Article de Luc Ferry intitulé "La gauche et l'argent : moins

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Brindille
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Article de Luc Ferry intitulé "La gauche et l'argent : moins

Message non lu par Brindille » jeu. 16 août 2012, 2:58

Bonsoir,

J'ignore si je suis dans la bonne rubrique. Désolée si ce n'est pas le cas.

Je voudrais vous faire lire un article de Luc Ferry, qui est paru le 9 aout sur le Figaro.
Il s'intitule "La gauche et l'argent : moins de riches, plus de pauvres!"
Attention, il faut lire l'article avant de le replacer ailleurs si nécessaire...
Pour moi, ce titre est racoleur et ne révèle pas la teneur de l'article

Je le recopie en le mettant sous poiler pour une raison très précise
je ne veux pas influencer votre appréciation.
Et je voudrais savoir ce que vous en pensez...

Sous le spoiler... la page ! :)
[+] Texte masqué
[center]
"La gauche et l'argent :
moins de riches, plus de pauvres!"
[/center]
Alors que dans les traditions protestante et juive, le scandale n’est pas la richesse mais la pauvreté, la religion catholique eut toujours tendance à répandre la conviction inverse : la pauvreté, fardeau ici-bas, est une des clefs du Royaume, le riche ayant moins de chance d’y entrer qu’un chameau de passer par le chas d’une aiguille. Il semble hélas qu’une certaine gauche n’ait retenu de la religion que ce catéchisme étroit.

La taxation à 75 % et la contribution spéciale sur le patrimoine sont non seulement punitives, mais elles ne sont pas « durables ». Les chefs d’entreprise qui, à l’image d’un François Pinault, ont voté à gauche par exaspération, peuvent certes comprendre que le gouvernement soit contraint de recourir à des hausses d’impôts pour financer ses engagements de campagne. Mais elles ne sauraient être que provisoires. La logique du « tax and spend » (on taxe et on dépense) a ses limites et il est urgent de les fixer, faute de quoi, c’est à un exode massif de la richesse qu’on va assister.

Le problème, c’est que la haine de l’argent et le mépris de la libre entreprise viennent de loin. Ils ne s’enracinent pas seulement dans la religion, mais prennent leur source au plus profond de l’imaginaire révolutionnaire français. Dans la conception robespierriste du « gouvernement de la vertu », seule l’action totalement pure et désintéressée peut être dite moralement bonne. Par contraste, la société civile, lieu du commerce et de l’économie privée, n’est pas seulement suspecte, mais par essence mauvaise et corrompue puisqu’en elle, c’est la logique des intérêts qui règne en maître.

À l’opposé, le monde anglo-saxon a développé une éthique de l’intérêt bien compris. Elle apparaît dès La Fable des abeilles de Mandeville (1714), dont le sous-titre, Vices privés, vertus publiques, donne le ton : c’est paradoxalement par la poursuite des intérêts les plus égoïstes que se réalise le bien commun. Non sans humour, Mandeville imagine une ruche où les abeilles, vicieuses jusqu’au bout des ailes, ne font que poursuivre leurs fins les plus ignobles. Au passage, il offre un tableau au vitriol de la société anglaise : les gens comme il faut, avocats, politiques ou banquiers, ne sont qu’abominables tartuffes visant exclusivement leurs intérêts les plus étroits. Du point de vue de l’ensemble, toutefois, cela marche fort bien. Les bourgeois, avides de luxe, font vivre drapiers, tisserands, marins et serviteurs à foison. Au bout du compte, cette ruche pleine de péchés et d’inégalités est insolemment prospère. Du moins jusqu’au jour où la plus corrompue et la plus hypocrite des abeilles invoque Jupiter pour faire son intéressante : « Ah, s’écrit-elle, comme ce serait bien si nous étions plus vertueuses ! » Jupiter la prend au mot. Il décide de la punir… en exauçant son souhait ! Les méchantes bestioles se transforment d’un coup en soeurs Emmanuelle soucieuses du sort des autres. Et la ruche va bientôt en mourir. Au lieu de garder quelques réserves de miel pour l’hibernation, ces saintes-nitouches ont tout donné. Résultat : les larves meurent, mais avec elles aussi, les métiers qui vivaient du luxe et de la richesse des notables, tout ce petit monde finissant au chômage.

