrer d’autres, ne suffisent-elles pas à le discréditer ?
Le bœuf d’Argentine ne viendra pas chez nous tout seul. Il viendra parce que des consommateurs, soucieux de leur santé, savent qu’il ne broute que l’herbe de la pampa, sans ajout d’hormones ni de produits chimiques ; parce que des consommateurs, soucieux de leur budget, constateront qu’il est non seulement meilleur, mais moins cher que le bœuf ordinaire de nos paysans privilégiés ; parce que des consommateurs, soucieux de justice sociale, savent que les Argentins ont besoin d’exporter pour être moins pauvres ; parce que des consommateurs, soucieux de l’environnement, en ont assez de maintenir des prix agricoles élevés pour une exploitation intensive, polluante et malsaine, de nos campagnes.En plus, quel intérêt de faire venir du boeuf d'argentine... quel gachis...
Vous avez dit ‘gâchis’ ?
Cordialement
Christian