La fable de Mandeville fut la matrice des théories libérales de la « main invisible », de l’harmonie du marché comme du fameux « Laisser faire, laisser passer » . Elle constitue surtout une formidable et très astucieuse critique du gouvernement de la vertu, des effets pervers qu’il produit infailliblement, critique que notre gauche ferait bien de méditer. Nombre de chefs d’entreprise ont été blessés par la façon dont ils sont aujourd’hui traités, et ce d’autant plus que leurs revenus moyens (environ 4 500 euros mensuels) n’ont rien d’exorbitant.

Enfin sociale-démocrate, la gauche doit achever son aggiornamento et se réconcilier avec le monde économique. Sans lui, elle ne pourra rien réussir dans le quinquennat qui vient. François Hollande le sait parfaitement, lui qui, au cours d’un déplacement chez Valeo, a déclaré toute sa « confiance aux entreprises à un moment difficile pour l’économie française » . Mais, en ce domaine comme en amour, il n’y a que des preuves et les mots ne comptent guère, ou pas longtemps. Il faut aller plus loin, dire enfin quand les taxes « provisoires » prendront fin ou seront à tout le moins rendues « tenables ». À quand une initiative du gouvernement ? Pourquoi pas un grand colloque réunissant les intéressés, pour fixer les termes d’une nouvelle donne ?

Bonne soirée et à bientôt ! :ciao:

Ici ma réponse à Luc Ferry

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papoter
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Re: Article de Luc Ferry intitulé "La gauche et l'argent : m

Message non lu par papoter » jeu. 23 août 2012, 13:33

Luc Ferry vient de publier une nouvelle chronique dans le Figaro de ce jour (23 août) sur ce sujet du rapport entre la religion catholique et l'argent comme suite à la précédente.

Sa conclusion : "Ce n'est pas l'argent en soi, a fortiori son partage qui sont condamnés, mais ce glissement inexorable par lequel il devient fin plus que moyen, signant ainsi le passage d'une logique de l'être à une logique de l'avoir...A partir de quel degré de richesse non partagée avec autrui l'accumulation de l'argent cesse-t-elle d'être un instrument pour devenir un objectif en soi ?"

Il est certain que notre religion comparativement à la protestante et à la juive présente un problème avec la richesse. La catholique donne la préférence aux pauvres alors que les deux autres n'ont rien contre la richesse, bien au contraire.

"Vends ce que tu as et donne le aux pauvres, et tu auras un trésor dans le ciel"(Matthieu 19) a dit Jésus au jeune homme riche.

"Il sera plus facile à un chameau de passer par le trou d'une aiguille qu'à un riche d'entrer dans le royaume des cieux" (Luc 18) délivre Jésus à ses disciples.

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Re: Article de Luc Ferry intitulé "La gauche et l'argent : m

Message non lu par Brindille » jeu. 23 août 2012, 15:43

Merci papoter de votre réponse . J'ai appris que Luc Ferry avait fait un papier mais ne l'ai pas encore lu Il faut dire que nous avons eu lui et moi un échange musclé sur la question à la suite de la lettre que je lui ai adressée .
l'essentielle est qu'il ait jugé utile de préciser un peu sa pensée.
J'ai hâte d'en lire la teneur
Fraternellement.

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papoter
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Re: Article de Luc Ferry intitulé "La gauche et l'argent : m

Message non lu par papoter » jeu. 23 août 2012, 18:10

Oh, vous n'y lirez rien de bien nouveau. Le philosophe met l'accent surtout sur les évangiles à travers desquels Jésus dénonçait la richesse en précisant sa préférence pour les pauvres.

Les protestants en ont une lecture différente qui fait que la richesse ne les rebute pas du tout, ce qu'on constate chez les anglos-saxons où les riches sont plébiscités. Chez les juifs, les riches ne sont pas non plus vilipendés.

N'oublions pas quand même que, dans le passé, l'évêque avait table ouverte chez le châtelain du coin et que les curés étaient reçus régulièrement à déjeuner chez les "bourgeois" de la paroisse. Donc, la fréquentation des riches ne leur faisait pas peur. Maintenant, je crois que ce genre de relations privilégiées n'existent plus.

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Re: Article de Luc Ferry intitulé "La gauche et l'argent : m

Message non lu par Raistlin » jeu. 23 août 2012, 18:49

papoter a écrit :Les protestants en ont une lecture différente qui fait que la richesse ne les rebute pas du tout, ce qu'on constate chez les anglos-saxons où les riches sont plébiscités. Chez les juifs, les riches ne sont pas non plus vilipendés.
Mais dans l'Église non plus, les riches ne sont pas vilipendés.

Mais c'est vrai que le Christ met en garde contre les richesses. Le chrétien doit être libre par rapport aux biens temporels. Le problème tandis que nous sommes encore ici-bas, c'est que ces biens exercent une séduction très forte. Si vous savez le nombre de fois où je me suis dit que j'étais "libre" par rapport à mon train de vie... pour me retrouver à râler ensuite sur tel ou tel point parce que je n'y trouvais pas mon confort ! Parfois, l'esclavage vient sans qu'on y pense...

Bref, pas simple. L'Église n'empêche pas de faire fortune. Mais elle encourage au discernement et à la prudence. Et surtout à la charité : quitte à faire fortune, autant le partager ! (Pour ceux qui voudraient partager avec moi, je suis toujours preneur... :siffle: )

Cordialement,
« Dieu fournit le vent. A l'homme de hisser la voile. » (Saint Augustin)

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Re: Article de Luc Ferry intitulé "La gauche et l'argent : m

Message non lu par elenos » jeu. 23 août 2012, 21:16

. Un de ces protestants devenu veuf sans héritier et ayant atteint un assez bel âge, déclara qu’il ne lui restait que 5 ans à vivre. Il décida de ne plus travailler, vendit son champ, partagea son bien en 5 parts, et continua à fréquenter le temple tous les dimanches... (je parle d’un temps où l’inflation était inexistante). Mais après 5 ans, il était toujours bien vivant. Mais ruiné. Le Seigneur n’avait pas suivi son plan ! Les villageois, ses concitoyens, lui permirent toutefois de continuer à vivre par leurs aumônes. Il servait d’exemple vivant de l’homme puni pour avoir outrepassé la volonté de l’Eternel.
Dernière modification par elenos le mer. 16 oct. 2013, 10:13, modifié 2 fois.

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Re: Article de Luc Ferry intitulé "La gauche et l'argent : m

Message non lu par Brindille » jeu. 23 août 2012, 21:48

elenos a écrit :...Mais après 5 ans, il était toujours bien vivant. Mais ruiné. Le Seigneur n’avait pas suivit son plan ! Les villageois, ses concitoyens, lui permirent toutefois de continuer à vivre par leurs aumônes. Il servait d’exemple vivant de l’homme puni pour avoir outrepassé la volonté de l’Eternel.
Merci pour cette jolie histoire... ! :)
Fraternellement.

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Re: Article de Luc Ferry intitulé "La gauche et l'argent : m

Message non lu par Kerniou » ven. 24 août 2012, 9:12

Quand le catholicisme "valorise" la pauvreté, il s'agit de la pauvreté choisie plus que de la pauvreté subie et infligée "par les riches".
" Celui qui n'aime pas n'a pas connu Dieu , car Dieu est Amour " I Jean 4,7.

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Re: Article de Luc Ferry intitulé "La gauche et l'argent : m

Message non lu par Brindille » sam. 05 janv. 2013, 18:18

Kerniou a écrit :Quand le catholicisme "valorise" la pauvreté, il s'agit de la pauvreté choisie plus que de la pauvreté subie et infligée "par les riches".
En l’occurrence, il s'agit de la pauvreté choisie plus que de la pauvreté subie et infligée par les MARXISTES et non "par les riches" stigmatisés ainsi par un gouvernement d'hypocrites !
Fraternellement.

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